Internet favorisera la vie sociale et économique des Africains

 

L'Afrique doit nécessairement être plus connectée aux inforoutes de l'information, appelé communément Internet, pour ne pas être totalement déconnecté de la nouvelle économie-monde qui est en train de se construire. C'est en substance, ce qui est ressorti du Forum Jeunesse et Inforoutes à l'Université de Moncton (Canada), le 4-11 avril 1997, où était réunie une cinquantaine de jeunes venus des quatre coins du globe.

Les raisons d'un tel diagnostic étaient simples. Elles ont été données notamment par l'atelier " un devis pour l'avenir " que nous avons élaboré. Cependant pour mieux se rendre compte des possibilités qu'ouvrent au continent africain les inforoutes de l'information, il faudra des illustrations.

Prenons par exemple cette pharmacienne en Centrafrique, si elle était connectée par un fournisseur d'accès, au lieu de se déplacer pour faire sa réservation d'avion ou mille autre chose, pourra à partir du site de la compagnie Air-Afrique le faire à moindre coût (prix de la communication locale) et en peu de temps. Il en sera de même pour ses commandes de médicaments qu'elle pourra payer via Internet, sur le site de son fournisseur, avec sa carte bleue Visa. Elle n'aura plus qu'à envoyer réceptionner sa marchandise et pourrait ainsi se consacrer à d'autres choses.

L'Internet ou l'informatique communicante, pourra aussi permettre à ces coopératives de cafés, de cacaos, de cotons au Ghana, en Côte-d'Ivoire et par ailleurs, de proposer leurs prix ainsi que la qualité de leurs marchandises, à d'éventuels clients, ou encore d'obtenir des informations sur les techniques de culture ou de productions concurrentes.

De même, elle ouvre déjà d'énormes et de nouvelles possibilités d'apprentissages aux universités africaines, et pourra encore le faire davantage si ces structures de formation s'organisent, s'équipent, se connectent au monde du savoir, se branche sur des cours virtuels donnés par d'autres universités du monde. A l'exemple de L'Homme virtuel, ce condamné à mort américain qui a offert son corps à la science, pour qu'il soit découpé en fine lamelle, afin que soit reconstitué pour le monde médicale et de la recherche, le corps humain dans ses composantes infiniment petites. Beaucoup d'étudiant(e)s en médecine connaissent cet Homme virtuel, pour y avoir travailler.

De même, des secrétaires compétents et professionnels pourront avec très peu de capitaux monter leur entreprise de télésecrétariat. Cette dernière reçoit des demandes de petites (ou grandes) entreprises adhérentes disposant d'un minimum d'équipement informatique (un ordinateur ayant un modem fax et une ligne téléphonique), pourra s'acquitter de la tâche habituelle d'un secrétaire pour une somme modique. Les secrétaires seront leurs propre patrons, se déplaceront peu de chez eux (puisqu'ils peuvent utiliser une chambre de leur maison à ca propos), et l'entreprise demandeuse n'aura pas à s'acquitter des charges salariales habituelles. De même cette entreprise de télésecrétariat pourrait diversifier ses activités en s'occupant des travaux universitaires, ...

Les technologies des informations offrent de nombreuses possibilités de développement de ce type de mini-strucutres pour un investissement de départ somme toute raisonnable pour des pays pauvres (aux environ de 8 000 FF, soit 800 000 F CFA), chez les traducteurs, les dessinateurs de bâtiments ou géomètres, les comptables,... Ces activités habituellement à la charge directe des entreprises, peuvent désormais être réalisées ailleurs.

Ces technologies peuvent aussi être utilisées par l'administration pour réduire ses coûts de secrétariat, pour optimiser le stockage de ses masses d'information. En effet, les archives en papier qui remplissent les couloirs des administrations disparaîtront après leur stockage sur des supports moins volumineux, et leur gestion sera plus simple et plus optimale.

En somme, les inforoutes constituent pour l'Afrique notamment et pour le Sud en particulier, un outil de développement culturel (si l'on sait choisir ses informations), scientifique et économique, à faible coût. Toutes ces performances nécessitant des programmes assez lourds il y a quelques années et des coûts élevés, sont aujourd'hui techniquement simple et économiquement fort intéressantes, même pour des revenus moyens.

Cependant ce nouveau mode de communication ne s'improvise pas et nécessite l'intervention de professionnels qui proposent de prix assez intéressants en Afrique, tel que Refined Computer Technology au Cameroun dont la stratégie est de couvrir toute l'Afrique centrale.

En outre, plusieurs problèmes expliquent le faible développement de cet outil sur le continent noir. La résistance et la peur des autorités aux prises avec la gestion quotidienne, à une concession aux opérateurs privés. C'est le cas de la Centrafrique qui détient l'un des plus performants réseaux de communication téléphonique en Afrique, après l'Afrique du Sud.

Chose plus grave, dans certains pays d'Afrique, le maître d'œuvre de la solution Internet est une cellule ou un satellite du pouvoir en place (Bénin, Burkina, Centrafrique, Mali,...). Il y avait déjà eu des précédents en matière des téléphones portable, dont l'installation a été acceptée qu'à partir du moment où les autorités en place ont un accès sur le HLR (home local registrery) permettant de localiser physiquement en moins d'une minute toute émission téléphonique. Plus précisément, Alcatel a construit des commutateurs spéciaux permettant la traçabilité des écoutes téléphoniques de cellule mobile ; commutateur qui est interdit de vente en Europe.

D'autre part, les décideurs politiques semblent ne pas encore prendre conscience des enjeux économico-culturels des inforoutes, sa révolution sur la vie (même de ceux qui y resteront à la marge), sa remise en cause de l'image de l'Etat-nation (qui est déjà très mal en point en poing, notamment en Afrique centrale) et sa dictature du discours dominant.

Par ailleurs, plusieurs études et statistiques montrent que les réseaux électroniques sont le fait des élites, cette tendance est d'autant plus forte que les forces économiques développent de plus en plus d'obstacles pour en garder le contrôle. Or pour que les inforoutes de l'information constituent un outil de développement en Afrique, il faudrait qu'ils soient démocratisés, libéralisés, plus privés que publics, du moins profiter au plus grand nombre.

Philippe LOUNGOULAH


Retour à Ressources . Retour au début de page
Webmaster@sangonet.com