QUE CHAQUE FEMME SE LEVE, QUE CHAQUE HOMME SE LEVE ET LA REPUBLIQUE Centrafricaine SE RELEVERA

 

Depuis plusieurs décennies, le peuple Centrafricain, confronté à d'innombrables difficultés, tente de s'organiser et de résister. Il se bat souvent avec courage, pour mettre un terme à son calvaire, pour sortir du couloir de la mort dans lequel tant de forces hostiles, intérieures et extérieures, l'ont enfoncé. Malheureusement, au vu des maigres résultats, il faut bien constater que tout, absolument tout, reste à faire. Chaque avancée décisive se transforme en un autre calvaire plus redoutable encore. Tel Sisyphe, le peuple Centrafricain reste coincé au fond du gouffre, condamné à remonter inlassablement l'impitoyable rocher qui, toujours, menace de l'écraser.

Si tant de courage, d'espoir, de patience, de sacrifice et de détermination de ce peuple n'ont produit aucun résultat ou presque, c'est qu'il existe des déficits et des lacunes: Ou bien les objectifs pour lesquels il se bat restent flous, ou bien les voies et moyens choisis ne sont pas ceux qui conduisent à la victoire; ou bien celles et ceux qui ont librement choisi la redoutable mission d'être des leaders et qui ont vocation à organiser, diriger, et orienter le combat du peuple dans le bon sens n'ont ni le profil ni la compétence suffisante pour d'aussi graves responsabilités. Il est vraisemblable que ces trois causes aient joué toutes et à la fois dans cette affreuse accumulation d'échecs.

C'est sans doute à ces causes premières qu'il convient de s'attaquer.

Mon appel du 08 décembre 1997 allait dans cette direction. C'est la raison pour laquelle j'estime bon dans un premier temps d'en faire connaître les contours et d'en vérifier la justesse et l'opportunité, dans un deuxième temps, de voir si dans les circonstances nouvelles d'après le coup d'Etat manqué du 28 mai 2001, cet appel vaut encore son pesant.

 

I. Contours, justesse, opportunité ET ACTUALITE de l'APPEL du 08 décembre 1997

 

Le 08 décembre 1997, j'ai lancé un appel à destination des compatriotes où qu'ils se trouvent :

Il s'agissait par cet appel de rassurer ces compatriotes sur la solidité et la justesse de leur position et leur dire qu'ils ont effectivement en eux-mêmes les ressorts nécessaires pour servir de leviers à une résistance populaire contre la coalition des forces du mal internes et externes qui ont précipité la RCA dans un gouffre.

Il s'agissait aussi par cet appel de relever à l'attention de ces compatriotes déjà moralement armés que s'ils réunissent toutes les conditions subjectives pour mener la lutte qui doit sortir la RCA du gouffre, leur échec au bout du compte est certain, aussi longtemps qu'ils n'auront pas tous compris d'emblée:

  1. Que la lutte pour sortir la RCA du gouffre est une lutte fondamentalement politique c'est-à-dire une lutte qui nécessite une réflexion puissante, dense, totale et fine avant, pendant, et après la sortie du gouffre.
  2. Que la nature politique de cette lutte invite à poser d'office le problème de son organisation, d'une part, en terme impératif de masse c'est-à-dire d'un grand rassemblement de femmes et d'hommes, d'autre part, en terme de professionnalisme, de compétences politiques et techniques cumulativement de celles et ceux qui s'avisent à prétendre aux fonctions exigeantes de meneurs d'hommes.

Il s'agissait encore par cet appel du 08 décembre 1997 d'annoncer de manière solennelle l'inévitable échec cuisant de la gestion de Monsieur PATASSE. Car, s'il a été élu en septembre 1993, ce n'était pas parce qu'il a séduit le peuple par une batterie de propositions de sortie de la pauvreté. Le MLPC n'était pas capable, en 1993, d'une telle prouesse. Et cela, Monsieur PATASSE le savait. Il savait qu'en près de 15 ans d'existence tumultueuse, le MLPC n'a jamais pu se donner les moyens de ses ambitions de ''libérateur du peuple Centrafricain'', et n'a jamais réussi à se hisser résolument à la hauteur exigeante d'un PARTI DE GOUVERNEMENT avec d'excellents cadres, politiquement conscients et techniquement compétents, actifs et en réserve, capables d'offrir à la République une équipe cohérente et performante de gestionnaires d'un Etat au service du peuple.

On ne construit pas, en effet, avec des militants prosélytes, sans autres armes que leur ''foi révolutionnaire'', en apprentissage laborieux de la lutte politique clandestine quand de surcroît, ils ont essaimé dans différents pays d'Afrique et d'Europe et se sont retrouvés orphelins d'un Chef lui-même en exil, sans réelles possibilités matérielles et financières d'organiser à distance les convergences de vue de ses partisans dispersés, sur la transformation en profondeur de la RCA meurtrie et à genoux.

En tout cas, si en 1993, Monsieur PATASSE et le MLPC sont sortis vainqueurs des élections groupées, c'était tout simplement parce que l'état de décomposition très avancée du régime en place était tel que n'importe quel démagogue assez retors pouvait se baisser et ramasser le pouvoir qui était par terre.

Et s'il est arrivé au MLPC et à Monsieur PATASSE d'évoquer pendant la campagne électorale le devenir économique et social du peuple, c'était par habilité tactique pour mobiliser les larges masses populaires réputées faiseuses des Présidents de la République. Sans plus! Leur discours social et économique sera donc distillé dans le grand public grâce à une artillerie psychologique sur mesure fonctionnant à base des idées très simples, très décomposées, élémentaires mais ayant une influence très forte sur les larges masses populaires rendues très réceptives et très vulnérables par le très haut degré de la pauvreté.

C'est donc dire qu'en 1993 effectivement, le peuple n'a pas été séduit par une batterie de propositions de sortie de la crise générale qui le laminait. Il a été tout simplement pris au piège de la promesse de la suppression de l'impôt de capitation dont le paiement lui était exigé sans ménagement par le pouvoir en place, insensible au dénuement atroce des masses populaires assujetties à ce type d'impôt. Monsieur PATASSE et le MLPC feront de cette suppression d'impôt leur argument massu, pour opérer un véritable viol des foules poussées par une propagande de masse à un niveau d'exaltation tel qu'elles ont été incapables de dire: " Et après la suppression des impôts, comment sera réglé le problème vital de sortie de la pauvreté qui les tient dans l'asservissement???"

Et me revoilà ramené à l'éternelle et angoissante question du QUE FAIRE contre une rechute annoncée du peuple tout entier à la lumière notamment de quatre événements révélateurs d'un viol psychique collectif diffus que l'on peut imputer sans risque de se tromper à la permanente violence de la tyrannie des structures économiques d'une part, d'autre part, à l'ignorance largement partagée à tous les niveaux de la société très faiblement au fait de la nécessité impérieuse de débrouiller la politique pour la rendre toujours lisible et éviter de donner dans l'opportunisme, voire dans le déviationnisme. Autres formes de violence psychique. En effet:

  1. Dès le lendemain des élections présidentielles de 1993, celles et ceux des leaders qui devaient faire obstacle pour l'avenir à la récidive dans l'exploitation honteuse de l'ignorance de 9/10 électrices et électeurs ont déserté de manière organisée le front de la lutte pour la démocratie et ont offert leurs services à Monsieur PATASSE sans condition, sans préalable, et toujours de manière organisée. Tout cela, déclarait-on au nom de 'l'union sacrée contre la pauvreté'.
  2. Ces leaders ne réalisaient pas que leurs comportements aux ''allures patriotiques'' étaient en réalité surdéterminées par la pauvreté devenue un mal tentaculaire qui a gangrené malicieusement leur mental, a envoûté imperceptiblement leur esprit et les a conduits en douceur à un état d'incapacité de discernement; à tel point qu'ils n'ont pas pu se rendre compte de cette évidence qui veut que seuls les contradictions , les affrontements d'idées nourrissent le nécessaire dialogue qui accouche des solutions à la pauvreté tandis que l'unanimisme ankylose le cerveau et fait le nid de la pauvreté.

  3. Sept ans après l'accession de Monsieur PATASSE au pouvoir, la pauvreté des populations, toutes catégories sociales confondues, s'est aggravée avec à la clé trois mutineries à répétition portées toutes par les éternelles et coriaces difficultés relevant pour l'essentiel du front social; toutes choses qui ont été les causes décisives de la chute de l'ancien régime en même temps qu'elles ont fait le lit du pouvoir entrant de Monsieur PATASSE.
  4. Jouant à fond sur la forte disposition des populations désemparées à se confier entièrement à Dieu pour qu'Il trouve les solutions à leurs difficultés économiques et sociales, Monsieur PATASSE s'est coulé 'malicieusement' dans ce moule de la religiosité ambiante pour donner dans la mystification récupératrice et se présenter à ces populations comme un envoyé, le fils de la lumière. Conscient par ailleurs, d'une part, qu'un peuple qui confie volontiers la résolution de l'ensemble de ses difficultés à un tiers, par besoin de suivre un Meneur, devient inhibé et adopte une posture d'attente; d'autre part, qu'un peuple analphabète et sous-politisé, qui se donne par la force des choses des représentants perd presque tout de sa liberté et de sa souveraineté et s'expose à l'imposture, Monsieur PATASSE n'a eu aucun scrupule pour s'abîmer dans l'imposture et la rouerie. Par une ''auto-illusion'' historique, il n'a pas hésité, en effet, à se prendre pour l'homme attendu, le fils de la lumière... ''MBI GA AWE''.
  5. Du coup, Monsieur PATASSE s'est mis dans la tête qu'il est en mission depuis 1993, une mission dont lui seul a la maîtrise de la durée; celle fixée par la Constitution (douze ans maximum) n'étant bien évidemment qu'une simple indication de principe tant que la mission pour laquelle son père: la lumière l'a envoyée n'est pas terminée. On devine la suite macabre si la lumière s'identifie à Lucifer.

  6. En sept ans (1990-1997), l'ensemble des forces organisées en partis politiques ou en syndicats s'est laissé coincer et piéger par le mythe enjôleur du pluralisme politique et syndical intégral.

En effet, si les leaders politiques et syndicaux ont à juste titre considéré le pluralisme politique et syndical intégral comme la traduction achevée de la liberté de pensée et d'action qui est une exigence démocratique fondamentale, il était difficile de suivre leur cheminement théorique par rapport :

D'une part, à l'impératif de la réalisation démocratique de l'alternance au pouvoir; événement qui se pose politiquement en terme de grand rassemblement, de grand nombre, un critère totalement à l'antipode du pluralisme intégral intrinsèquement atomisant, fixiste et bloquant; valable sous d'autres cieux et dans des conditions de relative prospérité économique et sociale où la dispersion voire la débauche des énergies est collectivement supportable.

D'autre part, à la résolution la plus heureuse possible du duel essentiel qui oppose deux camps, deux intérêts antagoniques sur le champ des rapports de production des économies de marché où les négociations fructueuses entre partenaires sociaux sont rigoureusement fonction du rapport des forces, notamment, du poids des syndicats, poids qui se mesure en nombre et en qualité de militants syndicalistes.

D'une troisième part, à la force des précédents des luttes politico-syndicales des années 1990 à 1993 avec: le CCCCN, la CFD, l'UFAC, l'UFAP, le G11, le CODEPO et j'en passe.

En 1997 (date de mon appel) en effet, les partis politiques donnaient la triste impression d'avoir perdu jusqu'à la mémoire du contexte de leur douloureuse apparition ou réapparition ( MLPC, FPO/PT) sur la scène politique avec un droit de cité à la clé. Mais surtout, ils ont oublié que c'est en rang serré qu'ils ont guerroyé et que, s'ils sont sortis vainqueurs de l'affrontement avec le pouvoir RDC, c'était forcément et nécessairement parce qu'ils avaient adopté la juste et incontournable stratégie unitaire élargie à l'ensemble des forces vives de mai 1990 jusqu'aux élections groupées ( législatives et présidentielles ) de 1993.

Cette expérience de la dynamique unitaire de circonstance pourtant grosse de virtualités positives aurait dû pousser les partis politiques à chercher à en comprendre les motivations profondes pour se convaincre de sa fonction de levier inestimable qu'il fallait à tout prix maintenir dans la durée. Au lieu de cela, les partis politiques ont choisi de faire, chacun, cavalier seul et de mijoter chacun dans son jus. Sans se douter le moins du monde que leur lutte désespérément solitaire était en soi une caution objective à la restauration silencieuse mais décidée de la dictature de la pensée unique et à la consolidation de l'obscurantisme, ce mal terrible qui constitue un obstacle énorme à toute entreprise tendant à conférer aux masses populaires la faculté critique susceptible de les mettre en garde contre les risques de manipulation.

Ces quatre événements visés étaient effectivement annonciateurs de l'inaptitude collective prochaine des forces sociales à s'autodéfendre victorieusement contre la pire violence psychologique et physique d'une plus grande ampleur, celle organisée par l'Etat inquiet... le terrorisme d'Etat.

Il se trouve que depuis la fin des trois tragiques mutineries qui ont déréglé et fragilisé le système PATASSE, le doute s'est installé au sommet de l'Etat terriblement ébranlé par cette série noire. Ces trois mutineries étaient pourtant prévisibles pour peu que l'on soit averti de la chose politique. En effet, les trois mutineries n'étaient à la vérité que les effets terrifiants et macabres des mêmes causes qui ont poussé Monsieur KOLINGBA à la sortie en septembre 1993 et qui ont facilité l'arrivée de Monsieur PATASSE au pouvoir. Ces causes, on les connaît. Ce sont : la faim, la maladie, les impayés des salaires, bourses et pensions de retraite, les années blanches, les hôpitaux transformés en mouroirs ,... Or les mêmes causes placées dans les mêmes conditions produisent les mêmes effets.

Il sera constaté qu'élu démocratiquement en 1993, Monsieur PATASSE a vite fait d'oublier qu'il a été choisi pour résoudre en priorité les problèmes socioéconomiques qui ont scié le pouvoir KOLINGBA écarté dès le premier tour. La préoccupation fondamentale de Monsieur PATASSE a été, dès son élection, à l'antipode de cette priorité vitale pour les populations. Pour Monsieur PATASSE, en effet, la priorité était de fournir une réponse militaire à la hantise tenace et morbide d'un coup d'Etat possible de Monsieur KOLINGBA, qui ruminerait toujours sa défaite de 1993 et l'affront du coup d'Etat manqué de 1982 contre son régime, coup d'Etat dont à tort ou à raison Monsieur PATASSE était déclaré présumé coupable ou à tout le moins complice très actif.

Dans un tel climat de frilosité, de méfiance réductrice, de peur panique et de passion incontrôlée, la tendance sera à la militarisation du régime par un armement à outrance des 'partisans' et la transformation tendancielle de l'Etat en Etat policier. Il fallait coûte que coûte se préparer systématiquement à opposer une riposte militaire appropriée au possible sinon probable coup d'Etat en retour de Monsieur KOLINGBA. S'étant englué dans cette logique du 'complot permanent' de Monsieur KOLINGBA, Monsieur PATASSE a élargi le champ de la répression. Il a décidé de fermer la discussion et d'exclure tout débat public contradictoire dans les meetings, à la Radiotélévision et partout ailleurs, effrayé qu'il était par ces occasions qui pourraient être autant de prétextes constitutionnels aussi bien à la remise en question de sa toute puissante autorité absolue qu'à la création en toute légalité des conditions politiques et sociales intérieures pouvant objectivement servir d'excellents terreaux pour le fantasmatique coup d'Etat de Monsieur KOLINGBA, supposé en embuscade permanente.

Naturellement, comme en politique, toute décision est toujours un choix, Monsieur PATASSE a choisi de sacrifier le social en passant volontairement et délibérément à côté de ce véritable problème de fond qui a toujours constitué l'enjeu central de toutes les élections présidentielles depuis 1993. Tout s'est passé, en effet, depuis 1993 et avec plus d'ampleur depuis les trois mutineries des militaires comme si les sacrifices des forces vives ne devaient être rien d'autre que le coût du maintien du Chef de l'Etat au pouvoir. Naturellement, cette attitude n'était pas conforme à l'attente des masses populaires. Car même si la défense de la légalité constitutionnelle concourt à la stabilité des institutions voulues par le peuple, cette règle perd tout de sa légitimité lorsque le peuple est contraint, au nom de la défense de la légalité constitutionnelle , de subir les dérives et autres déviations, les sévices et autres excès de l'''élu démocratiquement''. Penser le contraire et le soutenir conduit à relativiser dangereusement la Souveraineté du peuple et à ouvrir largement la voie à la paradoxale résignation du Souverain par le fait de son serviteur. Cela est d'autant plus vrai que l'on est dans un pays comme la RCA où les possibilités légales de la destitution du Président de la République ne sont exploitables qu'après un long et titanesque travail de mobilisation des forces vives pour un soulèvement populaire constitutionnel... Le temps du pourrissement de la situation et d'atteindre le niveau critique de la souffrance du peuple !!! La montée en puissance des forces du mal qui ont étendu une chape de plomb sur le pays et ankylosé durablement les cerveaux des populations rendues inaptes aux réflexions critiques, ferme effectivement aujourd'hui toutes les possibilités d'exploitation par le peuple, ici et maintenant, de son droit à l'insurrection contre la dictature sous toutes ses formes. En attendant, le mal est là. Le peuple est bel et bien bâillonné, souffreteux, groggy, violé.

C'est pourquoi, la question pressante, aujourd'hui, la seule vraie question est celle du " QUE FAIRE face à ce dilemme atroce où tous les Démocrates et tous les Républicains du monde sont enfermés. " A savoir :

Ou bien

Quoi qu'il en soit cette interrogation cruciale et troublante à la fois doit se résoudre au profit du Peuple et de la Démocratie contre TOUT ce qui constitue un DANGER MORTEL pour le PEUPLE et la DEMOCRATIE. Cette conclusion nous renvoie en plein dans l'actualité de l'appel du 08 décembre 1997 qui, en dernière analyse, était une exaltation à la résistance populaire contre le militarisme à tous crins du régime, et contre sa politique économique et sociale avilissante; résistance populaire qui doit conduire à l'alternance dans la transparence, à la seule condition de rendre les électrices et les électeurs majeurs par une propagande de masse axée sur l'éducation populaire devenue une exigence prioritaire à la lumière du vécu quotidien des populations d'aujourd'hui et de l'endoscopie des régimes successifs qu'a connus la RCA de 1960 à 1993; une endoscopie qui révèlera effectivement l'infantilisation programmée du peuple depuis belle lurette justifiant un paternalisme condescendant destiné à maintenir durablement ce peuple à l'état de mineur mental non pathologique, essentiellement corvéable et taillable.

 

II. Endoscopie des régimes successifs de la RCA de 1960 à 1993

 

La politique s'organise et évolue sur des données concrètes. Elle doit donc être abordée froidement et sans passion, cette mauvaise conseillère, véritable nœud de pulsion qui détruit au lieu de la raison qui construit.

Depuis plus de 40 ans d'indépendance juridique et le retrait consécutif des gros commerçants Portugais, Espagnols, Grecs qui donnaient une certaine vie 'aux affaires', la RCA a amorcé une chute lente mais continue au fond du gouffre. Le désengagement relatif de la France Impériale à la fin de la 3ème République où il a été décidé que chaque territoire colonisé finance son budget avec ses propres moyens pour éviter, disait Edouard HERRIOT, que la France devienne 'la colonie de ses colonies', avait déjà sonné le tocsin  pour annoncer la catastrophe économique et financière inévitable d'un pays où, après cent ans de colonisation directe, non seulement les habitants n'avaient aucune culture des affaires, aucune culture d'entreprise, aucun réflexe capitaliste pour réaliser à terme cette fameuse 'accumulation primitive' de capitaux qui aide au développement viable et durable mais encore ils ( habitants ) étaient désespérément dépourvus des cadres techniques et professionnels compétents. Et comble de malheur, il manquait à ces habitants ce qui les aurait aidés à remplir le vide: 'l'accumulation immatérielle' primitive incarnée notamment par les intellectuels partisans, cette race de femmes et d'hommes capables de bâtir par la pensée un monde dont ils accompagnent par des critiques constructives, la transformation dans le réel par les Hommes politiques également partisans.

Après plus de 40 ans, il reste toujours quelque chose de ce 'lachage' par la France de la RCA, surprise par une évolution dont elle n'a eu ni le temps, ni les moyens d'en avoir la pleine maîtrise ; même si l'événement était souhaité voire réclamé mais néanmoins redouté, s'il devait se produire trop tôt. Ce fut le cas ce 13 août 1960. On ne s'étonnera donc pas de voir que tous les changements à la tête de l'Etat n'ont jamais été que des changements d'homme et non de système. Tout s'est fait dans la trajectoire continuité de l'économie de traite. Sans le peuple ou dans l'indifférence du peuple et toujours contre le peuple.

  1. 1960-1965: David DACKO UN PRESIDENT pionnier aux pieds nus et aux mains vides, exploitant d'un terrain occupé et balisé
  2. En 1960, Monsieur David DACKO, l'héritier universel de Monsieur l'Abbé BOGANDA, ne sera pas un Président élu au suffrage universel, où le peuple décide en souverain absolu, jaloux de ses droits régaliens intangibles et sacrés. Il sera élu au suffrage étriqué des Députés. Bénéficiant d'une légitimité au second degré dans un pays sans cadres techniques et professionnels en nombre et en qualité nécessaires, sans penseurs de talent en grand nombre pour nourrir des réflexions contradictoires d'où auraient pu naître l'énergie politique et une orientation dynamique nécessaires à la survie de la République en panne, Monsieur DACKO qui devait s'attaquer de plein fouet à un travail gigantesque de construction d'une Nation à partir de rien ou presque rien sera un Président bridé. Il ne naviguera, en effet, qu'au gré du lobby très puissant de la Chambre de Commerce et de l'Agriculture sous le contrôle absolu des planteurs et des négociants Français, Portugais, Grecs, Espagnols, etc. en position de monopole. L'absence d'onction populaire qui justifie et légitime les luttes anti-monopoles pour plus de justice avec plus d'Etat dans le jeu économique aura fait de Monsieur DACKO un Président aux pieds nus, aux mains liées exploitant un terrain occupé et balisé. Au grand désespoir du peuple qui, comble de malheur, était constitutionnellement interdit de se mêler de ce qui le regarde.

    Sans moyens humains performants dans tous les secteurs de l'activité nationale, Monsieur David DACKO n'a pas pu se construire une vision globale, bien charpentée de la République qu'il devait bâtir. Il n'a pas pu inventer un projet de société sécrété par les compétences requises, ayant, d'une part, une parfaite connaissance du sol concret, de tout le sol concret, le dessus et le dessous avec toutes leurs potentialités; ayant, d'autre part, constamment à l'esprit, l'inévitable lutte d'intérêts entre cette fameuse Chambre de Commerce et de l'Agriculture, ce lobby du secteur privé attaché à ses privilèges, et l'Etat qui doit se battre contre tous les privilèges au profit du plus grand nombre.

    Acculé à une telle situation de blocage structurel insurmontable à court et moyen terme, Monsieur David DACKO n'avait rien qui le détermine à assumer volontiers, en ce moment-là, le risque de rupture avec la trajectoire continuité articulée autour de deux piliers :

    1. Une économie de traite essentiellement extravertie et fondamentalement basée sur l'exploitation du travail humain largement disponible et d'un coût ridicule, conforme à la loi de l'offre et de la demande.
    2. L'obscurantisme comme soutien décisif au système colonial d'exploitation hostile par nature et par vocation, à une culture, une éducation populaire qui ouvre les yeux aux masses populaires et les rend aptes à s'opposer de toutes leurs forces à toute entreprise contraire à leurs intérêts immédiats et vitaux : (des pratiques de salaires injustes, de spéculation sur le chômage comme volant d'une économie de rente, de vils prix des matières premières, coton, café, etc.). Au nom du réalisme politique, Monsieur David DACKO s'en tiendra au rôle de gestionnaire résigné d'une politique que la raison du terrain concret commande. Il sera réduit en GARDIEN DU TEMPLE des maîtres de cette économie de traite qui se nourrit de l'obscurantisme des masses. Peut-être Monsieur David DACKO a-t-il été réduit à ce statut de ''vigile'', la mort dans l'âme; ou peut-être a-t-il été tout simplement victime de la cynique voie du viol psychique et a accepté par surprise ce statut. Car Monsieur David DACKO était tout de même l'héritier universel de BOGANDA, cet Homme d'Etat de très grande envergure, devenu une incontestable figure emblématique par son patriotisme total, militant, sans recul, par ses convictions démocratiques et républicaines exercées aux pires épreuves que le système de développement colonial pouvait lui faire subir, en réponse notamment à ses diatribes gros de germes de révolte populaire contre les excès et travers déshumanisants de ce système. Monsieur David DACKO qui avait accepté l'héritage politique sans bénéfice d'inventaire, aurait pu en effet assumer totalement et pleinement en toute responsabilité sa qualité de ''continuateur'' de BOGANDA singulièrement dans la recherche d'une plus grande maîtrise de l'exploitation agropastorale comme un prolongement naturel de l'expérience des coopératives des éleveurs et planteurs nationaux, objectifs déclarés de la société des coopératives de la LESSE (SOCOLE). Hélas, il n'avait pas le charisme de BOGANDA, ni le produit de substitution : le volontarisme appuyé sur des compétences de service. L'échec de la Jeunesse Pionnière Nationale (JPN), sa grande et unique invention, tient à ce double handicap. Car, l'économie ''subversive'' et 'révolutionnaire' au profit de la paysannerie a ses lois et ne s'improvise pas. Elle est et ne sera jamais en effet que l'affaire des professionnels patriotes engagés dans une lutte planifiée, longue et menée avec détermination, Toute chose qui n'était pas possible entre 1960 et 1965. Monsieur David DACKO se débattra donc avec les moyens de bord pour gérer la pénurie jusqu'au coup de boutoir que lui donnera dans la nuit de la Saint Sylvestre (31 décembre 1965 au 1er janvier 1966) Monsieur BOKASSA sorti droit du camp KASSAÏ pour arracher le pouvoir et imposer l'ordre militaire. Toujours et encore sans le peuple et contre le peuple sans projet de Société ni de Programme de Gouvernement en main.

  3. 1966-1979 : BOKASSA ''KOUZOU'', UN ACCIDENT DE L'HISTOIRE
  4. La politique, la vraie, celle des gens responsables, des gens raisonnables, éduqués, qui ont mal aux autres, qui sont pour la paix du cœur et du corps dans un monde de liberté dans le progrès, cette politique-là ne s'accommode pas de l'à peu près, des approximations, de l'amateurisme, des improvisions, d'illisibilité.

    Or, lorsque Monsieur BOKASSA a pris le pouvoir en janvier 1966, à la hussarde, il était venu en Amateur, un peu au hasard des circonstances, notamment à la faveur de l'essoufflement du régime DACKO très éprouvé par la grogne des Agents de l'Etat qui supportaient très mal l'abattement de 10% de leurs salaires au titre soit-disant de contribution obligatoire à l'effort d'un développement économique que tous ces Agents de l'Etat savaient d'office impossible sans la participation enthousiaste de l'ensemble des couches sociales, volontaires pour le progrès par et dans le sacrifice, et sans une rupture planifiée avec l'économie de traite, cette pieuvre aux tentacules assassins.

    Il n'était donc pas venu en Novateur partisan décidé d'un changement en profondeur que le peuple veut et attend depuis l'indépendance, ce fameux événement qui ouvrait la porte à tous les espoirs le 13 Août 1960. BOKASSA n'était pas capable d'une telle ambition et n'en avait pas la volonté politique. Même, aurait-il eu cette ambition et la volonté politique de la traduire dans la réalité qu'il ne pouvait pas. Il est politiquement vrai en effet que l'on ne s'attaque pas victorieusement à un système verrouillé de plus de 100 ans d'âge et d'enracinement, sans la participation enthousiaste et démocratique de l'ensemble des forces sociales, amenées par une culture populaire, à réaliser la justesse de l'enjeu.

    Résultat, de 1966 à 1979, date de sa destitution, Monsieur BOKASSA gouvernera dans l'empirisme total et le tâtonnement déroutant en composant dans une complicité active avec l'incontournable économie de traite et l'obscurantisme des masses rurales.

    La dictature militaire qu'il imposera sera tout simplement une pièce en renfort de la dictature du MESAN auquel hélas ! le régime déchu a fait tout perdre de sa nature et de sa vocation démocratique pour le ravaler depuis 1963 au rang des partis uniques (programmés de très loin, depuis l'extérieur) avec la vile mission d'aligner sans conditions ni réserves, les pensées et les opinions à l'intérieur du territoire, sur la pensée et l'opinion des seuls responsables aux commandes de l'Etat. Il s'agissait en définitive d'en arriver à ces deux dictatures pour les articuler dans la perspective très précise de garantir la longévité du 'statu quo' au profit de Monsieur BOKASSA, en personne et aussi et surtout au profit de Monsieur BOKASA en tant que ''Relais'' des dynamiteurs extérieurs de la RCA. Il fallait en effet par cette combinaison diabolique bloquer durablement les frottements et les affrontements publics des idées ; ces exercices intellectuels qui sont des redoutables et excellents catalyseurs des forces novatrices, déstabilisatrices d'un système interne économiquement, politiquement et idéologiquement intégré dans un autre beaucoup plus vaste, celui des blocs d'influences de la période de la fameuse guerre froide à l'échelle mondiale.

    Le dé était donc pipé au point que les comportements anticonformistes et déviants de Monsieur BOKASSA menaçant de battre monnaie et de transformer fondamentalement l'agriculture par l'introduction de nouvelles techniques de production participaient de la gesticulation pour qui veut ouvrir les yeux et voir. Gesticulation parce que la faiblesse structurelle de l'économie de traite scotchée à la logique froide de la production sur commande (c'est-à-dire en clair la production dans des limites fermes des besoins également limités des entreprises demanderesses de l'extérieur notamment) rend impossible la création d'une monnaie crédible. Gesticulation encore du fait de l'absence très remarquée d'industries industrialisantes nationales capables de fabriquer le support en marchandises variées de bonne qualité offertes en abondance sur le marché intérieur et extérieur et effectivement vendues. Gesticulation aussi, à cause de l'inexistence de cette incontournable croyance populaire dans la nécessité de l'instrumentalisation de la monnaie pour restaurer la dignité et la fierté centrafricaine. Gesticulation enfin à cause d'un environnement immédiat acquis à une monnaie régionale pour rendre compte du caractère larvaire des entreprises de production dans ces Etats de la région et rendre compte des risques de bouleversement inopportun d'un système qui tourne.

    Et puis, s'agissant de la transformation qualitative des techniques de production dans le secteur agricole, on peut admettre que, si le projet était réalisable, le vrai problème était celui de la capacité de couverture de l'opération. Devait-elle conduire droit à une subversion des structures au profit de tous les paysans avec à la clef une plus grande productivité, un meilleur rendement et peut-être moins de fatigue? Monsieur BOKASSA ne pouvait pas s'enfermer dans ce schéma aux allures généreuses, marquées d'un léger parfum de populisme ringard. En tout cas, on tomberait à côté si l'on soupçonnait Monsieur BOKASSA d'un certain ''bonapartisme''. S'il a pris le pouvoir sans le peuple et n'a eu cure d'une légitimation après coup de son forfait, il était, en effet, loin de chercher le bonheur du peuple et de la RCA. C'est dire que l'idée qu'il avait de la transformation du secteur agricole par une nouvelle technique de production se ramenait à la création des structures fonctionnant dans le style des colonies intérieures où les populations des localités ciblées seraient embrigadées dans la culture intensive de coton, ce produit alors très coté sur le marché international qui devait lui rapporter l'argent de son trône d'Empereur. Cet homme qui voulait du peuple pour s'en servir n'a pas pu envisager un seul instant de donner le meilleur de lui-même pour bâtir un grand pays agricole conforme à une vision globale qu'il aurait et qui tendrait à conduire progressivement les masses rurales à une prise de conscience collective de leur vocation naturelle à devenir les acteurs avertis et actifs de leur propre histoire.

    En effet, Monsieur BOKASSA n'a pas pu imposer une double dictature politique et militaire sur le peuple pour affranchir le peuple.

    Le drame dans cette aventure contre le peuple c'est que, ni avant ni depuis l'indépendance juridique de la RCA, la question fondamentale de la compétence politique avérée comme condition irréductible de l'accès à l'exercice du pouvoir de l'Etat n'a jamais agité les esprits pour faire barrage aux imposteurs alors que pourtant l'Ecole de l'Histoire enseigne que " les gens de bon sens savent que la suggestion selon laquelle chaque ouvrier peut administrer l'Etat est un conte de fée". Pris en l'état en effet, l'ouvrier manque cruellement de savoir-faire politique et d'outils théoriques de réflexion à la hauteur des exigences du pouvoir de l'Etat. Peut-être faut-il rechercher l'explication de cette conception réductrice de la fonction du chef de l'Etat dans l'absence très remarquée d'une couche organique d'intellectuels professionnels des réflexions politiques avec au centre le peuple. Ce peuple dont la voix est la voix de Dieu. Ce peuple qui, seul, donne le pouvoir et en reste le dépositaire suprême. Peut-être faut-il rechercher aussi l'explication de cette conception rétrograde de la fonction du chef de l'Etat dans la stratégie de '' l'alignement à tout prix de la RCA'' derrière le fameux bloc anticommuniste de la période de la guerre froide pour l'hégémonie mondiale disputée entre l'Union Soviétique et les Etats-Unis appuyés par l'Europe. Il est possible que ces deux explications se complètent et soient les bonnes.

    Comme on le voit, deux régimes successifs de dictature ont fait tomber le peuple de son trône et l'on réduit en Souverain nu, dépersonnalisé, suggestible à souhait, aboulique et transformé en automate aux ordres des chefs d'Etat. Relais des forces extérieures.

    La chute de Monsieur BOKASSA en 1979 et le retour très controversé de Monsieur DACKO au pouvoir ne changera rien au sort dégradant du peuple dont pourtant l'aile marchante incarnée par la jeunesse estudiantine notamment avait rendu évidente la forte attente d'un bol d'air. En vérité, les dynamiteurs du pouvoir de BOKASSA venus droit de la très Officielle France pour installer DACKO savaient qu'ils transportaient dans leur fourgon blindé, un chef d'Etat psychologiquement diminué, conscient de son incapacité politico-militaire de sauver un peuple sans le peuple. Car le salut du peuple, quelle qu'en soit la forme, est EXCLUSIVEMENT l'affaire du peuple lui-même. En effet, ni Dieu, ni César, ni Tribun n'a jamais fait le bonheur du peuple sans lui. Sinon, le peuple ne fera que Changer de MAITRE au lieu d'avoir un SERVITEUR aux ordres. Mais l'essentiel pour l'époque était qu'il fallait faire quelque chose pour le peuple au bout du rouleau, mais sans lui ouvrir la main, au risque de le transformer en de redoutable bombe contre l'asservissement et la paupérisation utilitaires. Ainsi donc, le jeu de l'alternance au pouvoir restera comme une spécialité de quelques initiés nationaux et non-nationaux opérant dans le plus grand secret tandis que le peuple restera bâillonné et condamné à subir stoïquement, les dents et les poings serrés, les pires souffrances des Souverains déchus.

    C'est dans cette même logique de la mise à l'écart systématique du peuple chaque fois qu'il se pose la question clef de l'alternance politique que Monsieur David DACKO n'aura aucun scrupule à passer la main à Monsieur KOLINGBA le 1er septembre 1981 toujours dans le secret des initiés. Alors que constitutionnellement il avait la possibilité de démissionner pour laisser le peuple décider en Souverain du choix de son Représentant. Mais, il fallait paraît-il, normaliser le pays terriblement secoué par des troubles interminables sur les fronts social et politique, troubles soutenus par des velléités très nettes de subversion imputable à tort ou à raison au MLPC et à l'incontrôlable Monsieur PATASSE, son candidat malheureux aux élections présidentielles remportées ,il est vrai, dans un mouchoir de poche par Monsieur David DACKO.

  5. 1981-1993 : KOLINGBA, le militaire en mission commandée

Face à cette très forte tendance au ''substitutisme'' teinté d'un paternalisme désuet, on serait tenté d'emboîter le pas et de caresser cette idée surréaliste que Monsieur KOLINGBA, militaire professionnel de son Etat, nommé ''ès qualité'' comme Chef de l'Etat pour rétablir l'ordre par tous les moyens pouvait, après la ''reprise en main'' du pays se transformer en Bâtisseur de la Nation en s'appuyant résolument sur le peuple enfin réhabilité. On ramerait véritablement à contre-courant, en dangereux vendeur d'illusions suicidaires si l'on se laissait bassiner par l'idée d'une possible volonté de Monsieur KOLINGBA d'expérimenter un bonapartisme de raison, même comme phase de transition. En effet, le bonapartisme en tant que système de gouvernement d'une France qui se cherchait procédait d'une réflexion politique maîtrisée, autonome, inspirée du sol Français pour trouver des solutions justes et correctes à l'ensemble des problèmes du pays. Et cela, toujours dans la recherche systématique du soutien populaire; bien que le bonapartisme soit un système résolument autoritaire. De ce point de vue, il ne serait pas responsable ni correct d'imaginer que Monsieur KOLINGBA pouvait avoir, en réserve, dans sa valise, en venant au pouvoir, des données théoriques traitant de la forme ou du type de société à bâtir en RCA dès la fin des opérations de rétablissement de l'ordre. Il ne serait pas responsable ni correct non plus d'imaginer que Monsieur KOLINGBA était capable ''après le nettoyage'' d'amorcer, de son propre chef, une avancée significative dans le sens d'une ouverture démocratique. Monsieur KOLINGBA ne pouvait pas raisonnablement courir le risque de ce suicide politique ou de ce suicide tout court. Il n'avait pas préparé son mental à un tel sacrifice suprême. Nommé discrétionnairement par les forces de l'ombre pour perpétuer la dictature, la consolider et au besoin en jouir durablement, Monsieur KOLINGBA ne pouvait pas couper la branche sur laquelle on l'avait installé. S'il a suspendu les partis politiques réapparus au retour de David DACKO pour donner le change, s'il a créé presque dans le même mouvement un parti : le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC), érigé en parti unique, c'était bien pour rassurer celles et ceux qui pouvaient encore douter de son attachement indéfectible et inébranlable à la dictature militante et conquérante. Son élection très enrobée au suffrage universel en 1986 comme ''Président légitime'' de la République ne changera strictement rien dans la tonalité de l'approche critique du jeu politique en RCA où tout tend invariablement à traiter le peuple par le mépris, à le marginaliser, à l'infantiliser, à l'instrumentaliser pour donner du lustre démocratique aux élections pipées et jouer les utilités à l'occasion des grand'messes et autres beuveries (fête des moissons), du parti unique ou des autorités de l'Etat. Ce qui revient au même.

C'est dire que si Monsieur KOLINGBA a été battu aux élections présidentielles de septembre 1993, ce n'était pas tant à cause des qualités d'Homme d'Etat du vainqueur ou de ses convictions démocratiques certifiées conformes, mais tout simplement, parce que le peuple n'en pouvait plus des excès et sévisses, du mépris altier, et de l'arrogance, de l'indifférence aux arrières goûts d'humiliation que le pouvoir KOLINGBA infligeait à ce peuple. Ce sont en effet tous ces traitements déshumanisants, effets naturels d'une dictature brute et frustre qui ont eu raison de Monsieur KOLINGBA. L'instinct de conservation avait en effet réussi à mettre en branle les mécanismes d'autodéfense et à rappeler au peuple son devoir sacré de protéger ses droits inaliénables en jetant toutes ses dernières forces dans la bataille suprême pour s'arracher au risque annoncé de radicalisation d'un régime qui a pris conscience dans les derniers mois de la perte très significative de sa popularité et qui pouvait utiliser l'arme de la légalité constitutionnelle pour serrer l'étau et se maintenir par la force mécanique, le terrorisme d'Etat.

Il suit de cet itinéraire intérieur des différents régimes successifs en RCA que la dictature en a été la trame de bout en bout depuis l'indépendance juridique et que, suprême remarque, cette dictature vivace s'est répandue voluptueusement sur toute l'étendue de la République grâce à un puissant vecteur politique très performant à savoir un GRAND PARTI DE MASSE tantôt unique (MESAN, RDC) avec une base énorme mais sans éducation populaire assortie d'exercice d'éveil, sans formation politique constructive, qui porte à maturation l'esprit du peuple, tantôt un parti dominant (le MLPC) toujours avec une base très large mais sans culture populaire qui aide le peuple à avoir un esprit critique pour discerner le mensonge et la vérité, le possible, le vraisemblable, le probable, le réalisable. Dans les deux situations, la base de ces partis a toujours été caporalisée, embrigadée et domestiquée pour être tout simplement un instrument au service du chef qui paie et qui commande.

Dans ces deux systèmes basés sur les partis de masse, il apparaît très nettement deux écueils que l'on trouve:

Ces deux écueils ainsi relevés, en même temps qu'est relevée la constance dans la création de grands partis de masse par besoin d'efficacité, il est politiquement juste de plaider pour la pérennisation de ces créations des grands partis de masse considérés effectivement, à l'épreuve des faits, comme les meilleurs cadres pour accéder au peuple, à tout le peuple, du nord au sud, de l'est à l'ouest en passant par le centre. A la condition bien évidemment d'expurger radicalement de ces grands partis, les deux fameux écueils ciblés ci-haut qui sapent les digues les plus sûres de la démocratie.

Et puisqu'un parti se crée pour devenir forcément et nécessairement un parti de gouvernement, il se doit d'être un grand parti de masse pour s'assurer une légitimité certaine et s'offrir les compétences nécessaires et de grandes valeurs. Mais pourquoi un parti de masse qui laisse entendre qu'il sera ouvert à toutes les sensibilités politiques et idéologiques au lieu d'un grand parti qui affiche très clairement un choix politique et idéologique qui l'identifie.

 

III. NECESSITE ET URGENCE D'UN RETOUR A UN GRAND PARTI DE MASSE CONTRE L'OBSCURANTISME ET LA PAUVRETE

Pour répondre à la question posée plus haut, cette question qui est d'une très grande importance stratégique, il faut partir du fait qu'un parti est un organe créé par le besoin et pour le besoin. Le besoin crée l'organe, en effet. Lorsque le besoin est important, s'il sollicite beaucoup d'énergies, un coût appréciable, un temps assez long, l'organe est et doit être forcément et nécessairement à la mesure de ses besoins. Or, les besoins fondamentaux et régulièrement identifiés en RCA sont énormes, très énormes:

Pour espérer se hisser à la hauteur de ces exigences vitales et citoyennes, il faut effectivement un organe à la mesure de ces exigences. En deçà, on vend des illusions dangereuses. C'est pourquoi, il est urgent et nécessaire de se rendre en toute responsabilité et en toute humilité à l'évidence d'une inévitable création d'un grand parti de masse que les incommensurables besoins visés plus haut commandent.

Il faut que tous les faiseurs d'opinion adhèrent à la justesse, à l'opportunité et à l'inéluctabilité d'un grand rassemblement des enfants du pays pour qu'ils apportent leurs doigts et bouchent hermétiquement les trous de la jarre RCA percée de partout et épuisée par une hémorragie structurelle organisée.

Cette démarche qui est une invitation pressante à l'adresse de tout le monde et singulièrement à l'adresse des leaders politiques, chefs des partis, s'inscrit dans la froide et dense logique de la dynamique unitaire de circonstance désormais familière. Il s'agit tout simplement aujourd'hui, de franchir le Rubicon, en accédant à la signification intime de cette constance des regroupements spontanés de l'ensemble des forces vives organisées ou non ( en partis politiques, syndicats ou autres associations ) à l'occasion des grandes batailles pour l'alternance au pouvoir. Il s'agit de comprendre que les alliances systématiques à ces grandes et très sensibles occasions signifient qu'au fond, si les Centrafricaines et les Centrafricains se rassemblent aussi aisément dans des alliances récidivantes et cycliques, c'est qu'ils se ressemblent sur bien des points notamment sur les points relatifs à la question centrale du QUE FAIRE pour mettre le pays sur l'orbite de la croissance et du développement durable; Un objectif commun que l'on retrouve invariablement, en effet, dans tous les statuts des partis politiques de l'opposition

Il s'agit de réaliser définitivement que la ligne de masse est bel et bien dans les alliances stratégiques de toutes les forces vives et non dans les alliances tactiques éphémères, pipées et brouillées par des considérations souterraines politiquement inopportunes. Il s'agit enfin d'un retour approfondi à toutes les expériences des luttes unitaires portées invariablement vers l'idéologie de changement indifférencié pour une période de transition nécessaire et préalable à la construction fiable d'une République Centrafricaine des idéologies portées véritablement par des intérêts économiques et sociaux, c'est-à-dire des intérêts de classe avec face à face, en lutte pour le contrôle de l'Etat :

Chaque camp se saisissant en tant que formation sociale identifiée, achevée, consciente de sa propre réalité comme structure de classe, ayant des intérêts spécifiques à défendre et à promouvoir en instrumentalisant tel ou tel parti dans le sens partisan:

LA RCA D'AUJOURD'HUI N'EN EST PAS ENCORE LA.

Mais un grand rassemblement des femmes et des hommes convaincus de l'urgence et de la nécessité de passer par les fourches caudines de la stratégie unitaire pour espérer sortir une RCA frappée par une crise générale qui déstabilise tout le monde ne suffit pas. En effet, que vaut une foule sans un chef? C'est pourquoi, la réflexion sur l'urgence et la nécessité de créer un grand parti de masse doit s'étendre à la nécessité et à l'urgence de doter ce parti d'un CHEF, mais un CHEF dont il y a toutes les chances que le parti sera légitimement assuré de ses qualités de Meneur d'hommes, de ses capacités à incarner les idéaux de l'organisation, en témoin de son temps bien évidemment mais aussi en visionnaire.

Pour répondre à ce profil exigeant, ce CHEF ne devra jamais être démocratiquement choisi que dans une compétition ouverte à un large éventail des candidats à la candidature. Car, en même temps que le grand parti de masse devra se garder des pratiques des Chefs Présidents Fondateurs, ces résidus coriaces de la culture réductrice voire destructrice des partis uniques, en même temps il doit laisser la libre expression des légitimes ambitions aux postes des CHEFS pour ainsi éviter les frustrations et les ressentiments qui sont de très puissants facteurs de blocage pouvant faire basculer l'organisation dans des querelles suicidaires et à la clé, la division assassine. Etant donné que seule la défaite démocratique dans la transparence est constructive d'un avenir serein tandis que les éliminations annoncées donc hors compétition ou dans des compétitions pipées sont des sources de rancune tenace qui se nourrissent volontiers des extrémismes déstabilisateurs et développent des tendances mécaniques au retour à pas de course à l'idée que la démocratie n'est réalisable que dans les entités politiques de petites ou moyennes envergures; Oubliant volontairement que la démocratie n'est pas une fin en soi mais est et demeure indéfiniment un régime politique exigeant qui veut des résultats pour le bonheur du peuple. Elle est efficacité et tout le contraire du platonisme et des fantasmes des micro ou méso-entités politiques où le jeu démocratique peut être effectif certes mais reste et demeure éternellement l'expression formelle d'un principe EN DECALAGE avec les besoins du peuple qui recherche un parti efficace, capable d'instaurer un régime qui lui procure la joie d'être libre, de manger à sa faim, de se soigner, de se vêtir, de se loger, de s'instruire.

Ce grand parti de masse à créer impérativement et de toute urgence ne sera pas un parti attrape-tout mais une force colossale et puissante constituée :

D'une part des seuls femmes et hommes:

D'autre part des seuls partis politiques:

C'est un GRAND PARTI de masse, Républicain et Démocratique avec à sa tête un organisateur des convergences qui peut relever le défi de la catastrophe économique, sociale et politique qui tue le pays à petit feu et met à rude épreuve la cohésion des populations où le réflexe tribal reste très fort à la faveur du hasard de l'histoire migratoire des ethnies et tribus disséminées dans des cantons géographiques-refuges et qu'aucune politique macroéconomique volontariste n'a entrepris d'amener à s'ouvrir les unes aux autres pour rêver ensemble d'une possible communauté de vue et de vie.

C'est dans une telle structure large que les confrontations des idées menées par plusieurs intelligences, plusieurs experts par domaine et dans tous les domaines, plusieurs femmes et hommes de talent qu'il sera possible d'accéder à la vérité du grand nombre; Surtout si les conclusions des experts sont soumises aux contrôles préalables et décisifs de l'ensemble du corps social chaque fois que l'onction populaire est requise.

En effet, pour exister et conquérir, la vérité a besoin d'un climat de confiance d'une base de masse.

C'est encore dans une telle organisation que le pays a les meilleurs chances de prendre en compte toutes les contradictions nationales sous toutes leurs expressions perverties, notamment, dans le style des comportements tribalistes, régionalistes, et de les traiter politiquement.

C'est seulement enfin un grand parti Républicain et Démocratique qui est capable d'une propagande de masse susceptible de convaincre les populations des villes et des campagnes en un temps raisonnable, du caractère mystificateur de l'ethno-clientélisme en démontrant, exemple à l'appui, que jamais, au grand jamais, aucun espace tribal, aucune région n'a connu une promotion significative particulière depuis que des différents chefs d'Etat originaires des tribus et régions différentes se sont succédés au pouvoir de 1960 à nos jours. Et qu'en tout état de cause, le bonheur, la prospérité et la paix à l'intérieur des frontières tribales, régionales, voire claniques et familiales, sont terriblement compromis aussi longtemps que les espaces tribaux, régionaux, claniques et familiaux voisins vivent une insécurité et une pauvreté au dessous du seuil de tolérance.

C'est une telle organisation (où le grand nombre des membres se combinent avec leur qualité) qui peut, grâce à la contribution additionnelle de sa large base de masse, réunir les moyens matériels, financiers et humains suffisants pour couvrir tout le pays, toucher directement tous les recoins de la République et se faire accepter par tout le monde comme LA force politique nationale alternative et crédible longtemps attendue et rêvée. Et ce sera enfin la rencontre féconde du rêve et de la réalité, créant les incontournables conditions psychologiques d'un retour de la confiance des masses populaires et rendant possible la remobilisation de forces vives pour un travail productif susceptible de provoquer à moyen terme, sur la foi des résultats obtenus par tout un peuple décidé, l'appoint financier et technique de l'extérieur désormais assuré d'une reprise durable des activités dans ce pays longtemps humilié où tous les habitants ont tout perdu jusqu'à leur dignité et ne restent en vie qu'à la seule force de leur volonté de résister avec l'énergie du désespoir et l'arme du silence et du calme qui couvent l'un et l'autre des opérations de sauvetage de grande envergure.

C'est en choisissant en toute connaissance de cause cette voie rocailleuse dure et longue de l'effort soutenu dans une grand mouvement d'ensemble, contrôlé et maîtrisé de bout en bout par une puissante machine de conquête et de gestion du pouvoir de l'Etat qu'il sera possible d'accumuler patiemment les forces et les énergies indispensables à la réussite aujourd'hui de la résistance populaire et au succès demain de la victoire, tout aussi populaire.

La RCA, généreuse en richesses de son sol et de son sous-sol, aura ainsi fini enfin durablement avec les approximations et les improvisions des dangereux amateurs politiques pour entrer en plein dans le cycle d'Alternance Démocratique sans heurt et sans douleur avec des passages élégants des témoins entre l'Ancien et le Nouveau Président de la République pour le grand bonheur du peuple. Encore faudrait-il que ce grand parti de masse républicain et démocratique s'engage très fermement et résolument à construire patiemment dans la mentalité de ces immenses populations des villes, des banlieues et des campagnes, des réflexes qui rendent impossible tout retour de ces masses populaires vers leur extrême disposition à succomber aux violences psychiques auxquelles elles ont été soumises par plus de 30 années d'obscurantisme militant des partis uniques et huit ans d'abrutissement par les matraquages médiatiques organisés par la Radiotélévision nationale devenue ''la voix de son maître''.

L'entreprise devra prendre la forme, d'une culture populaire, d'une éducation de masse au profit de ces nombreuses femmes et de ces nombreux hommes jusqu'ici tenus écartés de la formation politique qui fait le citoyen vrai, le patriote engagé, le républicain militant, le démocrate éclairé, doté de la faculté critique qui lui permet de résister sans grand effort et presque naturellement au déchaînement par tout intéressé, des instincts primitifs sous leurs formes primitives, notamment les instincts claniques, tribalistes, ethniques, régionalistes qui donnent droit dans la REGRESSION.

Mais pour que l'incontournable éducation populaire soit efficace, le Grand Parti de Masse Républicain et Démocratique à créer devra chercher à comprendre pourquoi les populations rurales et urbaines, ces nombreux femmes et hommes deviennent facilement des proies des machinations des aventuriers et sont incapables de leurs opposer la moindre résistance. Et quand ce Parti aura compris que la faiblesse de ces masses populaires résulte du fait indéniable qu'elles sont dominées par la nécessité et l'urgence de la lutte pour l'existence et par les insurmontables conditions de leur vie dans un pays où l'horizon est bouché, il faudra les persuader et les convaincre de réelles possibilités de trouver des fonds propres dans le pays pour les requinquer et les mettre en situation de sublimer volontiers la fatigue et autre sacrifice inévitable à ce stade du combat fondamental: celui mené pour restaurer la DIGNITE NATIONALE, LA DIGNITE DE CHAQUE CENTRAFRICAINE, LA DIGNITE DE CHAQUE CENTRAFRICAIN. Ces fonds propres existent. Il faut et il suffit d'exploiter rationnellement les minerais de diamant, de l'or, de l'uranium, du fer, du mercure, le bois, la pêche, l'élevage, et l'agriculture et de gérer correctement les régies financières (Douanes, Trésor, etc.).

C'est dire, en guise de conclusion, que si tous les différents chefs d'Etat ( DACKO I, BOKASSA, DACKO II, KOLINGBA, PATASSE) ont échoué, même à la tête d'un Grand Parti de Masse, Unique (MESAN, RDC) ou Dominant (MLPC), c'est d'abord et avant tout, parce qu'ils n'ont pas donné la place qu'il faut à la REFLEXION POLITIQUE TOTALE ET POINTUE QUI DOIT TOUJOURS ET NATURELLEMENT PRECEDER EFFECTIVEMENT L'ACTION POLITIQUE ET L'ACCOMPAGNER TOUT AU LONG DE SON DEROULEMENT .

En effet :

AU COMMENCEMENT ETAIT LE VERBE ... QUI S'EST FAIT CHAIR ... BIEN APRES.

Si ces Chefs d'Etat avaient considéré la REFLEXION POLITIQUE MENEE EN EQUIPE, comme un PREALABLE NON NEGOCIABLE.

Avec le Grand Parti de Masse Républicain et Démocratique A CREER, la réhabilitation du DISCOURS POLITIQUE et de SA PRIMAUTE ESSENTIELLE sera le CREDO du chef de l'Etat et du Gouvernement, le tout, sous l'éclairage technique requis et sollicité, chaque fois que de besoin, des experts de service, doués et dévoués.

Une campagne de masse organisée par ce Grand Parti, en renfort d'une éducation populaire, portera les masses rurales et urbaines à un niveau de discernement qui les mettra à l'abri des viols psychiques auxquels s'adonnent fébrilement les Chefs d'Etat en panne d'imagination pour faire rebondir le pays et le sortir de l'impasse.

En effet, aussi longtemps qu'il y aura en RCA une catégorie largement majoritaire (99%) d'électrices et d'électeurs sans minimum vital, sans éducation politique, ou d'une éducation politique presque nulle ; Aussi longtemps que cette proportion (99%) ne sera pas inversée en amenant les masses populaires à un degré de maturation optimale ; Aussi longtemps que 99% des masses populaires ne seront pas maîtres de leurs forces mentales, pour faire barrage aux Démagogues, aux FIEFFES MENTEURS, aux usurpateurs et autres flibustiers ; Aussi longtemps que 99% de la population ne deviendront pas les ACTEURS ECLAIRES de leur propre Histoire, parler de la DEMOCRATIE est un leurre.

C'est pourquoi, ici et maintenant :

CHAQUE FEMME DOIT SE LEVER ;

CHAQUE HOMME DOIT SE LEVER ;

POUR QUE LA RCA SE RELEVE, TOTALEMENT TRANSFIGUREE GRACE A LA VOLONTE, A LA DETERMINATION ET AU TRAVAIL DE TOUS SES ENFANTS.

 

IV. LES ETAPES DE LA MARCHE EN AVANT POUR LA CREATION D'UN GRAND PARTI DE MASSE REPUBLICAIN ET DEMOCRATIQUE

Je l'ai dit, la RCA va mal, très mal. Tous ses enfants doivent faire quelque chose pour la sauver de son état de déliquescence avancée. La guérison de ce grand malade grabataire passe par un diagnostic juste et un traitement également juste, que seul un collège de Médecins spécialistes de Très haut niveau peut réussir. Chaque parti politique peut, en tant qu'organisation, être un expert. Un individu isolé peut être un expert et offrir aussi ses services. Mais, il y a toutes les chances que l'expertise à un niveau national soit d'une bien meilleure qualité donc d'une bien meilleure efficacité.

C'est pourquoi, vu l'urgence et le péril en la demeure, il est fait appel à toutes celles et à tous ceux qui ne veulent pas voir la RCA mourir à petit feu, pour qu'ensemble, ils créent un cadre de réflexion et d'action qui fasse rebondir ce pays qui peut effectivement rebondir.

Regroupés dans un GRAND ENSEMBLE Républicain et Démocratique, conçu comme un TOUT ORGANIQUE, instrumentalisé par une opposition devenue majeure, en quête d'un PARTI DE GOUVERNEMENT, résolument en rupture avec les partis actuels dont la pratique sur le terrain les fait chuter au statut réducteur de symboliques groupes de pression justes, capables de proposer au pays des Candidatures de Témoignage à l'occasion des différentes élections présidentielles et législatives, ces enfants de la RCA seront plus unis, plus forts, plus combatifs. Ils iront plus loin et plus vite.

Dans cette perspective, il faut dès à présent :

 

Fait à Libreville, le 24 novembre 2001

Maître Henri POUZERE
Député de la NATION
AVOCAT


Regards et points de vue des partis politiques et mouvements centrafricains (Dossier sangonet Regards, 24 nov 2001)
Actualité Centrafrique