Les Arabes mettent directement en cause les Etats-Unis dans le conflit au Proche Orient

AFP, Le Caire,, 26 août 2001,18h05 - Les Arabes ont mis directement en cause dimanche la responsabilité de Washington dans le conflit au Proche-Orient, réagissant au propos du président américain George W. Bush qui a accusé le président palestinien Yasser Arafat de ne pas faire assez pour réduire la violence.

Jusqu'à présent en butte aux reproches, notamment de l'Egypte, selon lesquels ils ne s'impliqueraient pas dans la crise, comme sous la précédente administration, les Etats-Unis sont maintenant tenus pour directement responsables de son aggravation.

"Nous avions l'habitude de dire qu'il y a un vide politique (américain), mais il est clair maintenant qu'il y a une politique négative à l'égard du peuple palestinien, qui les rend responsables de tout et place Israël au-dessus des lois", a déclaré à Ramallah (Cisjordanie) la porte-parole de la Ligue arabe et députée palestinienne Hanane Achraoui.

Elle a ajouté que M. Bush "se comportait comme un porte-parole" du Premier ministre israélien Ariel Sharon, qui pose comme condition à la reprise des négociations un arrêt total des violences.

"Si Arafat est intéressé par un dialogue, je l'incite fermement à faire en sorte que les terroristes palestiniens arrêtent leurs attaques suicide, les incursions et leurs menaces", avait déclaré vendredi M. Bush.

"Je pense que M. Arafat peut mieux faire", avait-il ajouté, se contentant d'appeler M. Sharon "à faire preuve de retenue sur tous les fronts".

"Bush justifie ce que font les Israéliens, il encourage les Israéliens et ne donne aucun signe d'espoir", a pour sa part déclaré à l'AFP le ministre palestinien chargé du dossier de Jérusalem Ziad Abou Ziad.

A Gaza, le conseiller du président palestinien Nabil Abou Roudeina a de nouveau condamné l'utilisation par Israël d'armements américains, en particulier les avions F-16 qui ont bombardé dimanche des postes de police palestiniens, en représailles à des attaques qui ont tué cinq Israéliens.

"Les Etats-Unis sont responsables de l'escalade militaire israélienne", a-t-il conclu.

Washington s'était déjà attiré la colère des Palestiniens la semaine dernière en mettant en échec leurs tentatives de faire examiner par le Conseil de sécurité de l'ONU une résolution sur l'envoi d'observateurs internationaux dans les territoires.

Autre sujet de désaccord, M. Bush a indiqué vendredi que son pays boycotterait la conférence de l'ONU sur le racisme, prévue à Durban (Afrique du Sud) du 31 août au 7 septembre, si les Arabes persistaient à vouloir y faire condamner le "racisme israélien" à l'égard des Palestiniens.

Réagissant lui aussi aux propos de M. Bush, le ministre jordanien de l'Information Saleh Kallab, y a vu un "encouragement à poursuivre l'escalade" israélienne contre les Palestiniens.

La position américaine "doit être plus équilibrée", a-t-il dit, appelant les Etats-Unis "à mettre un terme à tout ce qui encourage les Israéliens à poursuivre sur cette voie dangereuse".

Pour la presse gouvernementale du Caire, pourtant comme Amman un allié traditionnel des Etats-Unis, le conflit au Proche-Orient a pris la dimension d'un "conflit américano-arabe".

"Nous refusons encore de comprendre et de reconnaître qu'il ne s'agit plus du conflit israélo-arabe, mais que la question réelle aujourd'hui est celle d'un conflit américano-arabe, plus général et plus dangereux", écrit le quotidien Al-Akhbar.

"Les Arabes doivent comprendre que les Etats-Unis ne sont ni l'ami, ni le parrain (du processus de paix), ni le sauveur", estime-t-il.

Mais selon un jeu politique courant en Egypte, cette virulence se limite à la presse. Le président Hosni Moubarak vient en effet d'envoyer aux Etats-Unis une mission de haut rang pour discuter de "propositions" de solution au conflit, brièvement examinées dimanche au Caire par M. Arafat.


Actualité internationale et africaine 3