La tournée africaine de George W. Bush: étape Nigeria


Bush entend tenir le terrorisme à l'écart de l'Afrique
par Patricia Wilson

ABUJA (Reuters), 12 juillet 2003 17:15 - Au dernier jour de son voyage en Afrique, George Bush a déclaré que les Etats-Unis ne laisseraient pas des "terroristes" s'installer sur le continent et a salué les efforts du Nigeria pour ramener la paix au Liberia, où Washington entend jouer un rôle "actif".

"Nous ne tolérerons pas que des terroristes menacent les Africains ni qu'ils utilisent l'Afrique comme une base pour menacer le monde", a-t-il lancé au terme d'une tournée qui, avant le Nigeria, l'avait conduit au Sénégal, en Afrique du Sud, au Botswana et en Ouganda.

L'opposition du Nigeria, pays producteur de pétrole, craignait que la visite du président Bush n'apporte une caution au régime du président Olesegun Obasanjo, qu'elle accuse d'avoir remporté l'élection d'avril par des moyens frauduleux.

Bush avait laissé passer un certain temps avant de féliciter Obasanjo de sa réélection et de présenter en juin le Nigeria comme "une société multiethnique consolidant un régime civil".

"Nous souhaitons devenir un partenaire commercial actif du Nigeria. J'apprécie votre engagement pour la paix régionale et nous travaillerons avec le Nigeria et la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) sur des questions comme le Liberia", a déclaré le président américain au dirigeant nigérian à Abuja.

L'ENJEU DU PETROLE

Evoquant le sida, l'un des principaux thèmes de sa tournée africaine, Bush a déclaré à Obasango qu'il était "un leader international sur cette question" et a promis que les deux pays "lutteraient côte à côte" contre la pandémie.

L'importance du Nigeria sur le marché pétrolier (le pays est le cinquième fournisseur des Etats-Unis) a donné un certain poids à Obasanjo lorsqu'il a repris à son compte les appels lancés aux Etats-Unis pour qu'ils interviennent au Liberia.

"J'ai dit au président que nous serions actifs", a indiqué Bush à ce sujet avant d'ajouter: "Ce point sera précisé lorsque nous aurons cerné tous les paramètres".

Bush a fait savoir au président nigerian qu'il n'avait pas encore pris de décision sur un éventuel envoi de troupes américaines au Liberia, mais il a réaffirmé que Washington tenait à ce que le président Charles Taylor quitte le pouvoir.

Alors qu'il décrivait l'Afrique, lors de la campagne présidentielle de 2000, comme une zone extérieure aux intérêts sécuritaires des Etats-Unis, Bush a insisté samedi sur l'importance stratégique du continent face à la menace d'Al Qaïda et à l'instabilité du Moyen-Orient riche en pétrole.

Pour le président américain, les pays africains producteurs de brut comme le Nigeria jouent un rôle clé dans la réduction de la dépendance énergétique des Etats-Unis envers le Moyen-Orient.

Les hydrocarbures africains, dont la part essentielle provient du Nigeria, correspond à 17% des importations américaines. Selon des professionnels de ce secteur, elle pourrait s'élever jusqu'à 25%.


George W. Bush quitte l'Afrique avec des mots d'espoir et une promesse d'être «actif» au Liberia - par Darlene Superville

ABUJA (AP), 12 juillet 2003 16:48 - Le président américain George W. Bush a achevé samedi au Nigeria sa tournée africaine avec la promesse d»'être actif» au Liberia, sans toutefois préciser si cela impliquait le déploiement de soldats américains, et des mots d'espoir dans la lutte contre l'épidémie de sida.

«Nos équipes d'évaluation sont toujours sur place», a-t-il rappelé à la presse à l'issue de sa rencontre avec son homologue nigérian Olusegun Obasanjo concernant l'envoi de troupes américaines au Liberia. «J'ai dit au président que nous serions actifs. La définition en sera connue lorsque nous connaîtrons tous les paramètres», a-t-il ajouté.

Le président américain attend les rapports des experts militaires dépêchés dans ce pays d'Afrique de l'Ouest ravagé par la guerre civile pour évaluer la situation et discuter avec les responsables régionaux, avant de décider d'une mobilisation de ses troupes.

MM. Bush et Obasanjo ont abordé les détails d'un départ en exil du président libérien Charles Taylor, selon un responsable de l'administration Bush. Le président nigérian a offert de l'accueillir, mais Taylor a jusqu'à présent répété qu'il ne quitterait pas son pays avant le déploiement d'une force internationale de maintien de la paix dans le pays.

Pour sa cinquième et dernière étape sur le continent africain, durement touché par l'épidémie de sida, George W. Bush a également abordé cette question avec une note d'espoir. «Les progrès que nous constatons déjà dans certaines parties de l'Afrique prouvent que le sida peut être vaincu en Afrique», a-t-il déclaré lors d'un sommet annuel consacré au développement en Afrique subsaharienne. Près de 30 millions de personnes ont été contaminées par la maladie sur le continent.

Lors de ses rencontres avec les dirigeants du Sénégal, d'Afrique du Sud, du Botswana et de l'Ouganda, Bush a salué leurs efforts pour lutter contre le sida, mais les a exhortés à faire plus pour aider leurs pays et le continent africain à surmonter l'épidémie.

Il a confié samedi à Olusegun Obasanjo «apprécier son honnêteté, son ouverture d'esprit et sa franchise quand il s'agit de combattre la pandémie de sida». Le taux d'infection de la maladie est situé à environ 5% au Nigeria, mais selon des experts cités par la Maison Blanche, il pourrait grimper à environ 25% d'ici dix ans.

George W. Bush a par ailleurs visité, en compagnie de sa femme Laura, l'hôpital national d'Abuja. L'établissement bénéficie d'un programme financé par les Etats-Unis visant à éviter que les femmes ne transmettent le VIH à leurs enfants pendant l'accouchement.

Le président a également présenté la nouvelle législation qui va lui permettre de fournir jusqu'à 15 milliards de dollars sur cinq ans dans quatorze pays africains et des Caraïbes. Il a appelé le Congrès américain à débloquer les fonds pour financer ce plan de lutte. «La Chambre des représentants et le Sénat américain doivent financer cette initiative en totalité pour le bien de la population du continent africain», a-t-il déclaré avant de rentrer à Washington.

Cette visite du président américain a contrasté avec celle de son prédécesseur Bill Clinton, en 2000. A l'époque, le gouvernement nigérian avait affrété des bus afin que des milliers de personnes puissent venir le saluer lors du passage du convoi présidentiel. Trois ans plus tard, les rues étaient vides. Quelque 2.000 policiers avaient été déployés pour protéger la venue du chef de l'exécutif américain.

Des habitants ont regretté que George W. Bush n'aperçoive que les aspects positifs du Nigeria, et non la pauvreté qui submerge le pays malgré ses importantes réserves pétrolières. «Je souhaitais rester le long de la route pour voir Bush, mais des hommes de la sécurité nous ont délogé», a raconté Bernard Agie, un ingénieur civil. «S'il ne rencontre que l'élite, comment saura-t-il que nous souffrons?»


Bush défend au Nigeria son plan anti-sida pour l'Afrique
par Patricia Wilson

ABUJA (Reuters), 12 juillet 2003 16:27 - Le président George W. Bush s'est engagé samedi à soutenir la "lutte courageuse" de l'Afrique contre le sida et a engagé le Congrès américain à financer sans restrictions le projet de 15 milliards de dollars qu'il prévoit sur cinq ans pour combattre la maladie.

Au Nigeria, dernière étape de son voyage de cinq jours dans autant de pays africains, Bush a également dit que Washington coopérerait avec ses amis et alliés pour mettre fin aux guerres régionales. Son homologue nigerian Olusegun Obasanjo et lui devaient s'entretenir samedi de la participation éventuelle de soldats américains à une force de maintien de la paix à dominante africaine appelée à se déployer au Liberia.

Le chef de la Maison blanche a exprimé l'intention d'appuyer les efforts visant à consolider le fragile cessez-le-feu intervenu au Liberia, mais il attend un rapport d'experts américains envoyés dans ce pays pour décider ou non d'y envoyer des troupes.

"Le progrès en Afrique dépend de la paix et de la stabilité, aussi l'Amérique se tient-elle aux côtés de ses amis et de ses alliés pour favoriser le règlement des guerres régionales", a-t-il dit dans son allocution radiophonique hebdomadaire.

Bush a toutefois surtout insisté sur le problème du sida, qui expose l'Afrique à "l'un des dangers les plus graves" qu'elle ait jamais eu à affronter.

Il a souligné l'urgente nécessité d'une assistance en un temps où le virus du sida affecte en Afrique près de 30 millions de personnes, dont trois millions de moins de 15 ans.

"Les Africains mènent un combat courageux contre cette maladie", a déclaré le dirigeant américain en faisant état de progrès en Ouganda - où il se trouvait vendredi.

"Cependant, les efforts destinés à contrecarrer la maladie ne correspondent pas aux besoins (...) L'Afrique a la volonté de combattre le sida mais il lui en faut également les moyens."

PRESSION SUR LE CONGRES

Au Congrès, le groupe républicain de la Chambre des représentants a présenté à l'appui de sa requête des projets de loi prévoyant le déblocage de deux milliards de dollars l'an prochain pour la lutte contre la pandémie mondiale - soit un milliard de moins que le montant inscrit dans le plan signé en mai par le président américain.

Les deux milliards de dollars correspondent bien à une requête de la Maison blanche pour la première année, mais des responsables ont fait savoir que Bush réclamait des sommes supérieures pour les années suivantes.

"J'exhorte l'ensemble du Congrès à financer pleinement le plan d'urgence que j'ai réclamé pour la lutte contre le sida, afin que l'Amérique puisse contribuer à renverser la tendance en Afrique", a-t-il déclaré samedi.

En mai, Bush a signé un projet de 15 milliards de dollars destiné à combattre la maladie en Afrique et aux Caraïbes, triplant ainsi les dépenses consacrées à cette cause par les Etats-Unis sur une période de cinq ans.

En vertu de la loi qui en résulte, des médicaments antirétroviraux deviendront accessibles à quelque deux millions de malades d'Afrique et des Caraïbes qui aujourd'hui n'ont pas accès aux trithérapies permettant d'améliorer leur état général.

Le projet américain prévoit aussi un accompagnement des mourants, l'octroi d'une assistance à certains des 13 millions d'enfants ayant perdu un parent ou les deux, et il intensifie les programmes de prévention par des moyens tels que l'abstinence, l'usage du préservatif et l'éducation.

Selon la Maison Blanche, le programme de Bush est de nature à prévenir sept millions de nouvelles contaminations par le virus HIV durant la décennie à venir.


George W. Bush clôt sa tournée africaine par le Nigeria

LAGOS (AP), 12 juillet 2003 12:26 - Le président américain George W. Bush a choisi samedi de clore sa tournée en Afrique par le Nigeria, où environ un million d'enfants ont perdu leurs parents en raison de l'épidémie de sida.

Il rencontrait dans la matinée son homologue nigérian Olusegun Obasanjo. La crise au Liberia, le sida et les relations commerciales devaient être abordées lors de cette réunion à huis clos. Le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer a précisé qu'aucune décision ne devrait être prise samedi concernant le déploiement de soldats américains au Liberia.

George W. Bush doit également rencontrer des patients atteints du VIH/sida avant de clore son séjour par un discours lors d'un sommet annuel consacré au développement en Afrique subsaharienne.

La tournée de cinq jours du président américain l'a conduit dans les pays d'Afrique les plus touchés par l'épidémie. Près de 30 millions de personnes vivent avec le VIH/sida, tandis que des milliers d'autres ont succombé à la maladie.

Lors de réunions avec les dirigeants du Sénégal, d'Afrique du Sud, du Botswana et de l'Ouganda, le chef de l'exécutif américain a salué leurs efforts pour lutter contre le sida, mais les a exhortés à faire plus pour aider leurs pays et le continent africain à surmonter la pandémie. AP


Liberia et pétrole au menu de l'étape nigériane de Bush
par Patricia Wilson

ABUJA (Reuters), 12 juillet 2003 10:36 - En provenance d'Ouganda où il a salué les résultats enregistrés dans la lutte contre le sida, le président américain George Bush est arrivé vendredi au Nigeria, cinquième et dernière étape de sa tournée africaine et partenaire stratégique de Washington dans le domaine pétrolier.

Le rang de cinquième exportateur de brut à destination des Etats-Unis qu'occupe le pays donnera à n'en pas douter un poids considérable aux appels du chef de l'Etat, Olusegun Obasanjo, en faveur d'une participation américaine à la force de maintien de la paix que la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) s'apprête à déployer au Liberia.

Les Etats-Unis, d'où étaient issus les esclaves affranchis qui fondèrent le Liberia au XIXe siècle, sont soumis à une pression internationale croissante en faveur d'une intervention.

Le secrétaire d'Etat Colin Powell, qui accompagne le président dans son périple africain, a assuré qu'une décision serait prise dans les jours qui viennent. La veille, Obasanjo s'était dit convaincu que les Etats-Unis interviendraient pour mettre fin à la guerre civile qui dure depuis 14 ans.

Sur le front intérieur, le président nigérian ne manquera pas de tirer parti de cette visite pour tenter de rétablir une autorité mise à mal par une opposition qui l'accuse de fraudes massives lors de la présidentielle d'avril. Obansanjo a également dû faire face jusqu'à mardi à une grève générale pour dénoncer l'augmentation du carburant.

Du côté de la Maison blanche, si la lutte contre le terrorisme et contre le sida restent les maîtres mots de cette tournée africaine, le volet pétrolier n'en est pas absent. Washington, qui cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement pour ne pas dépendre du seul Proche-Orient, voit en effet les producteurs africains comme des partenaires de choix. La part africaine du brut importé aux Etats-Unis représente aujourd'hui 17% du total.

SIDA ET SECURITE AU MENU DE L'ETAPE OUGANDAISE

L'Ouganda, où Bush a fait escale vendredi, constituait une étape non moins cruciale de sa tournée africaine, cette fois sur le plan de la sécurité.

Washington craint en effet que l'Afrique de l'Est, en raison de son instabilité chronique, ne se transforme en repaire d'organisations telles que le réseau Al Qaïda d'Oussama ben Laden, instigateur présumé des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

L'Ouganda, frontalier du Kenya et du Soudan, deux pays frappés par des attaques attribuées à Al Qaïda au cours des cinq dernières années, fait partie des cinq Etats bénéficiaires de l'aide de 100 millions de dollars allouées par Washington pour renforcer la sécurité régionale.

Sur le front du sida, Bush n'a pas manqué de saluer les bons résultats de Kampala dans la lutte contre la maladie. De 30% en 1992, le taux de séropositivité au sein de la population ougandaise est passé à 6% en 2000, selon les chiffres officiels.

"Vous avez montré au monde que c'est possible", a-t-il déclaré au président Yoweri Museveni lors de leur entrevue à Entebbe, sur les bords du lac Victoria.

Bush a en outre réitéré sa promesse de débloquer jusqu'à 15 milliards de dollars pour la lutte contre la maladie en Afrique et dans les Caraïbes.

En regagnant l'aéroport d'Entebbe, le convoi présidentiel a croisé un groupe de manifestants venus exprimer leurs doutes quant à cet engagement. "Voulez-vous sauver des vies ou faire des profits pour le compte de vos amis industriels ?", pouvait-on lire sur l'une de leurs banderoles.

La tournée africaine de George W. Bush du 08-12 juillet 2003