Vente aux enchères de documents concernant l’esclavage et la traite négrière au XVIIIe siècle qui aura lieu Mercredi 12 janvier 2005, à Lyon: information et réactions


Conférence de presse "enchères de Lyon cri me contre l'humanité". Paris, le 28 janv. 2005.

Vente aux enchères de manuscrits anciens, de documents historiques, de correspondances et d’archives ayant appartenu à des armateurs négriers, en date du mercredi 12/1/2005: information, suites judiciaires données, appel à manifester le 22 janvier 2005

Pour un centre de l'Amérique africaine, par Claude Ribbe, 14 janvier 2005
Vente aux enchères de Lyon : six lettres faisant allusion à l’esclavage non présentées (14 janvier 2005)
La vente aux enchères des lettres et manuscrits du XVIIIe siècle sur le commerce des esclaves, malgré l’opposition de nombreuses associations, s’est déroulée comme prévu à Lyon, le 12 janvier.
IL FAUT FAIRE CESSER LA POURSUITE DE LA BARBARIE ESCLAVAGISTE EN PLEIN 21e SIECLE !


Christiane TAUBIRA, députée de Guyane, saisit les Ministres de la Culture, de l’Outre-Mer et de l’Education nationale au sujet de la Vente aux enchères de documents concernant l’esclavage et la traite négrière au XVIIIe siècle qui aura lieu Mercredi 12 janvier 2005, à Lyon

Paris, le 10 janvier 2005

A Monsieur Pierre DESERT
Président du Conseil Général de la Guyane
Place Léopold Héder
BP 5021
97397 Cayenne Cedex
Guyane
Réf : CT/MMG/0701-5


Monsieur Président,


Je présume que vous avez connaissance de la vente aux enchères qui aura lieu à Lyon ce 12 janvier qui concernera des manuscrits anciens, des documents historiques, des correspondances et des archives établis et ayant appartenu à des armateurs négriers.

Me référant à la Loi 2001-434 reconnaissant l’esclavage et la traite négrière comme un crime contre l’humanité, et particulièrement à son article 2, il me paraît opportun notamment au titre des bibliothèques et archives départementales qui relèvent de vos compétences, que vous puissiez user en votre qualité de pouvoirs publics territoriaux de votre droit de préemption et vous portiez acquéreur de ces documents qui font partie du patrimoine commun issu de notre histoire de quatre siècles et demi ayant impliqué les trois continents d’Europe, d’Afrique, et d’Amérique, dans des rapports extrêmement denses, profondément inégaux et infiniment variés. C’est une condition impérieuse pour en éviter la dispersion. En toute cohérence, ces documents devraient par la suite être mis à la disposition de tous par exemple en confiant ce fonds à un établissement public d’accès libre (musée, bibliothèque, centre culturel…).

Je vous serai obligée pour la diligence avec laquelle vous prendrez des dispositions pour ce faire et vous en remerciant,

Je vous prie de trouver ici, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

Christiane TAUBIRA

(diffusion Internet du 11 January 2005)


COMMUNIQUE DE PRESSE (éditions menaibuc, 11 janvier 2005)

Christiane TAUBIRA, députée de Guyane, a saisi les Ministres de la Culture, de l’Outre-Mer et de l’Education nationale au sujet de la Vente aux enchères de documents concernant l’esclavage et la traite négrière au XVIIIe siècle qui aura lieu Mercredi 12 janvier 2005, à Lyon.

La députée de Guyane a demandé aux Ministres d’user de leur droit de préemption en vu de regrouper ces documents et de les mettre en accès libre, quitte à les confier temporairement au Comité pour la Mémoire de l’esclavage.

La députée a également saisi les Présidents de Conseils Généraux de Guyane, Martinique Guadeloupe et de la Réunion pour les solliciter afin qu’ils se portent acquéreurs et enrichissent ainsi le fonds des bibliothèques et archives départementales qui relèvent de leur compétence. Les conseils généraux d’Outre-Mer ayant une compétence plus explicite sur la préservation des patrimoines, ils pourraient se constituer chef de file d’une opération qui associerait les autres collectivités.

La députée espère qu’à défaut de préempter les documents qui seront mis en vente, le gouvernement usera au moins de son droit de faire surseoir à la vente.


Contact Presse - 01 40 63 71 60 / 05 94 30 31 00
(tuesday 11 January 2005, 19:46

 

Les archives sur l’esclavage ne seront pas vendues aux particuliers français Des associations craignaient le pire pour les enchères de mercredi à Lyon


Des archives sur l’esclavage seront bien vendues aux enchères à Lyon (France) ce mercredi, mais aux autorités publiques et non à des particuliers, comme aurait pu le laisser entendre un grand quotidien français.
La méprise avait causé un haut le cœur à certaines associations de l’Hexagone. Elles avaient en effet décidé de manifester et de faire appel à la classe politique pour une suspension, voire une annulation de la vente.


Sources : lundi 10 janvier 2005, par Habibou Bangré
Afrik.com

La communauté africaine de France peu souffler : les archives sur l’esclavage, qui seront vendues aux enchères ce mercredi à Lyon (Sud de la France), ne deviendront pas propriété de particuliers, mais des autorités publiques. Certaines associations avaient compris, suite à un article paru dans un grand quotidien de l’Hexagone, que ce patrimoine historique allait se retrouver entre les mains de particuliers et donc échapper à la consultation publique. Révoltées, plusieurs associations avaient promis de manifester, d’autres appelaient au bon sens de la classe politique pour que soit suspendue, voire annulée, la vente aux enchères honnie.
Ce qui a manifestement provoqué la colère du monde associatif noir, c’est que l’article, qui détaille essentiellement les œuvres qui seront vendues, ne précise pas que ces enchères ne seront pas publiques. « Près de 500 lettres et manuscrits, provenant d’archives familiales ou commerciales, seront vendus à Lyon mercredi 12 janvier. Cet ensemble aborde des thèmes divers, en particulier un sujet jusqu’à présent peu étudié, la traite des Africains aux XVIIe et XVIIIe siècles », peut-on lire dans Le Monde du 6 janvier 2005.
Les archives nationales ne seront jamais privées Alain Ajasse, expert auprès de nombreux commissaires priseurs qui a travaillé sur cette vente, apporte un éclairage indispensable. « Les documents en question constituent à peine une dizaine de lots sur toutes les enchères de mercredi. Ils seront exclusivement préemptés par les pouvoirs publics. Et il ne peut pas en être autrement puisqu’ils font partie du patrimoine national », explique le spécialiste, qui précise que ce n’est pas la première fois que sont organisées des enchères où sont proposées des documents en rapport avec la traite négrière.
Alain Ajasse revient sur la façon dont les archives sur l’esclavage, de même que les autres, se retrouvent aux enchères. « Parfois, les gens veulent se débarrasser d’objets ou documents anciens lors d’un tri de grenier, par exemple. Ils peuvent se tourner vers les antiquaires ou encore les brocanteurs, mais certains vont s’adresser à un expert pour savoir ce qu’ils valent. Après étude, et selon l’importance du document, il en référera à la direction nationale des archives. Elle recherchera s’il figure déjà dans les archives, si ce n’est pas le cas, il sera vendu aux enchères. C’est la seule façon légale et juste de faire passer un document du domaine privé au domaine public. Cela permet de récupérer des documents dont on pouvait ignorer l’existence, puisqu’ils sont gardés par les familles.Personne n’y perd car le patrimoine et la mémoire nationaux s’enrichissent et la personne à qui appartenait le document est dédommagée », souligne-t-il. Il n’y a en somme aucune chance que des archives, quelles qu’elles soient, se retrouvent vendues aux enchères.
Colère aveugle de certaines associations
Toutefois, certaines associations ont simplement vu, en l’article du journal français, une menace sur l’héritage d’un pan peu glorieux de l’Histoire. Et une violation de la loi. Patrick Karam, Président du Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais, a ainsi dénoncé sur le site une mesure qui va à l’encontre la loi de 2001 visant à « améliorer la recherche, la connaissance et la diffusion sur la traite négrière et l’esclavage et leur donner la place conséquente qu’ils méritent ». Afrikara désigne quant à lui l’entorse au Code de déontologie dont les articles 6 et 7 « contribuent à asseoir légalement et moralement la mobilisation pour une interdiction de la vente desdocuments historiques sur la traite négrière », ajoute l’association. L’association estime par ailleurs que « la vente des manuscrits est aujourd’hui l’ultime phase d’exploitation du lucratif filon négrier ».
La tension, la colère même, était tout aussi palpable chez le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais, qui voulait saisir les ministères de la Culture et de l’Outre Mer. Il appelait, comme plusieurs autres associations, à un « rassemblement mercredi 12 au matin, avant 10h pour réagir à l’exposition des objets et archives à la Maison de vente Chenu-Scrive-Bérard, 6, rue Marcel-Rivière, 69002 Lyon », peut-on lire sur leur site. De son côté, Afrikara expliquait dans un communiqué, que nous avons reçu ce lundi, vouloir « alerter l’opinion publique et les décideurs, Mme Taubira (députée de la Guyane, ndlr), et autres parties responsables et visibles pour obtenir l’interdiction ou au moins la suspension de la vente des archives de la traite négrière ».
Lyon. Le lieu même de la vente a suscité, pour certains, une spéculation. Pour Afrikara, le choix de cette ville n’était pas anodin : « Les villes de provinces sont plus tranquilles que la capitale, et une manifestation politique et revendicative de personnes à Lyon ne pouvait guère défrayer la chronique », indique Ze Belinga l’un des pères de l’association.
Une manifestation mettrait en péril la sauvegarde des documents Au final, des responsables associatifs ont contacté Alain Ajasse, dont le nom est cité comme contact pour ces enchères, pour protester. « L’un des interlocuteurs s’est montré très agressif et refusait d’entendre ce que je lui expliquais. J’ai fini par lui dire que ce n’était pas moi qui vendais, que je n’y étais pour rien et qu’il devait contacter le commissaire priseur », raconte l’expert.
Et de mettre en garde contre la tenue de la manifestation : « Si elle est maintenue, les enchères risquent d’être suspendues et les documents seront remis à leurs propriétaires, qui les vendront alors sur le marché parallèle ou les brûleront ». Une responsable du Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais explique que la tenue ou non de la manifestation fait l’objet de discussions au sommet, « les choses n’étant pas très claires ». Une fois les enchères terminées, si elles ont bien lieu, les archives seront visibles par le public à Bordeaux, Nantes ou encore Paris, selon l’origine des armateurs. Un choix stratégique pour éviter la surcharge des archives nationales en renvoyant les documents aux archives locales.

Histoire et société - sangonet