SOMALIE VERS LA REUNIFICATION

Découpée, ensanglantée, déchirée par des guerres civiles, la Somalie pourrait se recoller et se réconcilier dans un proche avenir. Les institutions doivent aussi se mettre en place pour que le pays puisse se retrouver pleinement et répondre aux besoins les plus élémentaires : écoles, hôpitaux, habitations, routes, addjuction d'eau potable, électricité, sécurité publique (police, armée). Gageons que cette fois la Somalie accepte de tendre vers la paix et de se réconcilier avec elle-même.
(Victor BISSENGUE)

 

La Somalie en bref :

Somalie (République démocratique de Somalie - indépendance. : 1er juillet 1960; Ligue arabe depuis 1974)
Capitale : Mogadiscio (Mogadishu)
Superficie : 637 657 km2
Population : 8 900 000 habitants (13 millions avec la diaspora surtout au Kenya, en Ethiopie)
Langue officielle : somali (autres: arabe, anglais)
Devise : Shilling (464,7 =1FF; 2620 = 1$

Somaliland : partie de la Somalie correspondant à peu près à l'ancien protectorat sous mandat anglais; auto-proclamée république indépendante le 18 mai 1991 - non reconnue par la communauté internationale).

 

De nombreux défis attendent les jeunes institutions somaliennes

La nomination d'un gouvernement a complété vendredi l'installation d'institutions centrales qui manquaient à la Somalie depuis 1991, mais leur survie est confrontée à de nombreux défis.
Issus de la conférence de réconciliation de Djibouti, le parlement de transition, le président Abdoulkassim Salat Hassan et son Premier ministre Ali Khalif Galaydh ont le soutien de la société civile somalienne, des intellectuels, des organisations non-gouvernementales et de la diaspora, lassés par une décennie de luttes claniques et par l'absence d'infrastructures et d'administration dans le pays.
Mais ils doivent encore imposer leur pouvoir face à des chefs de faction qui ne sont pas disposés à abandonner leur suprématie sur les zones qu'ils contrôlent, grâce à des milices, tant dans la capitale que dans le reste du pays.
La guerre civile qui a précédé et suivi la chute du régime du président Mohammed Siad Barré en janvier 1991, a entraîné, selon les estimations les plus plausibles, la mort de 300.000 personnes, victimes de combats fratricides ou de la famine, endémique dans cette région.
600.000 autres personnes ont pris le chemin de l'exil : l'Europe, les Etats-Unis ou les pays du Golfe pour l'intelligentsia et la classe moyenne, les camps de réfugiés des pays voisins pour les plus défavorisés.
Le drame de la Somalie s'est noué sur fond d'affrontements et de rivalités tribales ou claniques au sein d'un peuple qui partage pourtant la même langue, la même culture et la même religion, l'islam.
Depuis la chute du régime du président Siad Barré, le pays a vu se former des entités auto-proclamées autonomes ou indépendantes, telles le Somaliland (nord-ouest) ou le Puntland (nord-est). La vallée de la Juba (sud) connait également une gestion autonome, même si elle n'a pas été officialisée.
Ce repli de certains groupes claniques dans leurs régions d'origine porte le risque d'une division de la Somalie en une série de territoires confettis ou "d'émirats" de la Corne de l'Afrique.
Mais la reconstruction de la Somalie telle qu'elle a été proclamée indépendante en 1960 avec la fusion des anciennes colonies britannique (au nord) et italienne (au sud) va s'avérer délicate à réaliser à court terme.
Sans reconnaître la République du Somaliland, unilatéralement proclamée en 1991, la Communauté internationale a salué ces dernières années le retour de la stabilité dans cette région alors que Mogadiscio et les autres provinces étaient placées sous la coupe des chefs de guerre.
Le nouveau président Abdoukassim Salat Hassan a d'ailleurs souligné que la question de la réunification de la Somalie se fera de manière "progressive" par le dialogue et sans violence.
Confrontées à l'opposition des chefs de faction de la capitale, du Somaliland, du Puntland et privées récemment du soutien du chef de guerre de Baidoa (sud), les nouvelles autorités sont confrontées à des tâches gigantesques.
Il ne s'agit pas seulement de mettre en place les institutions du pays mais de reconstruire aussi toutes les infrastructures de base : écoles, habitations, hôpitaux, routes, électrification, adduction d'eau.
Les forces de police et de l'armée pour assurer la sécurité et la défense du pays sont à reconstituer.
Pour les mener à bien, les dirigeants devront également convaincre la communauté internationale que le pays a tourné une page sanglante de son histoire et qu'il est temps de lui apporter un soutien.

(AFP, Mogadiscio, samedi 21 octobre 2000)


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