La Belgique présente ses excuses pour le rôle qu'elle a joué dans la mort de Lumumba : "Présenter ses excuses ne suffit pas..."

IRIN, Sun, 10 Feb 2002 11:47:14 GMT - La Belgique a présenté mardi au peuple congolais, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Louis Michel, ses " sincères regrets " pour le rôle qu'elle a joué dans la mort, en 1961, du premier ministre congolais, Patrice Lumumba. " Le gouvernement estime qu'il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba ... et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets, " a déclaré M. Michel à l'occasion d'un débat convoqué devant le parlement à propos des conclusions de l'enquête sur la mort de Lumumba. Les membres de la commission parlementaire chargés de l'enquête avaient conclu en novembre 2001 que la Belgique portait une " responsabilité morale " dans l'assassinat de Lumumba. " Certains membres du gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba, " selon les propos du ministre belge cités par Reuters

Les excuses présentées mardi par la Belgique ont reçu des réactions nuancées en RDC. " Présenter ses excuses ne suffit pas. Nous avons l'intention de réclamer des dédommagements ... pas seulement pour la famille de Lumumba mais aussi pour le peuple congolais tout entier, " a déclaré le ministre congolais de l'information, Kikaya Bin Karubi, cité par Reuters.

" Nous voulons que la Belgique nous soutienne dans la guerre. Nous voulons que les Belges nous montrent qu'ils portent le peuple congolais dans leur cour, " a déclaré à IRIN un porte-parole de l'ambassade de la RDC à Nairobi, la capitale kenyane. Cependant, le fils de Patrice Lumumba, François, cité par l'agence AP a déclaré : " 41 ans après le meurtre, la Belgique a reconnu sa part de responsabilité dans ce qui s'est passé. Nous sommes prêts à tourner la page. "

Lumumba, largement considéré en RDC comme un héros national, fut l'un des principaux acteurs de la lutte contre l'occupation de la Belgique, puissance tutélaire du Congo pendant 75 ans. Sa position anticolonialiste et ses orientations socialistes lui ont aliéné les puissances occidentales au plus fort de la guerre froide. La République du Congo, ancien nom de la RDC actuelle, a obtenu son indépendance le 30 juin 1960. Cinq jours plus tard, les forces armées se sont mutinées. La réponse de la Belgique pendant les troubles qui ont suivi, et son soutien en faveur de la sécession de la Province du Katanga ont été condamnés par l'ONU qui a envoyé des troupes pour maintenir l'ordre dans le pays. Patrice Lumumba, alors premier ministre, fut limogé par le président Joseph Kasavubu en septembre 1960 après un désaccord entre les deux hommes sur la question de la sécession du Katanga. Lumumba fut incarcéré en décembre de la même année et au début de 1961 transféré au Katanga par ses ennemis congolais où il fut assassiné.

N A T I O N S U N I E S - Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) - Réseau d'Information Régionaux Intégré (IRIN)


DRC: Belgium apologises for Lumumba killing


NAIROBI, 6 Feb 2002 (IRIN) - Belgian Foreign Minister Louis Michel has expressed "sincere regrets" on behalf of his government for Belgium’s role in the killing in 1961 of then Congolese leader, Patrice Lumumba.

"The government feels it is pertinent and right to present to the family of Patrice Lumumba... and the Congolese people its profound and sincerest regrets," Reuters reported him as saying on Tuesday during a parliamentary debate on the findings of an inquiry into Lumumba’s death, completed last November, and which found Belgium to be "morally responsible".

"Certain members of government... and certain Belgian officials of that time carry an irrefutable part of the responsibility in the events that led to the death of Patrice Lumumba," Reuters quoted him as saying.

"The general attitude of neutrality and apathy for the fate of Patrice Lumumba could be qualified


as a serious lack of good management and respect for the rule of law," he added.

Lumumba was the first and only democratically elected leader of present-day Democratic Republic of Congo (DRC), following Belgium’s 75 years of colonial rule, which ended in 1960. The socialist leader, who was one of the key figures in ejecting colonialism, was overthrown only months after taking office, abducted by Congolese rivals and taken to the breakaway province of Katanga, where he was murdered, in February 1961.

The commission of inquiry found that Belgian politicians had been involved in the transfer of Lumumba to Katanga Province, which was controlled by his enemies, AFP reported. It was "manifestly clear that the government was unconcerned with Lumumba’s integrity", the agency quoted the report as stating.

The Belgian commission of inquiry, which completed its work over a period of two years, heard testimony that Lumumba could not have been assassinated without the complicity of Belgian officers, backed by the US Central Intelligence Agency, AFP stated.

The Belgian government has decided to finance a Patrice Lumumba foundation with over US $3 million, plus a yearly grant of over US $430,000. The money would be contributed to the DRC through projects involving conflict prevention, or the awarding of study grants, and Lumumba’s family would be associated with the fund, Belgian RTBF radio reported on Tuesday.

A spokesman from the Congolese embassy in Nairobi told IRIN on Tuesday that while the DRC was very happy with the apology, that more concrete action with regard to the Congolese war was wished for. "It’s a very big step, but it’s not enough. We are still struggling, the aggressors come from outside and we want them out," he said, adding that both diplomatic and financial support were required to end the Congolese war.


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