Journée internationale de lutte contre le SIDA (15eme) et le SIDA en 2002


Marches, prières et espoir pour la Journée mondiale du sida

JOHANNESBURG (Reuters), dimanche 1 décembre 2002, 17h01 -  - Des millions de personnes ont marqué la Journée mondiale du sida par des marches, des prières et des manifestations d'espoir, sur fond de statistiques montrant que la pandémie progresse de façon alarmante dans certaines régions du globe.

En Chine, le gouvernement a annoncé qu'il enverrait en 2003 un million d'étudiants en campagne d'information à travers le pays. En Grande-Bretagne, des experts ont signalé une hausse impressionnante des nouvelles infections. Et l'Afrique du Sud, le pays le plus atteint par la maladie, a organisé des funérailles collectives d'enfants en bas âge.

"Nous rendons hommage à tous les enfants que nous avons perdus en leur prodiguant des soins", a déclaré Jackie Schoeman, du Refuge pour bébés de Cotlands, qui a enterré les cendres de petites victimes incinérées lors d'une cérémonie à Johannesburg.

En France, le président Jacques Chirac a lancé un appel à la mobilisation nationale et internationale contre la pandémie, soulignant "qu'on continue à mourir en France du sida".

"Il y a un effort beaucoup plus important qui doit être engagé sur le plan de la solidarité internationale, notamment vis-à-vis de l'Afrique", a dit le chef de l'Etat en précisant que la France inscrirait cette question à l'ordre du jour du prochain sommet du G8 qu'elle accueillera en juin 2003.

Les manifestations de la Journée mondiale du sida ont mis en évidence la dangereuse progression de la maladie depuis sa détection en 1981 chez des homosexuels aux Etats-Unis.

 

LES FEMMES DE PLUS EN PLUS TOUCHEES

Selon l'Onusida, l'agence de l'Onu spécialisée dans la lutte contre la pendémie, 42 millions d'êtres humains - pour moitié des femmes - ont contracté le virus HIV du sida dans le monde, la plupart d'entre eux en Afrique subsaharienne. Le sida aura tué plus de 3,1 millions de personnes avant la fin de l'année, tandis que cinq millions auront contracté le virus dans le même temps, dit le rapport de l'Onusida.

Si l'Afrique est le continent le plus touché, l'Europe de l'Est et l'Asie centrale connaissent, avec 1,2 million de malades, le taux de croissance le plus important de la pandémie. Mais c'est en Asie, tout particulièrement en Chine et en Inde, que le sida prend la forme d'une véritable bombe à retardement.

On estime à un million le nombre de personnes infectées par le VIH en Chine et, à moins que des mesures efficaces ne soient prises, ce chiffre pourrait atteindre les dix millions - soit l'équivalent de la population totale de la Belgique - avant la fin de cette décennie, dit le rapport onusien.

En Amérique du Nord et en Europe de l'Ouest, la distribution de médicaments antisida, en 1995-96, avait entraîné une chute conséquente du nombre de décès liés à la maladie. Mais même dans ces régions, le déclin de l'épidémie semble en perte de vitesse.

A l'échelle mondiale, la moitié des personnes infectées sont désormais des femmes, ce qui signifie qu'un nombre croissant de bébés pourront être infectés par leur mère et que les femmes, qui étaient un rempart contre la maladie dans des populations où les hommes étaient décimés, sont devenues aussi vulnérables.

En Afrique australe, où près de 30 millions de personnes sont affectées par la maladie, la production alimentaire recule sous les effets conjugués de la sécheresse et de la baisse du nombre de travailleurs, des millions d'enfants sont orphelins, l'espace manque dans les cimetières, l'espérance de vie moyenne diminue et des milliards de dollars échappent aux économies déjà fragiles de la région.

 

TABOUS SOCIAUX

"On ne distingue plus entre ceux qui vivent avec le HIV/sida et ceux dont ce n'est pas le cas", a déclaré dimanche le vice-président sud-africain Jacob Zuma dans un discours officiel à l'occasion de la Journée mondiale du sida. "Nous vivons tous avec la maladie et en sommes affectés de multiples façons."

 

Beaucoup de manifestations attiraient l'attention dimanche sur trois sujets d'inquiétude liés à la propagation du sida.

 

Le traitement, aujourd'hui limité à des cocktails complexes de médicaments antirétroviraux, n'est accessible qu'à un très faible pourcentage de personnes qui en ont besoin. La peur et les préjugés brident les victimes de la maladie, souvent tenues à l'écart des réseaux d'assistance communautaires aux moments où ils leur seraient le plus utiles. Enfin, la conscience générale de la maladie marque le pas, en dépit d'efforts d'éducation massifs sur ses modes de transmission et les moyens de l'éviter.

Longtemps épinglée pour avoir fermé les yeux sur une potentielle explosion de l'épidémie, la Chine a inauguré à l'occasion de la Journée mondiale une campagne de prévention et d'information, afin de mieux faire connaître la maladie et de persuader la population de ne pas se livrer à des discriminations contre les personnes infectées. Par cette initiative, Pékin donne à toute l'Asie, soit plus de la moitié de la population mondiale, la preuve que les tabous sociaux liés au sexe ne constituent pas nécessairement un obstacle incontournable dans la lutte contre la maladie.

Dans une tribune publiée par le New York Times, l'ex-président Bill Clinton note que les efforts de prévention et d'éducation sont insuffisants et qu'il faut agir davantage pour soigner les malades du sida. Selon Clinton, qui dirige une organisation de lutte contre l'épidémie avec Nelson Mandela, 95% des personnes infectées ne reçoivent aucun traitement. Il souligne aussi que près de six millions de personnes atteintes du sida dans les pays en développement sont indûment privées d'accès aux traitements qui ont fait leurs preuves en Occident.

La Journee Mondiale Contre Le Sida A Calcutta

dimanche 1 décembre 2002, 17h01

Des écolières indiennes assistent à un spectacle de danse destiné à les sensibiliser au Sida, lors de la Journée mondiale consacrée à la maladie à Calcutta. Selon un rapport de l'Onu, 7,2 millions de personnes sont atteintes de la maladie dans la région Asie-Pacifique. La situation est particulièrement préoccupante en Inde et en Chine où le nombre de personnes séropositives dépasse dans certains régions 10% de la population. /Photo prise le 1er décembre 2002 /Jayanta Shaw REUTERS


Le monde se mobilise contre le sida

PARIS (AFP), dimanche 1 décembre 2002, 11h30 - Le sida, avec plus de 3 millions de morts et 42 millions de personnes infectées dans le monde en 2002, s'affirme comme un fléau toujours plus meurtrier qui s'étend rapidement, au-delà de l'Afrique, à d'autres continents, au point de menacer la stabilité de la planète.

S'opposer à la stigmatisation et aux discriminations est le mot d'ordre de la 15e journée mondiale contre le sida, dimanche, et de la Campagne mondiale contre le sida 2002-2003.

En 2002, le sida a tué plus de 3 millions d'êtres humains (dont 610.000 enfants) et le monde compte 42 millions de personnes infectées par le virus, soit 2 millions de plus qu'il y a un an.

Si rien n'est fait, met en garde l'Onusida, les projections font craindre 45 millions de contaminations supplémentaires d'ici à 2010 dans les 126 pays à faible ou moyen revenus, dont plus de 40% en Asie et dans le Pacifique.

Pour combattre efficacement ce fléau, dix milliards de dollars par an au minimum seraient nécessaires, contre 3 milliards actuellement, a martelé le Dr Peter Piot, le patron de l'Onusida, le programme commun des Nations unies pour le VIH/SIDA.

En attendant, la vaste majorité des malades dans le monde n'a toujours pas accès aux traitements et l'infection se propage au rythme alarmant de 14.000 nouveaux cas par jour (+ 5 millions en 2002).

Pour la première fois de l'histoire de l'épidémie, les femmes représentent 50% de l'ensemble des personnes adultes séropositives (contre 48% en 2001), selon l'Onusida.

L'Afrique noire, qui abrite 29,4 millions d'habitants atteints par le virus, reste de loin le continent le plus touché. En 2002, 2,4 millions d'Africains en sont morts et plus de 14 millions risquent de mourir d'une famine, aggravée par l'épidémie qui touche toutes les forces productives.

"Sans le sida au Botswana, l'espérance de vie serait de 62 ans au lieu de 37 aujourd'hui, et les bases mêmes de la sécurité et de la stabilité sont touchées avec, dans cette région, des militaires infectés autour de 40% à 50%", souligne Michel Sidibé, directeur du département d'appui aux pays et régions de l'Onusida.

L'Inde et la Chine, qui pourraient compter 10 millions de porteurs du VIH d'ici à la fin de la décennie si rien ne vient enrayer l'épidémie, sont de véritables bombes à retardement, tandis que le sida continue à se répandre à grande vitesse en Europe orientale et en Asie centrale.

"La féminisation de l'épidémie va créer un problème majeur, ne serait-ce que parce que dans de nombreux pays, la survie de la famille dépend des femmes", selon M. Sidibé.

Les femmes sont souvent victimes de discriminations les empêchant d'accéder à l'éducation, aux soins et à l'emploi et dans nombre de pays, il leur est difficile de refuser des rapports sexuels à risque ou d'exiger le préservatif.

"Moins de 4% des patients ont accès dans le monde aux médicaments anti-sida (trithérapies)", s'indigne M. Sidibé. Pourtant, le Brésil a pu réduire de 50% la mortalité due à cette maladie, en recourant à des traitements génériques.

Malheureusement, l'épidémie profite aussi du rejet et de la répression, véritables entraves à la prévention, qui s'abattent encore sur les personnes contaminées quelle que soit l'origine de leur contamination.

"Ce n'est qu'en faisant du virus notre ennemi commun, et non les personnes qui en sont affectées, que nous réussirons dans ce combat mondial", rappelle le Dr Piot.

 

    Info : Onusida (Le rapport complet :Le point sur l'épidémie de SIDA
)

Chirac lance un appel à la mobilisation contre le sida

PARIS (Reuters), dimanche 1 décembre 2002, 15h22 - Jacques Chirac a lancé dimanche, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, un appel à la mobilisation nationale et internationale contre la pandémie, soulignant "qu'on continue à mourir en France du sida".

"Il y a une espèce de banalisation dans ce domaine difficile à comprendre et impossible à admettre, dans la mesure où nous savons que le sida progresse et qu'on continue à mourir en France du sida", a déclaré le chef de l'Etat à l'issue d'une réunion à Paris avec des responsables et des bénévoles de l'association Aides.

Durant plus de deux heures, Jacques Chirac a écouté bénévoles, thérapeutes et malades dans les locaux "Arc-en-Ciel" d'Aides pour tenter de mesurer les implications sociales, psychologiques, sanitaires du VIH, "qui reste une maladie dont on ne parle pas", de l'avis des intervenants.

Le chef de l'Etat a ainsi relevé, à l'instar des membres de l'association, "une déconnection dangereuse" entre la réalité de la maladie et la vigilance de la population, qui s'émousse.

"On constate un intérêt décroissant qui est en contradiction avec la réalité des choses", a estimé Jacques Chirac.

Gino Paveglio, responsable de Aides-Paris, impute ce phénomène à l'apparition des trithérapies en 1996, qui a permis d'améliorer la situation des malades, mais aussi à un déficit d'information qui a entraîné un relâchement des comportements.

"Les jeunes se sentent en dehors de l'épidémie. Le sida, c'est pour les vieux, c'est pour les minorités, c'est ailleurs", constate François Benet, un enseignant de 42 ans atteint de la maladie qui intervient dans les collèges et lycées pour expliquer les modes de transmission du sida.

Un rapport du Commissariat général du Plan sur la politique de lutte contre le sida en France entre 1994 et 2000 souligne que la politique de prévention nationale "manque de cohérence". Une nouvelle campagne télévisée du ministère de la Santé devait être lancée à partir de dimanche.

On estime entre 120.000 et 150.000 le nombre de séropositifs en France, dont la moitié en Ile-de-France.

Selon l'Institut de veille sanitaire, le nombre de diagnostics de séropositivité repart à la hausse: la proportion de diagnostics positifs dans les centres parisiens de dépistage anonyme et gratuit est passée de 7,4 pour mille en 1998 à 11 pour mille en 2001.

 

CRITIQUES SUR LA LOI SARKOZY

Aujourd'hui, le premier mode de contamination est hétérosexuel et la maladie touche de plus en plus les femmes, notamment celles originaires de l'Afrique subsaharienne. L'une d'elles, une Tchadienne qui a appris sa séropositivité l'an dernier, assistait à la réunion.

Les intervenants ont indiqué que l'épidémie en France était fortement liée aujourd'hui à la précarité et que les malades étaient très souvent sans emploi et/ou sans domicile fixe. Combiné à ces "détresses lourdes", le sida reste "un facteur d'exclusion et de discrimination", ont-ils rappelé à Jacques Chirac, qui souhaite la création d'une autorité indépendante anti-discriminations.

Une discrimination qui inquiète les associations dans le cas particulier des prostitué(e)s, cibles du projet de loi sur la sécurité intérieure de Nicolas Sarkozy.

"Ce texte va les obliger à la clandestinité, augmenter la précarité et les risques sanitaires", a expliqué Olivier Sylvestre, chargé de la prévention auprès des prostitués à Aides.

Le chef de l'Etat a défendu, sans convaincre les intervenants, le texte du ministre de l'Intérieur qu'il juge nécessaire pour sanctionner les "réseaux mafieux".

Le cas des détenus atteints du sida a également été évoqué pour souligner la nécessité de grâces médicales en faveur des malades dont le pronostic vital est entamé, conformément à la loi de mars 2002. Les responsables de l'association se sont ainsi émus de la libération de Maurice Papon, regrettant "un manque d'équité" à l'égard de la population carcérale.

S'il a reconnu "avoir beaucoup appris" sur la pandémie, Jacques Chirac a préféré porté le débat sur le plan international, déplorant qu'on "ne se mobilise pas assez contre le sida ailleurs".

Aujourd'hui, 42 millions de personnes, dont près de 30 millions d'Africains, sont porteurs de la maladie dans le monde.

L'Afrique, a déclaré Jacques Chirac, "doit être soutenue et aidée, notamment dans le cadre des décisions en préparation sur l'accès aux médicaments", au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Il a précisé que la France inscrirait cette question à l'ordre du jour du prochain sommet du G8 qu'elle accueillera en juin 2003.

Les 145 membres de l'OMC peinent actuellement à trouver un accord sur l'accès des pays démunis aux médicaments, dans la ligne des accords de Doha de novembre 2001.

Le Sida EN 2002

dimanche 1 décembre 2002, 16h02  - LE SIDA EN 2002

La pandémie du SIDA (carte OMS) : Situation de l'année 2001

Dossier sangonet - SIDA, rapport ONUSIDA (2 juin 2002)