Après la chute de Bagdad: controverses Europe-Russie-Etats Unis,  et inquiétudes des bagdadis


G7: la reconstruction de l'Irak passera par l'Onu
La sécurité dans les villes, nouvelle priorité de la coalition
Les navires américains commencent à partir
L'exaspération à l'égard des Américains gagne Bagdad saccagée

Anarchie et pillages dans les grandes villes irakiennes
Mobilisation en Europe contre l'occupation américaine de l'Irak


Anarchie et pillages dans les grandes villes irakiennes
par Yhaled Yacoub Oweis et Sebastian Alison

BAGDAD (Reuters), 12 avril 2003 19:50 - Tandis que les forces américano-britanniques tentaient de ramener l'ordre dans les grandes villes irakiennes en proie à l'anarchie et aux pillages, George W. Bush saluait samedi la liberté recouvrée des Irakiens et la "bravoure" des soldats américains.

La chaîne de télévision allemande ZDF a annoncé la reddition du conseiller scientifique de Saddam Hussein, la général Amer Hammoudi al Saadi, aux forces américaines.

Selon la chaîne, c'est le premier haut dignitaire de l'ancien régime irakien à agir de la sorte. Il fait partie des 55 responsables les plus recherchés "morts ou vifs" par les forces anglo-américaines qui ont envahi l'Irak le 20 mars.

"Le cauchemar du règne de Saddam Hussein en Irak s'achève. Bientôt, les Irakiens bons et talentueux seront libres de choisir des dirigeants qui respectent leurs droits tout en reflétant leur personnalité", a déclaré le président américain dans son allocution radiodiffusée hebdomadaire.

Bush, qui passe le week-end dans sa retraite de Camp David (Maryland), a cependant prévenu que des "combats acharnés" pourraient avoir lieu pour réduire d'éventuelles poches de résistance irakiennes.

A Bagdad, soldats et chars américains ont pris le contrôle du dernier bastion connu des combattants arabes non irakiens fidèles à Saddam Hussein dans le centre-ville. Une semaine après le début de la bataille pour la capitale, les Marines ont annoncé des patrouilles dans certains quartiers et un couvre-feu partiel à l'est du Tigre pour réduire les pillages.

Des pillards ont dévalisé le musée archéologique de Bagdad, emportant des trésors multimillénaires remontant à l'aube de la civilisation mésopotamienne, ont rapporté des employés du musée.

INQUIETUDE DE L'UNESCO

Le directeur général de l'Unesco, Koichiro Matsuura, a demandé à Londres et Washington de "prendre immédiatement" des mesures pour préserver le patrimoine culturel irakien.

Dans le quartier Mansour, qui rassemblait les ministères de l'Information et des Affaires étrangères sur la rive ouest du Tigre à Bagdad, un officier américain a affirmé que la résistance de combattants étrangers avait été vive ces trois derniers jours mais s'était épuisée samedi matin.

Dans certains quartiers, habitants et commerçants ont créé des milices armées chargées de protéger leurs biens.

Près de l'hôtel Palestine, où logent la plupart des journalistes étrangers, une centaine d'Irakiens ont manifesté contre l'anarchie en réclamant "un nouveau gouvernement au plus vite pour assurer la sécurité et la paix".

Des responsables de l'aide humanitaire ont déclaré que l'étendue des pillages risquait de compromettre l'acheminement des fournitures vitales, mais la Croix-rouge a indiqué que des soldats américains avaient entrepris de protéger l'une des principales stations d'épuration d'eau de Bagdad ainsi qu'un grand hôpital.

Plus au nord, un premier convoi militaire américain est entré dans Mossoul, ville stratégique tombée sans coup férir aux mains de "peshmergas" kurdes et d'une poignée de soldats américains. La plupart de ces combattants devaient laisser la ville passer samedi soir sous contrôle militaire américain, mais certains s'employaient à y limiter les désordres en contrôlant les véhicules pour intercepter des pilleurs et leurs butins.

A Bassorah, dans le Sud, l'armée britannique espère faire circuler dans les 48 heures des patrouilles communes avec la police locale afin de rétablir l'ordre et éviter les pillages.

ENTREE EN IRAK DE LA 4E DIVISION D'INFANTERIE

Egalement dans le Sud, environ 300 exilés irakiens recrutés et entraînés par les Etats-Unis en Hongrie ont pris le contrôle de la ville de Chatra, a-t-on appris de source militaire.

Le capitaine Al Lockwood, porte-parole britannique au commandement central américain basé au Qatar, a estimé que les pillages et les mises à sac diminuaient à Bassorah.

A Nassiriah, autre ville du Sud qui doit accueillir mardi à l'initiative des Etats-Unis une réunion inter-irakienne sur la future administration intérimaire de l'Irak, des Marines coopéraient avec des employés municipaux en vue de rétablir les services publics.

Par ailleurs, les Marines se sont emparés dans la nuit de la localité de Kout, dernier chaînon manquant sur la route stratégique permettant d'acheminer des hommes et du matériel entre Bassorah et Bagdad, a annoncé un envoyé spécial de la BBC accompagnant les forces américaines.

Kout est distant d'environ 170 km de la capitale irakienne.

Les centaines de combattants arabes qui s'y trouvaient apparemment se sont fondus dans la nature à la faveur de l'obscurité, a précisé David Loyn. Plusieurs milliers de volontaires arabes se seraient rendus en Irak pour combattre les forces américano-britanniques, et trois Saoudiens y ont trouvé la mort dans des combats la semaine dernière, selon le journal saoudien Okaz qui cite le frère de l'un de ces volontaires.

Concernant Kout, l'information n'a pas été, pour le moment, confirmée auprès du QG avancé du Commandement central américain installé au Qatar.

Des éléments de la 4e division d'infanterie américaine ont pénétré pour leur part en Irak à partir du Koweït, a annoncé un porte-parole. L'officier a refusé de préciser le nombre de soldats impliqués au sein de cette division forte de 30.000 hommes, qui devait initialement ouvrir un front Nord à partir de la Turquie.

Selon certains experts, la 4e division d'infanterie pourrait traverser le pays pour gagner Tikrit, dernier bastion du régime de Saddam Hussein dont c'est la ville natale. Autre hypothèse, des unités déjà déployées en Irak pourraient partir pour Tikrit et être remplacées à Bagdad, et ailleurs, par la 4e division d'infanterie.

Cette dernière dispose de 175 véhicules blindés Bradley et d'environ 150 chars Abrams dotés d'un équipement électronique ultra-sophistiqué qui sera pour la première fois mis à l'épreuve en situation de combat. Elle comprend également une brigade aérienne dotée d'hélicoptères Black Hawk et Apache et une brigade d'artillerie.


L'ARMEE AMERICAINE ESSAIE D'EVITER L'ANARCHIE A BAGDAD
[12 avril 2003 17:40]

Un soldat américain arrête un Irakien à un point de contrôle, à Bagdad. Les forces américaines et britanniques s'efforcent de ramener l'ordre dans les grandes villes irakiennes en proie à l'anarchie et aux pillages qui n'épargnent ni les ministères, ni les écoles, ni les magasins, ni les hôpitaux. /Photo prise le 12 avril 2003/ REUTERS Kyodo


Mobilisation en Europe contre l'occupation américaine de l'Irak
par Christian Oliver

LONDRES (Reuters), 12 avril 2003 20:42 - En Europe et ailleurs, plusieurs milliers d'opposants à la guerre en Irak sont descendus dans les rues pour dénoncer l'occupation militaire américano-britannique de ce pays.

Bien que des responsables américains et britanniques assurent que l'opération militaire touche à sa fin étant donné la chute du gouvernement du président Saddam Hussein, les militants se disent plus inquiets que jamais.

"Il est bon que Saddam soit parti mais nous ne devons pas oublier que cette guerre est illégale et qu'elle n'a pas l'approbation des Nations unies. Cela crée un précédent très dangereux en matière de frappe préventive", a déclaré à Reuters l'homme politique pakistanais et ancien joueur de cricket Imran Khan, qui a participé à une grande manifestation à Hyde Park (Londres).

"Aucun pays ne devrait s'arroger le droit d'être à la fois juge, jury et bourreau. C'est la raison pour laquelle les Nations unies ont été créées: pour protéger les faibles des puissants. Mais cette guerre crée un précédent s'appuyant sur le droit du plus fort, et fragilise l'Onu."

Les organisateurs estiment que 100.000 personnes ont défilé à travers Londres en brandissant des banderoles proclamant "Non à l'occupation de l'Irak" et en criant "Bush, Blair, la CIA, combien d'enfants avez-vous tué aujourd'hui? ". La police a dénombré environ 20.000 personnes.

"CETTE GUERRE EST LOIN D'ETRE FINIE"

A Rome, une manifestation qui devait initialement appeler à la fin des combats a modifié son mot d'ordre, devenu "Non à une guerre globale et infinie".

"Cette guerre est loin d'être finie et, en tout cas, elle aura des effets terribles sur le Proche-Orient, voire sur le monde entier", estime le professeur d'université Umberto Alegretti, qui a participé à la marche.

La télévision italienne a diffusé des images montrant une grande banderole couleur arc-en-ciel, longue d'environ 500 mètres, brandie dans le Cirque Maxime.

En France, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Paris et en province pour réclamer un cessez-le-feu en Irak et le départ des "forces étrangères". A Paris, le défilé a rassemblé 11.000 personnes selon la police contre 18.000 le 29 mars dernier, et 80.000 le 22 mars.

A Berlin, environ 12.000 manifestants ont défilé sous les fenêtres du siège de la CDU (chrétiens-démocrates, opposition) qui a soutenu la position de Washington dans la crise irakienne, aux cris de "La paix, pas l'occupation".

Environ 200 Kurdes se sont pour leur part rassemblés pour fêter la chute de Saddam Hussein.

A Dacca, capitale du Bangladesh, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont brûlé des effigies du président américain George W. Bush et du Premier ministre britannique Tony Blair. A Calcutta, environ 15.000 militants de gauche ont formé une chaîne humaine autour des consulats américain et britannique, aux cris de "l'Irak ne deviendra pas un second Vietnam pour l'Amérique".

Plusieurs dizaines d'étudiants ont manifesté devant l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran. "A bas Bush", "A bas l'Angleterre", ont-ils scandé.


MANIFESTATION A LONDRES CONTRE LA PRESENCE AMERICAINE EN IRAK
[2003-04-12 20:44]

Manifestation à Londres contre l'occupation américano-britannique de l'Irak. En Europe et ailleurs, plusieurs milliers d'opposants à la guerre en Irak sont descendus dans les rues. /Photo prise le 12 avril 2003 /REUTERS Peter Macdiarmid

 

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Paris pour réclamer un "cessez-le-feu immédiat en Irak" et le "retrait des troupes américaines".
/Photo prise le 12 avril 2003 /REUTERS/Charles Platiau
• (Reuters -
samedi 12 avril 2003, 18h22)


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