L'incendie de l'armurerie du Nigeria : plus de 600 morts

Le ministre nigerian de la défense promet de déménager le dépôt de munitions de Lagos
AP, Lagos, Nigeria, mercredi 30 janvier 2002, 13h21 - Face à la colère croissante des Nigerians, le ministre de la Défense a promis d'installer ailleurs le dépôt de munitions, en plein coeur d'un quartier surpeuplé de Lagos, dont l'explosion a fait plus de 600 morts.

Yakubu Danjuma a expliqué mardi soir que ce dépôt avait été construit à une époque où le quartier d'Ikeja n'était que très peu peuplé. Depuis, il a été ''avalé par la métropole, et est devenu un endroit inadapté. Nous allons le déménager'', a-t-il déclaré, dans des propos rapportés mercredi par toute la presse nigeriane.

Le porte-parole de l'armée, le colonel Felix Chukwumah, disait cependant ne ''pas être au courant'' de ce projet de déménagement. Une décision sera sans doute prise après la fin de l'enquête interne militaire sur la catastrophe de dimanche soir, a-t-il ajouté.

De son côté, le secrétaire général de l'ONU, le Ghanéen Kofi Annan, a adressé ses condoléances au Nigeria et promis l'assistance des Nations unies.

Le président Olusegun Obasanjo a fait état de 600 corps retrouvés mardi, mais la presse fournit des estimations supérieures, allant pour certaines jusqu'à 2.000 morts.

Après le drame, la colère des Nigerians ne connaît plus de bornes. Ils reprochent à l'armée d'entreposer des armes, y compris des missiles et de l'artillerie lourde, en plein coeur de quartiers pauvres et surpeuplés.

D'autres estiment que plus de vies auraient été sauvées si les autorités avaient construit plus de ponts sur le secteur du canal où nombre de victimes fuyant les explosions se sont noyées: il n'y a qu'un seul pont sur un tronçon de huit kilomètres.


Enquête ouverte au Nigéria, l'armurerie déménagera Par John Chiahemen
Reuters, Lagos, Nigeria, mardi 29 janvier 2002, 23h09 - L'armée nigériane a ouvert une enquête sur le dramatique incendie qui a dévasté une armurerie dans une caserne de Lagos, faisant plus de 600 morts selon un bilan officiel, et peut-être 2.000 d'après la presse.

L'armée a d'autre part émis un doute sur le fait que la tragédie ait eu pour origine un incendie accidentel dans une rue commerçante voisine, comme l'avaient affirmé à l'origine certains responsables militaires.

Le gouvernement a annoncé pour sa part qu'il allait déménager cette armurerie du quartier d'Ikeja, dans le centre de Lagos, vers un lieu plus sûr dans le nord de cette ville, la plus grande du Nigeria.

"Le chef d'état-major des armées a mis sur pied une commission d'enquête, chargée de se pencher sur la situation et de déterminer les causes réelles (de la tragédie)", a déclaré un porte-parole de l'armée, le colonel Felix Chukwuma.

Le président nigérian, Olusegun Obasanjo, avait ordonné l'ouverture de cette enquête lorsqu'il s'était rendu, lundi, dans la caserne dévastée d'Ikeja.

Mardi avait été déclarée journée nationale de deuil et les drapeaux ont été mis en berne.

Son gouvernement a été sous le feu des critiques mardi, certains hommes politiques lui reprochant des bourdes monumentales et une série de catastrophes survenues depuis son arrivée au pouvoir en 1999.

Signe de la colère de la population après cette tragédie, les radios ont été submergées d'appels d'auditeurs accusant les pouvoirs publics d'avoir fait fi des recommandations demandant l'éloignement de cet arsenal d'une zone résidentielle aussi peuplée.

La Chambre des représentants (chambre basse du parlement) a demandé instamment au chef de l'Etat d'annuler ses visites officielles prévues aux Etats-Unis et au Venezuela dans les temps à venir. La présidence a confirmé que le voyage avait bien été annulé.

Le drame de Lagos ne fait que compliquer la tâche du gouvernement fédéral, qui se débat déjà dans de graves problèmes inter-communautaires et de violence à caractère religieux.

Dimanche, l'armée est rapidement sortie du silence pour dissiper les rumeurs de coup d'Etat militaire en préparation.

Depuis l'indépendance en 1960, le Nigeria a connu une succession de régimes militaires. Ce pays riche en "or noir" vit une démocratie balbutiante depuis que les généraux ont regagné les casernes en 1999.


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