Centrafrique : première autopsie après la mascarade électoralale de septembre 1999

 

Les dernières élections présidentielles Centrafricaines de fin du second millénaire ont pris fin au pays depuis quelques mois et ont laissé un goût amer au sein de la population et de la diaspora Centrafricaine. Cette grande messe nationale où le peuple Centrafricain s’attendait à vivre des débats constructifs et objectifs sur les problèmes fondamentaux et profonds qui divisent le pays et qui risquent d'hypothéquer durablement les développements économique, social et culturel du pays a plutôt été transformée en une mascarade et caricature de la démocratie. "Si la démocratie est malade du mensonge dans les pays occidentaux", en Centrafrique par contre, celle-ci est totalement gangrénée, prise en otage et etouffée par les intérêts individualistes et malhonnêtes ainsi que par l’assujettissement de la politique nationale aux chancelleries étrangères dominées par le tandem France-Gabon sous la houlette des Nations Unies. Ainsi, quel que soit les jugements que l’on porte sur l’évolution sociopolitique de notre pays depuis les indépendances jusqu’aujourd’hui, quel que soit la mise de notre pays sous tutelle des Nations Unies, il n’est guère contestable qu’acteurs et observateurs de la vie politique Centrafricaine de ces dernières années savent qu’il y a une crise du régime due à plusieurs facteurs dont certains sont:
- l'incompétence du Président de la République à faire face à ses responsabilités d'homme d'État
- l'inconstance et la vilenie de certains hommes/femmes "politiques" Centrafricains qui date de la décolonisation et des 40 dernières années.
Les tâches de reconstruction nationale qui attendent les Centrafricains dans les années à venir s'annoncent ardues. Tous les domaines, de la politique en passant par le social, l'éducation/la formation, la culture, les soins de santé, pour aboutir à l'économie sont soit paralysés, désorganisés ou inadaptés. Tout est à refaire..... Il faut s'y atteler dès maintenant...
Actuellement l'État Centrafricain n'existe que de nom. Aucune initiative réaliste n'est en cours pour réorganiser les activités économiques, politiques, sociales, éducatives ainsi que la santé des citoyens. Une politique volontariste à court et moyen terme du pouvoir en place pourrait permettre de circonscrire de manière résolue notre dette publique, d'arrêter l'engrenage dans lequel nous sommes entraîner à savoir des endettements non productif (emprunter pour payer les salaires, etc...) et enfin d'assainir les finances publiques pour arrêter la déchéance économique. Les futures générations des Centrafricains vont devoir rembourser des dettes qu'elles n'ont rien à y voir du fait que ces endettements ne profitent de manière ponctuelle qu'aux éphémères hommes du pouvoir.
Ainsi, au lieu de mettre en place une structure susceptible de relancer l'économie et le travail source de reconstruction de la vie sociale et même politique de notre pays, on assiste ces derniers temps à des "disputes" qui n'apportent rien de positif dans le paysage économique et social de notre pays: La course à la mangeoire où la "majorité présidentielle" et "l'opposition", pour une fois d'accord, veulent être présents car éliminés de la course par le Président de la République et son Premier Ministre. Cette situation s'est traduite dans la composition du nouveau gouvernement qui réflète la situation exacte du pays: L'agrégat tout azimut:
- Agrégat des différentes ethnies sans chercher à mettre en place une véritable politique nationale de réconciliation et de dialogue (bouffez et ne dites rien);
- Agrégat au clan du Président de la République de certaines élites de différentes ethnies et tribus sans pour autant définir la nouvelle orientation de la société Centrafricaine et la mise en place d'un dailogue national;
- Agrégat dans le gouvernement de certaines personnalités à "convictions politiques imprécises et douteuses" par contre et probablement à objectif d'enrichissement illicite concordante...
Ces types d'agrégat réalisés sous la pression du véritable organisme dirigeant notre pays à savoir les Nations Unies ne peuvent en aucun cas résoudre les problèmes fondamentaux que font face les citoyens Centrafricains (inexistence de l'État due principalement au non paiement des salaires des fonctionnaires, des retraites et des soldes des militaires; dilapidation des maigres ressources de l'État dans les voyages du Président; insécurité totale dans la ville de Bangui et pire dans les provinces; inexistence des soins de santé qui risque de ramener l'espérance de vie du Centrafricain aux alentours de 40 ans, etc...).
Il est temps que le Président de la République sorte de sa torpeur et de la paranoïa marquées par des déclarations sur d'éventuelles "tentatives d'attentat à sa vie" (des pygmés jeteurs de sort (sic!) à la conspiration des durs du MLPC et enfin aux chefs des partis d'opposition de fomenter un coup d'état, etc... la liste est longue et devient ridicule...) pour s'occuper résolument du problème de la nation Centrafricaine.
La Constitution Centrafricaine de 1995, véritable outil bâtard et malléable à point par le Président de la République, ne permet pas à un Premier Ministre Centrafricain, même si celui-ci est compétent et a de bonnes intentions, de gouverner séreinement en menant à terme des réformes indispensables susceptibles de changer positivement la vie du Centrafricain. Cette constatation s'assombrit encore davantage lorsqu'on découvre qu'il y a un deuxième gouvernement parallèle, celui officieux des conseillers du Président, qui agit sans concertation avec le premier sur certains dossiers. Nous voici de retour dans les errements des années passées où les décisions des conseillers ou autres parents prenaient le pas sur toute initiative entreprise par Bangui.....
La situation telle qu'elle apparaît au pays demande le concours de tout le monde. Agréger les différents composants Centrafricains dans les domaines politique, économique, culturel, etc... ne permettra pas d'aboutir à une solution cohérente et efficace de développement. Il est important que chaque acteur Centrafricain agisse dans son environnement immédiat et qu'il y ait entente dynamique minimale entre tous ces principaux acteurs quant aux objectifs et choix de la nouvelle société Centrafricaine. Celle-ci devra être clairement définie et établie car, le paysage politique et social Centrafricain, après les différentes élections, ne montre pas la suprématie d'un camp politique sur l'autre. Un Centrafricain sur deux se retrouve dans l'opposition ou dans la majorité. La reconstruction de ce pays ne passe pas nécessairement par l'entrée de l'opposition (laquelle? Pas celle constituée également d'agrégat de partis politiques frustrés, par contre celle convaincue de la nécessité d'un changement) dans le gouvernement MLPC (contrairement à ce que veut nous faire croire les Nations Unies; dans quel but? La fameuse théorie de Jacques Chirac: "Les Africains ne sont pas assez mûrs pour la démocratie et le multipartisme"), mais plutôt par un véritable jeu démocratique permettant à la moitié des fils du pays, d'apporter leur contribution par des critiques objectives et constructives qui devraient être prises en compte par le parti au pouvoir pour le bien être de tous. Le MLPC a utilisé tous les moyens pour maintenir son candidat à la Présidence de la République. Il doit maintenant à la suite des analyses objectives et non partisanes de la situation catastrophique du pays se mettre au travail avec ses "alliés" de la majorité présidentielle et proposer au peuple Centrafricain une nouvelle alternative pour la sauvegarde de la nation. Il y a donc nécessité de tout mettre en oeuvre pour développer une nouvelle manière de travailler qui consisterait dans le respect des institutions (chaque camp politique doit respecter l'autre; le dialogue parlementaire et social doit servir de lien constructif entre ces différentes entités qui doivent s'ouvrir sur les idées), aussi bien au niveau du Président de la République, que de tous les principaux acteurs politiques, sociaux, économiques et culturels.
Le pays gagnerait en maturité et en responsabilité en acceptant un dialogue franc, honnête et sincère avec tous ses composants que de jouer à l'absurde, à l'entêtement, à la force et à la division, solutions simples et machiavéliques pouvant déboucher sur tout type de conflit dont les conséquences ne peuvent qu'être desastreuses pour toute la nation.

Narcisse Komas

PS: Mon absence quelques temps sur le forum était due à un surplus de boulots. Je me suis rendu compte que j'ai plus d'un milliers de mails qui m'attendent dans ma boîte.... J'essaierai dans la mesure du possible d'être assez présent sur le forum ces jours-ci pour éviter cette accumulation.

(24 novembre 1999)


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