Crise ivoirienne : la France accepte de s'impliquer dans l'interposition


Espoirs de paix en Côte d'Ivoire après le début de la trêve --par Clar Ni Chonghaile

YAMOUSSOUKRO (AP), 19 octobre 2002 00:28 - Après un mois de troubles, le président ivoirien Laurent Gbagbo a accepté vendredi la trêve signée par les rebelles, soulevant l'espoir d'un retour de la paix en Côte d'Ivoire.

La France a renforcé cet espoir en acceptant la demande du président ivoirien qui l'avait invitée à «jouer le rôle de force d'interposition», et à surveiller le respect du cessez-le-feu jusqu'à ce que les médiateurs ouest-africains se rencontrent la semaine prochaine pour discuter de la crise ivoirienne.

En termes plus prudents, le ministère français des Affaires étrangères a fait savoir que la France avait accepté de fournir son aide «pour la mise en oeuvre de l'accord de cessez-le-feu». Les forces françaises devraient «faire le lien» avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui devrait «mettre en place son propre dispositif à partir de la semaine prochaine».

Un millier de soldats français sont présents pour protéger les ressortissants français et étrangers, et pour fournir un soutien logistique aux forces gouvernementales contre les rebelles.

Sur le terrain, la situation semblait calme depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à 00h00 vendredi matin. «On nous dit que ça tient», a rapporté le ministre sénégalais des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, un des médiateurs ayant facilité l'accord.

Le capitaine Valéry Putz, porte-parole du contingent français, signalait n'être au courant d'aucune violation de la trêve. Dans deux villes qui ont été le théâtre de combats récemment, des habitants joints par téléphone affirmaient que les mutins restaient calmes. «Je suis assis dehors en train de boire une bière avec des soldats loyalistes. Tout est calme maintenant», a témoigné un habitant de Daloa qui a souhaité rester anonyme.

Le Département d'Etat américain a toutefois exhorté ses ressortissants à quitter le pays. «La violence est toujours là», a affirmé le porte-parole du Département d'Etat Richard Boucher.

Le plan signé a été préparé grâce à l'intervention de la CEDEAO. Il exige des rebelles la cessation des hostilités entamées le 19 septembre pour permettre la tenue de discussions de paix. Les médiateurs précisent que les mutins, qui ont conquis la moitié du pays, ont également accepté d'autoriser l'acheminement de nourriture dans les villes qu'ils contrôlent.

Le texte a été signé jeudi par les rebelles dans la ville de Bouaké. «J'accepte le cadre de cet accord comme une base pour la négociation», leur a répondu le président Gbagbo à la télévision ivoirienne, même si aucun représentant du gouvernement n'a encore signé le texte.

«Je dis aux insurgés de venir discuter. Je leur avais demandé de déposer leurs armes, le fait qu'ils aient signé cet accord montre qu'ils ont compris cela», a-t-il ajouté. «La Côte d'Ivoire vous attend. Parlons», a poursuivi un Laurent Gbagbo conciliant qui a appelé les rebelles à «revenir dans la République».

De retour de Côte d'Ivoire, une mission de l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty international estime que les quatre semaines de combats ont créé «une crise humanitaire préoccupante».

«Les deux parties s'en sont pris notamment à des civils, soupçonnés d'être partisans de l'autre camp, ce qui a provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes», affirme Amnesty International. AP


La France accepte une "mission de sécurisation" du cessez-le-feu

ABIDJAN, 18 oct (AFP) - 21h55 - La France a accepté vendredi une mission de "sécurisation" du cessez-le-feu entre rebelles et forces loyalistes en Côte d'Ivoire où l'accord de "cessation des hostilités" conclu jeudi constitue un premier espoir de paix, un mois après le début du soulèvement militaire.

L'accord, signé jeudi à Bouaké (centre) par les militaires en rébellion et formellement accepté par le président Laurent Gbagbo, a été salué par l'opposant Alassane Ouattara et reconnu par le chef des mutins de la région de Vavoua (ouest), qui l'avait dans un premier temps rejeté.

Malgré cet accord, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils retiraient leurs diplomates non-essentiels de Côte d'Ivoire, mettant en avant des raisons de sécurité.

Le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, tout en se "félicitant" de l'annonce de cessez-le-feu, a indiqué que Washington avait décidé de ne garder en Côte d'Ivoire qu'une équipe diplomatique réduite, à cause de la situation "instable" du pays.

"Une mission d'observation et de sécurisation du cessez-le-feu" en Côte d'Ivoire a été acceptée par la France vendredi, a annoncé une porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Cécile Pozzo di Borgo.

"Le président Gbagbo a sollicité l'aide de la France pour la mise en oeuvre de l'accord de cessez-le-feu, en demandant à nos forces de faire le lien avec la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest) qui devrait mettre en place à partir de la semaine prochaine son propre dispositif. Cette demande a été acceptée par notre pays", a-t-elle déclaré.

La conclusion du cessez-le-feu a été saluée par l'opposant Alassane Ouattara, président du Rassemblement des Républicains (RDR) et ancien Premier ministre, qui a félicité M. Gbagbo.

Evoquant l'accord conclu par le biais des médiateurs de la CEDEAO, il a estimé que "c'est un soulagement pour notre pays qui traverse une crise grave, accompagnée de pertes importantes en vies humaines, de dégâts matériels considérables et de violences extrêmes".

Le chef des mutins de la région de Vavoua (ouest), le sergent Zacharias Koné, qui avait vendredi matin rejeté le cessez-le-feu, a affirmé un peu plus tard dans la journée que ses hommes le respecteraient tant que le président Gbagbo s'y conformerait.

"Je ne ferai rien si Gbagbo ne fait rien", a déclaré le sergent Koné en avertissant que ses hommes riposteraient en cas d'attaque.

Le chef de l'Etat a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi à la télévision nationale qu'il acceptait formellement l'accord de cessation des hostilités, à partir de jeudi minuit (0h00 GMT).

M. Gbagbo avait également annoncé qu'il demandait à la France de constituer une force tampon pendant une semaine entre forces gouvernementales et rebelles.

La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a affirmé que la "phase intermédiaire pour la mise en oeuvre du cessez-le-feu" était destinée à faire "la soudure" avec les forces ouest-africaines.

De source diplomatique, on insiste sur le caractère "transitoire" de cette mission française qui "ne devrait pas excéder une ou deux semaines".

Il reviendra à la CEDEAO de trouver les modalités pratiques pour procéder au désarmement des mutins, a souligné M. Gbagbo, qui avait à de multiples reprises affirmé qu'il ne négocierait pas avec les rebelles tant que ceux-ci n'auraient pas déposé les armes.

Vendredi matin, le chef politique de la rébellion armée a affirmé à l'AFP qu'il n'était "pas question de déposer les armes" et qu'il exigeait toujours le départ du président Laurent Gbagbo, tout en respectant le cessez-le-feu.

"Nous ne déposons pas les armes. Nous poursuivons la guerre de libération contre le régime fasciste de Laurent Gbagbo", a affirmé Guillaume Soro Kigbafori, secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), interrogé par téléphone depuis Paris.

"Nous demandons la démission immédiate et inconditionnelle de M. Laurent Gbagbo", a indiqué M. Soro, qui plaide pour un régime de transition de huit mois dirigé par une personne "émanant de la société civile" chargée d'organiser des élections "libres, démocratiques et historiques".

Dans son discours télévisé, Laurent Gbagbo a indiqué que des discussions commenceraient prochainement entre une délégation du gouvernement et une délégation des mutins, probablement à partir de mardi, "dans une ville de Côte d'Ivoire".


M. Chirac : "les Ivoiriens doivent se réconcilier"

PARIS, 18 oct (AFP) - 20h34 - Le président français Jacques Chirac a appelé vendredi les Ivoiriens à "se réconcilier" et rejeté vivement toute éventuelle partition de la Côte d'Ivoire.

"Il faut se réconcilier" et "il faut retrouver la voie de la palabre" a déclaré M. Chirac faisant appel à "la sagesse africaine", dans un entretien avec la radio publique française RFI et la chaîne francophone TV5 accordé depuis Beyrouth où il participe à un sommet de la Francophonie.

"Je n'imagine pas que l'on puisse aller vers la partition" de la Côte d'Ivoire", a-t-il souligné.

"La situation (en Cote d'Ivoire) est en voie d'amélioration, encore qu'on ne peut exclure tout rebondissement" a estimé le chef de l'Etat français.

Jacques Chirac a également indiqué que les responsables de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) au niveau des chefs d'Etats-major allaient se réunir dimanche à Abidjan. Les représentants des chefs d'Etat de la CEDEAO se réuniront mercredi toujours à Abidjan.

Il a qualifié le cessez-le-feu accepté par les rebelles et les forces gouvernementales de "premier pas important dans la bonne direction".

Il a confirmé que la France allait apporter une aide "logistique" aux forces d'interposition de la CEDEAO et participera "à leur demande, à leur équipement et à leur transport".

La France a accepté une mission de "sécurisation" du cessez-le-feu en Côte d'Ivoire entre les rebelles et les forces gouvernementales, dans l'attente de l'arrivée de forces ouest-africaines, a annoncé vendredi le ministère des Affaires étrangères.

Le chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi qu'il acceptait formellement l'accord de cessation des hostilités, à partir de jeudi minuit (0h00 GMT), signé dans la journée par les rebelles en lutte depuis le 19 septembre.


Les mutins de Vavoua respecteront le cessez-le-feu si M. Gbagbo s'y conforme

VAVOUA (Côte d'Ivoire), 18 oct (AFP) - 19h40 - Les mutins de la région de Vavoua (ouest) respecteront le cessez-le-feu signé jeudi par leurs représentants à Bouaké (centre) tant que le président ivoirien, Laurent Gbagbo, s'y conformera, a affirmé vendredi à l'AFP leur chef, le sergent Zacharias Koné.

Vendredi matin, le sergent Koné avait affirmé qu'il ne reconnaissait pas le cessez-le-feu car il doutait de la sincérité du chef de l'Etat ivoirien.

Revenant sur ses premières déclarations, le sergent déclaré plus tard dans la journée:"Je ne ferai rien si Gbagbo ne fait rien".

Il a toutefois réitéré sa méfiance envers le président Gbagbo, l'avertissant que ses hommes riposteraient en cas d'attaque.

Les militaires en rébellion depuis le 19 septembre ont signé jeudi un accord de cessation des hostilités, formellement accepté par le président Laurent Gbagbo quelques heures plus tard et entré en vigueur à minuit (0h00 .

Le sergent Koné et ses hommes avaient pris Daloa dimanche et avaient dû se replier après deux jours de violents combats à l'arme lourde avec les troupes loyalistes.


Actualité internationale et africaine 5