« Chaque génération doit, dans
une relative opacité, choisir sa mission; la remplir ou la trahir »
Frantz Fanon
1er janvier 2006- 31 décembre 2006. 365
jours dans la vie d’un homme, d’une famille, d’un peuple, d’un pays et du
monde.
En cette période de fêtes de fin d’année, qu’il me
soit permis, en mon nom et en celui de ma famille ; de souhaiter un joyeux
noël et un bon réveillon de la saint Sylvestre.
Au crépuscule de 2006, que pouvons nous
dire ?
Le monde n’a pas beaucoup changé. Les riches
deviennent encore plus riches et les pauvres s’appauvrissent
davantage.
Les pays dits « grandes
puissances »dictent toujours leurs lois et d’autres pays dits
« rebelles » (Venezuela, Iran, Corée du Nord, Syrie…) tentent de se
mettre hors influence du premier groupe.
Dans tout cela, malgré certains indicateurs
économiques positifs, l’état de l’Afrique ne s’est pas globalement amélioré. Les
grandes pandémies de ce siècle qui sont son lot quotidien ont encore tuées des millions de personnes. Les effets du
néolibéralisme et de certaines réformes préconisées par le FMI et
En
plus des maux cités, il y a aussi les guerres du Darfour, de l’est de
Dans cette Afrique au tableau peu reluisant (1),
notre pays
La panne d’avenir qui
sévit en Centrafrique depuis plus d’une décennie maintenant, et l’état de grande pauvreté de notre
pays nous obligent à jeter de nouvelles perspectives afin de consolider le
désir de vivre ensemble. Elles commencent par une autre manière de faire de la
politique, ces vœux s’y inscrivent.
Du tableau actuel de notre pays (2),
au cours de cette année 2006 ; une colère m’enflamme contre le monde
politique. Elle est à deux niveaux.
DE
L'onction
populaire qui s'est manifestée par la marche du 28 mars 2003 était l'expression
du ras le bol du peuple d'une part et aussi la manifestation de son espoir d'un
lendemain différent d'autre part. Dans cette perspective, le Général Bozizé
s'était engagé peu de temps après sa prise de pouvoir à ne pas se présenter aux
élections présidentielles. Tel le général Gueï, il était seulement le balayeur
de la république. Peu de temps après cet engagement, poussé par certains de ses
proches et surtout ses parrains, ce dernier va revenir sur la promesse de ne pas
se présenter aux présidentielles.
Dans l’élan des
mouvements, pour encourager la candidature de Bozizé aux dernières
présidentielles, des chambellans n’ont pas manqué d’arguments et d’audace.
Certains, plus éclairés, ont parlé de l’homme du 15 mars, comme du Général De
Gaule, qui libéra
L’histoire est
parfois sans pitié, quand elle conjugue les circonstances, de sorte que le
Porte-parole de la présidence centrafricaine, qui lança l’appel, pour solliciter
l'aide de la communauté internationale afin de rétablir la paix et la sécurité à
Birao, tombé aux mains des rebelles, soit l’un des prêtres, et non le moindre,
de cette liturgie préélectorale. Et ceci, au moment même où son analyse d’alors
est mise à rude épreuve. Avec un peu de suite dans ses observations doctorales,
M. Cyriaque Gonda nous aurait plutôt expliqué la logique qui sous-tend la
situation en cours, quand nous sommes collectivement et simultanément mis en
joue:
- D'un côté par
les anciens "libérateurs" aux ordres de l'homme du 15 mars, qui s'estiment mal
payés et qui reprennent les armes et,
-D'un autre,
par ceux auxquels l'aventure avaient fait perdre le pouvoir, et nourrit la
haine, lesquels ne jurent qu'à reprendre "leur" pouvoir, qu'importe ce qu'en dit
le peuple centrafricain,
Pendant que les
militaires des F.A.C.A, longtemps bafoués, multiplient les actes de
désobéissance les plus graves (connus en 46 années d'indépendance) dans un corps
d'armée en temps de crise, en refusant de faire front à l'envahisseur, face à
une autorité suprême dont ils rejettent dorénavant le commandement.
Une simple
observation nous fait placer au centre de toute cette situation de crise,
l'individu qui personnifie le pouvoir central en ce moment au pays, autrement le
dit, le Ministre-Président Général Bozizé lui-même, Car s’il n’était pas
candidat à sa propre succession:
La situation
commence à beaucoup durer et jamais un certain noyau des Faca n'acceptera (je
l'espère) de soumettre
Ce plaidoyer ne
remet pas en cause la légalité et la légitimité du régime du Ministre Président
Général Bozizé. Mais il permet de souligner une des causes objectives de la
rébellion armée qui sévit dans le nord (Est et Ouest) du pays, et que le régime
de Bangui ne peut et veut reconnaître. Car j'ai acquis l'intime conviction qu'en
ne se présentant pas aux élections, Bozizé aurait fait taire toutes les raisons
évoquées aujourd'hui pour attaquer le pouvoir central. De même, j'ai acquis la
conviction que le postulat de salut public via les mouvements armés a fait
faillite, il a démontré ses limites dans la gestion du Centrafrique de ces
quarante(40) dernières années et participé à enlever à la politique(au sens
noble du terme), sa raison d’être et sa valeur
constructive.
De l’incohérence des
élites politiques
Bozizé s'est
assis inéluctablement et confortablement dans le wagon de sa destination finale,
c'est à dire la galère et ensuite l'exil. C’est un fait qui sera déterminant
lors des prochaines consultations de 2010. Nonobstant cela, l’opposition
Centrafricaine s’est illustrée ces derniers mois d’une manière qui ne s’aligne
pas derrière les intérêts supérieurs de l’État. Comment comprendre que
l’opposition légale exige du pouvoir de Bangui qu’il négocie avec un groupe de
gens qui considèrent les armes comme un moyen de règlement des problèmes
politiques internes?
Au-delà des
situations politiques et nombrilistes qui opposent les deux faces de la vie
politique de notre pays, lorsque les intérêts suprêmes de la nation l’exigent,
opposition et pouvoir doivent s’aligner.
Fondamentalement, le
problème des partis de l’opposition avec Bozizé se trouve dans son aspect
managérial, il est politique. Sur le plan institutionnel, aussi bien le régime
de Bozizé que l’opposition politique tirent légalité et légitimité de la
constitution de décembre 2OO4. Or, en ne reconnaissant, ni l’une ni l’autre à
Bozizé qui, non seulement, est le garant de l’application de cette Constitution,
mais aussi sa personnification, c’est aussi à l’opposition officielle que la
rébellion s’en prend. Encore une fois, qu’on se le prenne pour dit, le pouvoir
de Bangui est tout, sauf illégal et illégitime. Moi-même, je me pose beaucoup de
question, lorsque je vois la gestion quotidienne de ce pouvoir. Il m’arrive
aussi de penser à l’état dans lequel sera le pays, lorsqu’en 2010, Bozizé devra
remettre son mandat entre les mains du peuple.
Mais cette
réalité n’autorise pas l’opposition à s’allier avec n’importe quelle entité qui
veuille en découdre avec Bozizé en dehors des cadres légaux, il existe d’autres
moyens que le recours aux armes. Or sur ce point, les intérêts de la rébellion
sont antinomiques avec ceux du peuple, de la république et d’une opposition
légale responsable.
La démocratie
commence par un sens sérieux de responsabilité. Bozizé et les rebelles sont tous
les deux imprégnés de la culture de sang, ils n’ont que ça comme mode
d’expression et sont par conséquent à combattre. Surtout à un moment où, il
semble clair que dans l’esprit du Ministre Président, l’opposition politique
et armée constituent une seule et même réalité avec laquelle il refuse de
négocier et qui ne mérite que méfiance. Il est dommage que c’est le gouvernement
français qui interpelle le gouvernement centrafricain à dialoguer avec
l’opposition légale.
A cette
opposition que tout oppose mais qui se trouve unit face à la rébellion et à
l’intervention de l’armée française, ce message est destiné : Pour ce
peuple, pour votre peuple, pour vos responsabilités communes, pour vos
souffrances communes, pour votre substrat ; une nouvelle perspective fondée
sur des choix éthiques et moraux profonds s’impose ; sans quoi vous aurez
tout perdu, perdu ce que vous avez de plus précieux c’est à dire le rêve, le
Centrafrique et votre raison d’être.
Face à ce tableau peu
reluisant, que souhaiter et que faire en 2007?
Ce ne sont
peut-être que des mots, mais ce sont mes vœux. Je souhaite vivement que 2007
soit une année de paix dans le monde et de lutte contre toutes les injustices.
Je formule les vœux que l’année 2007 apporte avec elle à l’Afrique toute
entière, pleine d’espérance et de transformation vers le bien-être
global.
J’ai parlé de
tout, mais je n’ai pas parlé du RDC et de CBM.
Lorsque j’annonçai le 08
Décembre 2004 ma décision d’intégrer le RDC, je disais ceci en guise de
conclusion : « J’AI CHOISI la
paix, la sécurité, l’unité du peuple centrafricain, la sagesse et l’humilité au
respect de l’histoire et de la réalité. PUISQUE LES REALITES ET LES NECESSITES
NATIONALES FINISSENT TOUJOURS PAR TRIOMPHER, je me mets au service de notre
pays. » (3), cette conclusion est plus que jamais
d’actualité.
Aujourd’hui la paix, la justice et le
progrès (4) sont les trois priorités pour notre pays. Et
au RDC, notre gestion du pouvoir
additionnée à nos erreurs, nos fautes et bévues font que si nous prenons les
décisions qu’il faut en additionnant intelligemment nos atouts, le peuple se
rendra à l’évidence que nous constituant l’unique alternative crédible à Bozizé.
Mais pour que cela se réalise, nous devrons faire preuve d’une intelligence
manifeste.
Or faire preuve d’intelligence manifeste
signifie ici se séparer de certains réflexes et comportements politiques digne
des années 70/80. C’est aussi refuser les prises de position et actions qui vont
contre les intérêts supérieurs du peuple.
Faire preuve d’intelligence manifeste,
c’est relever l’électrocardiogramme politique plat de notre pays et ne pas se
faire complice de la sous-traitance de l’animation politique à la presse
privée.
Enfin, faire preuve d’intelligence
manifeste, c’est commencé à préparer dès maintenant 2010 et à faire don de soi
et de ses ambitions afin de faire
œuvre d’utilité et de salubrité publique en 2010 lorsque nous retournerons aux
urnes. 2007 est à ce titre là, l’année charnière.
Que deviendra CBM en
2007 ?
En 2007, j’aimerai retrouver un Centrafrique en
paix, en marche vers le bien-être social de ses masses où celles-ci deviendront
les acteurs des transformations tant attendues. En 2007, j’aimerais retrouver un
pays en marche vers plus de justice, d’intégration et d’excellence. En 2007,
j’aimerai retrouver un pays moins frileux ; des compatriotes moins
hypocrites et une nation unique dont la somme des diversités constitue l’élément
identitaire principal mais aussi et surtout, le socle de son unité et de sa
fierté nationale. En 2007, j’aimerai retrouver un pays où les libertés
matérielles et immatérielles seront non seulement garanties dans l’esprit et le
texte ; mais aussi dans la réalité. Un Pays où tous ceux de ma génération
et des générations périphériques, qui l’ambitionnent, pourront en toute liberté
prendre part à l’animation de la cité, de leur cité en agissant afin d’être
clairs sur les actions et les réalités aux fins d’imaginer un avenir pour le
Centrafrique et les Centrafricains. En 2007, j’aimerai voir les élites de notre
pays dans une dynamique capable de créer le progrès. Car, juguler l’actuelle crise sociale et sociétale
revient à juguler la crise économique et, juguler la crise économique c’est
juguler la crise des élites (politique, intellectuelle, économique, sportive,
culturelle, religieuse).
De tout cœur avec mes
compatriotes, victimes et prisonniers de ses élites; je formule les vœux que
2007 soit l’année d’un réveil multiforme de notre pays où chaque vie humaine est
sacrée et où chez chaque citoyen, se manifestera un refus à vivre permanemment
dans la misère et l’instabilité.
Les vers qui suivent sont
un requiem pour une aube nouvelle en Centrafrique. Ils sont en hommage à ces dizaines de milliers de
Centrafricains, femmes et hommes ; morts sans voir un début d’amélioration
de nos conditions et à cette grande
masse d’aujourd’hui qui broie le noir chaque jour où l’espoir disparaît et la
vie cède le terrain à la survie.
Bonne Année
2007.
Requiem pour une aube nouvelle en Centrafrique :
Le Bourreau du Centrafricain, c’est
lui même
Dans nos bouches le mot tribu ils ont
mis ;
Et son sens, ils ont
perverti ;
Dans nos yeux la haine, ils ont
injecté ;
Dans nos bras, des haches ils ont
placés ;
Dans nos champs, des armes ils ont
caché ;
Mais,…
Dans nos maisons les marmites ils ont vidé ;
Dans nos hôpitaux, la mort ils ont
semé;
Dans nos quartiers la désolation et
l’humiliation ;
ils font
pleuvoir ;
Dans nos villages le désespoir et la
désertification ;
Ils nous servent à
boire ;
Dans nos écoles ils ont déversé un torrent
d’inculture et de méconnaissance ;
Dans le monde entier, leurs propres enfants, ils ont
abandonné ;
en déserrance et sans aide, partis pourtant
étudier ;
Dans notre pays, la pauvreté extrême ils font
régner
et depuis vingt ans, le SIDA ils laissent nous
décimer.
Clément BOUTE-MBAMBA,
Une
Passion pour le Centrafrique et les Centrafricains
1 : Vous remarquerez que j’ai volontairement
mis le point sur ce qui n’a pas marché d’un survol
général ;
2 : Le volet sécuritaire et
politique ;
3 : C’est mon choix : Acte 2 (http://www.sangonet.com/actu-snews/ICAR/ActuC/Phase2ClementBM.html
)
4 : le progrès, c’est la maîtrise de la nature
et de l’espace au profit de l’homme.
C’est aussi la réduction de
l’effort et le gain de temps dans la production et l’acquisition des biens et
services dont a besoin l’Homme (le Centrafricain) pour vivre dignement. C’est
aussi la réduction des inégalités, des disparités entre les citoyens et la
possibilité (garantie) accordée à tous de s’émanciper par le travail producteur,
par une éducation de qualité, par l’accès à des services sanitaires et sociaux
équitablement repartis sur l’ensemble du territoire national, par une eau
potable accessible à tout le monde, par un environnement sain, par un
logement décent et
par l’ouverture au reste du monde grâce à des outils modernes de
communication.