ALLOCUTION DE LA PRESIDENTE DU COMITE DE SUIVI

A L’OCCASION DE LA REMISE

DES ACTES DU DIALOGUE NATIONAL

Jeudi 17 Juin 2004

 

Monsieur le Vice Président de la République,

Monsieur le Président du Conseil National de Transition,

Monsieur le Ministre de la Communication, de la Réconciliation Nationale, de la Culture démocratique et civique,

Monsieur le Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies,

Mesdames et Messieurs les Chefs de Mission Diplomatiques et Représentants des Organisations Internationales,

Distingués invités,

Mesdames, Messieurs,

Mon premier mot sera de vous souhaiter, au nom du Comité de Suivi tout entier, la bienvenue à cette modeste cérémonie de remise des Actes du Dialogue National par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Je voudrais également très sincèrement remercier toutes les éminentes personnalités qui ont pris sur leur précieux temps pour répondre à notre invitation. Cela nous fait chaud au cœur et nous conforte dans notre conviction que notre modeste contribution à la cause nationale est parfois appréciée à sa juste valeur.

Je vous en remercie du fond du cœur !

Monsieur le Vice-Président de la République,

Excellences,

Mesdames et Messieurs

Nous avons tenu, par symbolisme, à ce que cette cérémonie se déroule au Palais de l’Assemblée Nationale, c’est-à-dire au lieu même où le Dialogue National s’est tenu du 9 septembre au 27 octobre 2003.

Comme vous le savez, les délégués au Dialogue National ont, avec lucidité et objectivité, procédé à une analyse profonde et à un diagnostic complet et sans complaisance des causes profondes de l’instabilité politique dans notre pays et convenu unanimement des voies et moyens de sortie du cycle des crises récurrentes que nous avons connues.

Cette analyse et ce diagnostic ont permis aux trois cent cinquante Centrafricains ainsi réunis de formuler de nombreuses mais pertinentes résolutions et recommandations en vue du rétablissement de la paix sociale, de la stabilité politique, de la cohésion nationale et du développement de leur pays.

Le Dialogue National a par ailleurs défini les grandes orientations politiques, économiques, sociales et culturelles qui devraient désormais régir la conduite des affaires de l’Etat.

L’ensemble de ces recommandations est contenu dans les Actes du Dialogue National.

Au sortir du Dialogue National, tous les Délégués , mais tous, avaient promis et juré qu’ils observeraient scrupuleusement les décisions arrêtées par le Dialogue National prenant à témoins les éminents Chefs d’Etat des Pays Amis et Frères, je veux citer respectueusement leurs Excellences El ADJ OMAR BONGO ODIMBA Président de la République Gabonaise et Denis SASSOU NGESSO Président de la République du Congo.

Qu’est-il advenu de ces serments ?

La première session d’évaluation que nous avons tenue il y a quelques mois indique malheureusement que la mobilisation attendue de tous a fait défaut et les résultats n’étaient pas encourageants.

Que faire ?

Il est urgent et impératif que toutes les Institutions, tous les acteurs de la vie politique et sociale et la population dans son ensemble s’approprient le contenu des Actes du Dialogue National afin de mieux s’attaquer à l’immense chantier que constitue les recommandations du Dialogue National pour les mettre en œuvre et passer ainsi de l’engagement à l’action.

Pour s’assurer de l’application effective de ces recommandations, le Comité de Suivi, dépositaire des Actes du Dialogue National et mémoire permanente des engagements solennellement pris par la République, a retenu parmi ses actions prioritaires : la reproduction, la diffusion et la vulgarisation des Actes du Dialogue National aussi bien à Bangui qu’en province, pour une meilleure appropriation de l’esprit et des recommandations du Dialogue National par les populations, les Acteurs Etatiques et non Etatiques.

 

 

Par ces actions, le Comité de Suivi compte atteindre les objectifs du Dialogue National, à savoir :

Les Actes du Dialogue National revêtent de ce fait une très grande importance pour la population et l’ensemble des acteurs de la vie publique.

La multiplication de ces Actes et leur remise officielle afin d’en faciliter la dissémination témoignent du grand intérêt que la Communauté Internationale en général et le Système des Nations Unies en particulier accordent aux recommandations du Dialogue National, comme base des solutions pouvant assurer une paix durable, la cohésion nationale, le relance économique et sociale pour un développement durable de la République Centrafricaine.

Monsieur le Vice-Président,

Excellences,

Mesdames, Messieurs

La remise de ces exemplaires des Actes du Dialogue National intervient précisément à un moment délicat de la vie de la République centrafricaine et précisément de la transition instaurée depuis le 15 Mars 2003.

En effet, huit mois, après le Dialogue National, la République centrafricaine affiche toujours le visage d’un pays politiquement instable, économiquement faible, socialement désintégré avec une insécurité grandissante. La RCA demeure encore un pays sous tension, ayant perdu beaucoup de repères, de valeurs et le sens de la responsabilité citoyenne.

L’intensification progressive des tensions politiques et sociales est une véritable préoccupation pour l’ensemble des observateurs de la vie publique centrafricaine et pour le Comité de Suivi chargé de veiller au respect de la lettre et de l’esprit du Dialogue National. Les manifestations des étudiants et des retraités, le mécontentement général des fonctionnaires du fait de l’accumulation des arriérés de salaires, les abattements de salaires, l’érosion constant du pouvoir d’achat, les sévices et violations perpétrés tant par les ex libérateurs que par les forces de défense régulières, l’ampleur inquiétant de l’insécurité sont autant de faits qui attisent et aggravent les tensions.

Le sentiment de frustration au sein des diverses sensibilités politiques et sociales, du au non respect des recommandations du Dialogue National sur lesquelles tant d’espoir ont été mis est nettement perceptible.

La tendance à opposer les diverses composantes de la société centrafricaine entre elles à savoir les Partis Politiques à la société civile, les cadres aux paysans, les civils aux militaires etc. constitue des facteurs graves de conflits.

Nous devons tous et dans l’unité participer à la reconstruction du Pays, de notre Pays. Nous voulons que nos différences nous enrichissent mais qu’elles ne nous divisent point.

Devant ces tensions déjà perceptibles, apaiser le climat social est un défi à relever en urgence. Il s’agit de faire en sorte que la paix sociale soit restaurée, la confiance entre les citoyens et les Institutions de la République soit retrouvée.

Pour y parvenir, il est indispensable de rendre le dialogue social et politique plus actif et de faciliter l’accès des citoyens à des informations fiables sur les enjeux, les défis à relever et leurs contributions.

Cet effort d’apaisement du climat politique et social doit commencer par le respect des grandes orientations politiques, économiques, sociales et culturelles définies par le Dialogue National.

Le Dialogue National a estimé que les crises successives que connaît la République Centrafricaine depuis une dizaine d’année sont la conséquence directe de l’échec de l’expérience démocratique issue des élections de 1993. En effet, l’application de la Constitution du 14 janvier 1995 et du Code Electoral a été une source permanente de crises.

C’est pourquoi, les Institutions de la transition ont le devoir de poser les bases de la neutralité qui garantira un cadre constitutionnel stable et durable afin de ne pas retomber dans les mêmes situations passées.

Le retour à la liberté constitutionnelle réelle, par le biais d’élections libres et transparentes apparaît comme une solution pour relever le pays à court terme.

Cela suppose, l’élaboration d’une Constitution et d’un Code électoral respectant scrupuleusement les recommandations du Dialogue National.

Aujourd’hui, il nous faut rompre le cycle vicieux des crises profondes et persistantes par la prévention des tensions, facteurs de crises.

Malheureusement, les crises à répétition qui ont secoué la RCA ont démontré la faible capacité de l’Etat à les prévenir en tirant à chaque fois sur la sonnette d’alarme et permettre ainsi de prendre les mesures nécessaires à temps afin d’éviter que les crises se produisent ou se répètent.

Aussi est-il important de renforcer les capacités de prévention de crises et encourager la mise en place d’un système national d’alerte précoce.

Cela favoriserait une bonne lecture des phénomènes et de leur évolution et contribuera aux prises de décisions pertinentes.

Pour sa part, le Comité de suivi sollicitera l’appui des partenaires habituels afin de l’aider à établir des indicateurs de suivi et d’alerte sur les domaines névralgiques.

Il importe de réfléchir sur la création d’un cadre national de concertation sur la paix et la sécurité afin de mobiliser toute la population à leur restauration.

Il faut surtout rétablir la confiance entre toutes les différentes composantes de la population en instaurant notamment le dialogue et la concertation permanente entre le pouvoir, la classe politique et toutes les forces vives de la nation et en établissant un véritable partenariat avec les acteurs non gouvernementaux.

C’est pourquoi, j’invite l’ensemble des acteurs de la vie politique et sociale à davantage de retenue dans leurs propos et leurs actes, à des comportements plus responsables pour éviter les tensions, sources de conflits.

Je les invite à revenir dans le cadre défini par le Dialogue National car toute autre alternative serait dangereuse pour la paix et la stabilité nationale.

Pour terminer, je dois vous avouer que le Comité de Suivi des Actes du Dialogue National qui a pour mission de veiller à l’exécution des résolutions du Dialogue National auprès de tous les Acteurs et Institutions concernés, se réjouit de cet appui appréciable du PNUD, qui permettra au Comité de Suivi de doter en Actes du Dialogue National, les Institutions et Acteurs chargés de la mise en œuvre des recommandations du Dialogue National qui restent et demeurent la référence nationale.

Le Comité de Suivi compte très sincèrement sur l’appui des autres partenaires pour l’aider à multiplier encore ces Actes du Dialogue National, tant la demande est grande.

Enfin, j’ai le plaisir de vous annoncer la parution du numéro " 00 " du mensuel d’information du Comité de Suivi. Ce bulletin permettra au Comité de Suivi de mieux faire connaître ses activités et de maintenir, en plus des émissions radio, un lien permanent avec la population. Nous comptons sur le soutien de toutes les bonnes volontés pour maintenir sa parution et en faire un document de qualité.

 

Je vous remercie.