La Foudre débarque les derniers renforts français en Côte d'Ivoire

ABIDJAN, 28 déc (AFP) - 14h33 - La sonnerie du clairon retentit. A la poupe, un marin hisse les couleurs françaises. Après une grosse demi-heure de manoeuvres, La Foudre a accosté samedi matin au port d'Abidjan avec à son bord les derniers renforts en hommes et matériel de l'opération militaire française Licorne en Côte d'Ivoire.

A peine à quai, le déchargement du navire, qui a appareillé le 18 décembre de Toulon (sud-est de la France), commence. De la porte arrière et de ses flancs sortent plusieurs VAB (véhicules de l'avant-blindé).

Ils se rangent aussitôt en file indienne sur le quai, surveillé par plusieurs éléments du 43ème BIMa (Bataillon d'infanterie de marine) basé dans la capitale économique ivoirienne.

Sur le pont, une trentaine de véhicules blindés légers (VBL) du 2ème Régiment de Dragons rompent l'un après l'autre leur impeccable alignement et manoeuvrent en vue de leur débarquement. Le ballet millimétré est rythmé par les coups de sifflets des marins de La Foudre - spécialisée dans les missions de projection de forces -, qui dirigent les manoeuvres.

Côté babord, aux côtés des rangées de paquetages et de FAMAS (fusils d'assaut français), les hommes des Dragons attendent, fumant une cigarette ou discutant, leur tour de débarquer.

A bord avec eux, des légionnaires du 2ème REP (Régiment étranger parachutiste), des parachutistes du 8ème RPIMa (Régiment parachutiste d'infanterie de marine) et des éléments de l'ALAT (Aviation légère de l'armée de terre). En tout quelque 300 hommes.

Certains rejoindront les différentes positions françaises réparties dans le pays, notamment sur "la ligne tampon" entre troupes loyales au président ivoirien, Laurent Gbagbo, et rebelles du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), dans le cadre de leur mission de surveillance du cessez-le-feu conclu le 17 octobre par le MPCI. Les autres resteront à Abidjan, en appui logistique de l'opération Licorne.

Sur l'eau, des commandos français surveillent, à bord de plusieurs Zodiac, les abords de La Foudre.

Le débarquement durera une quinzaine d'heures. Interrompu durant la nuit en raison du couvre-feu imposé sur Abidjan entre 19H00 et 06H00 (locales et GMT), il ne prendra fin que dimanche, avec le débarquement des deux Puma (hélicoptères de transports de troupes) et des trois Gazelle (hélicoptères de combats) encore tapis dans le ventre du navire.

Le dispositif français en Côte d'Ivoire comptera alors entre 2300 et 2500 hommes et sera au complet.


Arrivée des derniers renforts français, l'ONU nomme une "envoyée humanitaire"

ABIDJAN, 27 déc (AFP) - 13h19 - Les derniers éléments français destinés à renforcer le dispositif militaire français en Côte d'Ivoire, quelque 300 hommes et du matériel, ont débarqué samedi à Abidjan, au lendemain d'un nouvel accrochage entre des troupes françaises et des rebelles du MPIGO à Duékoué (ouest). Parallèlement, inquiet de "la détérioration de la situation humanitaire dans le pays et de ses conséquences négatives dans la sous-région", le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a désigné Carolyn McAskie comme "envoyée humanitaire" pour la crise en Côte d'Ivoire, selon un communiqué publié vendredi par l'Onu. Mme McAskie devrait se rendre en Côte d'Ivoire à partir du 10 janvier prochain pour un séjour d'un mois.

Le navire français La Foudre a accosté samedi matin vers 09h00 (heure locale et GMT) à Abidjan avec à son bord quelque 300 soldats français et du matériel, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le bâtiment avait appareillé le 18 décembre dernier du port de Toulon (sud de la France), emmenant des éléments "du 2ème régiment des Dragons, de parachutistes du 8ème RPIMA de Castres et d'hommes du 2ème régiment de la Légion étrangère de Calvi", selon le ministère de la Défense. Ces renforts comprennent également des hélicoptères Gazelle et Puma II, et des véhicules d'avant-blindé (VAB).

Un nouvel accrochage a opposé vendredi après-midi l'armée française et des rebelles du Mouvement populaire ivoirien du grand ouest (MPIGO) au nord de Duékoué (200 km à l'ouest de Yamoussoukro), où des militaires françai avaient déjà été, selon l'armée française, dans l'obligation de riposter après des tirs rebelles le 21 décembre dernier.

Officiellement, les troupes de l'ancien pouvoir colonial français sont présentes sur le sol ivoirien principalement pour faire respecter l'accord de cessez-le-feu du 17 octobre, conclu avec les rebelles du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), qui tient la moitié nord du pays.

"Une patrouille française a été prise à partie par trente à quarante rebelles du MPIGO, à pied, à 500 ou 600 mètres au nord de Duékoué, sur la route de Bangolo", a expliqué le porte-parole des troupes françaises en Côte d'Ivoire, le lieutenant colonel Ange-Antoine Leccia. La localité de Bangolo, située à une quarantaine de kilomètres au nord de Duékoué, a été prise le 20 décembre par le MPIGO.

La patrouille française a riposté, en état de légitime défense, aux tirs rebelles et aucun blessé n'a été signalé dans les rangs des militaires français, selon le lieutenant-colonel Leccia, qui n'était pas en mesure de communiquer un bilan des éventuelles victimes côté rebelle.

Les rebelles du MPIGO, qui descendaient vers le sud lorsqu'ils ont ouvert le feu sur la patrouille française, se sont repliés après l'accrochage.

Le 21 décembre, des soldats français déployés à Duékoué avait déjà ouvert le feu contre des combattants du MPIGO qui progressaient en tirant vers une de leurs positions, et avaient refusé d'obtempérer à des coups de semonce.

Furieux, le MPIGO et les deux autres mouvements rebelles ivoiriens luttant contre le régime du président ivoirien Laurent Gbagbo avaient accusé les troupes françaises d'avoir outrepassé leur mandat en Côte d'Ivoire et les avaient menacées de représailles, le MPIGO estimant notamment que la France s'était engagée dans une "guerre qui n'est pas la sienne" en faisant "le choix" de combattre les rebelles ivoiriens.

Ils s'étaient par la suite radoucis, déclarant que cet accrochage était la conséquence d'une méprise et ne remettait pas en cause leurs relations avec la France.

Le 30 novembre, les militaires français, qui procédaient à l'évacuation de ressortissants étrangers de la région de Man (ouest), s'étaient également heurtés à des combattants du MPIGO sur l'aéroport de la ville. Les échanges de tirs avaient fait un blessé côté français et au moins 10 morts chez les rebelles.


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