Les puissances réunies au siège de l'ONU (New York) veulent accroître l'efficacité des casques bleus

Hantés par les échecs de l'ONU en Bosnie et en Afrique, les leaders des grandes puissances se sont engagés jeudi à donner plus de moyens aux casques bleus pour intervenir dans des conflits de plus en plus nombreux et risqués.

Les quinze membres du Conseil de sécurité, réunis en sommet, ont voté à l'unanimité une résolution qui envisage des réformes d'envergure pour améliorer les capacités de maintien de la paix de l'ONU, en particulier en Afrique. Les présidents américain Bill Clinton, russe Vladimir Poutine, français Jacques Chirac, chinois Jiang Zemin et le Premier ministre britannique Tony Blair, ainsi que les dix autres dirigeants des membres non-permanents du Conseil de sécurité ont levé la main pour approuver la résolution.

Il s'agit de la deuxième fois seulement que le Conseil de sécurité, qui a seul la responsabilité de la paix dans le monde, se réunit au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement. Le premier sommet avait eu lieu en janvier 1992.

Mais le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a averti que les déclarations ne suffiront pas et que seules une volonté politique et des moyens financiers permettront de restaurer la crédibilité bien entamée des Nations Unies. "Seule une telle action déterminée peut rétablir la réputation des Nations Unies comme une force crédible de paix et de justice", a dit le secrétaire général. Au nom de l'ONU, il avait déjà fait son "mea culpa" pour l'incapacité de l'organisation internationale à empêcher les massacres de Srebrenica, en Bosnie, en 1995 ou le génocide au Rwanda en 1994.

Dans sa résolution, le sommet du Conseil "accueille avec satisfaction" le rapport d'experts qui avait recommandé en août des réformes drastiques pour permettre à l'ONU de mieux remplir ses missions. Il décide d'examiner "à bref délai" ses recommandations et il "s'engage à améliorer l'efficacité" des opérations de paix. Le rapport préconise notamment une hausse substantielle des ressources, une meilleure définition des mandats et la création d'une unité d'informations et d'analyses.

L'image de casques bleus désarmés et pris en otages, sans combattre, par des rebelles au Sierra Leone en mai dernier aura été le détonateur de ces réformes. L'ONU est de plus en plus sollicitée pour envoyer ses casques bleus dans des conflits armés internes, comme en Sierra Leone ou en République démocratique du Congo, et non plus comme autrefois pour surveiller une ligne de cessez-le-feu entre deux pays belligérants.

Tous les chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de sécurité ont ainsi souligné la nécessité de renforcer les capacités d'action des casques bleus. "Nous devons faire plus pour équiper les Nations Unies pour faire ce qu'on leur demande de faire", a dit Bill Clinton en ajoutant qu'elle devaient "être capables de maintenir la paix, de se déployer rapidement, capables de projeter une force crédible".

A la date du 1er août, quelque 38.000 casques bleus étaient déployés dans 14 missions de maintien de la paix à travers le monde. Mais alors que les missions ont augmenté, les ressources de l'ONU ont été en diminuant, notamment en raison des arriérés américains qui s'élèvent à plus de 1,8 milliard de dollars dont environ 1,3 milliard dus aux opérations de maintien de la paix.

Dans une réunion séparée un peu plus tard, les leaders des cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) se sont mis d'accord pour réformer l'actuel barème des contributions qui n'a pas changé depuis 1973. Cette réforme est réclamée par les Etats-Unis qui veulent baisser leur contribution actuellement fixée à 30,4% du budget des opérations de paix.

(AFP, ONU, NEW YORk, 08 septembre 2000 - 9h55)


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