Le candidat désigné du MLPC adopterait une politique de l’impunité après les élections en Centrafrique

Voici donc ce qu’il avait déclaré et qui avait été rapporté par Centrafrique-Presse.com dans une article intitulé Martin Ziguélé, candidat et chef pâtissier: "Si les Centrafricains nous accordent leurs suffrages, il n’y aura ni vengeance, ni procès, ni commission d’enquête, ni audit (...) Il n’y aura pas de procès politique, pas d’inquisition",

A un moment où la Fédération Internationale de la Ligue des Droits de l’Homme (FIDH) solliciterait le procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) pour ouvrir une enquête sur les crimes systématiques, commis en Centrafrique sous les régimes de Patassé et de Bozizé, cette déclaration politique d’un candidat aux élections présidentielles du 15 mars courant nous avait laissés pantois. Est-ce que cela voulait clairement dire que si ce candidat gagnait les élections présidentielles, celui-ci rangerait cette requête dans les tiroirs et s’opposerait au rétablissement de la vérité sur ces crimes?

Selon ce candidat qui voudrait prétendre conduire les destinées du pays et protéger les intérêts des centrafricains, toutes les exactions qui avaient été commises sous un régime au sein duquel il avait été premier ministre, seraient considérées comme n’ayant jamais existé, et, le peuple devrait passer l’éponge sur tous les meurtres, les viols, les aggressions, les vols à main armée, les destructions de biens, et les détournements des fonds de l’état, qui avaient été perpétrés pas les hommes, fidèles à ces régimes? Des femmes avaient été violées et porteraient contre leur gré ou auraient mis au monde des enfants de violeurs. Est-ce que ce candidat voudrait bien répéter une fois encore devant la communauté internationale que la femme ne mériterait pas d’être protégée par les lois en Centrafrique? Est-ce que ces femmes et ces filles devraient attendre d’être des vicitmes de viol, une seconde fois ou une troisième fois, avant que ce candidat ne change son opinion à propos de l’impunité des crimes? Comment entendrait-il mettre en place une politique nationale de protection de la femme et comment encouragerait-il une politique d’émancipation des centrafricaines, lorsqu’il soutient cette position qui prône l’impunité des violeurs? Les phrases ci-dessus étaient bien les propos du candidat du MLPC, pleins de conviction, de franchise et de sincérité. Est-ce que le peuple devra lui accorder la chance pour mettre en application ce qu’il prêche et qui n’arrange que lui et certains militants du MLPC? Bref, nous laisserons donc aux femmes en premier, puis aux hommes qui sont leurs frères, oncles et cousins, le soin de juger le candidat devant des propos qui sont les siens. Selon lui aussi, les familles de tous ceux ou celles qui avaient été assassinés n’auraient pas le droit de réclamer justice, parce que sous son régime il n’existerait qu’une seule justice, sa justice et celle de son gouvernement, la justice du silence acquis, celle de l’oubli volontaire des faits ou encore du pardon national (bonne coutume exige). Mais n’est-ce pas pour toutes ces incuries redondantes que des individus et des institutions soucieux du bien-être du peuple centrafricain, trouveraient ces crimes inacceptables et rechercheraient une intervention de la Cour Pénale Internationale!

La déclaration que nous avions citée plus haut, décrit parfaitement un candidat du MLPC qui n’aurait aucune compassion, aucune sensibilité, qui n’écoute que sa propre musique, et qui ne serait pas disposé à protéger les autres enfants du pays contre toute forme d’exaction. Et celui-ci nous tiendrait cet argument, nous le citons: "Le plus important dans un pays, c’est la paix. Je préfère être taxé de favoriser l’impunité plutôt que de donner l’occasion à des esprits mal intentionnés de provoquer des troubles dans le pays". Mais le trouble dont il parle n’est-il pas justement causé par tous ceux et celles qui commettent ces exactions, qui sabotent les intérêts du pays, et qui foulent aux pieds la paix civile et toutes les lois de la Centrafrique? Nous attendrons que ce candidat dise clairement à celles et ceux qui voteront prochainement comment il s’y prendrait pour ramener la paix dans le pays, s’il n’est pas favorable à l’exercice de la justice? Est-ce que le peuple centrafricain voudrait réellement d’un président qui protégerait des tueurs, des violeurs, des malfrats, des brigands et des hors-la-loi?

Nous sommes surpris que les militants d’un MLPC prétendu renové soutiendraient un candidat qui mettrait en place dans le pays une politique de l’impunité. Est-ce que nous nous étions trompés quand nous avions cru que les militants du MLPC original avaient combattu plusieurs régimes politiques dans le pays pour le rétablissement de la justice, de la paix sociale, de la prospérité, et, enfin pour l’émancipation de tous les enfants du pays? Comment un tel retournement a-t-il pu se produire dans la conscience des militants du MLPC? Que reprocherait encore le MLPC aux dirigeants des autres partis politiques en Centrafrique? D’organiser la concussion et de violer les droits de l’homme? Ce candidat ne serait-il pas en train de révéler sans le vouloir ses véritables intentions qui consisteraient à rallier les anciens criminels, puis à en faire des partenaires pour arriver à ses fins qui manqueraient un brin de sainteté? Pour ce candidat, une politique en faveur de l’exercice de la justice ne l’intéresserait nullement pour des raisons qu’il n’aurait pas le courage d’avouer. Mais l’exercice de la justice n’est-elle pas ce à quoi tout le peuple centrafricain aspire, à travers tout ce processus des élections, même si beaucoup n’en comprennent pas encore le sens? Cette justice n’est-elle l’essence même de la constitution que le chef suprême du pays est supposé défendre? On se demanderait comment ce candidat serait capable de diriger le pays, si, d’entrée de jeu, il est capable de d’une telle révélation et d’une telle bourde. Mais ne dit-on pas que chasser le naturel, celui-ci revient au galop? Est-ce que le candidat aurait, par ses propos, dévoilé sa véritable identité? Le peuple devrait le savoir et en tenir compte. Et nous sommes surpris que la ligue locale des droits de l’homme, les associations des femmes et le média national n’aient relevé cet impair, ni demandé des éclaircissements à ce candidat.

Enfin, nous espérons que ceux qui iront voter, saurons faire la distinction entre le démagogue et un candidat qui réfléterait les véritables espoirs et les aspirations profondes de tous les enfants de cette Centrafrique.

Jean-Didier Gaïna
Virginie, Etats-Unis d’Amérique
(09 mars 2005)

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