MANIFESTE
POUR L'EXERCICE
DE LA DEMOCRATIE EN CENTRAFRIQUE

par le
Groupe d'Action pour la Défense de la Démocrarie en Centrafrique (GADEC)


PREAMBULE

Nous, membres fondateurs du Groupe d'Action pour la Défense de la Démocratie en Centrafrique (GADEC),

- Désireux de constituer un cadre de réflexion en vue de contribuer au développement socio-économique de la République Centrafricaine;

- Fermement résolus à contribuer au respect des principes de la démocratie, des droits et devoirs des citoyens proclamés par la charte des Nations Unies sur la Déclaration Universelle des droits de l'homme du 10 Décembre 1948;

- Résolus à veiller à l'application des principes constitutionnels conformes aux principes du "gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple", fondements de la démocratie;

- Considérant que l'Etat Centrafricain, un et indivisible, est régi par des principes fondamentaux bien définis dans sa constitution qui sont: Unité, Liberté, Egalité des Chances et des Droits pour toute Personne vivant sur le territoire centrafricain, Impartialité, Sécurité, Solidarité entre les Populations, Laïcité, Dignité dans la vie courante, Respect des Biens Publics, Moral Civique, Sûreté, etc...;

- convaincus que la diversité raciale et ethnique constitue un atout dans l'évolution et le développement d'une nation moderne;

- Déterminés à amener le citoyen centrafricain à respecter la constitution et, par delà à respecter les droits de la personne;

- Déterminés à aider la République Centrafricaine à sortir de l'isolement, de l'apathie, et de la médiocrité afin d'en faire un partenaire à part entière de la communauté internationale;

- Soucieux d'informer la communauté internationale et nationale sur l'évolution politique et le respect de la démocratie en République Centrafricaine;

Adhérons solennellement en tous points à l'analyse, à l'objectif et aux moyens d'action définis dans le présent manifeste pour la sauvegarde de la nation Centrafricaine.

1- APERCU SUR LA DEMOCRATIE

A) - Définition

Ethymologiquement, le mot démocratie vient du grec DÊMOCRATIA de "DEMOS" le peuple, et "CRATOS" le pouvoir. La démocratie est donc "le pouvoir du peuple" qui ne pouvant l'exercer directement le délègue à ses représentants élus. Ces derniers exercent le pouvoir par la volonté du peuple. Ainsi la Démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. La démocratie ainsi définie était une notion contingente et évolutive! Dans la Grèce antique, la démocratie ne s'appliquait pas à toutes les cités (villes) grecques et non plus à tous ses habitants. Cette démocratie ne s'appliquait qu'aux seuls habitants de la cité d'Athènes. En étaient exclus les habitants des autres cités grecques, les métèques (comprendre étrangers) et les esclaves. On retrouve l'exemple grecque dans la Rome antique où seuls les citoyens romains, c'est à dire les habitants de la cité de Rome, pouvaient exercer la magistrature (à savoir le droit de diriger et de voter), les pérégrins (voyageurs, étrangers) ainsi que les esclaves n'y avaient pas droit; cette forme de gouvernement était également pratiquée dans les bourgs anglais ainsi que dans les cantons suisses. La nouvelle notion de la démocratie a commencé à faire son apparition sur la scène internationale après la déclaration d'indépendance des Etats-Unis en 1776 et surtout après la première révolution française du 14 Juillet 1789 qui a donné naissance à la déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui devient le corollaire de la démocratie. Cette dernière est devenue universelle après la déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par les Nations Unies le 10 Décembre 1948. Depuis cette date, un Etat est dit démocratique lorsqu'il reconnaît et applique dans sa gestion sociale et publique les principes de la déclaration universelle des droits de l'homme. La plupart des Etats modernes sont définis par la diversité de leurs races, de leurs ethnies et de leurs cultures, par la laïcité de leur système politique, par la frontière de leur territoire ainsi que par leur population. La démocratie est donc définie par la souveraineté appartenant à l'ensemble des citoyens de l'Etat. Le citoyen dans le cas présent est synonyme de l'homme en tant qu'être libre à savoir disposant de tous ses droits.

La République Centrafricaine en tant que pays membre de l'Organisation des Nations Unies a ratifié la déclaration Universelle des droits de l'homme et la nouvelle constitution centrafricaine de 1994 a intégré dans son préambule la déclaration des droits de l'homme.

B) - Caractéristiques

A partir de 1917, avec l'avènement de la révolution bolchévique en URSS deux types de démocratie ont vu le jour et ont commencé à s'affronter:

- La démocratie libérale qui est qualifiée de démocratie bourgeoise ou capitaliste. Ce courant peut être du type monarchique ou républicain. Cette démocratie repose sur l'individu et la propriété privé qui constituent le fondement de la société bourgeoise. L'individu est sacré et peut acquérir des biens et s'enrichir. Elle constituait et continue à être le principal mode de gouvernement dans les pays occidentaux capitalistes.

- La démocratie populaire, prolétarienne ou communiste s'oppose à la démocratie bourgeoise. Elle repose sur les critiques inspirées par Karl Marx à l'égard des droits civils, politiques et économiques. Elle est de type collectiviste et reconnaît la supériorité de l'Etat sur l'individu. Ainsi pour les adeptes de la démocratie populaire, le droit à la propriété individuelle implique la liberté individuelle qui est la liberté nécessaire au capitaliste qui, opposant l'homme à l'homme, permet l'exploitation de l'homme par l'homme, négation même de la liberté. Par conséquent la propriété privée est considérée comme un vice. La démocratie populaire a été pratiquée en URSS et dans les pays de l'Europe de l'est jusqu'en 1989, en Chine (après la victoire de Mao Zedong sur les nationalistes en 1945) et dans de nombreux pays du tiers monde. Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, l'influence de ce courant s'est nettement amoindrie.

Aujourd'hui, on rencontre essentiellement trois pratiques de la démocratie libérale dans un Etat:

1)- La démocratie indirecte, représentative ou délégative. Les citoyens élisent leurs représentants à qui ils confient plein pouvoir pour défendre en leur nom, toutes causes auprès des instances nationales. Elle représente la forme la plus courante et le principal modèle de représentation de la démocratie dans une société.

2)- La démocratie directe repose sur la consultation directe du peuple pour des problèmes fondamentaux de réorientation (nouvelle constitution à adopter, à amender, etc...) de société ou d'introduction de nouvelles donnes dans la vie publique.

3)- la démocratie délibérative qui représente quant à elle une forme intermédiaire entre la démocratie délégative et la démocratie directe. Elle se traduit par la mise en place des mécanismes permettant aux citoyens de délibérer et de se prononcer collectivement sur un sujet d'intérêt général, par contre la décision politique revient aux représentants élus.

C) - Fonctionnement

Il serait totalement inexact de croire que "l'Afrique n'est pas mûre pour la démocratie". Si on accepte que les principes fondamentaux de la démocratie sont la liberté individuelle et les droits économiques et sociaux de l'homme et, de plus, si on reconnaît que tous les hommes naissent égaux et ont les mêmes droits devant la loi, il ne devrait pas avoir de discrimination dans les pratiques démocratiques.

Dans les pays du tiers monde, en Afrique et plus particulièrement en République Centrafricaine, force est de constater que la démocratie ne fait pas encore partie de la culture, ni des mœurs politiques. La nature du système politique dans ces pays en général, en dépit des professions de foi, ne peut être révélée par la seule analyse de la constitution quand bien même que celle-ci dans sa rédaction soit démocratique.

Il est important de noter que dans de nombreux pays, les dirigeants font passer leur intérêt personnel avant l'intérêt supérieur de la nation. Ainsi on peut s'attendre à ce que, les hommes politiques de ces Etats recherchent le pouvoir personnel. Cette situation se traduit par la concentration de tous les pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) de l'Etat entre les mains d'une personne et/ou d'un groupe de personnes remettant en cause la bonne marche de la démocratie.

Pour de bonnes pratiques démocratiques, il est important qu'il y ait une séparation effective des différents pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) les rendant indépendants les uns des autres permettant ainsi un juste équilibre. Cet équilibre se faisant en faveur du citoyen qui demeure le principal acteur et animateur de la société.

La démocratie moderne n'admet pas que l'exécutif prenne le pas sur le législatif ni sur le judiciaire. Chaque pouvoir à des tâches publiques et sociales bien définies. Le quatrième pouvoir de la démocratie est représenté par la presse. Pour que la démocratie s'exerce pleinement, la presse doit garder son indépendance et ne doit pas être soumise à aucune autorité politique. La liberté de pensée, de parole et de création permet à l'homme de s'affirmer et de pouvoir évoluer.

2 - DEMOCRATIE ET CENTRAFRIQUE

A) - Présentation de la République Centrafricaine

La République Centrafricaine, anciennement Oubangui-Chari pendant la colonisation, est située au cœur de l'Afrique et est limitée au nord par le Tchad, à l'est par le Soudan, à l'ouest par le Cameroun et au sud par les deux Congo (République du Congo (Brazzaville) et République Démocratique du Congo (Kinshasa)). La superficie de la République Centrafricaine est de 623 000 Km2 avec une population totale de près de 4M d'habitant dont plus d'un cinquième (1/5), environ 600000 hab, vit dans la capitale Bangui. Pays situé juste au-dessus de l'équateur, il présente une végétation très diversifiée et abondante liée à l'influence des climats tropical humide au sud (zone couverte par la forêt équatoriale) et tropical sec au nord (zone de savane). Cette végétation diversifiée est à l'origine d'une faune également diversifiée qui malheureusement subit un braconnage sévère qui a entraîné presque la disparition de certaines espèces très recherchées tels que les éléphants, les rhinocéros, etc.......

A l'exception des populations du nord de la République Centrafricaine (Nord-Ouest, les Mbum et le long de la frontière Tchadienne les Sara et les ouaddayennes le long du fleuve Aouk), les neuf dixièmes (9/10) de la population centrafricaine parlent des langues d'origine oubanguienne. Cette parenté linguistique oubanguienne cache des différences culturelles dans les populations centrafricaines. On trouve essentiellement deux grands groupes parmi les populations oubanguiennes de la République Centrafricaine:

- Au niveau de la dorsale oubanguienne, c'est à dire la partie centrale du pays, il y a les oubanguiens de la savane qui sont essentiellement des agriculteurs. Ce sont des groupes ethniques composés essentiellement des Gbaya, des Mandja et des Banda.

- Au sud, dans le bassin du Congo, on trouve les oubanguiens du fleuve qui sont des agriculteurs et des pêcheurs constitués par les groupes des Ngbaka, Issongo, Gbanziri, Ngbandi (Yakoma et Sango), Nzakara et Zandé.

L'ensemble des oubanguiens du fleuve est moins nombreux que celui des oubanguiens de la savane.

- Enfin dans la deuxième moitié du 20e siècle, on assiste à une immigration:

* des Fulbé, Haoussa et Kanuri venant du Nigéria

* des Arabes et des Kanembu du Tchad

* des Soudanais

* quelques Indiens.

Cette relative homogénéité dans la population centrafricaine est à l'origine de la naissance d'une langue nationale, le Sango à côté d'une langue officielle le Français.

La diversité culturelle est actuellement utilisée par certains politiciens centrafricains pour diviser le pays en centrafricains de la savane et centrafricains du fleuve.

B) - Situation Economique

Pays enclavé au cœur de l'Afrique, la République Centrafricaine est handicapée par sa situation géographique. Son économie rendue inexistante et totalement dépendante de l'aide extérieure est incapable de démarrer: absence d'industrie, une agriculture primaire, un échange commercial déficitaire. La République Centrafricaine est tributaire des voies de communication de ses voisins: plus de 2000 km de route de Bangui (capitale de la République Centrafricaine) à Douala (ville portuaire du Cameroun); plus de 1000 km par voie fluviale de Bangui à Brazzaville (capitale de la République du Congo) pour atteindre le chemin de fer Congo-Océan. 80% de la population centrafricaine pratique l'agriculture de subsistance. On trouve quelques cultures d'exportations (coton, café, cacao, sésame, caoutchouc......). Sur le plan des richesses minières, le sous-sol centrafricain est sous exploité. A l'heure actuelle, seuls le diamant et l'or, extraits de manière artisanale, constituent la principale source d'exportation du pays. La République Centrafricaine présente un déficit dans son commerce extérieur en 1995 de près de 4 millions de dollar et sa dette extérieure totale est d'environ 890 millions de dollar. Son PIB en 1994 la classe en 4ème position au niveau des pays de l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale (UDEAC).

C- Histoire de l'Evolution Politique et Sociale

a) - Période Précoloniale

L'époque précoloniale centrafricaine est mal connue, néanmoins on pense que l'espace centrafricain actuel a été peuplé au moins 2000 ans avant JC par des pygmées et des populations négroïdes. L'actuelle République Centrafricaine et le sud du Tchad ont été colonisés par les oubanguiens probablement 2000 ans avant JC.

Du fait de sa position continentale, l'espace centrafricain a été plus ou moins épargné par le commerce de traite atlantique, nilotique et saharien représenté par les razzias esclavagistes. La population de cette région aurait été probablement détruite par des épidémies transmises par des populations extérieures (surtout côtières, donc plus exposées aux maladies étrangères au continent dû au contact avec les peuples des autres continents vers la fin du 19e siècle) qui fuyaient les razzia esclavagistes le long des côtes africaines.

b) - Période Coloniale

La première pénétration française en Centrafrique se situe vers 1890 avec la création du poste de Bangui. Cette période coloniale qui va durer jusqu'en 1958 fut caractérisée par de grands troubles:

- Des traités truqués qui n'avaient que pour but de déposséder les chefs, rois et sultans locaux de tout pouvoir au profit de l'administration coloniale.

- Les concurrences entre les puissances coloniales européennes (surtout Française et Anglaise) qui dans leur quête de réaliser les grands axes (par exemple: axe Ouest-Est (Français): Dakar, Sénégal, à Djibouti; et l'axe Nord-Sud (Anglais): Le Caire (Egypte) au Cap (Afrique du Sud)) a abouti au partage de l'Afrique à la conférence de Berlin en 1884-1885.

- L'exploitation sauvage de l'actuelle République Centrafricaine par des compagnies concessionnaires françaises par l'institutionnalisation des travaux forcés, l'impôt de capitation, les cultures obligatoires, les corvées masculines, féminines voire infantile qui ont entraîné des résistances et des révoltes dont le point culminant fut la guerre des "Kongo-wara" (guerre des houes) en 1928.

Cette période coloniale entraîna des conséquences sociales considérables avec des bouleversements des structures sociales. Le développement du commerce allait ébranler la vie communautaire centrafricaine: les rites traditionnels tombant en désuétude, les travaux champêtres furent délaissés au profit: du transport du caoutchouc, du portage, de la création des postes administratifs en dehors des villages, des constructions de villages pilotes, de l'abandon de l'artisanat entraînant une crise dans l'agriculture traditionnelle. Ainsi fut né l'exode rural (fléau contemporain) dépeuplant la campagne au profit de Bangui.

Cette période fut également caractérisée par le ralliement de la colonie de l'Oubangui-chari (République Centrafricaine) à l'appel du général De Gaule, le 13 Août 1940 sous l'impulsion de Félix Eboué, gouverneur général de l'Afrique Equatoriale Française (AEF).

Avec la conférence de Brazzaville en 1944 et l'élection du premier député oubanguien, Barthélémy Boganda à l'Assemblée Nationale Française, le peuple centrafricain venait de faire son entrée sur la scène politique française et un peu plus tard mondiale après la proclamation de son indépendance le 13 Août 1960.

Boganda dont la principale idée politique était autonomie et participation dans la communauté française, créa un parti politique, le MESAN (Mouvement Social de l'Evolution en Afrique Noire) qui avait pour but de construire une nation unitaire, dénommée Union des Républiques d'Afrique Centrale (URAC) regroupant les anciennes colonies de l'Afrique Equatoriale Française (l'ex-Congo-Français, le Gabon, l'Oubangui-Chari et le Tchad) et de permettre son évolution vers l'indépendance vis-à-vis de la puissance coloniale. L'URAC devait être l'étape préliminaire pour la constitution des Etats-Unis d'Afrique Centrale qui seraient composés du Cameroun, du Congo Belge, du Royaume de l'Urundi et de l'URAC. Boganda devint le premier Président de la nation lors de la proclamation de la République Centrafricaine le 1er Décembre 1958 à la suite de l'échec de ses idées fédéralistes. A sa mort, suite à un accident d'avion, David Dacko lui succèda en 1959.

c) - Période Post-coloniale, l'avènement de Bokassa et la confiscation de la révolution Centrafricaine

La prise de pouvoir de l'Etat par Dacko va complètement changer l'évolution démocratique de la politique du jeune Etat centraficain naissant. La concentration de tous les pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) aux mains de Dacko fit dériver le régime constitutionnel d'inspiration parlementaire basé sur la constitution française de 1958 en un régime autocratique, despotique et totalitaire. Il mit, pour la première fois, fin aux multipartismes dans le pays. Le Président de la République et son gouvernement ne sont plus responsable de leurs actes vis-à vis de l'Assemblée Nationale Centrafricaine (loi du 15 décembre 1960) et l'élection du Président de la République par le suffrage universel direct fut supprimé.

Le MESAN fut institutionnalisé et devint parti unique en 1964. Tout responsable politique ou public centrafricain devrait être membre du parti unique (par exemple: les chefs de village et les maires de communes rurales étaient les représentants du MESAN dans leur circonscription respective). Dacko nommait à toutes les fonctions, désignait les députés et dignitaires du MESAN, contrôlait sans partage tous les rouages de l'Etat centrafricain. Un mécontentement général s'était développé au sein de la population. Dans la nuit du 1er janvier 1966, le colonel Bokassa et un groupe de soldats mirent fin au pouvoir de Dacko.

Le coup d'état de la Saint Sylvestre 1966 permit à Bokassa d'établir son pouvoir avec l'aide de l'armée centrafricaine. Le but du régime provisoire (qui a finalement gouverné pendant 14 ans à l'aide de 2 actes constitutionnels de 1966 qui abolissaient la constitution de 1964) était:

- de moraliser l'administration publique centrafricaine;

- d'attenuer les désordres financiers, la corruption, la gabégie du régime Dacko;

- de s'opposer à la pénétration Chinoise en Centrafrique.

Les deux actes constitutionnels donnaient tous les pouvoirs (exécutif et législatif, dissolution de fait de l'Assemblée Nationale Centrafricaine) de l'Etat au Président de la République qui gouvernait par voie d'ordonnances. En plus du pouvoir personnel et autoritaire, la mégalomanie, le despotisme, l'enrichissement illicite entraîneront Bokassa à gravir très rapidement les échelons de l'armée (général puis maréchal), puis à devenir Président à vie. Le 10 Novembre 1976, le congrès extraordinaire du MESAN (parti unique étatique) décida de transformer la République Centrafricaine en Empire. Bokassa devint le premier Empereur de Centrafrique sous le nom de Bokassa 1er le 4 Décembre 1977. Pendant les 14 ans de règne de Bokassa, les centrafricains opposèrent une résistance passive aux excès du régime Bokassa bien qu'il y ait eu par ci et là des attentats ou parfois des tentatives truqués de coups d'états qui échouèrent et dont les auteurs furent sommairement exécutés.

La fin du régime Bokassa vint à la suite de la révolte des scolaires et lycéens dont la répression sanglante par sa garde prétorienne indigna le monde entier. Le 20 septembre 1979, profitant du séjour de Bokassa en Libye, la France à la suite de l'opération Barracuda s'empara de Bangui et réinstalla Dacko au pouvoir. Au cours de cette opération, l'armée Française en profita pour saisir et emmener toutes les archives de l'Etat Centrafricain qui étaient basées à Berengo vers une destination inconnue.

Le retour de Dacko au pouvoir n'arrangea pas la situation: la corruption, la gabégie, l'irresponsabilité continuaient à dominer la vie politique et sociale centrafricaine.

Le 1er Septembre 1981, une junte militaire repris le pouvoir avec à sa tête le général André Kolingba. Du fait de la désorganisation de l'opposition, le gouvernement militaire, après avoir fondé un nouveau parti unique, le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC), fit plébisciter une constitution le 21 Novembre 1986. En 1991, la pression populaire et les conditions françaises de la conférence de Baule permirent la renaissance des partis politiques. Les élections pluralistes et démocratiques (présidentielles et législatives) furent organisées en 1993. Ange-Félix Patassé fut élu Président de la République Centrafricaine.

d) - Situation Actuelle

Tout le monde se rappelle la joie et l'espoir que tous les centrafricains avaient placé dans le gouvernement né après les premières élections démocratiques en Centrafrique! Les syndicats ainsi que les partis politiques d'oppositions avaient décidé de donner sa chance au gouvernement pour une période d'un an pendant laquelle ce dernier devrait mettre en place une véritable politique de développement et d'indépendance nationale. Après 3 ans de gouvernement issu d'élections démocratiques, la situation politique, sociale et économique centrafricaine a regressé et a abouti à une grave crise sociale à laquelle le pays n'a jamais été confronté depuis son existence: des mutineries répétitives (3 mutineries en moins d'une année) d'une partie des forces armées centrafricaines. La survenue de cette situation est due à un manque de pratiques démocratiques ainsi que de confiance entre le peuple centrafricain et ses responsables politiques. En passant un contrat de dupe avec le peuple par des promesses utopiques, la nature véritable du régime en place a montré l'opportunisme, l'incurie, le sectarisme, le tribalisme et la prévarication du Président Patassé et de ses acolytes. Tout se passe comme si le fait d'être démocratiquement élu au suffrage universel à la tête d'un pays donne tous les droits au Président de la République de priver le peuple de ses droits élémentaires à savoir la LIBERTÉ qui se traduit par: des arrestations arbitraires, des enlèvements et des assassinats de citoyens, l'enrichissement illicite, la mauvaise gérance de la chose publique. Pour le peuple Centrafricain, la période actuelle dite démocratique n'a rien à envier avec les dictatures militaires de Bokassa puis de Kolingba par le caractère despotique, démagogique et autocratique du pouvoir. En face de ce pouvoir totalitaire et anti démocratique, l'opposition centrafricaine n'arrive pas à coordonner ses actes, paraît démissionnaire et divisée face à ses responsabilités et joue l'immobilisme.

L'implication de l'armée française basée en Centrafrique dans les derniers événements qui se déroulent en Centrafrique a surpris la communauté nationale et internationale. Elle a montré comment la démocratie est une notion contingente et dépend essentiellement des facteurs socio-économiques et culturels. A l'heure ou nous avions décidé de la création de cette organisation, une force d'interposition composée des soldats de 6 pays africains (Burkina Faso, Gabon, Mali, Sénégal, Tchad et Togo) constituent la Mission d'interposition des accords de Bangui (MISAB) qui a pour rôle de désarmer les protagonistes (mutins et milices) et rétablir la paix en Centrafrique.

Conscient du déficit de démocratie et des pratiques totalitaire, autocratique et despotique, le GADEC s'engage totalement à œuvrer pour l'avènement d'une véritable démocratie et du respect des droits de l'homme en Centrafrique

3 - LE GADEC

A) - Définition

Le GADEC se définit comme une organisation à but non lucratif, totalement impliquée dans la défense de la démocratie en Centrafrique. La démocratie dans le cas présent, étant l'institution politique gouvernementale qui découle directement des principes de droits de l'homme. De plus, le GADEC comporte un volet humanitaire d'aide au développement socio-économique de la population centrafricaine.

B) - Objectifs

Les membres fondateurs du GADEC, à partir d'analyses des principaux problèmes nationaux et internationaux, de l'histoire socio-politique de la République Centrafricaine (qui a traversé trois décennies d'autoritarisme), ont retenu ce qui suit comme principaux objectifs en vue de la démocratisation effective de la vie publique et sociale en République Centrafricaine:

1) - Opposition par tous les moyens démocratiques à l'oppression du peuple Centrafricain par tout pouvoir autoritaire, totalitaire, despotique, arbitraire et dictatorial.

2) - L'instauration d'une véritable démocratie et des valeurs républicaines basées sur les droits de l'homme à savoir égalité de tous les citoyens devant la justice, liberté de pensé et de parole, droit à la propriété privée, la liberté d'association, etc...

3) - La séparation claire entre les trois pouvoirs: exécutif, législatif et judiciaire permettant à chacune des institutions de faire correctement son travail évitant par la même occasion la corruption, l'autoritarisme et le despotisme. La liberté de la presse devant être garantie par une totale indépendance vis-à-vis de ces trois pouvoirs.

4) - La réconciliation nationale et l'unité du peuple centrafricain se traduisant par la lutte contre les discriminations basées sur l'ethnie, le régionalisme, le sexe, la religion, la race, etc...

5) - La promotion d'une meilleure gestion de la chose publique et la moralisation de la société centrafricaine par la réintroduction de l'instruction civique dans les programmes scolaires et universitaires permettant ainsi une lutte soutenue contre la corruption, la gabégie, le népotisme, les détournements de fonds publics, l'expropriation des citoyens, l'enrichissement illicite, les fraudes fiscales et douanières, etc...

6) - La mise en place d'une véritable politique économique susceptible de mener la République Centrafricaine vers une économie transparente et pouvant, dans ce cas, garantir la liberté d'entreprendre un des principaux atouts dans la consolidation de la démocratie.

7) - La promotion d'une politique efficace et effective de développement dans tous les domaines basée sur la valorisation des ressources humaines.

8) - L'intégration dans la vie collective des moyens culturels permettant un plein épanouissement du citoyen centrafricain.

9) - La restructuration de l'armée nationale centrafricaine en se basant sur les conclusions des états généraux de l'armée afin de constituer une véritable armée nationale, intégrant toutes les tribus et ethnies en Centrafrique, ayant pour but la défense des limites territoriales centrafricaines ainsi que leur implication dans le développement économique et social de la République Centrafricaine.

10) - Une véritable politique de sécurité sociale et de protection sanitaire permettant de protéger la population centrafricaine totalement démunie face aux épidémies et autres fléaux.

C) - Action

Les principaux objectifs que nous nous sommes assignés découlent des principes de base suivant qui guideront nos actions quotidiennes:

1) - LE GADEC lutte pour l'instauration d'un véritable Etat de droit et d'une authentique démocratie en Centrafrique en respectant les libertés et les droits de l'homme tels que définis par la "déclaration universelle des droits de l'homme". Le GADEC a foie en la République et la Démocratie qui constituent des concepts intransigeants pour le respect des droits du citoyen.

Ainsi le GADEC considère que la pratique régulière de la démocratie impliquant tous ses corollaires (le pluralisme politique, la liberté d'association, l'alternance dans les charges de la nation par l'entremise des élections libres, transparentes et régulières) doit être l'atout fondamental pour le développement social du citoyen centrafricain.

2) - Le GADEC considère que toute charge publique confère aux autorités des responsabilités et des devoirs vis-à-vis du peuple centrafricain. Elles doivent s'acquitter de leur tâche en respectant formellement les "droits de l'homme" qui constituent le fondement de la société centrafricaine. L'exclusion de la gestion de la chose publique basée sur le sexe ou pour appartenance politique, tribale, ethnique, régionale et raciale doit être bannie sur tout le territoire centrafricain et devrait être considérée comme atteinte à la liberté et aux droits de l'homme. L'Assemblée Nationale devrait voter une loi protégeant le citoyen contre ces discriminations.

3) - Le GADEC est convaincu que l'Etat doit être organisé et géré de manière que soit assurée l'égalité des droits, des chances et des devoirs du citoyen. Aucun citoyen ne doit être lésé dans son droit. La société centrafricaine ainsi que les institutions de la République doivent être révisées sur la base de ces valeurs fondamentales en considérant l'apport des différentes forces vives de la nation (partis politiques, syndicats, sociétés civiles, libres penseurs, différentes associations œuvrant pour le bien être en Centrafrique, etc.....).

4) - Considérant que c'est par le manque de pratiques démocratiques que la République Centrafricaine a vécu trois mutineries d'une partie de son armée nationale, le GADEC est convaincu que la réconciliation nationale et la paix intérieure permanente et véritable ne pourraient se faire que dans le cadre du respect par tous de la constitution. Un dialogue franc et sincère doit s'ouvrir entre les différentes forces vives de la nation afin de trouver des bases nouvelles pour l'édification de la République réellement démocratique et respectant les droits fondamentaux de l'homme.

5) - Pour atteindre ces objectifs, le GADEC appelle le peuple centrafricain à s'ouvrir sur le monde extérieur afin d'explorer les différentes idées, expériences et leçons des autres peuples. Il est de notre devoir de mettre en place une société digne de respect pour la survie du peuple centrafricain et de la génération future.

D) - Moyens d'Action

L'instauration d'une véritable et authentique Démocratie est en général le meilleur moyen de sa propre défense.

Le GADEC est convaincu que l'édification d'un état de droit en centrafrique passe par:
- des moyens de communication (presse, radio, télévision, internet) et de propagande au niveau national et international;
- des conférences et autres moyens de formation (séminaires, atéliers, etc...) sur les pratiques de la démocratie;
- des questionnaires, des sondages, etc.... permettant de créer une dynamique démocratique au sein de la population;
- la garantie et la protection de la libre entreprise génératrice de développement économique et social.

 

Tous ceux qui se reconnaissent à travers ce manifeste et qui sont près à s'engager résolument pour l'instauration d'une véritable démocratie traduisant le principe de "GOUVERNEMENT DU PEUPLE PAR LE PEUPLE ET POUR LE PEUPLE" de prendre contact avec le GADEC à l'adresse suivante:

 

GADEC
Secrétariat Général
4671, Linton # 10
Montréal (Québec) H3W 1K2
Canada


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