Algérie sinistrée : séisme, dispartition, secours, un bilan (2218 morts, 9497 blessés)


Algérie: les bulldozers entrent en action, les secours s'améliorent

ALGER (AFP) - mardi 27 mai 2003 - 17h41 - L'aide aux sinistrés s'améliorait mardi dans la région d'Alger, frappée il y a six jours par un séisme qui a fait plus de 2.200 morts, et où les bulldozers ont commencé à déblayer les ruines alors que les chances de retrouver des survivants sont quasi-nulles.

Le dernier bilan officiel s'établissait mardi à 2.218 morts et 9.497 blessés, en majorité dans le département de Boumerdès (50 km à l'est d'Alger), le plus touché par le tremblement de terre de magnitude 6,8 sur l'échelle de Richter.

Pendant que les recherches des corps enfouis dans les décombres se poursuivaient encore par endroits, les bulldozers ont commencé à déblayer dans un grand nombre de sites où il n'y a plus d'espoir de retrouver des survivants.

C'est le cas de la tour numéro 10 de Réghaïa (30 km à l'est d'Alger), entièrement détruite en quelques instants, tuant 400 personnes.

Après plusieurs jours et nuits de fouilles désespérées dans une montagne de béton, il a été décidé de raser les décombres et d'en extraire les cadavres.

Le site ressemble désormais à un terrain vague poussiéreux, sur lequel des désinfectants sont vaporisés.

Dans le même temps, l'aide aux sinistrés s'organisait. Dans les camps de toile, ils peuvent désormais bénéficier de l'eau amenée dans des citernes, des feuillées, et d'unités de soins.

Les familles sont logées, souvent à plusieurs, sous de grandes tentes, fournies par l'armée, la protection civile et l'aide internationale.

La cadence des repas chauds servis est montée de 11.000 à 28.000 repas quotidiens, en plus des rations de combat de l'armée, et des dons de nourriture en provenance d'autres régions du pays et de l'étranger.

L'aide, provenant de 34 pays, continuait à arriver mardi à l'aéroport d'Alger où sont notamment attendus un lot de 2.000 tentes achetées par le gouvernement algérien.

Le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a déclaré mardi que le "peuple algérien" avait "besoin de la France" et qu'il avait mis en place "un plan de travail" avec son homologue algérien Ahmed Ouyahia.

"Nous sommes engagés aux côtés de nos amis algériens pour faire face à cette terrible difficulté", a déclaré M. Raffarin à l'Assemblée nationale à Paris.

Le gouvernement algérien s'est réuni mardi pour examiner un programme de reconstruction des départements d'Alger et Boumerdès touchés et le relogement des sinistrés qui devrait commencer dans une quinzaine de jours, selon M. Ouyahia.

Les premiers sinistrés seront relogés dans 3.000 appartements réquisitionnés, initialement destinés à des familles inscrites sur des listes d'attente.

Aucune estimation globale des dégâts n'a été encore fournie, mais selon des experts, elle devrait atteindre "des sommes colossales", au vu des immenses destructions.

Les experts ont poursuivi mardi leur inspection des constructions signalant par une croix verte les immeubles habitables, une croix orange ceux qui peuvent l'être après réparation et une rouge les bâtiments à démolir.

L'Etat a également lancé un appel aux architectes pour accélérer les évaluations des dégâts.

Des épandages de produits sanitaires se sont poursuivi pour empêcher la propagation d'épidémies.

Les répliques du séisme du 21 mai, continuent de secouer la région sinistrée, entretenant la peur.

Lundi, des secousses de 4,2 et 4,1 sur l'échelle de Richter, ont été enregistrées à Boumerdès et ressenties notamment à Alger.

Les Algériens, encore effrayés par le séisme, ont été choqués par l'annonce d'un massacre de 14 personnes par un groupe islamiste armé dans la nuit de lundi à mardi à Chlef (200 km à l'ouest d'Alger) qui avait été il y a quelques années l'épicentre de séismes eux aussi meurtriers.


Algérie: les compagnies d'assurances refusent d'indemniser les sinistrés du séisme

ALGER (AP) - mardi 27 mai 2003, 15h31 - Les compagnies algériennes d'assurances ne vont pas indemniser les victimes du séisme qui a frappé mercredi dernier les villes du centre algérien, a déclaré mardi Abdelmadjid Messaoudi, le secrétaire national des agents assureurs.

S'exprimant sur les ondes de la radio publique francophone, il a expliqué "qu'il n'existe pas de contrats d'assurances pour les victimes des catastrophes naturelles".

Il a ajouté que les agents assureurs "évitent d'accorder ce type de garanties, du fait de l'absence d'un cadre réglementaire et du fait aussi qu'eux-mêmes ne sont pas couverts".

M. Messaoudi a également indiqué qu'"après la catastrophe de Bab-El Oued, en 2002, un projet de loi est en phase d'achèvement, il sera prochainement déposé par le ministère des Finances sur le bureau de l'Assemblée".

Un tel état de fait, à savoir "l'absence de culture d'assurance chez le citoyen algérien", comme le note M. Messaoudi, pose un grand problème, dans la mesure où plus de 500 villas appartenant à des particuliers et 180 immeubles sont endommagés par le séisme.

Comment les victimes du séisme seront-elles indemnisées en l'absence d'un dispositif juridique?

Cette question reste pour le moment sans réponse. En revanche, le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia avait annoncé lundi un programme de 3.000 logements pour les familles dont les habitations sont démolies par la secousse tellurique de mercredi qui était de 6,8 sur l'échelle de Richter.

En raison de l'accusation qui pèsent sur les promoteurs immobiliers, soupçonnés par la presse et des spécialistes du bâtiment de construire sans respecter les normes de sécurité, le président algérien avait ordonné la mise en place d'une commission d'enquête pour faire la part des choses sur cette question qui a pris, dans la foulée du tremblement de terre, les allures d'une polémique nationale.

Cette commission, dont la mise sur pied a été annoncée lundi par le ministre algérien de l'Habitat, est à pied d'oeuvre depuis mardi. Elle rendra ses premières conclusions dans quinze jours. AP


Algérie: les disparus et sinistrés se chiffrent "par milliers"

ALGER (AP) - lundi 26 mai 2003, 23h19 Les disparus et sinistrés suite au séisme du 21 mai en Algérie "se chiffrent par milliers", a déclaré lundi soir un responsable du ministère algérien de l'Intérieur.

"Nous sommes en train de réunir les chiffres que nous vous communiquerons dés qu'ils auront été finalisés", a expliqué à l'Associated Press ce responsable qui a souhaité garder l'anonymat. Le dernier bilan officiel est de 2.217 morts et 9.081 blessés.

Une nouvelle secousse tellurique, semant la panique parmi les population toujours sous l'effet du traumatisme de mercredi soir, a été enregistrée lundi à 17h02 (19h02 heure française) à Boumerdès.

Sa magnitude est de 4,2 sur l'échelle de Richter, selon le Centre algérien de recherche en astronomie et géophysique CRAAG qui précise que l'épicentre de cette réplique qualifiée de "normale" se trouve au nord de Zemmouri(50km à l'est d'Alger).

Par ailleurs, le gouvernement algérien a décidé de dégager, selon le quotidien Liberté à paraître mardi, une somme de 100 milliards de dinars au profit des personnes sinistrées.

Le président Abdélaziz Bouteflika a ordonné la mise en place d'une commission d'enquête pour déterminer la responsabilité des promoteurs immobiliers accusés lundi par la presse algérienne d'être en grande partie coupables d'avoir construit des villas et des immeubles sans respecter les normes techniques.

Les membres de cette commission annoncée lundi par le ministre de l'habitat, Nadir H'mimed, ont quinze jours pour rendre les premières conclusions, selon la radio nationale algérienne.

Un programme de 3.000 logements, dont 1.500 à Alger et 1.500 à Boumerdès, sera disponible pour les familles dont les habitations auront été déclarées inhabitables par les équipes du contrôle technique.

Ces familles seront relogées au plus tard dans quinze jours, selon le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia qui a indiqué que 5.000 tentes sont distribuées pour les familles sinistrés.

Le premier ministre algérien a déclaré que "l'Etat maîtrise mieux la situation" tout en se félicitant de l'élan de solidarité internationale en faveur de l'Algérie.

Sur plusieurs sites, les engins de terrassement ont fait leur apparition lundi pour procéder au déblaiement des décombres, témoignant du peu d'espoir de retrouver encore des survivants sous les décombres. AP


 

Colère en Algérie après le séisme qui a frappé le nord du pays

Par John Chalmers

BOUMERDES, Algérie (Reuters) - samedi 24 mai 2003, 23h41 - Les espoirs s'amenuisent de retrouver des survivants du séisme ayant frappé cette semaine la région de Boumerdès, en Algérie, tandis que la colère monte chez les habitants de la zone touchée.

Le bilan s'élève à présent à 1.815 morts.

Des équipes de secouristes épaulées par des chiens et des appareils de détection passaient au crible samedi les décombres des bâtiments détruits par le tremblement de terre de mercredi soir, qui a fait également plus de 8.000 blessés.

Le président Abdelaziz Bouteflika, venu rendre visite aux habitants des zones les plus sinistrées, a d'abord été accueilli par des cris de joie et les larmes d'un survivant venu se jeter à son cou. Mais les soldats ont ensuite dû le protéger de la colère de la foule où, fait rarissime en public en Algérie, des personnes se sont mises à crier "Pouvoir assassin !"

Les forces de l'ordre ont établi un cordon de sécurité pour permettre au convoi présidentiel de fendre la foule, mais certains ont cherché à frapper et à lancer des projectiles contre la voiture du chef de l'Etat.

Samedi soir vers 19h35, une coupure générale de courant a plongé dans le noir les quatre millions d'habitants d'Alger, où de nombreuses répliques se sont fait sentir depuis la secousse de mercredi.

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a tenté de préparer son peuple à accepter qu'il n'y a peut-être plus de survivants.

"La réalité est que le moment viendra où la recherche de survivants sera terminée", a-t-il déclaré sur la radio d'Etat.

Mais les habitants des régions sinistrées ne semblent pas décidés à accepter ces nouvelles dans le calme: le quotidien Le Matin rapporte que Ouyahia a été chahuté alors qu'il visitait une ville touchée et que son ministre de l'Intérieur a été accueilli par des jets de pierre dans une autre localité.

"L'armée est là, mais sans les équipements qui pourraient nous aider à sortir les gens (des décombres)", expliquait un homme à Zeemouri, une ville côtière proche de l'épicentre du séisme, au milieu des tas de couvertures, de vêtements et de nourriture offerts par des habitants de tout le pays.

"Nous travaillons tous à l'unisson. Dieu sait que nous faisons de notre mieux. C'est le moins que nous puissions faire", ajoutait-il les larmes aux yeux.

L'attention se porte désormais sur la prévention des épidémies qui pourraient se propager à partir des corps coincés sous les décombres, dont la décomposition est accélérée par une température de l'ordre de 30°C.

Des responsables de la Protection civile ont demandé samedi aux secouristes de porter des masques de protection, a rapporté la radio d'Etat.

Un attaché de presse du ministère de la Santé a déclaré à Reuters qu'un centre médical a été installé à Boumerdès afin de surveiller l'apparition de maladies, ajoutant que la situation était compliquée par la destruction de quatre hôpitaux de la ville.

Des milliers de personnes ont dormi dans la rue cette nuit, craignant que des répliques du séisme ne portent un coup fatal à leurs habitations.

Environ 300 habitants ont transformé en camping de fortune un parking de Boumerdès, dressant des tentes improvisées à l'aide de draps et de couvertures. Un hôtel des environs a servi aux sinistrés des baguettes de pain et du café.

Les autorités, qui s'efforcent de rétablir les lignes téléphoniques endommagées ainsi que l'alimentation en eau et électricité, ont fait savoir qu'elles ordonneraient la destruction des bâtiments trop endommagés pour être habitables.

ODEUR DE CADAVRES EN DECOMPOSITION

La colère des Algériens face à la gestion de la crise par les autorités n'a cessé d'enfler, certains estimant qu'elles ont permis la construction de bâtiments insuffisamment résistants dans cette région de la côte méditerranéenne sujette à une intense activité sismique.

Le pouvoir a répondu en annonçant le versement d'une indemnisation de 700.000 dinars (9.000 dollars) aux familles de chacune des victimes.

Les secouristes ont fait savoir qu'ils étaient peu susceptibles de retrouver des survivants dans les décombres. Le Premier ministre a déclaré vendredi soir que le bilan de cette "calamité naturelle" risquait de s'alourdir.

Le chef du gouvernement a toutefois assuré que la situation serait maîtrisée d'ici la fin de la semaine, annonçant que plusieurs camps seraient installés dans les trois jours à venir.

Plusieurs centaines de secouristes, venus de 14 pays, européens pour la plupart d'entre eux, ont continué à arriver en Algérie.

Sur place, à l'aide de chiens, de détecteurs de chaleur et de sons, ils continuent avec les équipes algériennes à chercher des signes de vie sous les débris d'immeubles dans lesquels ils s'enfoncent jusqu'aux genoux.

Mais l'espoir est de plus en plus mince, même à Zeemouri, où vendredi, une équipe de sauveteurs turcs et japonais ont sauvé un homme de 21 ans, enseveli durant 50 heures sous les décombres.

"Peut-être qu'il y a encore des gens en vie, mais nous avions les chiens et l'équipement ici ce matin. Il n'y avait rien", déclarait le chef de l'équipe japonaise.

Selon les autorités, la ville de Boumerdès, à l'est d'Alger, a été la plus touchée par ce tremblement de terre, le plus violent qu'ait connu le pays depuis 20 ans. Le séisme y a fait au moins 840 morts et plus de 1.200 personnes sont encore portées disparues.

Dans la ville voisine de Reghaïa, on craint qu'environ 800 personnes n'aient été écrasées par l'effondrement d'un immeuble de dix étages dans un déluge de métal et de béton.

"Des corps déformés ont été retirés (des décombres). Vous sentez comme moi l'odeur des cadavres en décomposition", a déclaré à Reghaïa Slimane Chabouni, 24 ans, interrogé par Reuters.

A Alger, le nombre de victimes avérés s'élève à 638 personnes.

La secousse a été particulièrement meurtrière parce qu'elle s'est produite à l'heure du dîner. Beaucoup d'Algériens étaient à table ou devant leur poste pour la retransmission de la finale de la coupe UEFA de football.


Algérie: les sauveteurs fouillent les décombres à la main, alors que la radio nationale annonce 1.225 morts

ROUIBA, Algérie (AP) - vendredi 23 mai 2003, 1h41 - Alors que les sauveteurs fouillaient à la main jeudi soir les décombres des immeubles détruits par le séisme qui a frappé la région d'Alger mercredi soir, le bilan fournit par la radio nationale faisait état de 1.225 morts. Les derniers chiffres communiqués par l'agence officielle algérienne APS établissaient pour leur part à au moins 1.092 le nombre des victimes et à 6.782 celui des blessés.

D'une magnitude estimée à 6,8 degrés, le tremblement de terre a secoué mercredi soir la région comprise entre Alger et Boumerdès, distantes d'une soixantaine de kilomètres. L'épicentre de la secousse, qui a eu lieu à 19h44 heure locale, a été signalé à sept kilomètres au nord de la ville de Zemmouri, dans l'est algérois.

Selon des responsables, la secousse a crée des vagues de plus de deux mètres qui ont endommagé quelque 150 bateaux au large des îles Baléares, à environ 280km au nord d'Alger. Les lignes téléphoniques sous-marines ont été endommagées, perturbant les communications internationales, selon France Telecom.

A Washington, le président américain George W. Bush a présenté ses condoléances à la population algérienne "de la part du peuple américain". "Nos prières vont aux victimes, à leurs familles et à la nation algérienne toute entière", a-t-il déclaré. "Les Etats-Unis sont prêts à aider", a ajouté le chef de la Maison Blanche. AP


Séisme près d'Alger: au moins 95 morts

ALGER (AP) - mercredi 21 mai 2003, 23h59 - Un tremblement de terre d'une magnitude de 5,4 degrés sur l'échelle ouverte de Richter a fait au moins 95 morts et 350 blessés dans la région d'Alger mercredi soir, selon le ministère de l'Intérieur.

La plupart des victimes habitaient près de l'épicentre du séisme, localisé à Phenia, à 60km à l'est d'Alger, selon la radio algérienne qui cite le Centre de Recherches en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG) d'Alger.

On dénombrait ainsi 50 morts à Boumerdes, chef-lieu de wilaya (préfecture), situé à 10km de l'épicentre, 40 morts et 300 blessés à Rouiba, à 30km à l'est d'Alger, et 5 morts à Alger, dont quatre dans le quartier central de Bab El Oued et un dans un autre quartier central.

Le ministre de l'Intérieur Nouredine Yazid Zerhouni s'est rendu à Phenia et Boumerdes. Une cellule de crise a été mise en place au niveau de la chefferie du gouvernement (siège du chef du gouvernement) à Alger.

Les dégâts matériels sont également importants. De nombreuses toitures se sont effondrées ainsi qu'un hôpital à Baghlia, non loin de l'épicentre.

Les autorités ont lancé un appel à tout le personnel médical des hôpitaux des wilayas d'Alger et de Boumerdes ainsi qu'au personnel travaillant à la Sonelgaz, le fournisseur public d'électricité. Un appel aux dons de sang a aussi été lancé.

Aux Etats-Unis, le porte-parole du service national d'étude géophysique (USGS), Butch Kinerney, a déclaré que la magnitude préliminaire était évaluée à 6,7 et que l'épicentre était situé à 72km à l'est d'Alger, sur la côte méditerranéenne.

C'est le tremblement de terre le plus fort depuis celui d'une magnitude de 7,7 qui avait fait 5.000 morts dans la même région en 1980, selon Butch Kinerney. AP

Un gendarme algérien devant une gendarmerie détruite par le tremblement de terre, lundi à Corso
L'aide aux sinistrés s'améliorait mardi dans la région d'Alger, frappée il y a six jours par un séisme qui a fait plus de 2.200 morts, et où les bulldozers ont commencé à déblayer les ruines alors que les chances de retrouver des survivants sont quasi-nulles.
• Philippe Desmazes (AFP - mardi 27 mai 2003, 17h42
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