Un livre à lire et à relire pour comprendre l'Afrique d'aujourd'hui à l'heure où la France et l'Europe s'installent dans l'espace Euro (€) de l'an 2002.
Un tableau sans complaisance de l'Afrique francophone et de ses relations de plus en plus ténues avec l'ancienne puissance colonisatrice, comme vient de le montrer la participation aux obsèques du Président Léopold Sédar Senghor (cf. l'article du quotidien français Le Monde du dimanche 31 au lundi 31 déc. 2001).
Espoir déçu, trahison, économie écroulée ou chancelante, tous les ingrédients sont réunis pour que le mariage franco-africain tende vers un divorce consommé. L'Afrique sans la France - l'Afrique qui va sans la France.
Jean-Paul NGOUPANDE, L'Afrique sans la France, Paris, Editions Albin Michel, 400 pages, 2002 (ISBN 2-226-13088-8)

Or on observe, depuis une décennie, un désengagement de Paris qui plonge les pays africains amis dans le désarroi. Ceux-ci crient à la trahison et à l'abandon.

De son côté, l'ancienne puissance colonisatrice ne cache plus sa déception, son ras le bol et son indifférence vis-à-vis d'un continent qui s'enferme dans la crise et qui ne représente plus que 1,6% des échanges commerciaux dans le monde (dont la moitié pour l'Afrique du Sud).

Par delà le constat d'un divorce consommé que dresse l'auteur à partir d'une riche expérience personnelle des relations entre la France et l'Afrique francophone, c'est surtout de la responsabilité, de plus en plus patente, des Africains eux-mêmes dans les dérives actuelles de leurs pays que traite le livre, et cela sans complaisance.

Jean-Paul NGOUPANDE propose, dans la 3è et dernière partie, des pistes de réflexion pour un renouveau de l'Afrique et pour son indispensable réinsertion dans l'économie mondiale. Il invite la France à accompagner la volonté de renouveau partout où elle commencera à se manifester. Après tout, quel intérêt aurait l'Europe à se désintéresser d'un marché potentiel de 700 millions de consommateurs ? En revanche, la poursuite de la décomposition d'un continent si proche géographiquement ne peut pas ne pas avoir des répercussions au nord de la Méditerranée.