Modibo Sidibé, ministre des affaires étrangères du Mali devant l'Assemblée générale de l'ONU (7e journée du débat général): pour une politique renouvelée de l'intégration et de l'unité d'Afrique
Une vingtaine de Premier ministre, ministres des affaires étrangères, chefs de délégation et observateur interviennent au cours de la 7e journée du débat général de la 55e session de l'Assemblée générale de l'ONU.
Ouvrant la séance de ce matin, Nicolae Tabacaru, ministre des affaires étrangères de la Moldavie, a déploré la persistance de certaines tendances séparatistes dans son pays, malgré la volonté du gouvernement moldave d'octroyer un statut d'autonomie à la région troublée, tout en gardant à l'esprit la nécessité d'assurer la souveraineté et l'intégrité territoriale de son pays. Il a estimé que la situation se compliquait en raison d'une surmilitarisation de la région et affirmé qu'un retrait immédiat, total et inconditionnel des troupes étrangères stationnées sur le territoire de son pays, ainsi que des munitions et des armements qui les accompagnent, contribuerait à faciliter la recherche d'une solution globale au conflit.
Le ministre des affaires étrangères de la République de Corée, Lee Joung-binn, a évoqué le sommet de juin des dirigeants des deux Corée, qui a permis d'atténuer les tensions dans la péninsule et d'engager un dialogue qui devrait aboutir à son avis à la réconciliation, la coexistence pacifique et, éventuellement, à la réunification des deux pays. Il s'est félicité par ailleurs des nombreuses mesures concrètes prises d'un commun accord par les dirigeants des deux pays lors des réunions qui ont succédé au sommet, et notamment, de la visite prochaine à Séoul du Président nord-coréen Kim Jong-il.
Le ministre des relations extérieures du Panama, Jose Miguel Aleman, s'est félicité de la qualité de la gestion par l'administration locale du Canal de Panama, soulignant les réalisations et les projets qui devraient permettre un accroissement sensible de l'efficacité de la navigation maritime dans cette zone. Il a par ailleurs annoncé la transformation des nombreuses bases militaires de la région en installations touristiques ou réserves naturelles, contribuant ainsi au développement du secteur touristique de son pays.
Alwi Shihab, ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, a assuré que les responsables du meurtre la semaine dernière d'un membre du personnel du HCR au Timor occidental seraient retrouvés et traduits en justice. Cette tragédie ne devrait toutefois pas conduire au retrait du personnel humanitaire de la région, mais au contraire inciter les uns et les autres à intensifier leur collaboration pour fournir une aide humanitaire accrue aux réfugiés de Timor Ouest, a-t-il dit.
Modibo Sidibé, ministre des affaires étrangères du Mali, a souligné l'engagement de son gouvernement en faveur d'une approche politique renouvelée de l'intégration et de l'unité d'une Afrique "forte du développement intégré de ses potentialités avec une conscience aiguë de ses atouts stratégiques". Premier pays à ratifier l'acte constitutif de l'Union africaine, le Mali est convaincu qu'elle constitue le tremplin indispensable au développement du continent, a-t-il précisé.
Bin Jassim Bin Jabr Al-Thani, chef de la délégation qatarienne, a demandé la levée des sanctions du Conseil de sécurité contre l'Iraq, affirmant que celles-ci avaient échoué dans leur objectif, ne faisant qu'aggraver la situation humanitaire du peuple iraquien. Il a par ailleurs exprimé l'espoir que la nomination par l'ONU de Yuli Vorontsov au poste de responsable de la question des prisonniers kowéïtiens et de tiers pays détenus en Iraq, et de la restitution des biens kowéïtiens saisis par Bagdad permettra d'aboutir rapidement au règlement de ces dossiers.
Sule Lamido, ministre nigérian des affaires étrangères, a souligné qu'en sa qualité de président du Groupe des 77, le Nigéria estimait qu'il fallait utiliser de nouvelles approches dans l'examen par les pays industrialisés et en développement des principaux dossiers de notre temps. C'est ainsi qu'à l'heure actuelle l'acte d'intervention extérieure n'est envisagée qu'en cas de confit armé dans un pays: mais pourquoi ne pas intervenir pour aider un pays à faire face aux menaces que représentent le Sida, la sécheresse ou les inondations? ou pour soulager le sort des populations civiles victimes de l'application de sanctions massives? s'est-il demandé.
Nasser Al-Kidwa, observateur permanent de la Palestine, a affirmé que le Conseil central palestinien avait décidé de reporter à 15 novembre la déclaration d'indépendance d'un Etat palestinien pour permettre aux négociations avec Israël de poursuivre leur cours. Il a toutefois déploré l'intransigeance des positions israéliennes, affirmant qu'aucun dirigeant arabe, palestinien ou musulman, ne saurait accepter le droit de regard de l'Etat hébreu sur certaines parties de Jerusalem Est, qui sont sacrées au monde arabe et musulman.
Prenant la parole cet après-midi, le ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone, Sama Banya a exprimé la reconnaissance de son gouvernement aux Nations Unies pour le déploiement des quelque 13.000 soldats de la Mission de l'ONU dans son pays, dont la présence contribue à stabiliser la situation. Il a également salué l'adoption de la résolution du Conseil interdisant la vente illégale des diamants d'origine sierra-léonaise, dont le commerce sert à financer à son avis la machine de guerre des forces rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF), M. Banya a également souhaité de voir traduits en justice et punis les auteurs des crimes contre l'humanité.
Surin Pitswan, ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a dénoncé le phénomène de "mondialisation" du trafic des drogues, dont la production et consommation érodent les fondements mêmes de la société. Seule une coopération internationale accrue pourra répondre efficacement à la propagation de ce fléau, a-t-il estimé. Il s'est félicité par ailleurs des débuts encourageants enregistrés dans son pays dans la lutte contre le virus du Sida, et a énuméré les efforts de son gouvernement visant à encourager l'esprit d'entreprise et l'initiative personnelle comme moyens de lutte contre la pauvreté.
Le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères des Philippines, Domingo Siazon, s'est fait le chantre d'un système économique mondial "qui encourage les capacité de production, pas les inégalités des revenus, qui promeut l'ouverture, pas la corruption, qui récompense l'esprit d'entreprise, pas l'avarice". Pour ce faire, -a-t-il précisé, le concours du secteur privé et de la société civile sont indispensables.
Le général Mompati Merafhe, ministre des affaires étrangères du Botswana, a passé en revue les foyers de tension en Afrique, invitant le monde occidental à faire preuve de solidarité face aux épreuves que traversent les habitants du continent. L'Afrique a besoin d'investissements et d'aide publique pour faciliter le processus de démocratisation mis en route dans bon nombre de ses régions, a-t-il estimé.
Al-Haj Abdus Samad Azad, ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a souligné qu'il était impossible d'avoir la paix et la sécurité internationales sans que la sécurité de l'individu ne soit assurée. Parfois, la menace vient des catastrophes naturelles comme les inondations et les cyclones, parfois elle émane de tueurs silencieux comme les épidémies ou la pollution de l'eau potable, a-t-il déclaré, en précisant que les deux tiers de la population de son pays était menacé par la pollution de l'eau par l'arsenic.
Jaswant Singh, ministre des affaires extérieures de l'Inde, a dénoncé la menace du terrorisme international qu'il a qualifié de ."véritable crime contre l'humanité", et invité les membres de la communauté internationale à soutenir l'adoption d'une convention sur le terrorisme international, dont le projet a été élaboré par son gouvernement. M. Singh a également réitéré l'intention de son pays d'observer un moratoire sur les essais nucléaires, et réaffirmé l'absence d'opposition de son gouvernement à l'entrée en vigueur du traité sur l'interdiction totale des essais nucléaires.
Clement Rohee, ministre des affaires étrangères du Guyana, a mis en garde contre les disparités économiques actuelles entre Etats riches et pauvres, plaidant pour un dialogue démocratique Nord-Sud qui assurerait aux pays en développement une place plus importante dans les échanges commerciaux internationaux.
Mustafa Osman Ismail, ministre des affaires étrangères du Soudan, a pour sa part déploré la poursuite de la guerre dans le sud de son pays, qui menace l'intégrité territoriale et la sécurité des populations. Il a aussi affirmé la volonté de son gouvernement de poursuivre le processus de réconciliation nationale dans le cadre d'un dialogue avec les forces de l'opposition, et annoncé la tenue prochaine d'une conférence nationale chargée d'examiner toutes les questions liées à la liberté, à l'unité et à la démocratie dans ce pays.
Rodolphe Adada, ministre des affaires étrangères de la République du Congo, a affirmé que la signature l'année dernière des Accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités ont permis à son pays de retrouver la paix et la sérénité. Sur le plan politique, son gouvernement s'apprête à mener de larges consultations sur le projet de constitution qui sera soumis au parlement de transition en mars prochain. Sur le plan économique, les autorités ont adopté un programme intérimaire post-conflit pour la période 200-2002, dont la mise en oeuvre nécessitera l'appui de la communauté internationale, a-t-il précisé.
Le Premier ministre et ministre des affaires étrangères de la Dominique, Roosevelt Douglas, s'est élevé contre les allégations qui figurent dans un rapport de l'OCDE selon lesquelles son pays serait coupable de créer des paradis fiscaux . Ces accusations devraient faire l'objet de discussions entre les petits pays de la Caraïbe et les pays de l'OCDE, afin de pouvoir trouver des solutions à ce problème, a-t-il précisé. M. Douglas a également déploré la réduction de l'aide publique internationale au développement, élément indispensable au développement économique de l'île.
(ONU, New York, Assemblée générale: une vingtaine d'intervenants au cours de la 7e journée du débat général. - 19 septembre 2000)


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