La République Démocratique du Congo ambitionne d'approvisionner l'Afrique en électricité

La République démocratique du Congo (RDC) a élaboré un ambitieux plan de modernisation du barrage hydro-électrique d'Inga, sur le fleuve Congo, pour exporter de l'énergie jusqu'en Afrique de l'ouest et faire de ce secteur une des principales ressources nationales, devant le diamant ou le cuivre.

Le gouvernement congolais et les experts de la société nationale d'électricité (SNEL) de RDC ont présenté ce projet à l'occasion de la réunion annuelle des ministres de l'Energie de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) qui s'est achevée samedi à Kinshasa.

La RDC exporte déjà de l'électricité produite à Inga (300 km à l'ouest de Kinshasa) vers deux pays de la SADC, Angola et Zimbabwe, ainsi que chez son voisin, le Congo-Brazzaville.

Le programme de valorisation d'Inga, le plus vaste complexe hydroélectrique d'Afrique sub-saharienne, prévoit deux phases: la réhabilitation des deux centrales existantes et la construction d'un troisième site de production, Inga 3, beaucoup plus puissant que les deux premiers, ainsi que de lignes à haute tension vers l'Afrique de l'ouest et australe.

Selon les experts congolais, un tel programme, qui table sur un développement rapide des besoins énergétiques du continent, nécessite dix ans de travaux et des investissements supérieurs à 10 milliards USD.

Le lancement des travaux est également conditionné au retour à la paix dans un pays déchiré par une guerre régionale depuis bientôt trois ans.

En mai, le groupe allemand Siemens s'était déclaré disposé à investir près d'un milliard USD dans la remise en état des centrales et la construction de nouvelles lignes vers la capitale et les zones minières du Katanga (sud-est). Actuellement seule 5% de la population de RDC a accès à l'électricité.

Les centrale d'Inga 1 (351 MW), entrée en service en 1972 et Inga 2, d'une capacité installée de 1.424 MW depuis 1982, ne fonctionnent plus qu'à 20% de leurs capacités: les deux tiers des turbines sont à l'arrêt, faute de pièces de rechange.

Le projet de valorisation prévoit la construction de deux nouvelles centrales sur le site, qui, dès leur entrée en service, quadrupleraient la puissance du complexe.

Selon les prévisions de la SNEL, les ventes à l'exportation d'électricité devraient alors se situer à un niveau d'un milliard USD par an, supérieures aux exportations de diamants, de cuivre ou de cobalt.

Les ventes de courant impliquent également le renforcement des capacités des lignes à haute tension du continent et la construction de nouvelles lignes.

Le premier de ces axes d'exportation concerne la ligne RDC-Afrique australe. Les deux centrales d'Inga existantes, sont déjà reliées aux réseaux de Zambie, du Zimbabwe, du Botswana et d'Afrique du Sud.

Le second axe concerne la ligne RDC-Afrique centrale et de l'Ouest. A la demande du Congo-Brazzaville, de l'Angola, du Nigeria, du Gabon et du Cameroun, la SNEL a mis au point un projet de construction d'une nouvelle ligne au départ d'Inga, pour alimenter le port maritime de Pointe-Noire (Congo-Brazzaville) et la ville angolaise de Cabinda.

Ce projet est considéré par la SNEL comme le maillon de la future interconnexion au réseau du Nigeria, via le Gabon et le Cameroum.

La dernière ligne, longue de 5.300 km, devrait desservir la Centrafrique, le Soudan et le Tchad. Plusieurs études de faisabilité d'une telle ligne ont été menées des dernières années par des groupes européens du secteur.

(AFP, Kinshasa, 10 juin 2001)


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