Le "nouveau riz" Nerica plait aux paysans africains

BOUAKE (AFP), lundi 9 septembre 2002, 8h37 - Depuis l'arrivée du Nerica, "nouveau riz pour l'Afrique", dans les rizières ivoiriennes ou guinéennes, certains paysans se prennent à rêver d'une nouvelle vie.

La dissémination actuellement en cours en Afrique de l'ouest de cette nouvelle variété de riz pluvial, baptisé Nerica (New Rice for Africa), semble satisfaire les agriculteurs en Côte d'Ivoire comme en Guinée.

Hybridation réussie entre un riz africain et un riz asiatique, le Nerica est le résultat de dix ans de recherches de l'Association pour le développement du riz en Afrique de l'ouest, ADRAO (à Bouaké, au centre de la Côte d'Ivoire). Il résiste aux maladies et aux insectes, s'acclimate aux sols pauvres et s'accomode de la sécheresse, tout en étant plus riche en protéines et en ayant des rendements élevés et un cycle de croissance réduit.

Autant d'avantages qui peuvent permettre d'atteindre la sécurité alimentaire et surtout de réduire les importations de riz, denrée de base de l'alimentation dans la région.

"Depuis qu'on cultive Nerica, on peut nourrir nos enfants à la soudure, les envoyer à l'école, nos maris nous respectent plus et on gagne de l'argent", affirme fièrement Albertine Kpassa, présidente de l'association Wathosseba ("L'homme ne meurt pas" en langue bété) qui regroupe 53 femmes de Daloa, au centre de la Côte d'Ivoire.

"Même si on me redonnait un camion sorti d'usine aujourd'hui, je continuerai à cultiver le Nerica, aujourd'hui je peux fournir la nourriture de ma famille et vendre au marché pour avoir de l'argent", renchérit Mamadi Camara, ancien chauffeur routier installé dans un village de la préfecture de Faranah en Guinée.

En Côte d'Ivoire, selon le socio-économiste de l'ADRAO, Alioune Diagne, "environ 4.000 paysans ont adopté le Nerica depuis le lancement de la campagne de diffusion et l'homologation de deux variétés par le gouvernement en 2001".

"En 2001, 48% des agriculteurs qui avaient été exposés au Nerica l'avaient adopté et y consacraient au moins 9% de leurs terres, le reste étant cultivé en riz traditionnels", ajoute M. Diagne. Les paysans ivoiriens "connaissent déjà en moyenne 14 variétés de riz et en cultive au moins quatre", souligne-t-il.

Selon les projections de l'ADRAO, "140.000 producteurs auront adopté le Nerica en 2005 et il sera cultivé sur 25.000 hectares".

En Guinée, l'engouement est d'autant plus grand pour le Nerica que le gouvernement a fait de son développement une priorité politique. En partenariat avec l'ONG japonaise Sasagawa Global 2000, le gouvernement a rapidement mis en place des "unités expérimentales paysannes" (UEP) qui testent et développent les semences de Nerica depuis 1997.

Aujourd'hui, rien que dans la préfecture de Faranah (sud-est) qui compte quelque 150.000 habitants, 1795 familles ont reçu des semences de Nerica pour la campagne 2002 et la demande est sans cesse croissante.

"Il s'agit de satisfaire un besoin fondamental: l'autosuffisance alimentaire. C'est un objectif essentiel de notre politique agricole", explique à l'AFP Jean-Paul Sarr, ministre guinéen de l'Agriculture lors d'une visite à Faranah.

"On économise entre 30 et 40 millions de dollars par an sur les importations grâce à cette production rizicole, ce qui nous permet de développer davantage la mécanisation agricole", poursuit-il.

Tous les paysans rencontrés continuent à cultiver du riz local même s'il est moins rentable, mais la plupart ont abandonné d'autres cultures comme le coton, le cacao ou les légumes au profit du Nerica.


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