Zimbabwe : élection présidentielle en mars 2002 sur fond de problèmes agraires


Zimbabwe: M. Mugabe fixe l'élection présidentielle à mars 2002
AP, HARARE (Zimbabwe), mardi 11 déc. 2001 - Le président zimbabwéen Robert Mugabe a annoncé mardi que la prochaine élection présidentielle aura lieu au mois de mars 2002, sans toutefois donner de date précise, rapporte l'agence officielle ZIANA. Celle-ci sera établie ''en temps utile'', a-t-il précisé.

En vertu de la Constitution, le mandat présidentiel de six ans de M. Mugabe expire le 1er avril et le scrutin doit avoir lieu en mars au plus tard. Cette annonce met fin aux spéculations selon lesquelles il aurait été tenté d'appeler à des élections anticipées afin d'éviter l'écueil des hausses de prix alimentaires en début d'année.

Au pouvoir depuis l'indépendance de l'ex-Rhodésie en 1980, Robert Mugabe devrait être opposé à l'opposant Morgan Tsvangirai, président du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Lors des législatives de juin 2000, l'opposition avait remporté 57 des 120 sièges à pourvoir en dépit de nombreuses violences, alors qu'elle n'en disposait que de trois dans la législature précédente.

Le MDC a été à la pointe du combat politique contre M. Mugabe et son parti, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF), accusés d'avoir encouragé la saisie illégale des propriétés de fermiers blancs afin de doper une cote de popularité en baisse.

Le gouvernement entend par ailleurs refuser la présence d'observateurs étrangers venant des Etats-Unis ou de l'Union européenne lors du scrutin, préférant des scrutateurs originaires d'Afrique, d'Asie, des Caraïbes et du Commonwealth.


Les voisins du Zimbabwe disent soutenir la réforme agraire de Robert Mugabe
AFP, HARARE (Zimbabwe), 11 déc. 2001 - Les voisins du Zimbabwe ont officiellement apporté mardi à Harare leur soutien à la réforme agraire controversée mise en place à l'été 2000 par le pouvoir du président Robert Mugabe pour redistribuer les terres de la minorité blanche à des familles noires démunies. Ce soutien a été exprimé à l'occasion de la visite d'une délégation ministérielle de la Communauté de développement d'Afrique australevenue faire le point sur l'état d'avancement et les conditions d'application de la réforme, trois mois après un sommet spécial de la SADC à Harare. Cette réforme agraire "accélérée" vise à donner rapidement la quasi-totalité des terres de la minorité blanche du Zimbabwe à des Noirs qui n'en ont pas, soit environ 10 millions d'hectares. Les quelque 4.000 fermiers blancs du pays détiennent 70% des terres les plus fertiles.

"La SADC soutient la réforme agraire au Zimbabwe. La SADC n'est pas divisée, mais unie" sur ce point et "elle le restera", a déclaré Lilian Patel, ministre des Affaires étrangères du Malawi qui préside pour un an cette Communauté composée de 14 pays d'Afrique australe, citée par l'agence de presse zimbabwéenne ZIANA. Face aux critiques de plus en plus dures et aux menaces de sanctions des Etats-Unis et l'Union européenne (UE) en raison de la poursuite des violences sur les fermes et des atteintes au droits de l'Homme au Zimbabwe, Mme Patel a affirmé que la SADC ne se laissait pas "influencer par l'occident". Selon elle, l'important est de savoir "exactement ce qui se passe sur le terrain". "La perception à partir des medias est complètement négative et ce que nous voyons n'est pas aussi mauvais que ce qui a été dit", a-t-elle ajouté, accusant la presse de "ne rapporter seulement ce qui est négatif sur le Zimbabwe, jamais ce qui est positif". Cette prise de position contraste avec celle exprimée dès le mois d'août au sommet annuel de la SADC au Malawi où les chefs d'Etat de la région avaient fait part de leur "inquiétude" concernant les conséquences de la situation au Zimbabwe sur leurs économies. "Inquiétude" à nouveau réitérée lors du sommet spécial d'Harare des 10 et 11 septembre. La position de la SADC exprimée par Mme Patel ne reflète pas non plus celle du président sud-africain Thabo Mbeki qui a récemment sévèrement critiqué les choix économiques du président Mugabe, s'est inquiété des atteintes à la liberté de la presse au Zimbabwe et des conditions dans lesquelles était en train de se préparer l'élection présidentielle de 2002.

Lors de sa visite à Harare, la délégation de la SADC a rencontré différents acteurs de la vie politique, économique et sociale du Zimbabwe, ainsi que des représentants de la société civile. Contrairement aux affirmations du gouvernement, le syndicat des fermiers commerciaux (CFU), qui regroupe essentiellement des Blancs, lui a indiqué que la violence se poursuivait régulièrement sur les fermes, occupées depuis février 2000 par des anciens combattants de la guerre d'indépendance et des partisans du pouvoir. La délégation s'est également entretenue avec le président Robert Mugabe qui, selon ZIANA, a estimé que si des différences d'appréciation pouvaient apparaître entre pays de la SADC sur une situation donnée, elles devaient être résolues par la discussion. "Le vrai combat est entre nous et la Grande-Bretagne", a déclaré M. Mugabe qui a accusé mi-novembre l'ancienne puissance coloniale de soutenir "les activités terroristes" du principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

Le chef de l'Etat a profité de sa rencontre avec la délégation pour annoncer que l'élection présidentielle au Zimbabwe aurait lieu en mars 2002, sans toutefois présider les dates du scrutin. Il a assuré que des observateurs étrangers seraient invités pour surveiller l'élection, mais sans doute pas "les hommes blancs" de l'UE.


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