Situation confuse en Côte d'Ivoire après le résultat des présidentielles

Au moins quatre manifestants blessés devant la présidence

Une confrontation entre militaires et manifestants a fait au moins quatre blessés mercredi après-midi devant le palais présidentiel, dans le quartier du Plateau à Abidjan, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les militaires qui défendent le palais tirent principalement en l'air et sur les manifestants quand ceux-ci s'avancent trop.
Un journaliste de l'AFP sur place a vu quatre blessés, mais selon des manifestants une vingtaine de personnes ont été blessées par balles.
Des gendarmes, qui se sont ralliés au mouvement de protestation, se trouvent du côté des manifestants, mais ne tirent pas sur les défenseurs du palais, a constaté le journaliste de l'AFP.
Un officier de la gendarmerie sur place a indiqué que ses forces allaient attendre que les munitions des défenseurs s'épuisent avant de prendre le contrôle du palais.
Le chef d'état-major de l'armée, le général Soumaila Diabakaté, avait indiqué plus tôt mercredi que le chef de la junte au pouvoir, donné en fuite, se trouvait toujours à la présidence.
Les gendarmes contrôlent également le bâtiment de la radio nationale, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel.
Le numéro 2 de la junte, le général Mathias Doué, qui avait annoncé plus tôt mercredi tenter une "médiation" pour régler la crise, a quitté le palais présidentiel et s'est rendu à la radio.
Le journaliste de l'AFP l'a ensuite vu quitter les lieux à bord d'un véhicule blindé de la gendarmerie, pour le quartier général de la gendarmerie au camp d'Agban, selon des gendarmes sur place.
Ces gendarmes ont affirmé que le général Doué s'était rallié au mouvement et avait donné l'ordre à ses hommes de venir renforcer la gendarmerie au Plateau.
ABIDJAN, 25 oct (AFP) - mercredi 25 octobre 2000 - 18h05 -

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Côte d'Ivoire: Gueï en fuite, Gbagbo déjà contesté

Le socialiste Laurent Gbagbo, vainqueur de l'élection présidentielle de dimanche, s'est engagé à oeuvrer pour la réconciliation de tous les Ivoiriens, après la fuite du chef de la junte, le général Robert Gueï, désavoué par la population et les forces armées.
Mais sa légitimité, acquise selon lui avec près de 63% des suffrages - mais avec seulement 35% de votants -, est d'ores et déja remise en cause par l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara, dont la candidature avait été invalidée par la junte au même titre que celle de plusieurs autres opposants.
"Je prends solennellement devant vous, peuple de Côte d'Ivoire, l'engagement d'oeuvrer au rassemblement des Ivoiriens et à la réconciliation nationale", a déclaré Laurent Gbagbo lors d'une intervention radiotélévisée.
Evoquant la formation d'un gouvernement, il a précisé: "Dans les prochaines heures, ce sera chose faite".
Laurent Gbagbo a rendu hommage aux forces armées ivoiriennes, qui ont refusé d'entériner les résultats tronqués annoncés par le général Robert Gueï et de mater la révolte populaire.
"Je tiens à rendre particulièrement hommage à nos frères de l'armée nationale, de la gendarmerie et de la police qui ont décidé de soutenir la cause de la démocratie", a-t-il dit. Laurent Gbagbo.


Nouveau scrutin?
Des fusillades se poursuivaient toutefois mercredi après-midi aux abords du palais présidentiel, après 24 heures de manifestations qui ont fait au moins 11 morts sur l'ensemble du territoire ivoirien.
Lauren Gbagbo a également promis que la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, respecterait ses engagements internationaux.
De leur côté, les partisans d'Alassane Ouattara sont descendus dans la rue à Abidjan pour réclamer un nouveau scrutin.
La direction du Rassemblement des républicains (RDR), la formation de l'ancien directeur général-adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a affirmé que ces manifestations étaient spontanées.
"Nos militants sont descendus dans la rue. Ils disent que la France veut nous imposer (le candidat socialiste élu Laurent) Gbagbo. Ils disent que c'est très grave, que cela signifiera la guerre", déclare-t-on de source proche du RDR.
On ignore dans l'immédiat le sort du général Gueï, qui s'est enfui de la capitale à bord d'un hélicoptère vers une destination inconnue.
Son épouse, Rose Doudou Gueï, est arrivée pour sa part à Cotonou, au Bénin, accompagnée de plusieurs enfants du couple.
(Reuters, Abidjan, mercredi 25 octobre 2000 - 16h55)


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