Le gouvernement ivoirien réplique sur les "escadrons de la mort"

ABIDJAN (Reuters), samedi 22 février 2003, 19h22 - Répondant à des propos tenus par le président Jacques Chirac au 22e sommet franco-africain, le gouvernement de la Côte d'Ivoire a démenti avec irritation que des "escadrons de la mort" opèrent librement à Abidjan.

Les partisans du président Laurent Gbagbo estiment que la France brandit la menace de poursuites pénales internationales contre ceux qui sont soupçonnés de tels crimes dans le but d'accélérer l'application du fragile accord de paix interivoirien conclu en janvier à Marcoussis, près de Paris.

Des dizaines de personnes ont été enlevées ou tuées par des groupes d'hommes en uniforme dans la capitale économique ivoirienne, contrôlée par le camp loyaliste, depuis que le pays a plongé dans la guerre civile en conséquence d'un coup d'Etat manqué en septembre dernier.

Un rapport des Nations unies rendu public début février a mis en cause des éléments proches du gouvernement et du président ivoiriens dans les activités des escadrons.

Jacques Chirac a déclaré cette semaine au sommet franco-africain que les "escadrons de la mort (...) sont une réalité" et a prévenu que "tout cela pourrait se terminer devant les tribunaux internationaux".

Lors d'une conférence de presse donnée samedi à Abidjan, le ministre ivoirien de la Justice Désiré Tagro a dit qu'avant de faire une telle déclaration le président français aurait dû réunir des preuves.

"Nous disons qu'il y a des tueurs. De là à les qualifier d'escadrons de la mort (....) il faut avoir le sens de la mesure", a-t-il déclaré.

La France, dont plus de 3.000 soldats sont déployés en territoire ivoirien pour y faire respecter une ligne de cessez-le-feu, fait pression sur Gbagbo pour qu'il mette en oeuvre l'accord de Marcoussis, objet jusqu'ici d'une adhésion des plus tièdes.

L'accord, validé par la communauté internationale, prévoit notamment la création d'un gouvernement de réconciliation nationale composé de représentants désignés par les délégations ivoiriennes ayant participé à la table ronde, rebelles compris.

Désiré Tagro a imputé la récente vague de meurtres à l'insécurité générale qui règne en Côte d'Ivoire, et donc en partie aux rebelles qui ont déclenché la guerre pour renverser Gbagbo. Il a assuré que toute personne reconnue coupable d'exactions serait punie.

La plupart des victimes sont originaires de la moitié nord du pays à dominante musulmane qui est occupée par le principal groupe rebelle, le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI). Le gouvernment de Gbagbo contrôle la moitié sud à majorité chrétienne et animiste.


Sommet France-Afrique : XXII ème Conférence des Chefs d'État d'Afrique et de France (Paris, 19-21 février 2003)