Egypte: plus de 370 morts dans l'incendie d'un train

AFP20 Fév 2002 - 18h39 - Au moins 373 personnes sont mortes mercredi dans la plus grande catastrophe ferroviaire qu'ait jamais connu l'Egypte, l'incendie d'un train bondé de familles qui se rendaient aux fêtes annuelles du Grand Baïram.

Le Premier ministre Atef Ebeid, qui s'est rendu sur place, a affirmé que l'incendie, qui a détruit sept des 16 wagons du train, près d'Al Ayatt, à 70 km au sud du Caire, a été provoqué par des réchauds utilisés par des voyageurs pour réchauffer leurs plats, pendant leur long voyage vers le sud.

Mais plusieurs rescapés de la catastrophe ont affirmé à l'AFP qu'ils n'ont vu personne utiliser de tels appareils, car il n'y avait pas assez de place dans les wagons surpeuplés.

L'incendie a démarré à 02H00 (00H00 GMT) dans la partie arrière du train, qui a poursuivi sa route sur plusieurs kilomètres, avant d'être stoppé, obligeant de nombreux passagers à sauter des portes et fenêtres, a précisé la police.

Mais la plupart des autres voyageurs se sont trouvés prisonniers du train, devenu une "prison de feu", a expliqué le général Ali Abdel Aal, chef des opérations de secours.

Plus de 10O corps, la plupart atrocement calcinés, ont été disposés sur les bas-côtés de la voie, alors que les pompiers fouillaient les wagons dans l'odeur âcre des corps brûlés, à la recherche de nouvelles victimes, faisant régulièrement grimper le bilan de la catastrophe.

Rabia al-Metenawi, un responsable municipal de la ville d'Al Ayatt, a annoncé dans l'après-midi que le bilan définitif était de 373 morts. Une correspondante de l'AFP a vu de nombreux restes humains calcinés, qui étaient probablement ceux d'enfants. Selon les pompiers sur place, 54 personnes ont également été blessées dans la catastrophe.

Le train numéro 832, reliant Le Caire à Assouan, à 800 km au sud, était bondé d'Egyptiens qui rentraient chez eux pour les cinq jours de fête du Grand Baïram, ou Adha, qui marque la fin du pèlerinage de La Mecque, en Arabie Saoudite.

"L'incendie a été déclenché par des réchauds à gaz utilisés par les passagers pendant le voyage", a déclaré à la presse le Premier ministre. M. Ebeid a écarté l'hypothèse d'une erreur technique, ou d'une erreur humaine de la part des cheminots, bien que le train ait poursuivi sa route sur plusieurs kilomètres avant d'être stoppé.

Plusieurs rescapés interviewés par l'AFP dans l'hôpital d'Al Ayatt ont affirmé qu'aucun réchaud n'avait été utilisé autour d'eux, et certains ont évoqué l'éventualité d'un court-circuit. "Il n'y avait pas de place pour installer des réchauds", a ainsi affirmé Sami Zoheir Hanna, un horloger de 36 ans, qui a pu accéder à la porte d'un wagon pour fuir les flammes.

"Le chauffeur a très bien réagi en séparant rapidement les wagons en flammes des autres, et il a probablement sauvé des centaines de personnes", a déclaré le général Ali Abdel Aal.

Les sauveteurs ont expliqué que les portes étaient difficiles à ouvrir et qu'il était difficile de passer par les fenêtres, qui présentent, dans leur milieu, une barre de fer. "C'est comme une cage, qui se transforme en prison de feu", a expliqué le général Aal.

La catastrophe est la plus grave jamais enregistrée en 150 ans d'histoire des chemins de fer en Egypte, selon les archives nationales. Le président Hosni Moubarak s'est déclaré "profondément affligé" par la catastrophe, et des messages de condoléances ont été adressés aux familles et aux autorités égyptiennes par le président français Jacques Chirac, et les autorités allemandes et jordaniennes.


Incendie dans un train égyptien fait près de 400 morts
par Aladin Abdel Naby et Cynthia Johnston

Reuters, AL-AYATT, Egypte,  20 fev 2002 16h54 - L'Egypte a vécu mercredi la plus grosse catastrophe ferroviaire de son histoire, l'incendie qui s'est déclaré dans la nuit à bord d'un train de voyageurs au sud du Caire ayant fait au moins 373 morts.

Certains passagers se sont jetés par les fenêtres pour échapper aux flammes et à la fumée tandis que d'autres ont péri coincés contre les grillages obstruant les fenêtres de certains wagons. Le train en feu a parcouru plusieurs kilomètres avant de s'arrêter, alors que le vent attisait les flammes.

"J'étais envahie par la fumée et des langues de feu s'approchaient de moi. Alors j'ai sauté du train en marche", a raconté à l'agence officielle Mena Saleh Selim, 21 ans.

"Il y eu une grande cohue et la fumée nous a asphyxiés. Nous nous sommes alors jetés sur les fenêtres", a raconté à Reuters un autre rescapé depuis son lit d'hôpital.

Les pompiers ont mis plusieurs heures à venir à bout de l'incendie, qui s'est propagé dans sept wagons non loin de la ville d'al Ayatt, à environ 70 km au sud du Caire. Ils ont découvert de nombreux corps calcinés et méconnaisables gisant dans les wagons ou contre les grilles des fenêtres.

"Le bilan est pour l'instant de 373 morts" a déclaré Ahmed Abdulaziz, sous-secrétaire d'Etat à la Santé, qui s'est rendu sur place. Un secouriste a estimé que le bilan pourrait dépasser les 400 morts et les forces de sécurité ont indiqué qu'il s'agissait là de la pire catastrophe en 150 d'histoire du chemin de fer en Egypte.

D'après les premiers éléments de l'enquête, le feu a pu être provoqué par un petit réchaud à gaz, que les voyageurs utilisent fréquemment pour préparer du thé ou du café.

Un secouriste, les mains gantées et le corps recouvert d'une tunique ensanglantée, a parcouru les wagons calcinés à la recherche de survivants. En vain.

AIDE D'URGENCE AUX VICTIMES
D'après les services de sécurité, toutes les victimes seraient égyptiennes. Des témoins ont affirmé que le train était bondé de passagers se rendant dans le sud du pays pour passer en famille la fête musulmane de l'Aïd, qui débute jeudi.

"Je pensais passer un joyeux aïd avec ma famille, que je n'avais pas vue depuis longtemps. Mais je me suis retrouvé en enfer ...", a raconté un survivant.

Les touristes étrangers empruntent souvent le rail pour se rendre à Assouan et sur le site antique de Louxor mais ils voyagent généralement à bord de convois plus luxueux et plus confortables, en première classe et à bord de couchettes climatisées.

Vieux et lent, le train incendié s'arrêtait dans presque tous les villes et villages le long du Nil pour récupérer des voyageurs souvent issus des classes les plus pauvres.

Plusieurs wagons de troisième classe sont devenus la proie des flammes peu après minuit mardi ont raconté des témoins.

La ministre des Affaires sociales Amina el Gindy, citée par Mena, a annoncé l'octroi d'urgence de 3.000 livres égyptiennes (650 dollars) aux familles des personnes tuées dans la catastrophe, et de 1.000 livres aux blessés.

Les accidents ferroviaires ne sont pas rares en Egypte.

En décembre 1995, 75 personnes avaient trouvé la mort lors de la collision de deux trains au sud du Caire et en avril de cette année, 70 autres avaient péri lorsqu'un train avait percuté un autocar.


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