COMPTE-RENDU DU COLLOQUE INTERNATIONAL GEORGES NGAL (Gabon, Juillet 2005)

 

 

  Le colloque international Ngal - doublé du second Salon du Livre Francophone - s'est tenu à l'hôtel Le Méridien Ré-Ndama de Libreville, où étaient au demeurant logés les conférenciers invités. Les travaux se sont déroulés durant trois jours, notamment les 7, 8 et 9 juillet 2005. Cet événement a été initié par l'Institut Cheikh Anta Diop (ICAD) de l'université Omar Bongo du Gabon, notamment par le directeur de ce centre de recherches, Grégoire Biyogo, professeur HDR (université de Libreville, Paris XII). La cérémonie a été sponsorisée par le groupe Total Gabon.

 

 

I. Objet et enjeux du colloque

 

La visée de ce colloque a été de réévaluer le statut de la critique dans les sciences humaines, notamment à travers trois panels :

- Ngal, la littérature et la philosophie

- Ngal, et l'épistémologie des sciences de l'homme

- La philosophie africaine en questions.

 

  Le choix porté sur l'œuvre de Ngal s'explique par sa capacité de renouvellement des champs du savoir et des connaissances. Et cela, d'autant plus que cette œuvre est une rencontre active de la littérature, de la philosophie et des sciences de l’homme, qui aborde aussi bien les problèmes d’épistémologie, de narration, d’herméneutique (Gadamer, Girard, Ricoeur), de philosophie du style, de poétique de l’écriture gestuelle et de l’oralité graphique comme les interférences de la critique, du texte et de l’autofiction. Il s’agit donc d’une pensée qui affronte de nouveaux objets et de nouveaux modes de lisibilité du texte et de partage du sens. Mais aussi de nouveaux horizons de réappropriation de La lettre comme le lieu de la pensée. La question pressente qui préoccupe Ngal est celle du statut véridictionnel de la fiction, à travers l’interférence de l’archive et du corps, de la littérature et du savoir, dans la perspective actuelle des travaux de théorie littéraire de Jean Bessière1.

  Les travaux se sont déroulés durant trois journées, avec intensité et ont vu la participation des enseignants d’université, de lycée, et des étudiants. Ils ont donné droit à 20 communications reliant NGAL à l’appui de la sémiotique, de la déconstruction derridienne, de l’archéologie foucaldienne, de la critique francophone, de l’herméneutique ou de la narratologie et de la poétique. 10 présidences de séances ont coordonné et arbitré l’ensemble des travaux. La grande qualité du colloque a été reconnue. Le professeur Ngal a écouté toutes les communications et ne s’est exprimé qu’à la fin du colloque, par une patience et une humilité exemplaires. Cette intervention sobre mais rigoureuse s’est faite en présence du Ministre de l’enseignement supérieur, des universités de renom, dans une salle bondée de journalistes et d’étudiants venus de tous horizons.

 

 

II. De la présence de Ngal au Gabon.

 

  La présence du professeur Ngal au Gabon a été un événement. Elle a créé un grand enthousiasme dans les milieux universitaires et scolaires. Les étudiants préparant des mémoires sur l’universitaire du Congo démocratique comme les enseignants travaillant autour de son œuvre ont tous tenu à être là : Steeve Rénombo (théorie littéraire), Fortunat Obiang (critique littéraire), Clément Moupoumbou (littérature africaine), Georice Madébé (sémiotique), Ekome (littérature africaine moderne)… Les départements de la Faculté des Lettres et sciences humaines ont pris part au colloque Ngal avec ferveur (philosophie, Thierry Ekogha; littérature africaine, Pierre Monsard - qui a assuré remarquablement la présidence du colloque; lettres modernes, Okoumba-Nkoghe; sciences du langage, Pierre Ondo; sociologie, Bouyou… Ainsi des responsables de laboratoires de recherches (Centre d'Etudes de Littérature gabonaise de Sima Eyi; le CREDUF de Fortunat Obiang; l'IRSH de Marius Indjiélé… Il en a été de même pour les officiels (Doyen de la FLSH, directeurs de grandes écoles, Ministre de la culture (ouverture du colloque), Ministre de l'enseignement supérieur (Clôture de la cérémonie), qui ont tous participé au colloque international Georges Ngal, en soulignant l'honneur que le professeur Ngal a fait à l'université gabonaise en honorant l'invitation de l'Institut Cheikh An,ta Diop. Bel hommage. Les écrivains aussisont venus salué leur doyen (Justine Mintsa, Chantal Magalie, Honorine Ngou, Sylvie Ntsame, Junior Otembe, Lucie Mba…). Les libraires en ont profité pour se procurer les ouvrages de Ngal et rencontrer l'universitaire lui-même. La presse locale a tenu à interviewer, à filmer et à entendre l’hôte de l’ICAD, qui s’est exprimé sur le colloque et sur son œuvre à la télévision gabonaise et dans les radios internationales de la place, léguant là un document historique important

  Critique littéraire, écrivain vivant en France, historien des idées littéraires et philosophiques, philosophe, spécialiste de Césaire de renommée mondiale, universitaire connu et reconnu, Ngal a reçu les honneurs mérités de ses pairs de l’Université gabonaise qui l’ont consacré comme l’un des plus grands universitaires africains en lettres et sciences humaines. Bel hommage rendu à un écrivain africain entré dans les 70 ans, menant une vie paisible, sobre, rythmée par la recherche et par l’écriture. Récemment, des Mélanges lui ont été offerts, ce qui apparaît d’ores et déjà comme le couronnement d’une vie et d’une œuvre composée de près d’une centaines d’articles, de 10 livres. Son œuvre est déjà l’objet de plusieurs thèses et de colloques, qui constitue un exemple de réussite universitaire et d’engagement, au sens éminemment sartrien.

 

 

III. Des invités de prestiges au colloque et au salon

 

  1. Le professeur Diop

     A côté du professeur Ngal, l’université gabonaise s’est honorée de la visite du professeur papa Samba Diop, directeur du Centre d’Etudes Francophones de Paris XII. Les chefs de département, étudiants et universitaires se sont montrés très enthousiastes de faire sa connaissance. Car, ils le connaissaient de renom, comme du reste Ngal, mais ne l'avaient jamais vu. Diop a dirigé près d'une vingtaine de thèses d'étudiants gabonais et une habilitation à Diriger des Recherches. Il a initié une convention entre Paris XII et l'université Omar BONGO (en cours). Sa grande compétence et sa vivacité d'esprit se sont manifestés tout au long du colloque. Enseignants et étudiants ont pris des contacts avec lui. sa communication a porté sur le roman francophone, en montrant l'apport de Ngal dans cet univers. Interviewé par la presse locale, Diop a exprimé, à la suite de Ngal, sa grande satisfaction aussi bien au sujet de l'accueil que de la grande qualité des communications, suggérant leur relecture pour publication.

 

  2. Dominique Etoughe Mba

     Docteur en droit constitutionnel de paris I, avec les félicitations du jury et recommandation de publication, enseignant et chercheur, achevant une thèse en philosophie, M. Etoughe est déjà auteur de deux ouvrages et va candidater à l’HDR. Il fait partie des jeunes générations d'universitaires gabonais en lesquels l'institution savante place son espoir. Il a été invité en qualité de président du Salon International du Livre Francophone. Sa tenue tout au long du Salon, la pertinence de ses interventions, et la qualité de sa modération ont été salués.

 

 

CONCLUSION

 

En somme, le Colloque International Georges Ngal a été une grande réussite aussi bien au niveau de la qualité des travaux que sur le plan organisationnel (le colloque s’est déroulé dans les grandes salles officielles du Méridien Ré-Ndama, un mini-bus luxueux donné par les sponsors était à la disposition des invités et des conférenciers pour garantir leur ponctualité lors des travaux). Les universitaires gabonais ont tenu à rendre hommage au professeur Ngal, en y associant le professeur Diop de paris XII. Ils travaillent ardemment à la relecture des textes en vue de la publication des actes du colloque. Puisse ce travail de réception contribuer à faciliter la lecture de ce travail majeur et à intégrer dans les systèmes scolaires et universitaires africains et francophones, à l’instar des œuvres de Césaire, Senghor…

 

   L’Institut Cheikh Anta Diop, le centre de recherche hôte s’est félicité de l’excellent déroulement du Colloque International Georges Ngal et du second Salon International du Livre francophone, prenant acte de la troisième édition en mai-juin 2006. Reparti en France, Grégoire BIYOGO son directeur, qui fêtait par ailleurs la parution de ses deux derniers ouvrages dans la collection qu'il inaugure chez l'Harmattan2 au Salon, s'y active ainsi qu'à la publication des actes du colloque.

 

 

1. Bessière : "Savoir et fiction, impropriété, aporie et pertinence de la fiction". cf. Fiction et connaissance. essai sur le savoir à l'œuvre et l'œuvre de la fiction. (sous la direction de Catherine Coquio et Régis Salado), Paris, L'Harmattan, Coll. "Littérature", 1998, 432p.

2. Biyogo (Grégoire), Adieu à jacques Derrida, Enjeux et perspectives de la déconstruction, Paris, L'Harmattan, Coll. "Recherche et Pédagogie", 2005, 160 p. Lire aussi : Traité de méthodologie et d'épistémologie de la recherche, Paris, L'Harmattan, Coll. "Recherche et Pédagogie", 2005, 146 p.

 

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Quelques références bibliographiques du professeur Georges NGAL :

Tendances actuelles de la littérature africaine francophone, 1971

Aimé Césaire, un homme à la recherche d'une patrie, 1975 (rééditionPrésence Africaine, 1994)

L’Errance, 1 975, et réédition, Présence Africaine

Giambatista Vico ou Le Viol du discours africain, Hatier, 1984

Un Prétendant valeureux, Hurtubise, Montréal, 1991

Une Saison de symphonie, L’Harmattan, 1994

Création et rupture en littérature africaine, L’Harmattan, 1994

Lire... Le Discours sur le colonialisme, Présence Africaine, 1994

Esquisse d’une philosophie du style. Autour du champ négro-africain, Ed. Tanawa, 2000

 

Notice biographique de l'auteur:

Né en 1933 en République Démocratique du Congo, Georges Ngal embrasse très tôt, après ses études supérieures en Suisse, une carrière universitaireinternationale : Université Lovanium (1969-1971), Université Nationale du Zaïre (1971-1980), Middlebury College aux USA (1973).
En 1973-1 974, il est nommé à la Chaire de Coopération de l'AUPELFdans les universités de Montréal Laval au Quebec, Sherbooke, Liège, Nice, Sorbonne,Bordeaux.
En 1980, la Sorbonne (Paris IV) le nomme professeur associé(1980-1988) ; il occupe le même poste à Grenoble 111 (1 982-1 984), Nanterre Paris X etenfin à Bayreuth (1989-1991) en Allemagne.

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