Les rebelles ivoiriens se disent prêts à une guerre de deux ans
par Silvia Aloisi (Reuters)

BOUAKE, Côte d'Ivoire (Reuters), 2002-10-16 15:11 - Les rebelles ivoiriens disposent de suffisamment de ravitaillement pour livrer une guerre de deux ans afin de renverser le président Laurent Gbagbo, assure leur chef politique.

Le nouveau secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire, Guillaume Soro Kigbafori, a déclaré mardi soir à Reuters qu'il ne croyait pas que Gbagbo voulait vraiment négocier avec les rebelles, de sorte qu'il est inutile de perdre du temps à des discussions.

"Gbagbo a choisi la voie de la guerre. Nous avons des armes, du ravitaillement, des munitions pour combattre pendant deux ans. Nous allons livrer la guerre jusqu'au bout", a assuré Soro contacté par téléphone.

"Mais nous verrons s'il est toujours président dans une semaine", a-t-il ajouté.

Les rebelles se sont retirés des négociations lundi en accusant Gbagbo d'avoir fait venir des forces d'Angola, ce que ce pays dément fermement.

"Nous ne pouvons perdre du temps à des négociations pendant que Gbagbo en profite pour renforcer ses positions", explique le chef rebelle.

Il réaffirme que le MPCI veut la démission de Gbagbo et la mise en place d'un gouvernement de transition pour organiser des élections libres auxquelles tous pourraient participer.

Le chef de l'opposition, Alassane Ouattara, un musulman du nord, n'a pu participer aux élections il y a deux ans en raison d'une remise en cause de sa nationalité ivoirienne. Gbagbo avait remporté le scrutin malgré une tentative du régime militaire alors en place de manipuler les résultats.

"HOMME DE GAUCHE, D'EDUCATION MARXISTE"

Une grande partie des rebelles, et notamment Soro, sont du Nord, région qui se sent depuis longtemps exclue du pouvoir par les populations du Sud et de l'Ouest à majorité chrétienne.

Soro appartient quant à lui à la minorité catholique du Nord.

Ancien dirigeant étudiant, il se défend de tout lien avec le Rassemblement des Républicains de Ouattara, accusé par de nombreux Ivoiriens de soutenir les rebelles.

"Le MPCI est indépendant de tous les partis politiques", assure Soro, également connu sous le nom de guerre de "Docteur Koumba".

Interpellé à plusieurs reprises à l'occasion de manifestations étudiantes, Soro se présente comme "un homme de gauche, d'éducation marxiste".

"Je suis un civil, mais j'ai appris à manier les armes et à élaborer une stratégie militaire", explique-t-il.

Il accuse Gbagbo d'exploiter les divisions ethniques et religieuses de Côte d'Ivoire pour renforcer l'emprise sur le pouvoir de sa tribu Bete.

"Gbagbo affirme avoir été élu de manière légitime. Nous rejetons cela. Nous avons pris les armes non parce que nous voulons prendre le pouvoir pour nous-mêmes, mais pour imposer la démocratie à Gbagbo.

"Si des élections libres et transparentes ont lieu, le MPCI se retirera", assure son secrétaire général.


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