Les poudrières de Madagascar et urgence OUA

Affrontements à Madagascar, réunion de l'OUA à Addis (04.06.02 - 12h54)
Le président Ravalomanana passe à l'offensive militaire (03.06.02 -| 20h44)
L'OUA se réunit pour trouver une voie d'issue à la crise tandis que des affrontements sont en cours (3 06 02 - 16h37)
Combats en cours dans le Nord entre les troupes des deux présidents (3 Juin 2002 - 14h49)

(Special crise Madagascar, 4 juin 02 - sangonet, Kodro)


Affrontements à Madagascar, réunion de l'OUA à Addis

LEMONDE.FR | 04.06.02 | 12h54

Ces affrontements, dans la région de Sambava, interviennent au moment où toutes les tentatives de réconciliation entre les deux camps ont échoué et juste avant une réunion consacrée à Madagascar, lundi après-midi à Addis-Abeba, de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA).

Il s'agit de la plus importante offensive militaire du camp Ravalomanana, pour prendre le contrôle de quatre des six provinces aux mains de l'administration de M. Ratsiraka.

Des forces de M. Ravalomanana, arrivées d'Antananarivo, ont attaqué dimanche l'aéroport de Sambava, défendu par des troupes pro-Ratsiraka, et en ont pris le contrôle, selon la gendarmerie locale. Ces combats ont fait un à trois morts, dont on ignore encore le camp d'origine.

Les affrontements se poursuivaient lundi, à 5 km au nord de Sambava, entre le contingent pro-Ravalomanana et des soldats d'élite du camp Ratsiraka, aéroportés en renfort lundi en début de matinée à Vohemar, à 100 km au nord de Sambava, selon des sources militaires concordantes, qui n'ont pas donné de nouveau bilan.

Le camp Ravalomanana avait préparé son offensive dès samedi. Vers 16 h30 (14 h30, heure de Paris) samedi, un avion de ligne de la compagnie Air Madagascar en provenance d'Antananarivo avait déposé une trentaine de soldats, des "éléments précurseurs", sur l'aéroport d'Antalaha, à une centaine de km au sud de Sambava, a expliqué un officier supérieur contacté au téléphone à Sambava.

Ils ont sécurisé l'aéroport et pris le contrôle de la ville, sans opposition.

Ce groupe s'est ensuite dirigé vers Sambava et a attaqué l'aéroport. Il s'est heurté aux militaires d'élite du Régiment des Forces d'Intervention (RFI) du camp de M. Ratsiraka, chargés de défendre l'aéroport.

"Ils ont pris le contrôle de l'aéroport et il y a eu entre un et trois morts, on ne sait pas encore dans quel camp", a poursuivi lundi l'officier supérieur.

Une deuxième vague d'une trentaine d'hommes les a rejoints à Sambava dimanche en fin de matinée.

Lundi à l'aube, deux avions Antonov en provenance d'Antsiranana (nord) et Toamasina (nord-est) ont débarqué quelque 80 renforts des RFI à Vohemar. Ils ont progressé vers Sambava et se sont heurtés vers 09 h30 (7 h30, heure de Paris) aux éléments de l'armée de M. Ravalomanana, à 10 km environ au nord de la ville.

La région d'Antalaha-Sambava-Vohemar, la Sava, est l'une des plus riches de Madagascar. C'est la première productrice de vanille, l'un des tout premiers secteurs d'exportation du pays.

Elle fait partie de la province d'Antsiranana, restée solidement aux mains du gouverneur fidèle à M. Ratsiraka, Jean-Robert Gara, depuis le début de la crise politique.

Si la totalité de la province d'Antsiranana a relativement partagé ses votes le 16 décembre 2001, la Sava a donné une très large majorité à M. Ravalomanana.

Depuis que le président élu a installé son gouvernement à Antananarivo, début mars, M. Gara a envoyé dans la Sava des militaires et miliciens qui traquent les partisans de M. Ravalomanana, selon des sources humanitaires et des témoins d'actes de violence.

"La population est très majoritairement pour M. Ravalomanana, mais elle se terre depuis trois mois, victime de la campagne de terreur", a affirmé sur place une source indépendante.

C'est dans ce climat tendu que l'organe central du mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits doit se réunir lundi après-midi à Addis Abeba pour évoquer la crise malgache.

Cette réunion, qui se tiendra aux alentours de 16 h00 locales (14 h00, heure de Paris) au niveau des ambassadeurs des Etats membres de l'OUA, sera centrée sur "les événements actuels qui prévalent à Madagascar", a déclaré un diplomate ouest-africain qui a requis l'anonymat.

Avec AFP


Le président Ravalomanana passe à l'offensive militaire

MIS A JOUR LE 03.06.02 | 20h44

La première offensive militaire d'envergure du président élu de Madagascar, Marc Ravalomanana, contre les troupes du président sortant, Didier Ratsiraka, s'est soldée, dimanche 2 et lundi 3 juin, par la prise de deux villes importantes du Nord-Est et la mort d'au moins trois personnes. Les affrontements ont cessé lundi à la tombée de la nuit, les deux camps prenant position et se faisant face à environ 1 km au nord de la ville de Sambava, selon des sources militaires sur place. Ces violences ont éclaté au moment où toutes les tentatives de réconciliation entre les deux camps ont échoué, et alors que l'Organisation de l'unité africaine (OUA) commençait une nouvelle réunion consacrée au conflit à Madagascar lundi après-midi.

Il s'agit de la plus importante offensive militaire du camp Ravalomanana dans sa tentative de conquête de quatre provinces encore aux mains de l'administration de M. Ratsiraka, sur les six que compte le pays.

Des troupes de l'armée de M. Ravalomanana ont été aéroportées en deux vagues, samedi et dimanche, à Antalaha et Sambava, et ont pris le contrôle des aéroports et des deux villes, à près de 700 et 800 km au nord-est de Tananarive, la capitale. Antalaha a été prise samedi sans résistance, et Sambava dimanche, après que les soldats pro-Ravalomanana eurent brièvement affronté soldats et miliciens armés par les forces du président sortant, qui défendaient l'aéroport. Ces premiers combats ont fait au moins un mort, un milicien ou un militaire du camp Ratsiraka.

 

L'INSOUMISSION DE LA SAVA

Mais lundi matin, le camp Ratsiraka a dépêché des renforts à Vohemar, à quelque 100 km au nord de Sambava. Ces quelque 80 soldats d'élite du Régiment des forces d'intervention (RFI) ont progressé rapidement en direction de Sambava. Ils ont été temporairement stoppés à 4 km au nord de la ville, où les partisans de M. Ravalomanana ont érigé deux barrages, et des échanges de tirs ont retenti toute la journée. Au moins deux civils, qui tentaient de passer en voiture, ont été tués par des balles perdues. Au moins huit autres civils ont été blessés, selon des sources hospitalières et militaires.

Lundi après-midi, les forces de M. Ravalomanana, qui craignaient d'être débordées, ont reçu le renfort d'une cinquantaine de militaires aéroportés depuis Tananarive, selon des sources militaires concordantes.

M. Ratsiraka récuse l'investiture de M. Ravalomanana, officiellement président

depuis le 6 mai. Le camp du président sortant a mis en place, depuis plus de trois mois, un sévère blocus économique de la capitale et des hauts plateaux environnants, fiefs des pro-Ravalomanana, grâce à des barrages routiers et au dynamitage de ponts. Ce blocus a précipité l'effondrement de l'économie de l'un des pays les plus pauvres du monde.

La région d'Antalaha-Sambava-Vohemar, la Sava, est l'une des plus riches de Madagascar. C'est la première productrice de vanille, l'un des tout premiers secteurs d'exportation du pays. Mais elle est totalement enclavée, aucune route n'y menant depuis Tananarive. La Sava fait partie de la province d'Antsiranana, restée solidement aux mains du gouverneur fidèle à M. Ratsiraka, Jean-Robert Gara. Si la totalité de la province d'Antsiranana a relativement partagé ses votes le 16 décembre 2001, la Sava a donné une très large majorité à M. Ravalomanana.

Depuis que le président élu a installé son gouvernement à Tananarive, début mars, le camp Ratsiraka a dépêché dans la Sava des militaires et miliciens qui traquent, arrêtent et torturent les partisans de M. Ravalomanana, selon des sources humanitaires concordantes et des rescapés.

Dans sa conquête de la province d'Antsiranana, le camp Ravalomanana a également "sécurisé", lundi, une importante ville du Nord-Ouest, Antsohihy, à moins de 300 km à l'ouest de Sambava, en y aéroportant des dizaines de soldats, selon des sources militaires concordantes.

C'est dans ce climat tendu que l'organe central du mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits a réuni, lundi après-midi à Addis Abeba, des ambassadeurs pour évoquer la crise malgache.

Avec AFP


L'OUA se réunit pour trouver une voie d'issue à la crise tandis que des affrontements sont en cours (Standard, Politics/Economy)

Madagascar, 3 06 02 - 16h37

L'office pour la résolution des conflits de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA-UA) doit se réunir aujourd'hui pour trouver une solution à la crise malgache. La réunion, qui débutera à 16 h 00 à Addis Abeba (Ethiopie), rassemblera les ambassadeurs de tous les pays membres. Malgré l'engagement dont a fait preuve l'organisme africain jusqu'à présent, nombreux sont ceux qui pensent que la marge de manoeuvre pour trouver une issue se réduit de jour en jour. A Madagascar, l'impasse politique semble avoir pris la voie qui mène au conflit armé. Dans le nord de l'île, les troupes du président récemment désigné, Marc Ravalomanana, et les militaires du président sortant, l'amiral Didier Ratsiraka, se battent autour de Sambava, dans la région de Diego Suarez, au nord-ouest de l'île. La communauté africaine a tenté à plusieurs reprises de trouver une solution au bras de fer qui suffoque le pays depuis décembre. Les deux 'prétendants' à la présidence avaient eu leur premier face-à-face le 18 avril dernier à Dakar. Ils y avaient signé un accord, sous l'égide de l'OUA-UA et de la communauté internationale, prévoyant que si aucun des deux leaders politiques n'avait obtenu la majorité absolue après vérification des résultats du premier tour des élections présidentielles, un référendum populaire aurait été convoqué dans un délai de six mois. Ce pacte, resté lettre morte, est dépassé par les événements. La crise institutionnelle, avec toutes ses conséquences, pousse de plus en plus Madagascar vers l'effondrement social, économique et politique. Il y a quelques jours, la Banque Mondiale a publié un rapport selon lequel le pays a subi des pertes de production d'un montant de 640 millions d'euros. L'institut de crédit international n'a pas hésité à définir la situation de Madagascar "catastrophique". (CC) MISNA - 2002


Combats en cours dans le Nord entre les troupes des deux présidents (Standard, Church/Religious Affairs)

Madagascar, 3 Juin 2002 - 14:49

L'heure de l'offensive militaire semble avoir sonné à Madagascar. Des sources de l'agence MISNA rapportent que des combats sont en cours dans la zone de Sambava (nord-ouest du pays) entre les troupes du président nouvellement désigné, Marc Ravalomanana, et celles de son prédécesseur Didier Ratsiraka, qui n'est pas prêt à lui céder la place. Ce week-end, les forces de Ravalomanana ont lancé leurs premiers assauts dans la ville et sont parvenus à en prendre le contrôle. La situation s'est aggravée aujourd'hui avec l'envoi à Sambava du Régiment des Forces d'Intervention (RFI), commandé par le colonel Koutiti (fidèle à Ratsiraka depuis le début de la crise). Le RFI a reçu l'ordre de reprendre le contrôle de la ville et de toute la région de Diego Suarez. Le régiment est composé de militaires entraînés en France et dotés d'un équipement de qualité moyenne. Avant la fracture politique, il était l'orgueil de l'armée malgache. D'après la presse, les combats auraient fait de 1 à 3 morts. Il est très difficile d'obtenir des informations car les hommes de Koutiti ont isolé les lignes téléphoniques de la zone qui entoure Sambava. Les forces d'intervention possèdent deux bases dans le pays: une dans la capitale, près de l'aéroport, et une dans la province d'Antsirabe (nord de Madagascar).

La première démonstration que les propos du ministre de la défense Jules Mamizara (concernant le recours à la force pour démanteler les barrages routiers) ont été suivis des faits remonte à vendredi passé. Les militaires proches de Ravalomanana avaient en effet tenté de s'emparer de l'aéroport de Mahajang mais ils avaient été contrés par les ratsirakistes. Sur place, on craint une escalade de la violence. Des sources de l'agence MISNA avaient signalé des mouvements de troupes il y a quelques jours déjà dans plusieurs zones de l'île.

Il est donc possible que les deux camps se battent simultanément sur plusieurs fronts. Le ministère de la Défense malgache, contacté par téléphone ce matin, n'a voulu faire aucun commentaire sur les événements. (CC) MISNA - 2002


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