Obsèques Officielles de l’Ambassadeur Nestor KOMBOT-NAGUEMON: Oraison funèbre

Les obsèques officielles Son Excellence Nestor Kombot-Naguemon, Ambassadeur extraordinaire et Plénipotentiaire, Haut représentant de la République centrafricaine auprès de la République Française, délégué permanent auprès de l’Unesco, décédé le mardi 26 octobre 2004 ont eu lieu lundi 8 novembre 2004 à l’Assemblée nationale.

Le président de la République, François Bozizé, son épouse Mme Monique Bozizé, le Vice-président de la République le Pr. Abel Goumba, le Premier ministre Célestin Leroy et son gouvernement, et plusieurs personnalités ont tenu à rendre un dernier hommage à l’illustre disparu.

Le président de la République l’a élevé à titre posthume dans l’ordre de la reconnaissance Centrafricaine au grade de grand chevalier.

Plusieurs témoignages ont été faits donc :

- Patrice Kombot-Naguémon au nom de la famille
- Jean Marie Madouboulé, Pr. De Mathématiques admis à la retraite, collègue et ami du défunt
- Thierry Yinifolo Van Den Boss, Président du PLD
- Thierry Gallot, attaché de défense à l ‘ambassade de Centrafrique en France qui a accompagné la dépouille mortelle
- Jean Pierre Destouesse, Ambassadeur de France en Centrafrique
- Joseph Kiticki Kouamba, Ministre de la Communication, collègue et ami de lutte du défunt dans l’AEO (Association des Etudiants Oubanguiens) et la FEANF (Fédération des Etudiants de l’Afrique Noire en France).

Nous publions ci-après l’oraison funèbre lue par M Clément Bolegué, secrétaire général par intérim du Ministère des Affaires Etrangères, de l’intégration régionale et de la Francophonie.

 

ORAISON FUNEBRE

En cette matinée du mardi 26 octobre 2004, le ministre des Affaires Etrangères, de l’intégration régionale et de la Francophonie et le ministre délégué aux Affaires étrangères se félicitaient encore de la remarquable prestation, la veille, du général Lamine Cissé, représentant spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nation unies devant le Conseil de Sécurité lorsqu’il devait être annoncé ce qui nous a paru une bien triste plaisanterie de la vie, une tragédie comédie.

Son Excellence Nestor Kombot-Naguemon, Ambassadeur extraordinaire et Plénipotentiaire, Haut représentant de la République centrafricaine auprès de la République Française s’est donné la mort en se jetant du 6ème étage de son appartement situé dans le 16ème arrondissement de Paris.

La fin tragédie de cet illustre homme d’Etat nous plonge tous réunis ce matin, dans une profonde consternation. En effet, après une longue période de convalescence suite à un accident cardio-vasculaire, l’ambassadeur Kombot-Naguémon attendait d’achever quelques dernières séances de rééducation pour reprendre le cours normal de ses activités de chef de mission diplomatique quand survint cet accident malheureux et fatal au cour duquel il mit fin à ses jours de la façon la plus dramatique et surprenante qui soit.

Excellence M. le président de la République, chef de l’Etat,

En dépit de vos lourdes et exaltantes charges, vous avez bien voulu rehausser de votre auguste présence la présente cérémonie qui nous offre à nous, parents, amis et connaissances, à la République centrafricaine notre chère patrie et à la diplomatie centrafricaine qu’il a tant aimé et consacré sa vie durant à les servir jusqu’au sacrifice ultime ; l’occasion de lui rendre un dernier et vibrant hommage, je voudrais en cette circonstance, exprimer à l’endroit de votre Excellence notre profonde gratitude.

Excellence M. le président de la République, chef de l’Etat,
L’effroi qu’inspire la disparition ininterrompue quasi périodique des cadres de ministères des Affaires Etrangères, de l’Intégration Régionale et de la Francophonie devient l’objet d’une sérieuse préoccupation et d’une véritable interpellation.

Comment se fait-il donc que la diplomatie centrafricaine souffre ainsi et se débatte dans des problèmes de plus en plus angoissants ?

« L’homme est angoisse », comme l’écrivait Jean Paul Sartre, le père de l’existentialisme. Derrière une façade très brillante d’ailleurs d’activités, de progrès matériels et de bravade, un malaise inquiétant et indéfinissable, de plus en plus perceptible se manifeste.

L’homme de notre époque conserve malgré lui et, quelque-fois inconsciemment, la conviction que ni remède, ni connaissance objective, celle qui résulte de la mort.

Cette mort qui n’a cessé de frapper les uns après les autres les valeureux cadres de la diplomatie a eu raison en ce jour 26 octobre 2004 de celui qui était appelé le doyen. Je voudrais citer notre regretté Nestor Kombot-Naguémon dont la disparition, en nous plongeons dans le chagrin, nous interpelle tous et nous rappelle ces écrits de Socrate, je cite « la vie est un court voyage en pays étranger ; après l’avoir passée honnêtement jusqu’au bout, on doit s’en aller vers son destin, rien que de bon cœur et sans entonner un péan… » fin de citation.

Tel nous semble être semble être résumé la vie et le leitmotiv de cet illustre homme dont la fin tragédie crée un vide au sein de sa famille, de ses amis, de ses collaborateurs et de ses connaissances et j’allais dire de son pays.

En effet, né le 14 novembre 1934 à Yaoundé (République du Cameroun), de François Dimbele-Naguemon et de Hélène Bounoye-Akomba, Nestor Kombot-Naguémon a suivi ses études.

- Primaires : de 1942- 1948 à Berberati ;
- Secondaires :
De 1948-1950 de la 6ème en 5ème à Bangui ;
De 1950-1955 de la 4ème en Terminale au lycée de garçons de Montpellier ( Hérault France sanctionnées par le Baccalauréat Série Philosophie,
- Supérieures :
De 1955-1962 sanctionnées par :
- Licence en Droit Public, Université de Paris Sorbonne ;
- Diplôme de l’Institut des Hautes Etudes d’Outre-Mer à Paris (Section Inspection du Travail et des lois Sociales),
- Lauréat de l’Orientation à la Fonction Publique Internationale de Paris (O.F.I.) ;
- Ancien Elève en Sciences Politiques (Institut d’Etudes Politiques, Section Relations Internationales, Rue saint Guillaume, Paris).
- Comme étudiant, il faut noter que, il était Président de l’Association des Etudiants, Oubanguiens en France(A.E.O.), section de la Fédération des Etudiants Africains naturalisés en France (F.E.A.N.F.) ;
Fonction occupées :
- 1962-1964 : comme cadre et fonctionnaire ;
- Directeur du Travail, de la Main d’œuvre et de la sécurité Sociale de la république Centrafricaine ;
- Professeur à l’Ecole nationale d’administration (ENA) Matière enseignée : Droit de Travail ;
- 1964-1966 : Secrétaire général du Gouvernement ;
- Président du Conseil d’Administration de la Banque Nationale du Développement ;
- 1967 : Ministre Délégué à la Présidence de la République Chargé du secrétariat du Gouvernement ;
- 1968 : Ministre de l’Information ;
- 1969 : Ministre du Développement et du Tourisme ;
- Président du Conseil d’Administration de la Société Bangui-Tourisme ;
- 1970 : Ministre des affaires Etrangères ;
- 1971-1972 :Successivement :
- Ministre d’Etat Chargé des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale ;
- Président de la Cour Suprême ;
- Président de la Chambre Nationale d’Agriculture ;
- 1972-1974 : Ambassadeur au Japon, en en République de Corée ;
- 1974-1980 : Représentant permanent de la république Centrafricaine :
- Aurès des Communautés Européennes ;
- Ambassadeur de la République Centrafricaine, auprès du Royaume de Belgique, du Royaume de la Hollande, auprès du Grand Duché de Luxembourg ;
- Négociateur au nom des Etats A.C.P. des dispositions de la Convention de LOME II relatives aux PMA et aux pays enclavés ou insulaires ;
- 1980-1982 : Ambassadeur en République Unie du Cameroun et en Guinée Equatoriale ;
- 1982-1984 : Ambassadeur, Représentant Permanent auprès de l’ONU et des Organisations Internationales à Genève, et à ce titre élu :
- Vice-Président de la 26ème Session du Conseil du Commerce et du développement (CNUCED) ;
- Vice-Président de la conférence sur l’Evolution de la 3ème décennie des Nations Unies sur la Stratégie Internationale du Développement, Genève ;
- 1984-1989 : Ambassadeur de la République Centrafricain république en République Fédérale d’Allemagne, en Autriche ;
- Représentant Permanent auprès de l’O.N.U.D.I. ;
- 1989-1990 : Ambassadeur Itinérant au Ministère des Affaires Etrangères ;
- 1990-1992 : Secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères ;
- 1994-1996 : Ministre d’Etat chargé des Relations avec le Parlement ;
- 1999 : Conseiller Spécial à la Présidence de la République ;
- depuis 2001 jusqu’à sa mort : Ambassadeur, Haut Représentant de la république Centrafricaine auprès de la république Française ;

Activités politiques :
1991-1992 : Il fut l’Initiateur et le Fondateur du Parti Libéral Démocrate (PLD) dont il devient le Président ;
1993 : Elu député du PDL à l’Assemblée Nationale ;
- Président du Groupe Parlementaire du PDL à l’Assemblée Nationale ;
Les décorations ci-dessous ont été décernés à notre regretté Ambassadeur :
· Commandeur de l’Ordre national du Mérite Centrafricain
· Commandeur de l’Ordre Centrafricain du Mérite Agricole ;
· Commandeur de la Légion d’Honneur de France ;
· Grand Officier de l’Ordre du Mérite Centrafricain ;
· Grand Officier de l’Ordre du Mérite Tchad ;
· Grand officier de l’Ordre du Mérite Gabon ;
· Grand Officier de l’Ordre du Mérite Congolais ;
· Grand Officier de l’Ordre du Mérite Cameroun ;
· Grand Croix de l’Ordre du Mérite du Grand Duché de Luxembourg ;
· Grand Croix de l’Ordre National de la république fédérale d’Allemagne ;
· Commandeur de l’Ordre du Léopard au Zaïre (actuellement République Démocratique du Congo) ;
· Commandeur de l’Ordre du Nil Soudan ;
Le parcours combien élogieux et édifiant que traduit ce Curriculum Vitae est la démonstration éloquente du caractère dominant de l’homme d’Etat, de ce grand mandarin de la République centrafricaine : une grande ténacité face à des situations difficiles, homme de dialogue et de consensus, diplomate de carrière, doué d’un sens aigu du devoir national et de l’esprit citoyen, il a apporté une contribution inestimable au ays à tous les postes de responsabilités de l’Etat qui lui ont été confiés.

Excellence M. le Président de la République, Chef de l’Etat,
Distingués invités,
Aujourd’hui, l’Ambassadeur Nestor Kombot-Naguemon en nous quittant tous, pour aller vers son destin, a laissé deux bref messages tels que nous les a traduit la police Judiciaire Française et disant ceci :
Sur le premier je cite :
« Pour ma femme adorée…
Mes enfants…
Mes petits enfants…
Mon tout dernier petit fils….
Mon pays, mes amis…
Regrets…
Adieu…
Je ne valais rien… »

Le deuxième messages disait ceci :
« Pour ma femme…
Mes enfants…
Tout tout dernier petit fils…
Regrets…
Adieu… »
fin de citation.

Le département des Affaires Etrangères s’interroge et cette question qui nous est posée aussi bien à la famille, à l’Etat à la Société, aux Amis et Connaissances, nous interpelle tous et commande une réflexion sur nous même.

Bien sûr, devant les difficultés liées à la conjoncture financière que traverse aujourd’hui l’Etat, nos Ambassades se portent mal, vraiment mal et il faut dire que les compatriotes qui ont accepté de servir la cause de la République centrafricaine dans nos Ambassades portent un véritable sacerdoce.

Le Président de la République lui-même n’a cessé de le relever en Conseil de Ministres. Il a toujours instruit les Ministres des Finances de considérer les problèmes des Ambassades comme faisant partie des priorités de l’Etat malgré les difficultés.

Et si à ces difficultés objectives s’ajoutent d’autres causes de nature diverse, il ne fait pas de doute que l’homme dans cette condition ne eut que s’interroger gravement sur le sens à donner à son existence.

Cher Doyen,
Toi qu’on appelait affectueusement Doyen au Département des Affaires Etrangères ne valait pas rien. Tu vas rester une référence pour les jeunes qui ont embrassé la carrière diplomatique. Tu as servi la cause de ton pays la République Centrafricaine auprès d’un Grand Pays Ami de toujours, la République Française, et ce, dans la dignité et le courage, malgré l’Etat de convalescence dans lequel tu te trouvais encore tu es allé représenter ton pays la République Centrafricaine aux festivités commémorant le 14 juillet dernier.

L’amitié que tu as su tisser avec nombre de diplomates t’a valu toute la présents de l’ensemble du corps Diplomatique accrédité en France ainsi que des honneurs officiels particuliers dignes de ton rang rendus par la France le vendredi dernier lors de la levée de ton corps.

Au nom du Président de la République, Chef de l’Etat, nous voulons remercier la France pour cette marque d’amitié.

Aujourd’hui tu nous quitte en laissant derrière toi une veuve et quatre enfants ; Nous implorons le Tout-Puissant pour qu’il leur apporte réconfort et assistance.

Adieu notre Doyen, repose en paix et la terre de nos aïeux te soit douce et légère.


09/11/2004
[source: site officiel du gouvernement - http://www.kodro.net]

Actualité Centrafrique de sangonet