Découvreurs africains de médicaments contre le VIH/SIDA et diabètes: vont-ils vivre longtemps sans brusque disparition ?

"Nous avons pris des précautions pour protéger les auteurs (des découvertes). (...) Il faut savoir se taire".
Il y a de quoi s'inquiéter. A chaque fois que la nouvelle se répand en Afrique pour dire qu'un médicament mis au point par un chercheur africain est sur le point d'entraîner la guérison, celui-ci disparaitra fatalement peu de temps après l'annonce. Ainsi, le produit ne pourra pas être expérimenté longtemps ou n'atteindrait pas sa phase commerciale brevetée. Désormais, la méfiance est de rigueur. Comme l'a prédit une vieille dame de la Guinée, "le médicament pour soigner le SIDA viendra d'Afrique mais nos soigneurs ne veulent pas s'exposer...".  Finalement, avec les travaux des scientifiques et des tradi-praticiens sénégalais, on n'est pas bien loin de la vérité.

Des brevets à une ONG pour des médicaments contre le sida et le diabète
AFP, DAKAR, 30 mai 2002 - 19h10 - L'organisation non gouvernementale africaine "Promotion des médecines traditionnelles" (PROMETRA) a annoncé jeudi à son siège de Dakar avoir obtenu cinq brevets pour des médicaments "d'une
efficacité attestée" dans le traitement contre le VIH/sida et le diabète. L'organisation avait déposé des dossiers de "demande de protection" auprès de l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), a expliqué le président de PROMETRA International, le Dr Erick Gbodossou, au cours d'une conférence de presse.
Elle a obtenu un premier brevet pour un traitement à base de médicaments traditionnels, présenté pour l'instant sous l'appellation "Métrafaids", ayant donné "des résultats très prometteurs" sur 62 personnes "vivant avec le VIH 1 ou le VIH 2 ou ces deux virus à la fois", a-t-il indiqué.
Ces 62 patients (44 hommes et 18 femmes âgés de plus de 18 ans) ont reçu un traitement de 6 mois au Centre expérimental de médecines traditionnelles de Malango (CEMETRA), dans la région de Fatick (centre du Sénégal), en trois phases, entre décembre 1999 et mai 2002, et l'équipe de chercheurs a constaté que leur charge virale avait baissé de 67 à 99%, a ajouté Dr Gbodossou.
"Selon les normes internationales, un médicament est +bon+ lorsqu'il est capable de diminuer la charge virale d'au moins 66%", a-t-il précisé.
Les quatre autres brevets concernent quatre médicaments à base de plantes contre le diabète - un contre le diabète insulino-dépendant et trois contre le diabète non insulino-dépendant -, présentés sous le nom de "Métrafdiabète", administrés à 50 patients volontaires, selon la même source.
Ces 50 patients (15 hommes et 35 femmes âgés de plus de 18 ans) souffraient de différentes formes de diabète. Le traitement expérimental, également en trois phases au cours de la même période, a permis de réduire leur taux de sucre et
d'arriver à une glycémie normale, d'après Erick Gbodossou.
Les dirigeants de l'ONG panafricaine, parmi lesquels les présidents des branches de onze pays du continent, n'ont pas montré d'échantillons de ces médicaments, les décrivant seulement comme "à base de plantes (et) sous forme poudreuse".
Cependant, ont-ils expliqué, la PROMETRA a "tenu à faire l'annonce" de l'obtention de ces brevets "en Afrique, en attendant d'aller les présenter" à la Conférence mondiale de Barcelone sur le VIH/sida, du 7 au 12 juillet prochain, d'après Erick Gbodossou.
"Nous avons pris des précautions pour protéger les auteurs (des découvertes). (...) Il faut savoir se taire", a-t-il ajouté, estimant que c'est "la première fois que des chercheurs et guérisseurs africains travaillent ensemble pour apporter des réponses aux problèmes locaux" du continent.
Ces traitements expérimentaux, qui ont également porté sur des dermatoses, ont été réalisés avec un "budget de recherche" de 800.000 dollars par an, financé notamment par la Fondation Ford, d'après l'ONG.
La PROMETRA, créée en 1971 pour notamment "promouvoir les médecines traditionnelles", est présente dans plusieurs pays d'Afrique et dispose de Comités scientifique et d'éthique ainsi que d'une association de tradipraticiens, selon la même source.


Un plan d'action pour le programme africain de vaccin contre le SIDA
AP, GENEVE, jeudi 30 mai 2002, 19h05 - Une réunion rassemblera les 3 et 4 juin chercheurs africains, organisations internationales, donateurs et instituts de recherche pour accélérer la recherche et les tests en vue de la mise au point d'un vaccin contre le SIDA pour l'Afrique, a annoncé jeudi Peter Piot, directeur exécutif du programme ONUSIDA.

Cette réunion vise à définir un plan d'action pour les sept prochaines années et à obtenir 233 millions de dollars pour financer le programme africain de vaccins contre le SIDA.

"Un vaccin pour l'Afrique serait la meilleure mesure de prévention à long terme contre le SIDA. Cette initiative mérite que l'on y consacre des efforts colossaux afin de pouvoir faire face à la tragédie de la santé et du développement qu'est devenu le SIDA pour de nombreux pays africains", a souligné M. Piot.

Si les deux tiers des personnes vivant avec le VIH résident en Afrique, la recherche africaine sur les vaccins ne reçoit actuellement que 41 millions de dollars sur les 2,5 milliards consacrés chaque année à la recherche sur le virus, c'est-à-dire à peine 1,6% du total, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Alors que plus de 30 essais sur des vaccins contre le virus du SIDA ont été effectués dans le monde depuis 1987, seuls deux l'ont été en Afrique. Or, comme le relève l'ONUSIDA, certaines souches de VIH présentes en Afrique sont différentes de celles que l'on rencontre dans les autres parties du monde et les vaccins actuellement éprouvés en Asie ou aux Etats-Unis ne conviennent peut-être pas aux Africains. AP


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