Violence sur les femmes : la question religieuse au Nigeria et de viols menés par les hommes de Jean-Pierre Bemba (MLC) en Centrafrique


Centrafrique Sans Frontières (Association de Solidarité avec les femmes Centrafricaines et les orphelins pour lutter Contre le Sida) : Lettre ouverte (cas de viols et de tortures de fillettes, de femmes par les hommes de Bémba et problèmes de SIDA)

Les Miss Monde s'en vont, les émeutes continuent au Nigeria
Par John Chiahemen

ABUJA (Reuters), dimanche 24 novembre 2002, 17h02 - Les candidates au concours Miss Monde ont quitté dimanche le Nigeria après le transfert précipité de la manifestation en Grande-Bretagne à la suite d'émeutes religieuses qui ont fait au moins 175 morts.

Le président de la Croix-Rouge nigériane, Emmanuel Ijewere, a déclaré que les violences se poursuivaient dimanche à Kaduna, ville du nord peuplée en majorité de musulmans, avec une forte minorité chrétienne.

Des militants des droits de l'Homme ont fait état de récits dignes de foi relatant des exécutions extra-judiciaires perpétrées par les forces de sécurité. Des militaires et des policiers auraient été arrêtés pour avoir pris parti.

L'armée et le police n'ont pas réagi dans l'immédiat à ces allégations.

Selon un récit recueilli par le Congrès des droits civils, une ONG basée à Kaduna, dans un quartier, 15 personnes ont été arrachées à leur domicile par les forces de sécurité et abattues près de la rivière Kaduna où leurs corps ont été précipités.

Shehu Sani, président de cette ONG contacté par téléphone par Reuters, a précisé que, d'après ses informations, 70% des victimes avaient été tuées par balle, ce qui est inhabituel parce que les émeutiers sont armés principalement de machettes, de couteaux et de bâtons, mais pas d'armes à feu.

Certains policiers ont été arrêtés, a poursuivi Sani. "Le commissaire de police adjoint de Kabala-Doki en fait partie, d'après nos renseignements", a-t-il précisé en faisant allusion à un faubourg musulman parmi les plus touchés de Kaduna.

Des habitants ont fait état de personnes tuées par les forces de sécurité dans d'autres quartiers, tant musulmans que chrétiens.

LES MISS SOULAGEES
"Les journaux font était état de 200 morts, mais notre estimation est légèrement inférieure. Nous parlons d'environ 175 morts", a dit le président de la Croix-Rouge, Emmanuel Ijewere.

Il a ajouté que l'on dénombrait environ 12.000 sans abri et entre 1.100 et 1.200 blessés hospitalisés.

Les violences ont éclaté mercredi à la suite de la publication dans le quotidien This Day d'un article jugé blasphématoire par les musulmans, suggérant que le prophète Mahomet aurait probablement épousé l'une des candidates.

Soulagées, les reines de beauté sont parties pour Londres où le concours aura lieu à la date initialement prévue du 7 décembre.

Miss USA, Rebekah Revels, a confié à son arrivée à l'aéroport de Gatwick qu'elle n'avait pas eu trop peur et s'était sentie en sécurité.

"L'atmosphère au Nigeria a été très amicale jusqu'à la décision de quitter le pays", a nuancé Willie Hendrey, un coiffeur anglais accompagnant les jeunes filles.

"Dès que nous avons décidé de retourner à Londres, cela a changé. On ne pouvait plus obtenir de service dans les chambres. L'atmosphère s'est transformée et c'est ce qui nous a rendus nerveux".

Les émeutes ont débuté mercredi par des manifestations contre l'article litigieux qui ont dégénéré en affrontements qui se sont étendus aux quartiers à majorité chrétienne.

Des attaques, vendredi soir et samedi matin, de musulmans dans les quartiers chrétiens ont entraîné des représailles de la part des musulmans dans le quartier de Kawo, ont rapporté des témoins.

UN REVERS POUR LE GOUVERNEMENT
Le nord du Nigeria, à dominante musulmane, a été le théâtre de sanglants affrontements depuis qu'une douzaine d'Etats sur 36 ont commencé à appliquer la charia, en 2000.

L'organisation Miss Monde, basée en Grande-Bretagne, et son représentant local, Silver Bird Promotions, ont expliqué que le transfert du concours avait été décidé "dans l'intérêt du Nigeria et des participantes".

Bien que This Day ait présenté ses excuses pour l'article controversé du 16 novembre, le journal a annoncé que le responsable de l'édition du samedi, Simon Kolawole, avait été arrêté vendredi.

Julia Morley, directrice de Miss World Organisation, a reproché à la presse étrangère d'avoir "délibérément tenté de mettre en pièces le Nigeria" au sujet de la charia dans les semaines qui ont précédé le concours.

Ce dernier devait être organisé cette année à Abuja car la tenante du titre, Agbani Darego, est nigériane. Elle est devenue l'an dernier la première jeune femme d'Afrique sub-saharienne à être couronnée.

Cependant, une controverse avait surgi sur l'opportunité de se rendre au Nigeria, un pays où une autre jeune femme, Amina Lawal, a été condamnée à mort par lapidation pour avoir conçu un enfant hors mariage. Le gouvernement fédéral s'est engagé à ce que cette peine ne soit pas appliquée et les Miss ont renoncé au boycottage.

Le transfert du concours constitue un grave revers pour le gouvernement, qui avait misé sur l'organisation du concours pour rehausser l'image du Nigeria et promouvoir le tourisme.

Ce fiasco risque aussi de compromettre la candidature du président Olusegun Obasanjo, un chrétien du Sud, à sa réélection, l'an prochain, et il pourrait même porter atteinte à l'ensemble du processus électoral, estiment certains commentateurs.

Nouvelle date du show Miss Monde 2002 : le concours aura finalement lieu à Londres le 7 décembre. Le comité d'organisation soulagé précise qu'en dépit de la délocalisation forcée, l'événement restait "un show nigérian".


Actualité internationale et africaine 5

A relire :
. Journée internationale de la femme célébrée par les Nations Unies : Les droits de la femme et de la paix internationale - 8 mars 2002
. JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME, JOURNEE DE LA FEMME CENTRAFRICAINE, mars 2002