Côte d'Ivoire: Dominique de Villepin, le président Gbagbo et les rebelles pour un cessez-le-feu


Côte d'Ivoire: Dominique de Villepin rencontre les rebelles

BOUAKE (AFP), samedi 4 janvier 2003, 13h18 - Après avoir arraché vendredi un "cessez-le-feu total" au président ivoirien, le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, a entamé samedi à Bouaké, une rencontre avec les rebelles du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), pour tenter d'obtenir des avancées de leur côté.

Mais le MPCI a d'ores et déjà prévenu qu'il allait exiger du ministre le départ des troupes françaises et lui faire part de ses doutes quant au respect par le président Laurent Gbagbo de ces engagements de la veille de cesser le feu sur tous les fronts et de faire quitter le pays aux mercenaires combattant aux côtés des forces régulières. La réunion, à laquelle assistent les principaux responsables connus du MPCI, a commencé vers 10H30 (locales et GMT) à l'école baptiste de Bouaké, deuxième ville du pays et quartier général de la rébellion qui contrôle la moitié nord du pays.

"On va demander à M. de Villepin de retirer les troupes françaises", a déclaré depuis Bouaké, avant le début de la réunion, le responsable du "bureau de presse" du MPCI, "l'adjudant" Antoine Beugré, car "la présence des Français n'est pas une garantie pour le peuple ivoirien. Malgré cette présence, les exactions continuent". "Nous pensons que Gbagbo ne croit pas ce qu'il dit", a-t-il poursuivi, et "nous allons le dire" au ministre.

Le MPCI a rappelé également toujours attendre "une réaction française" au bombardement meurtrier (12 civils tués) le 31 décembre, par un hélicoptère loyaliste, du village de Menakro, situé nettement au delà d'une ligne de non franchissement (LNF) surveillée par les troupes françaises depuis le cessez-le-feu conclu par le MPCI le 17 octobre. Une nouvelle fois, le MPCI ne s'est pas privé de rappeler les déclarations du chef d'état major des Armées françaises, le général Henri Bentégeat qui avait averti le 22 décembre à Abidjan, que "si la ligne est franchie, la France en tirera toutes les conséquences". "Ces déclarations doivent être prises au sérieux. Ca ne suffit pas de demander le départ des mercenaires et l'immobilisation des hélicoptères", a estimé M. Beugré sans préciser quelle réaction précise le MPCI attendait.

Le chef de la diplomatie française, arrivé vendredi en Côte d'Ivoire avait, à l'issue d'une journée mouvementée, arraché au président Gbagbo un engagement à cesser le feu sur tous les fronts et à faire quitter dès samedi le pays aux mercenaires combattant au côtés des forces régulières. Cette visite impromptue du ministre français avait été décidée en urgence après un brusque regain de tension sur le terrain, consécutif au bombardement de Menakro par un hélicoptère de combat vraisemblablement piloté par un mercenaire.

Vendredi, le président Gbagbo s'est engagé à s'"abstenir de tout acte de guerre sur tous les fronts, centre, nord et ouest" et à "maintenir nos hélicoptères et nos hommes sur leurs positions". "Les derniers mercenaires quitteront le territoire de la Côte d'Ivoire le 4 janvier", a également assuré le président Gbagbo. Le MPCI a émis samedi de sérieux doutes sur le respect de ces engagements.

"On ne croit pas un mot de ce Gbagbo dit", a clairement indiqué l'adjudant Beugré, soulignant également que le chef de l'Etat n'avait pas donné de date de début du cessez-le-feu. "On reste toujours dans le doute quant au respect de la parole donné par M. Gabgbo lui-même", a insisté l'adjudant Beugré, qui a également qualifié d'"invraisemblables" les déclarations du chef de l'Etat à propos des mercenaires. "Comment des mercenaires qui sont sur toutes les lignes de front peuvent rentrer (chez eux, ndlr) en une journée?", s'est-il demandé. Le MPCI a également indiqué qu'il confierait au ministre français "le dossier de création d'un tribunal pénal international pour la Côte d'Ivoire". "Il faut mettre fin à la culture de l'impunité en Côte d'Ivoire", a-t-il martelé. 


Dominique de Villepin se rend dans le fief rebelle de Bouaké

YAMOUSSOUKRO, Côte d'Ivoire (AP), 04/01/2003 13:00 -- Le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin se rendait samedi à Bouaké, dans le centre de la Côte d'Ivoire, pour convaincre les rebelles de prendre part à des négociations de paix après l'engagement la veille du président ivoirien Laurent Gbagbo de respecter le cessez-le-feu.

Mais tandis que le chef de la diplomatie française quittait Abidjan, la capitale commerciale, les insurgés rapportaient que des combats avaient lieu sur le front ouest.

François Rivasseau, porte-parole du Quai d'Orsay, a estimé que le président ivoirien Laurent Gbagbo avait fait preuve de «bonne volonté» vendredi soir en s'engageant à observer un «cessez-le-feu intégral» sur tous les fronts et à renvoyer les mercenaires étrangers dans leur pays.

Le porte-parole de Dominique de Villepin a formulé l'espoir que des «progrès» soient réalisés aussi à Bouaké avec les rebelles.

La délégation a relié Yamoussoukro, dans le centre du pays, à bord d'un avion gouvernemental français et devait parcourir le reste du trajet jusqu'à Bouaké à bord de quatre hélicoptères escortés par deux gazelles. AP


Dominique de Villepin rencontre les rebelles ivoiriens à Bouaké

 

BOUAKE, Côte-d'Ivoire (Reuters), 2003-01-04 12:51 - Le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin est arrivé samedi dans le bastion de la principale faction rebelle ivoirienne afin de mettre un terme à la guerre civile dans le pays.

Villepin, envoyé par Jacques Chirac pour une visite de deux jours dans l'ancienne colonie française, a exhorté vendredi le président ivoirien Laurent Gbagbo à s'engager à mettre un terme aux hostilités et a proposé vendredi l'organisation à la mi-janvier, à Paris, d'une table ronde avec toutes les parties impliquées dans le conflit ivoirien.

Le ministre a été conduit par un hélicoptère de l'armée française de la capitale administrative Yamoussoukro pour rencontrer des représentants des rebelles du Mouvement patriotique de Côte-d'Ivoire (MPCI) dans leur fief de Bouaké samedi matin.

Gbagbo a fait savoir qu'il renvoyait tous les mercenaires étrangers qui combattaient aux côtés du gouvernement - l'une des principales exigences françaises qui est aussi un sujet de tensions avec les factions rebelles.

"On est très méfiant. On ne croit pas un seul mot de ce que le président Gbagbo a déclaré", a dit samedi Guillaume Soro, chef politique du MPCI.


Les rebelles ivoiriens demandent à la France de permettre la destitution de Laurent Gbagbo

PARIS (AP), samedi 4 janvier 2003, 10h11 - Alors que le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin doit se rendre samedi dans le fief rebelle de Bouaké, le Mouvement patriotique pour la Côte d'Ivoire (MPCI) demande à Paris "de permettre que le dictateur Laurent Gbagbo soit chassé".

Dans un entretien publié samedi par "Libération", le secrétaire général du MPCI Guillaume Soro estime que le contingent français déployé en Côte d'Ivoire est "en train de prolonger les souffrances des Ivoiriens".

"C'est parce qu'il y a une force d'interposition française que le régime (du président) Laurent Gbagbo a pu gagner du temps pour se surarmer et recruter des mercenaires", considère-t-il.

"Pour marquer son impartialité, la France devrait empêcher les mercenaires de Gbagbo de venir bombarder nos positions", poursuit le chef rebelle. "Si les forces françaises montrent leur incapacité à imposer véritablement le cessez-le-feu, elles n'ont plus de raison d'être là".

Guillaume Soro "assure qu'il n'y aura pas de combats si les Français partent parce que les forces régulières ivoiriennes sont prêtes à rallier". "Nous protégerons tous les étrangers, y compris les Français", promet-il.

A ses yeux, le plan de sortie de crise du président ivoirien est "de la pure diversion" destinée à "gagner du temps pour avoir les moyens de mener l'offensive militaire". "Laurent Gbagbo n'a jamais cru aux négociations", selon le secrétaire général du MPCI. AP


Côte d'Ivoire: le président s'engage à un cessez-le-feu total

ABIDJAN (AFP), samedi 4 janvier 2003, 7h43 - Le président ivoirien Laurent Gbagbo s'est engagé vendredi à Abidjan à instaurer un "cessez-le-feu total" en Côte d'Ivoire et à faire quitter le territoire dès samedi aux mercenaires combattant aux côtés des forces régulières ivoiriennes.

"Nous allons nous abstenir de tout acte de guerre sur tous les fronts, centre, nord et ouest", a déclaré le président Gbagbo, à l'issue d'un entretien avec le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin, venu précipitamment en Côte d'Ivoire après une aggravation des tensions sur le terrain. "Nous allons maintenir nos hélicoptères et nos hommes sur leurs positions", a poursuivi le président ivoirien. M. Gbagbo n'a pas donné de date précise pour l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu. Pour sa part M. de Villepin a évoqué un cessez-le-feu "tout de suite".

Les rebelles du Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), en lutte contre le régime de Laurent depuis le 19 septembre, ont déjà signé un accord de cessation des hostilités le 17 octobre. "Les derniers mercenaires quitteront le territoire de la Côte d'Ivoire le 4 janvier", a également affirmé le président Gbagbo, assurant: "Il n'y aura plus de mercenaires, en tout cas plus de notre côté".

Le ministre français des Affaires étrangères, dont c'est la deuxième visite dans ce pays en un peu plus d'un mois, avait auparavant demandé au président Gbagbo le départ de tous les mercenaires ainsi que l'immobilisation des hélicoptères d'attaques, dont l'un au moins, vraisemblablement piloté par un mercenaire, avait bombardé le 31 décembre un village situé en zone rebelle. Le bombardement avait fait douze tués et aggravé la tension sur le terrain, les rebelles du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) menaçant d'une "offensive générale".

M. de Villepin avait également annoncé plus tôt la tenue d'une réunion de tous les principaux partis politiques ivoiriens pour discuter de la crise en Côte d'Ivoire, à partir du 15 janvier à Paris. La visite du ministre français avait pourtant mal commencé. Peu après son arrivée à Abidjan, il est resté bloqué pendant près d'une heure dans la résidence du président ivoirien par des manifestants hostiles qui scandaient "Villepin, terroriste", "Villepin, assaillant". Le président Laurent Gbagbo a dû intervenir en personne pour calmer les manifestants, avant "d'escorter" à pied le ministre jusqu'à la résidence de France voisine.

Le Premier ministre ivoirien Pascal Affi Nguessan a ensuite présenté les "excuses et les regrets" du gouvernement tandis que le président de la République française, Jacques Chirac, contactait son ministre par téléphone pour s'enquérir de la situation. M. de Villepin a estimé que cette manifestation hostile "n'avait rien de spontané" mais a tenu à minimiser l'incident.

Samedi, il doit se rendre à Bouaké, quartier général de la rébellion du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) qui contrôle la moitié nord du pays, pour y rencontrer des "représentants des rebelles". Le ministre, accompagné du responsable Afrique de l'Elysée, Michel de Bonnecorse, s'entretiendra également avec les chefs des forces françaises déployées en Côte d'Ivoire. Ces quelque 2.500 soldats ont pour mission d'assurer la sécurité des ressortissants français et étrangers, et de veiller au respect du cessez-le-feu conclu par le MPCI, en empêchant notamment la traversée par l'un ou l'autre des belligérants d'une ligne de non franchissement (LNF) qui coupe la Côte d'Ivoire en deux d'est en ouest.

En outre, les premiers éléments de la force ouest africaine de paix, un contingent de 28 soldats ghanéens, béninois et togolais, sont arrivés vendredi vers 12h00 (locales et GMT) sur l'aéroport militaire d'Abidjan, suivis peu après par les premiers éléments sénégalais.


Le président ivoirien s'engage à observer un "cessez-le-feu intégral" et à renvoyer les mercenaires

ABIDJAN (AP), samedi 4 janvier 2003, 0h17 - Laurent Gbagbo accède aux demandes de la France. Le président ivoirien s'est engagé vendredi soir à observer un "cessez-le-feu intégral" sur tous les fronts et à renvoyer les mercenaires étrangers dans leur pays.

"Nous allons rentrer dans une phase où nous allons observer un cessez-le-feu intégral", a annoncé le chef de l'Etat sur le perron de sa résidence présidentielle à Abidjan à l'issue d'un nouvel entretien avec le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin.

"Nous allons nous abstenir de tout acte de guerre sur tous les fronts, nord, centre, ouest", a précisé le président Gbagbo qui s'exprimait aux côtés de M. de Villepin. "Nous allons même immobiliser nos hélicoptères et arrêter nos hommes sur les positions où ils sont parce qu'au bout nous voulons la paix."

Le président ivoirien a par ailleurs annoncé le départ des mercenaires étrangers présents dans son pays et se battant aux côtés des forces loyalistes. "J'ai reçu les autorités d'un certain nombre de pays qui m'ont signalé la présence de mercenaires dans nos rangs. Je leur ai dit de repartir. Je les ai fait partir: les derniers quittent le territoire de Côte d'Ivoire demain samedi 4 (janvier)", a précisé M. Gbagbo.

Les rebelles n'ont pas tardé à réagir. Guillaume Soro, chef des insurgés pour le nord du pays, a qualifié les promesses du président Gbagbo de manoeuvre de diversion, affirmant que les forces gouvernementales avaient déjà violé à plusieurs reprises le cessez-le-feu conclu en octobre. "Il a dit cela pour induire en erreur l'opinion française et internationale", a estimé Guillaume Soro, interrogé par téléphone de son bastion de Bouaké, dans le centre de la Côte d'Ivoire. "C'est trop beau pour être vrai."

M. de Villepin, arrivé vendredi à Abidjan pour tenter de désamorcer la "crise ouverte" ivoirienne et relancer "le dialogue politique", a proposé la tenue d'une "table ronde" à la mi-janvier à Paris.

"Il faut que dès la mi-janvier (une) table ronde puisse se réunir à Paris avec l'ensemble des forces politiques de la Côte d'Ivoire", a-t-il déclaré, souhaitant que "cette réunion soit suivie d'une réunion de tous (...) les chefs d'Etat africains concernés, sous l'égide des Nations unies".

La visite de deux jours du chef de la diplomatie française avait toutefois débuté de manière houleuse vendredi après-midi, puisque Dominique de Villepin a été bloqué pendant une heure à Abidjan dans la résidence du président Gbagbo par plusieurs centaines de manifestants scandant des slogans hostiles à la France.

"Villepin, rebelle!", "Si la Côte d'Ivoire brûle, toute l'Afrique brûlera", a crié cette foule pro-gouvernementale, venue manifester après avoir entendu une rumeur infondée selon laquelle le ministre français était venu exiger la démission du président Gbagbo.

A l'arrivée des forces anti-émeutes ivoiriennes et des soldats français, le chef d'Etat ivoirien est finalement sorti lui-même de sa résidence, accompagné de M. De Villepin, pour démentir la rumeur. "Dominique est venu aujourd'hui pour que nous trouvions rapidement avant la fin du mois de janvier une solution pour sortir de cette sale guerre", a déclaré M. Gbagbo au grand soulagement des manifestants.

Escorté par des membres des forces de sécurité françaises et ivoiriennes, M. Gbagbo a ensuite raccompagné le ministre à la Résidence de France à Abidjan, où Dominique de Villepin a rencontré "l'ensemble des forces politiques actuelles en Côte d'Ivoire", selon ses termes.

Cet incident, qui "n'avait rien de spontané" selon M. De Villepin, a toutefois donné un aperçu de la montée des tensions en Côte d'Ivoire, après le bombardement par l'armée du village de pêcheurs de Menakro (centre), qui a fait au moins 12 morts.

Le ministre a ajouté qu'il se rendrait samedi à Bouaké (centre), deuxième ville du pays, tenue par les insurgés, pour y rencontrer "les mouvements rebelles".

Sur le terrain, les combats se sont poursuivis vendredi dans le sud-ouest du pays, notamment à Neka, a déclaré le lieutenant-colonel Jules Yao Yao, porte-parole de l'armée ivoirienne. Les rebelles ont annoncé mercredi la prise du village de Neka (sud-ouest), ouvrant ainsi un nouveau front à 200km du port stratégique de San Pedro, où sont postés des militaires français.

Alors que les rebelles menacent de lancer une grande offensive, les premiers éléments de la force de la CEDEAO, chargée de faire respecter la trêve aux côtés des troupes françaises, sont arrivés vendredi à Abidjan.

Les 28 soldats originaires du Ghana, du Bénin et du Togo devaient être rejoints un peu plus tard vendredi par 21 officiers sénégalais. A terme, la force de CEDEAO doit compter 1.260 hommes en Côte d'Ivoire et travaillera avec le contingent français.  AP

OUAKE, Côte-d'Ivoire (Reuters), 2003-01-04 12:51


DOMINIQUE DE VILLEPIN AVEC LAURENT GBAGBO A ABIDJAN
[2003-01-03 20:21]

Le président ivoirien Laurent Gbagbo (au centre) et le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, marchent, main dans la main, dans les rues d'Abidjan pour aller de la résidence présidentielle à l'ambassade de France. Dominique de Villepin propose l'organisation à la mi-janvier à Paris d'une table ronde avec toutes les parties en conflit en Côte d'Ivoire. /Photo prise le 3 janvier 2003 /Luc Gnago REUTERS

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