L'Autodétermination n'est pas la panacée

A la question : faites donc savoir, si vous voyez d’autres alternatives qui soient appropriées au développement que l’autodétermination ; question posée par le compatriote Jean Didier Gaïna ; nous dirons ceci : après toutes les catastrophes que nous avons connu, après tous les malheurs qui nous sont tombés dessus, après tous les incompétents qui nous ont gouverné ; penser que le problème de la Centrafrique est institutionnel et seulement institutionnel, et proposé l’autodétermination, ce que je nommerai Décentralisation pour faire politiquement correct, comme voie et mode de développement, c’est faire preuve de cécité intellectuelle et historique. Le problème de la Centrafrique ne se situe pas qu’au niveau institutionnel, il est au-déla de cette considération juridique. Notre problème à nous centrafricain se trouve dans les hommes, en nous. En quarante trois années d’indépendance ;que n’avions pas connu ?

La liste est loin d’être exhaustive.

Il ne faudrait pas que nous devenions spécialiste dans l’art de l’esquive ; il n’y a pas très longtemps j’assistais sans réagir à des débats qui sont loin des préoccupations de tous les jours ; et celui sur l’autodétermination peut et doit être ranger au même titre que ceux sur le changement de nom du pays, le transfert de la capitale administrative à Bambari. Comme si le fait de ne plus s’appeler centrafricains et d’habiter Bambari capitale administrative de la Centrafrique réglerait nos maux.

Il est encore quelque temps en arrière ; je croyais que le changement de garde ( de génération) ; serait la solution à nos problèmes. Mais je me suis résolu à r que le problème ne se trouve pas non plus dans la génération ; bien que celles de nos pères et nos grands –pères ont échoué dans la tâche qui était de léguer aux générations à venir un pays saint et prospère. Je disais que le problème premier de la Centrafrique résidait en ces hommes. En ces hommes qui nous ont gouverné ; l’histoire retient qu’ils n’ont rien fait, en ces hommes du peuple que nous sommes ; car nous sommes tous à des degrés divers complices de tous les régimes qui se sont succédés jusqu’à ce jour ; en ces hommes qui acceptent la misère, la pauvreté, l’ignorance, le fatalisme sans réagir. Tel est à mon avis à l’heure d’aujourd’hui le problème, je dirai l’handicap majeur au développement du pays. L’autodétermination telle que pensée par le compatriote Jean Didier Gaïna ; ne ferait que créer une nouvelle de centrafricains ; telle que l’opération Bokassa qui a été détourner de son but premier et qui a servi à autre qu’à l’émancipation du centrafricain de l’empire. Le problème de la Centrafrique est que tous ces hommes ; Oubanguiens et Centrafricains, politiques ou non, croyant ou non ; puisse s’associer afin de relever le défi de l’énorme retard que nous connaissons.

 

Des voies et moyens de communication

· pourquoi la Centrafrique, pays enclavé ; quarante trois ans après son indépendance ne dispose que de 600 km de routes bitumées ;

· pourquoi le pays enclavé que nous sommes n’a pas de réseaux ferroviaires ;

· pourquoi des parties entières, 2/3 du territoire national est quasi inaccessible créant un état d’enclavement dans un pays enclavé

· pourquoi le réseau hydrographique n’est pas aménagé et exploité à sa capacité normale ;

· pourquoi nos rivières ne sont pas protégées de l’ensablement ;

· pourquoi l’aéroport de Bangui M’POKO qui est toujours en centre urbain ;

· pourquoi dans nos grandes villes il n’y a pas régionaux dignes de ce nom ;

· pourquoi nous ne possédons pas notre propre compagnie aérienne ;

· pourquoi la télévision centrafricaine n’est accessible qu’aux habitants de Bangui et de sa grande banlieue et les prestations de l’époque de Mathusalem ;

· pourquoi capter Radio Centrafrique en dehors du bassin Banguissois est un exploit ;

· pourquoi il n’y a que 83 récepteurs (postes) radio pour 1000 habitants ;

· pourquoi il n’y a que 03 téléphones pour 100 habitants ;

· pourquoi il n’y a que 5,3 postes de télévisions pour 1000 habitants ;

· pourquoi il n’y a que 0,3 voitures particulières pour 1000 habitants ;

· pourquoi avoir une ligne téléphonique est un signe de luxe ;

· pourquoi avoir de l’électricité est un luxe ;

· pourquoi avoir l’eau courante est un signe de promotion sociale ;

2. De l’agriculture :

· pourquoi l’agriculture qui est pratiquée par environ 86% de la population active ne représente que 14 % des recettes à l’exportation ;

· pourquoi seulement 750.000 hectares soit 5 % des 15.000.000 d’hectares arables sont exploités à ce jour ;

· pourquoi la production agricole suffit à peine pour répondre aux exigences nationales et soutenir la concurrence sur le marché international ;

· pourquoi le rendement du manioc, aliment de base des centrafricains dépasse à peine 1,8 tonne par hectare ;

· pourquoi les productions du café et du coton n’ont fait que régresser ;

· pourquoi les productions d’hévéas et l’essai de cacao ont disparu ;

· pourquoi le prestigieux centre de recherche et d’exploitation de Boukoko est tombé à la ruine au vu et au su de tout le monde ;

· pourquoi les ranchs de la Nzalou et de la Mbali sont tombés dans l’oubli ;

· pourquoi l’abattoir frigorifique de Bangui n’est que son ombre ;

· pourquoi l’agriculture industrielle est quasi nulle ;

· pourquoi nous n’avons pas la maîtrise de l’eau et du sol ;

· pourquoi les cheptels bovin, ovin et caprin sont toujours tributaires de la transhumance ;

· pourquoi la culture sur brûlis domine et existe encore ;

· pourquoi seulement 3% des terres ensemencées reçoivent des engrais soit 22.500 hectares sur 750.000 hectares ;

· pourquoi la production piscicole est quasi nulle ;

· pourquoi l’interdiction d’exporter des grumes n’est toujours pas appliquée ;

· pourquoi le Quota Annuel de Production Autorisé (QAPA) n’est pas respecté par la majorité des exploitants forestiers ;

· pourquoi le reboisement n’est pas obligatoire ;

· pourquoi nous importons encore ce que nous pouvons produire ;

3. Des mines

· pourquoi 94 % de notre production diamantifère est détenue par des étrangers ;

· pourquoi la Bourse du Diamant de Bangui n’a été qu’un rêve ;

· pourquoi la quantité du diamant qui sort clandestinement du pays est supérieur à la production officielle ;

· pourquoi le gisement minier de Boguoin n’est pas exploité ;

· pourquoi l’uranium Centrafricain n’est que dans des livres ;

· pourquoi le pétrole dont on parle beaucoup n’est pas mis en valeur ;

· pourquoi la Centrafrique ne produit pas de ciment en dépit de son potentiel ;

4. De l’éducation

· pourquoi le taux d’alphabétisation n’est qu’à 60% ;

· pourquoi le taux d’alphabétisation des femmes n’est que de 40% et des hommes de 64%;

· pourquoi l’école n’est pas obligatoire ;

· pourquoi le droit à l’éducation n’existe pas ;

· pourquoi en 25 ans, aucun lycée n’a été construit à Bangui, et pourtant le nombre de la population de l’agglomération a doublé durant cette période ;

· pourquoi l’université de Bangui accueille au déla de sa capacité ;

· pourquoi l’état est incapable de placer les 1600 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire ;

· pourquoi l’état est incapable d’assurer la dignité des étudiants centrafricains résidents à l’étranger ;

5. De la santé

· pourquoi il y’a un lit d’hôpital pour1150 habitants ;

· pourquoi il y’a un médecin pour 31500 habitants ;

· pourquoi le taux de mortalité infantile est de 110 pour 1000 naissances ;

· pourquoi l’espérance de vie n’est que de 37,5 ans ;

· pourquoi le taux de séroprévalence est de 16,un centrafricain sur six est séropositif ;

· pourquoi les structures hospitalières dans l’arrière pays sans dépourvues du minimum nécessaire ;

· pourquoi se procurer certains médicaments est un luxe ;

6. Du tourisme

· pourquoi la Centrafrique n’accueillait en octobre 2002 que 3500 touristes par an

· pourquoi très peu de centrafricains connaissent réellement les potentialités touristiques de leur pays

· pourquoi nous ne possédons pas la culture de détente et de loisir ;

· pourquoi le nombre d’animaux composant la faune centrafricaine a considérablement chuté ces dernières années ;

· pourquoi une grande métropole comme Bangui (750.000 habitants) ne dispose que d’un jardin public d’à peine 4,5 hectares, mal conçu et entretenu ;

· pourquoi nous ne disposons pas de véritable musée digne de ce nom ;

7. De l’économie

· pourquoi notre PNB n’est qu’à 962 millions de dollars ;

· pourquoi le PIB par habitant n’est qu’à 260 dollars ;

· pourquoi dans l’industrie il n’y a que 4,1% de la population active ;

· pourquoi dans les services il n’y a que 16,20 % de la population active ;

· pourquoi il n’y a que 43,5 % des femmes qui soient actives ;

· pourquoi il n’y a que 54 % des hommes qui soient actifs 

· pourquoi les finances publics sont elles déficitaires depuis 30 ans ;

· pourquoi nous dépendons encore de l’aide dans des domaines de souveraineté ;

· pourquoi le taux d’intérêt du crédit en Centrafrique est le plus élevé de la zone CEMAC ;

· pourquoi nous importons plus que nous n’exportions ;

· pourquoi l’économie de marché n’existe pas chez nous ;

· pourquoi le circuit bancaire est si archaïque et date de l’époque de Napoléon et du sultan Rafaï ;

· pourquoi les démarches administratives sont aussi compliquées ;

· pourquoi le pays ne se vend pas ;

· pourquoi les centrafricains n’ont pas la culture du capitalisme et de l’entreprenariat ;

· pourquoi la majorité des produits de première nécessité est toujours importé ;

· pourquoi la principale recette d’exportation n’est basée que sur une seule matière première ;

· pourquoi coexistent une économie moderne et une économie traditionnelle ;

· pourquoi on compte toujours sur le FMI et la banque mondiale ;

· pourquoi le secteur privé n’est pas en avant premier ;

· pourquoi une telle évasion fiscale ;

· pourquoi le secteur informel est si désorganisé ;

· pourquoi la chambre de commerce et d’industrie est si inefficace ;

· pourquoi les aides de l’état à la création d’entreprise est quasi nulle ;

· pourquoi la règle de base de tout service est la corruption ;

8. De l’environnement

· pourquoi chaque année nous perdons 0,5 % de notre forêt hors exploitation ;

· pourquoi 15 espèces animales sont menacées de disparition de la faune du pays ;

· pourquoi en 35 ans (1960-1995) près de 40.000 d’éléphants ont été abattu ;

· pourquoi la disparition du couvert végétal autour de la ville de Bangui n’inquiète personne ;

· pourquoi le code de la pêche n’est pas respecté ;

· pourquoi la chasse de gibier n’est pas contrôlée et réglementée ;

· pourquoi les énergies dites propres et renouvelables ne se développent pas ;

· pourquoi la centrale thermique de Bangui se trouve toujours en centre ville ;

· pourquoi dans nos villes et villages l’électrification et l’eau courante n’est que rêve de Bangui.

· pourquoi le reboisement n’est qu’utopie et discours de la journée nationale de l’arbre;

· pourquoi nos grandes villes sont devenues des mouroirs ;

· pourquoi 114 ans après sa fondation ; la ville de Bangui est toujours un gros village et semble s’y plaire ;

· pourquoi aucune politique d’urbanisation et d’uniformisation de nos villes n’a été entreprise jusqu’à ce jour ;

· pourquoi l’Oubangui n’est pas draguée et aménagée;

· pourquoi il n’y a que 44 % de la population qui soit urbaine ;

· pourquoi n’introduisons-nous pas l’utilisation du GPS dans les inventaires forestiers ;

· pourquoi le grand cimetière de Bangui est devenu une forêt ; pas morts;

· pourquoi les émanations radioactives de la région de Bakouma n’inquiètent personne ;

· pourquoi le dérèglement climatique est le cadet des soucis de nos scientifiques

8.défense :

· pourquoi nous ne possédons pas de politique de défense ;

· pourquoi l’armée centrafricaine ne compte que 4000 hommes ;

· pourquoi le budget de défense ne représente que 3,7% du PIB ;

· pourquoi l’armée est incapable d’assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire national ;

· pourquoi la police nationale est incapable de jouer son rôle ;

· pourquoi la gendarmerie n’est que l’ombre d’elle-même ;

9. De la culture et du sport :

· pourquoi la culture centrafricaine ne rayonne pas ;

· pourquoi nous ne possédons pas de bibliothèque nationale ;

· pourquoi le sport centrafricain est mort ;

· pourquoi les œuvres des grands hommes de la culture centrafricaine tombent aussi facilement dans l’oubli ;

· pourquoi nous n’honorons pas ceux qui font la fierté de notre sport et de notre culture ;

· pourquoi peu de centrafricains connaissent réellement l’histoire de leur pays ;

ce sont là les retards cumulés ces quarante trois dernières années. Or pour que ce retard soir rattrapé ;ce n’est pas l’autodétermination qui pourra nous le permettre ; mais ce sera l’émanation d’une nouvelle race de politique ; qui aura réalisé une rupture historique, culturelle et même spirituelle ; qui pourront nous mettre sur la voie du progrès. La décentralisation est un des aspects et non la solution. Souvenons qu’à la fin des années 80 ; on croyait tous que l’arrivée du multipartisme allait nous mettre sur les chemins de la prospérité ; mais hélas, nous avons vu une calamité sortir des urnes en 1993 : Patassé et une tragédie : le MLPC pour nous nous enfermer pendant dix ans. Ne nous éloignons pas des problèmes cruciaux qui empoisonnent la vie de nos compatriotes.

Clément BOUTE-MBAMBA (Villeneuve St Georges,France) 9 Décembre 2003

NDLR: reaction à l'article intitulé: l'autodetermination des prefectures et developpement auto-centré

Regards et points de vue des partis politiques et mouvements centrafricains