Une base française prise pour cible en Côte d'Ivoire


Des manifestants ivoiriens mardi devant la base française à Abidjan
© AFP Issouf Sanogo
ABIDJAN (AFP) - mercredi 23 octobre 2002 - 7h22
- Plusieurs milliers de personnes ont violemment manifesté hier devant une base de l'armée française à Abidjan, à laquelle les militaires rebelles ivoiriens ont demandé "d'intervenir à Daloa" (ouest) pour y "assurer la sécurité des populations civiles".

Les autorités françaises ont décidé de fermer mardi midi toutes les écoles françaises à Abidjan, un jour avant les vacances de la Toussaint, à la suite de la manifestation devant la base du 43e BIMa (Bataillon d'infanterie de marine), a-t-on appris de source diplomatique.

Plusieurs milliers de manifestants ont tenté mardi matin d'arracher la grille de la base française et ont été repoussés à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes et de lances à incendie par les soldats français. Aucun bilan précis n'était disponible après cette "marche" anti-française. Selon des témoins, quelques manifestants ont été blessés dans ces heurts.


Des manifestants ivoiriens penchés sur un de leur camarade blessé
© AFP Issouf Sanogo
Après ces incidents, certains manifestants s'en sont pris à des automobilistes occidentaux qui passaient à proximité et ont installé des barrages sur la grande avenue qui relie le centre d'Abidjan à l'aéroport international Félix Houphouët Boigny et passe à proximité du BIMa.

Le ministre ivoirien de l'Intérieur, Paul Yao N'dré, a déploré mardi midi à la télévision nationale ces débordements violents. "Dans cette crise, la France nous a apporté son soutien", a-t-il souligné.

L'un des principaux organisateurs de la manifestation avait expliqué lundi que la marche visait à "signifier son indignation aux Français" qui gardent l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara "contre son gré". Principal opposant au président Laurent Gbagbo, M. Ouattara est réfugié à la résidence de l'ambassadeur à Abidjan depuis le début de la crise.


Soldats français mardi à Bouaké
© AFP Georges Gobet
De leur côté, depuis Bouaké (centre), les militaires en rébellion contre le régime du président Laurent Gbagbo ont demandé "aux militaires français qui surveillent le cessez-le-feu d'intervenir à Daloa pour assurer la sécurité des populations civiles (...) pour ne pas avoir à réagir nous-mêmes".

"Les gendarmes et les policiers s'en prennent aux populations civiles, en particulier à Daloa", a affirmé le sergent Chérif Ousmane, un des principaux chefs et porte-parole des mutins.

"Il n'est pas du tout dans notre mandat d'enquêter sur des rumeurs d'exactions, mais, bien entendu, si nos soldats sont témoins directs d'exactions commises contre des populations civiles, ils se doivent d'intervenir dans le cadre de l'assistance à personne en danger", a déclaré le porte-parole de l'opération française en Côte d'Ivoire, le lieutenant-colonel Ange-Antoine Leccia.

Le gouvernement du Mali a affirmé mardi que des ressortissants maliens en Côte d'Ivoire ont été victimes de et de meurtres, "notamment à Daloa", et émis "la plus haute protestation auprès des autorités ivoiriennes", selon un communiqué officiel publié mardi à Bamako.

De nombreux témoignages ont fait état samedi et dimanche d'exactions, notamment d'exécutions sommaires, perpétrées par les forces loyalistes à Daloa, contre des membres de la communauté musulmane et en particulier dioula (ethnie musulmane du nord), accusée de soutenir les mutins.

Un conseiller du président ivoirien Laurent Gbagbo, Toussaint Alain, a condamné mardi ces exactions perpétrées par des "individus (...) vêtus de treillis militaires", mais selon lui étrangers aux forces régulières ivoiriennes.

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