Phumzile Mlambo-Ngcuka: première dame nommée vice-présidente d’Afrique du Sud


Phumzile Mlambo-Ngcuka : Madame la vice-présidente d’Afrique du Sud
La première femme sud-africaine à accéder à la vice-présidence

afrik.com (jeudi 23 juin 2005, par Falila Gbadamassi) - Phumzile Mlambo-Ngcuka, ancien ministre sud-africain de l’Energie et des Mines, a été nommée, mercredi dernier, vice-présidente en remplacement de M. Jacob Zuma limogé à la suite de la condamnation pour corruption de son conseiller financier Shabir Shaik. C’est la première fois qu’une femme accède à ce poste, ouvrant ainsi les paris sur le sexe du Chef de l’Etat sud-africain qui sera élu en 2009.

Phumzile Mlambo-Ngcuka. C’est un nom qu’il faudra impérativement retenir car c’est celui de la première femme vice-présidente de la République sud-africaine. Nommée, mercredi dernier, lors de la réunion bimensuelle du gouvernement sud-africain, elle remplace Jacob Zuma limogé, la semaine dernière, à la suite de la condamnation à 15 ans de prison de son conseiller financier Shabir Shaik. Jacob Zuma sera lui-même entendu, devant les tribunaux, dans quelques jours pour le même délit. L’ancienne ministre de l’Energie et des Mines est devenue, en quelques années, un personnage clé de l’African National Congress (ANC) - elle est membre, depuis 1997, du comité exécutif de ce parti - et de la vie politique sud-africaine.

Et c’est à son mari, ancien procureur national reconverti dans les affaires, que l’on doit la débâcle politique de son prédécesseur. Selon le quotidien sud-africain Mail&Guardian, il avait avancé, en août 2003, l’hypothèse que M. Zuma serait impliqué dans une affaire de corruption mais il estimait alors « qu’il serait impossible de gagner l’affaire ». Phumzile Mlambo-Ngcuka semble avoir cloué au pilori l’ancienne compagne de M. Zuma, Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre des Affaires étrangères, qui aurait été pressentie pour le poste. Sa détermination et son sens de l’innovation, des qualités que beaucoup lui reconnaissent, ont peut-être aidé Thabo Mbeki, le Président sud-africain, à prendre sa décision. A noter que la nomination de Phumzile Mlambo-Ngcuka ouvre les spéculations sur la possibilité qu’une femme dirige, un jour, l’Afrique du Sud : on avait dit de Jacob Zuma qu’il succèderait à Thabo Mbeki, en 2009, à la fin du mandat de ce dernier.

De l’enseignement à la vice-présidence

Née le 3 novembre 1955, la jeune Zulu Phumzile Mlambo devient enseignante après avoir obtenu, en 1980, une licence (’Bachelor of arts’) en sciences sociales et en éducation au Lesotho. Elle exerce alors de 1981 à 1983 dans le Kwazulu-Natal. Entre 1984 et 1992, elle s’investit dans des projets à portée socio-économique pour finir par créer, en 1993, sa propre structure de conseil en management Phumelela Services. Sa carrière politique ne démarre véritablement qu’en 1994 où, à la faveur des premières élections libres en Afrique du Sud, elle devient députée. Elle sera nommée, deux ans plus tard, vice-ministre du Commerce et de l’Industrie. Un poste qu’elle conservera jusqu’à ce qu’elle se voit confier le secteur minier en 1999, vital pour l’économie sud-africaine.

Son passage à ce ministère n’est pas passé inaperçu, il plaide même, dans une certaine mesure, en faveur de sa capacité à assumer sa nouvelle charge. Mme Mlambo-Ngcuka est, en effet, à l’origine d’une charte (’Mining Charter’) qui constitue une révolution dans le secteur minier sud-africain, puisqu’elle préconise notamment, que d’ici 2014, 26 % des mines sud-africaines soient détenues par des entreprises gérées par des Noirs. C’est à elle que l’on doit également une motion invitant son pays à recourir à des sources d’énergies plus abordables et plus économiques comme les énergies renouvelables dont elle recommande l’utilisation.

Déjà victime de la controverse

En somme, un bilan positif mais, semble-t-il insuffisant, pour exempter sa nomination de la controverse. Pour Tony Leon, par exemple, le chef du Democratic Alliance, parti d’opposition, dont les propos ont été rapportés par Mail & Guradian, « d’un point de vue politique et moral, sa nomination vient réduire la portée de la décision de M. Mbeki, bien que difficile, de limoger, M. Zuma ». Et cela pour plusieurs raisons. Il évoque ainsi le scandale pétrolier dans lequel serait impliquée la société publique Petro SA, directement placée sous sa tutelle en tant que ministre de l’Energie et des Mines. Et le fait que le frère de Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Bonga Mlambo, aurait bénéficié, au travers d’une société dénommée Imvume company, d’un prêt de 50 000 rands (environ 7 500 euros) de la société d’Etat.

Dans un autre registre, comme pour ajouter de l’eau au moulin de Tony Leon, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka aurait estimé que les récentes présidentielles zimbabwéennes étaient libres et démocratiques. En dépit des critiques, sa nomination reste néanmoins une véritable victoire pour les femmes sud-africaines et l’occasion pour Thabo Mbeki de démontrer la cohérence de son discours, lui qui a fait de la promotion de la femme l’un de ses chevaux de bataille. Son gouvernement compte déjà 22 femmes sur 50 membres. Politicienne d’envergure, Madame la vice-présidente est aussi la mère d’un jeune garçon qui porte le nom de Luyolo.


 

Afrique du Sud: une femme remplace Zuma à la vice-présidence
JOHANNESBURG, 23 Jun 2005 (AFP) - Le président sud-africain Thabo Mbeki a choisi mercredi une femme, Phumzile Mlambo-Ngcuka, comme vice-présidente de l'Afrique du Sud en remplacement de Jacob Zuma, limogé la semaine dernière en raison des soupçons de corruption pesant sur lui.

"J'ai nommé la ministre des Mines et de l'énergie Phumzile Mlambo-Ngcuka comme notre nouvelle vice-présidente", a déclaré à la presse Thabo Mbeki, à l'issue de la réunion hebdomadaire de son cabinet au Cap (sud-ouest). Ancienne institutrice, Mme Mlambo-Ngcuka, 49 ans, est mariée à Bulelani Ngcuka, ancien Procureur national à l'origine de l'enquête pour corruption visant Jacob Zuma.

Comme le veut la politique d'équilibre entre les différentes composantes ethniques du pays à la direction de l'Etat, la nouvelle vice-présidente est Zulu, comme Zuma. Elle était devenue ministre des Mines et de l'énergie dans le premier gouvernement Mbeki en 1999, poste clé en raison de la puissance de ce secteur dans l'économie sud-africaine, qu'elle avait conservé après la victoire triomphale du Congrès national africain (ANC) lors des élections générales d'avril 2004.

Une semaine après le limogeage de Zuma soupçonné de corruption, la désignation d'une femme à ce poste très en vue est un autre signe fort, puisque le vice-président a des chances réelles de devenir le prochain président de l'Afrique du Sud à l'expiration du deuxième et dernier mandat de Thabo Mbeki en 2009.

Le chef de l'Etat sud-africain a fait de la promotion de la femme une de ses priorités, et au lendemain des élections d'avril, il avait constitué un gouvernement comprenant 22 femmes sur un total de 50 ministres, dont certaines à des postes essentiels comme les Affaires étrangères, la Justice, les Mines ou l'Education. Mme Mlambo-Ngcuka est remplacée aux Mines et à l'énergie par une autre femme, Lindiwe Hendricks.

"Nous devons nous engager à accélérer le processus mis en place visant à transformer l'Afrique du Sud d'une société dominée par les hommes en une véritable société non-sexiste, non-raciste et démocratique", aime à répéter le chef de l'Etat qui, après la nomination de Mlambo-Ngcuka, a été félicité par la Commission pour l'égalité des sexes. "Nous félicitons le président pour tenir sa parole et mettre en pratique ce qu'il prêche", a déclaré Themba Kgasi, responsable de cette commission.

L'ANC, au sein duquel l'ancien vice-président Jacob Zuma reste très populaire, a également promis "son total soutien" à sa remplaçante. Mbeki avait annoncé il y a une semaine devant le Parlement qu'il avait démis Zuma de ses fonctions dans l'intérêt "du gouvernement" et du "jeune système démocratique" sud-africain. Une semaine plus tôt, le 8 juin, l'homme d'affaires Shabir Shaik, ancien conseiller financier de Zuma, avait été condamné à 15 ans de prison pour corruption à l'issue d'un procès fleuve qui a mis en lumière une relation "globalement corrompue" avec l'ancien vice-président.

Depuis sa mise à l'écart, Zuma, longtemps considéré comme le mieux placé pour accéder à la présidence en 2009, n'a eu de cesse de se poser en victime d'un complot politique, tout en restant très évasif sur ses éventuels instigateurs.

 


Remaniement après la mise à l'écart de Zuma en Afrique du Sud

LE CAP (Reuters), mercredi 22 juin 2005, 19h07 - Le chef d'Etat sud-africain, Thabo Mbeki, a choisi la ministre des Minéraux et de l'Energie, Phumzile Mlambo-Ngcuka, pour succéder au poste de vice-président à Jacob Zuma, écarté la semaine dernière pour son implication dans un scandale de corruption.

Mlambo-Ngcuka, âgée de 49 ans, a joué un rôle important dans le programme de promotion économique des Noirs (BEE) censé garantir un meilleur partage des richesses dans l'Afrique du Sud de l'après-apartheid.

Lindiwe Hendricks, vice-ministre du Commerce, remplace Mlambo-Ngcuka à la tête du ministère des Minéraux et de l'Energie.

Championne de l'égalité entre les sexes et des droits de la femme, Hendricks, âgée de 47 ans, est avocate de formation. Elle occupait le poste de vice-ministre du Commerce depuis 1999.

Mlambo-Ngcuka est mariée à l'ancien procureur Bulelani Ngcuka, qui avait évoqué en 2003 des "commencements de preuve" laissant penser que Zuma était impliqué dans un scandale de corruption.

L'"affaire Zuma" a éclaté avec la condamnation de l'homme d'affaires Schabir Shaik, son ancien conseiller financier, reconnu coupable de corruption et de fraude le 2 juin dernier par la Haute Cour de Durban.

Shaik a été condamné à 15 ans de prison pour avoir versé 1,3 million de rands (160.000 euros) à Zuma entre 1995 et 2001 en échange de son influence politique.

Il a également été reconnu coupable d'avoir tenté d'obtenir des pots-de-vins de la part d'une filiale sud-africaine de la firme française Thales pour s'assurer, moyennant finances, la protection de Zuma en cas d'enquête gouvernementale sur des contrats d'armement.

 


Thabo Mbeki démet de ses fonctions son vice-président soupçonné de corruption

M. Zuma, autodidacte de 63 ans qui bénéficie d'un fort soutien au sein du Congrès national africain (ANC), a été démis de ses fonctions par le président Mbeki. Il était, jusqu'à ce jour, considéré comme le mieux placé pour remplacer M. Mbeki à la tête de l'Afrique du Sud en 2009.

"En tant que président de la République, je suis arrivé à la conclusion que les circonstances dictent que, dans l'intérêt du vice-président, du gouvernement, de notre jeune système démocratique et de notre pays, il est préférable de décharger Jacob Zuma de ses responsabilités de vice-président", a déclaré le chef de l'Etat devant le Parlement réuni en session extraordinaire au Cap (sud-ouest).

UNE CAMPAGNE CONTRE LE VICE-PRÉSIDENT

"Nous n'avons aucun précédent pour nous guider. Nous avons par conséquent dû nous forger notre propre jugement sur cette affaire", a-t-il ajouté. "J'accepte et je respecte sa décision", a déclaré M. Zuma peu après au cours d'une conférence de presse. "Je pense qu'il a pris cette décision non pas parce qu'il croit que je suis coupable d'un quelconque délit, mais en prenant en compte les contraintes à l'intérieur desquelles un gouvernement fonctionne", a-t-il précisé.

Il y a quelques jours, le numéro deux du gouvernement s'était montré plus amer, dénonçant un complot politique à son encontre. "Un jour, je dirai comment une campagne politique a été menée contre moi par certains individus et j'expliquerai pourquoi", avait-il déclaré. Nelson Mandela, premier président noir de l'Afrique du Sud, a apporté son plein soutien à son successeur, M. Mbeki.

"UN ACTE COURAGEUX"

"Nous soutenons pleinement le président dans ces périodes difficiles dans la vie de notre gouvernement, de notre nation et de notre organisation", a déclaré le Prix Nobel de la Paix au cours d'une conférence de presse à son domicile à Johannesburg. Le leader de l'Alliance démocratique (DA), principal parti d'opposition, a également félicité le chef de l'Etat. "Je pense que ce que le président a fait est courageux. (...) C'était la bonne chose à faire pour l'Afrique du Sud, c'était la bonne chose à faire pour notre image dans le monde", a-t-il déclaré.

La déclaration du chef de l'Etat était très attendue depuis la condamnation mercredi à quinze ans de prison de l'homme d'affaires Shabir Shaik, à l'issue d'un procès fleuve qui a mis en lumière une relation "globalement corrompue" avec Jacob Zuma.

Shaik a été reconnu coupable d'avoir versé à Zuma 1,3 million de rands (200 000 dollars/160 000 euros) entre 1995 et 2001 afin de bénéficier de son influence politique pour la conclusion de contrats.

Il a également été reconnu coupable d'avoir négocié un pot-de-vin entre Zuma et le fabriquant d'armes Thint, filiale sud-africaine du groupe français Thomson CSF (devenu Thales), prévoyant le versement de 500 000 rands annuels au vice-président.

L'homme d'affaires de Durban, dont le procès a duré sept mois, a démenti toute corruption, affirmant avoir simplement aidé un ami et un ancien compagnon de la lutte anti-apartheid. M. Mbeki a précisé que l'identité du nouveau vice-président serait annoncé "en temps utile".

Les noms de Mosiuoa Lekota, ministre de la défense, Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre des affaires étrangères et ex-femme de Jacob Zuma, Trevor Manuel, ministre des finances, ou encore Phumzile Mlambo-Ngcuka, ministre des mines et de l'énergie, sont les plus fréquemment cités.
Lemonde.fr (14.06.05 - 17h2) avec AFP

Actualité internationale et africaine de sangonet