Des hommes armés ouvrent le feu sur le cortège présidentiel de la Guinée où se trouvait Lansana Conté

CONAKRY, le 20 janvier Nations Unies(IRIN) - Des hommes armés ont ouvert le feu sur le convoi du président de la Guinée, Lansana Conté, alors qu’il quittait sa résidence pour le centre de la capitale mercredi matin, ont indiqué des témoins.

Des éléments de la garde présidentielle auraient riposté et pris en chasse les auteurs présumés des coups de feu alors que la foule paniquée se dispersait dans les rues de la capitale, ont confié à IRIN des témoins de la scène. Plusieurs personnes ont été arrêtées sur les lieux de l’attaque, ont-ils ajouté.

Toutefois, aucun témoignage ne confirme si cet incident a fait des morts ou des blessés.

Selon les indications fournies à IRIN par une source diplomatique basée à Dakar, la capitale du Sénégal, le président Conté serait sorti indemne de cette attaque, mais certains éléments de sa garde rapprochée auraient été tués.

Mercredi, sur les antennes de la radiotélévision guinéenne, le chef de l’Etat a confirmé l’attaque de son cortège et a rassuré ses compatriotes quant à son état de santé.

Reuters et le site d'informations en ligne Guinéenews hébergé au Canada ont indiqué que des hommes en uniforme militaire, probablement des soldats dissidents, seraient les auteurs de l’attaque perpétrée contre le convoi présidentiel à Enco 5, un quartier de la capitale Conakry.

Guinéenews a par ailleurs signalé que certains éléments de la garde rapprochée du Président auraient été gravement blessés lors de l’attaque qui a eu lieu.

Contactés par téléphone depuis Dakar, certains habitants de Conakry ont indiqué que la police et l’armée avaient installé des barrages routiers bloquant l’accès au centre-ville et au palais présidentiel situé sur la presqu’île de Kaloum.

Un diplomate européen a confirmé à IRIN que les voitures entrant et sortant de ce secteur de la ville étaient systématiquement fouillées et que la protection de la radio et de la télévision avait été renforcée.

Agé de 71 ans, Conté est un ancien colonel de l’armée qui est arrivé au pouvoir en 1984 à la faveur d’un coup d’état. Depuis, il dirige le pays d’une main de fer, mais son état de santé s’est détérioré ces trois dernières années. Certains diplomates affirment que son diabète chronique et des problèmes cardiaques l’empêchent de se déplacer sans assistance.

Le mécontentement grandit au sein des huit millions d’habitants que compte cette ancienne colonie française où la situation économique se dégrade inexorablement et où la corruption est endémique. L’augmentation du prix des denrées alimentaires, notamment celui du riz, a provoqué des émeutes en juillet dernier à Conakry, et le pays est secoué par de nombreuses grèves et manifestations de travailleurs qui ne peuvent plus subvenir à leurs besoins.

Le dernier mouvement social en date a été la grève illimitée décrétée par les enseignants, mais arrêtée lundi dernier après que gouvernement ait accepté de répondre favorablement à certaines revendications salariales du syndicat des enseignants.

En 21 ans de pouvoir, Conté, qui n’a toujours pas désigné de successeur, a survécu à plusieurs tentatives de coup d’Etat, et notamment à celui de 1996 quand des soldats dissidents ont bombardé et brûlé le palais présidentiel.

Après la Sierra Leone, le Libéria, la Côte d’Ivoire et la Guinée-Bissau, certains diplomates ouest-africains craignent que la Guinée ne soit le prochain pays de la sous-région à sombrer dans un conflit.

L’apparente tentative d’assassinat de mercredi s’est produite à un moment où la plupart des chefs d’Etat ouest-africains se trouvaient dans la capitale ghanéenne Accra pour le sommet annuel de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

L’attaque a eu lieu le jour de la célébration du premier anniversaire de la réélection de Conté le 19 janvier 2004. Le président Conté a été réélu pour un nouveau mandat de sept ans en décembre 2003, à l’issue d’une élection boycottée par les principaux partis d’opposition.

Dans la presse (Guinéenews):

Conté échappe à un attentat et accuse l’extérieur…

20-01-2005 - Ce mercredi matin à 11 heures, le chef de l’Etat guinéen, le Général Lansana Conté a échappé à un attentat contre son cortège lancé par un groupe d’hommes armés, au niveau de Enco 5 dans la commune de Ratoma. L’attaque a fait un blessé grave dans le rang de la garde rapprochée du chef de l’Etat. Ce dernier reçoit actuellement des soins intensifs dans un hôpital de la place. C’est ce que vient de nous confirmer Lansana Conté lui même en s’adressant à ses compatriotes.

C’est un chef de l’Etat visiblement requinqué qui s’est prêté aux questions de nos confrères de la RTG pour expliquer les contours de cet attentat manqué contre sa personne qui a fait couler encre et salive aujourd’hui dans la capitale. Tout le long de l’entretien, Lansana Conté, plus fataliste que jamais, s ’est remis au Tout Puissant Allah et a indiqué que tant que son heure n’était pas arrivée, personne ne pourrait rien contre sa vie. Il a déclaré : «je n’obéirais à personne, surtout pas aux directives de l’extérieur où il y a des personnes qui ne veulent pas du développement de l’Afrique. Tout le monde le sait, je ne suis pas obéissant… Je vais quitter par la volonté de Dieu. Ce qui s’est passé aujourd’hui ne m’étonne pas, je tiens à dire que c’est le peuple qui m’a choisi et qui veut de moi et les Guinéens m’ont fait confiance. Je ne partirais que si Dieu le veut bien… Ceux qui ont choisi la voie de l’argent auront aussi leur récompense, il ne faut pas se laisser emporter par l’argent… »

Quant aux ministres de son gouvernement, Lansana Conté a indiqué qu’ils doivent être plus unis que jamais derrière le Premier ministre Cellou Dalein Diallo, actuellement en mission à l’étranger. Car, dit-il, seul un gouvernement soudé pourrait permettre au Premier ministre d’atteindre ses objectifs. Comme pour dire que Cellou a toutes les cartes en main pour mener à bien les actions gouvernementales. «Nous devons ensemble surmonter tous les obstacles et ceux qui sont en train de tirer sur les gens qui passent, qu’ils continuent à le faire, mais nous, nous vivrons tant que Dieu le voudra. Ceux qui ont tiré sur moi ne sont pas Dieu et il y a beaucoup de choses qui se sont passées et rien ne peut m’effrayer… »

Sur les assaillants contre son cortège, Conté n’a pas dit un mot sur leur identité. Il a simplement indiqué que son refus d’obéir à des exigences, certainement occidentales, font que des «complots» sont fomentés contre sa personne pour son élimination physique.

Lors de l’entretien télévisé, autour du président, on a vu ses lieutenants les plus fidèles de l’heure, Mousa Sampil de la Sécurité, Fodé Bangoura, ministre Secrétaire général de la présidence. Il n y avait aucun haut gradé. Dans les prochains jours, des purges pourraient avoir lieu dans différents milieux civils soupçonnés. Des militaires pourraient aussi probablement être concernés par ces purges.

Abdoulaye Youlaké Camara à Conakry

 

Lansana Conté, après l’attentat : "c’est moi qui gêne"

19-01-2005 - C’est à 21 heures ce mercredi que le président de la République dont le cortège a essuyé les tirs d’un groupe d’hommes armés à Simambosya, Enco5 à Conakry s’est adressé à ses compatriotes sur les antennes de la télévision nationale du palais présidentiel.

Pour la circonstance il était entouré de certains membres du gouvernement, dont Fodé Bangoura, Moussa Sampil, Aisatou Bella Diallo, et des proches, dont Bruno Bangoura, Malick Sankhon. La voix sereine, le général Lansana Conté a notamment déclaré :

« Quand je vous ai présenté mes vœux, le 31 décembre, je disais à tous les Guinéens, il faut que nous soyons tous vigilants. Aujourd’hui, tout le monde est menacé, les hommes sont menacés, les pays sont menacés. Ces menaces viennent de la part de ceux qui ne veulent pas du développement de la Guinée ou ceux qui ne sont pas obéissants à des ordres qu’on donne de l’extérieur. Mais, vous vous savez, vous les Guinéens, surtout ceux qui sont autour de moi, tout le monde sait que je n’obéis pas à quelqu’un. Il dicte sa volonté à partir de l’extérieur pour qu’il nous dise ce que nous devons faire. Les Guinéens m’ont fait confiance pour me mettre à leur tête. Un jour je quitterai ici ou par leur volonté ou par la volonté de Dieu. C’est à ces deux que j’obéi: Dieu et les Guinéens, les autres ne m’intéressent pas.

Ce qui s’est passé ce matin, en principe ne doit pas nous étonner. C’est pas la Guinée qui gêne, pour ceux qui veulent nous faire du mal, c’est moi qui gêne. Parce que selon eux je ne suis pas un homme à manipuler. Et moi, on ne me manipulera pas. Parce que c’est tout un peuple qui a eu confiance en moi. Je suis obligé de penser à ce peuple, qui ne veut pas l’esclavage. Les Guinéens ne veulent pas l’esclavage. Si je suis là aujourd’hui, c’est parce qu’ils savent, sans pouvoir leur donner tout, ils savent que ce que je fais c’est pour leur intérêt. C’est pour cela, ils m’ont gardé sinon, je serai parti.   Maintenant s’il y a d’autres qui veulent me faire partir par leur seule volonté, alors je me fie à Dieu. Et je vous demande d’être courageux, ne vous laissez pas abattre par les menaces, surtout ne vous laissez pas tromper par l’argent.

Ce que je veux, surtout pour vous les membres du gouvernement, c’est de travailler ensemble. J’ai nommé un Premier ministre, j’ai dit à tous les ministres de tourner autour de lui, de l’aider dans sa fonction. Moi, vous m’avez aidé jusqu’à présent, je sais déjà ce que je dois faire, lui il a besoin d’être aidé. Avec votre concours, je suis sûr qu’il réussira. Un gouvernement soudé ne peut pas être vaincu. Je demande à tous ceux qui ne sont pas membres du gouvernement, qui sont des cadres, je souhaite que chacun travaille pour son pays. Qu’ils abandonnent les intérêts égoïstes ! Il faut aider ce peuple à se lever. C’est la paix qui est plus chère pour nous aujourd’hui en guinée. Mais entendez-vous. Tous les Guinéens sont égaux humainement. Nous devons marcher ensemble, surmonter les obstacles ensemble. Ceux quoi sont en train de s’amuser, en tirant sur les gens en passant, moi je pense que ce sont des gens qui n’ont aucune responsabilité dans le monde. On envoie pour tuer, parce que ce sont des gourous, alors qu’ils continuent, nous nous vivrons ici tant que Dieu le voudra. C’est Lui seul qui donne et qui reprend, il faut avoir confiance et être croyant, il ne faut pas aller seulement à la prière, pour qu’on te voie. Il faut avoir l’amour du pays dans le cœur.

Il faut accepter ce que nous sommes, ne cherchez pas à devenir ce que les autres sont. Nous marchons sur notre chemin, c’est le nôtre, mais nous devons marcher ensemble. Ceux qui ont envoyé ceux ci pour tirer sur moi, ce ne sont pas des dieux, c’est pour cela qu’ils n’ont pas réussi, Dieu n’a pas encore décidé. Quand le jour de quelqu’un arrive, il s’en va hein, sinon il y a beaucoup de choses qui se sont passées en Guinée. Ils ne m’effraient pas. Tout ce qui peut m’effrayer ce sont les Guinéens qui disent qu’ils sont d’accord avec moi, mais qui font le contraire de ce que je veux. Et ce sont des frères, je ne peux pas les rejeter.

Alors, travaillez bien. Merci beaucoup »

Selon la radiodiffusion nationale, un élément de la garde rapproché du chef de l’Etat a été grièvement blessé et plusieurs interpellations ont été opérées. Voilà l’atmosphère dans laquelle les musulmans de Guinée célèbrent ce jeudi la Tabaski.

Boubacar Yacine Diallo à Conakry

 

Tirs de feu sur le convoi présidentiel. Sampil parle de «complot contre le régime.»

19-01-2005 - La radio diffusion d’état RTG, a annoncé au journal de 19 heures aujourd’hui mercredi, qu’un «groupe d’hommes armés a ouvert le feu ce matin entre 11 heures et midi sur le convoi du président de la République.» La tentative présumée d’attentat a eu lieu au carrefour de Simanfosiya (Enco 5) au nord de la ville sur la route «Le Prince» une grande artère qui tient lieu d’axe nord-sud. Selon la radio d’état un béret rouge (garde présidentielle rapprochée) a été grièvement blessé et serait sous soins intensifs dans un des hôpitaux de la capitale Conakry.

Cette version contredit celle annoncée initialement par la Direction Nationale de la Sécurité du Territoire (DST) citée par l’agence France Presse qui présentait les tirs comme étant en provenance de «policiers qui pourchassaient des voleurs.»

Selon certaines sources, citées par la radio RFI, les tirs seraient venus «d’hommes en uniformes à partir d’une voiture.» Selon des témoins interrogés par Guinéenews©, la garde présidentielle aurait été vue investir un bâtiment à étage adjacent dont le propriétaire aurait été interpellé par les services de sécurité.

Le président guinéen, Lansana Conté, qui n'a pas été touché, selon la radio d’état, a demandé à la population «du calme et de la vigilance.» Le chef de l’état guinéen a demandé aux Guinéens de «s’unir d’avantage.» Conté est sorti indemne de l’attentat présumé et a été vu dans la cour du palais présidentiel sous le fromager, à partir duquel il traite souvent les affaires courantes du pays.

Les militaires ont procédés à une immense rafle de jeunes gens qui ont été transportés au camps Koundara et autres centres de détention de la capitale. Les points stratégiques de la capitale ont été investis par les forces de l’ordre, mais la circulation continue selon des résidents de la capitale, Conakry interrogés par Guinéenews©. «Mon chauffeur a quitté de la ville jusque chez moi à Matoto sans problème» a déclaré à Guinéenews© un résident cette nuit à 20 heures locale. Le palais présidentiel, la maison de la radio et le périmètre administratif de la pointe de l’île de Kaloum sont tous occupés par des militaires en armes.

Un Conseil des Ministres extraordinaire a eu lieu entre 15 heures et 16 heures GMT suivi par une annonce à la radio diffusion RTG appelant les Guinéens au calme. Les journalistes de la radio d’état ont été auparavant vu s’enfuir de la maison de la radio située à Boulbinet dès le début des évènements dont les échos se sont répandus comme une traînée de poudre parmi les habitants qui s’apprêtaient à célébrer la fête de Tabaski.

Dans un entretien à la radio française RFI, le ministre de la sécurité Moussa Sampil a invoqué l’hypothèse du complot : "L'acte de ce matin ne fait que confirmer ce que nous avons toujours dit et dénoncé: les complots contre le régime", a déclaré le ministre guinéen dans un entretien téléphonique avec la radio française avant de refuser de donner des détails se contentant de dire que «Les enquêtes sont en cours actuellement et elles évoluent très bien.».

Bah Boubacar Caba à Toronto, Canada.

 

Tentative de coup d'Etat? Le président Conté échappe à attentat

19-2005 - Ce matin de mercredi, 19 janvier, le cortège présidentiel a fait l'objet d'une attaque armée, sur la route de Prince entre Bambéto et la Cité Enco 5, dans la commune de Ratoma. Comme il le fait chaque matin, le Président Conté revenait de Dubréka où il réside régulièrement depuis deux ans. L'attaque a eu lieu entre 10 h et 11 h. Une de voitures formant le cortège a été pris comme cible.

Le président est sorti indemne, et le véhicule serait légèrement endommagé. La garde présidentielle a effectué de nombreuses arrestations aux alentours. Des personnes arrêtées seraient en interrogatoire à Koundara. Aux alentours de la présidentielles, il existe présentement une ceinture de bérets rouges et d'agents de la police. Les activités ont cessé dans la zones se trouvant entre le Petit Palais et le Palais Sékhoutoureya en passant par le ministre des finances.

Au centre ville, les habitants vaquent tranquillement à la fête. Tout le monde prépare la fête de tabaski, prévue demain. Mais en haute banlieue, l'inquiétude règne. On parle de la mobilisation des chars de combat.

Oumar Yacine Bah à Conakry

 

Attaque du cortège présidentiel au quartier Cosa, commune de Mototo

19-01-2005 - Selon des sources biens introduites à Sekhoutouréya, le cortège présidentiel aurait été victime d’une attaque par des militaires armés jusqu’aux dents aux alentours de 11 heures ce matin, au quartier Cosa dans la zone d’Enco 5, commune de Mototo.

Selon les mêmes sources, les militaires auraient tiré sur le cortège présidentiel lors de son passage dans cette zone, connue pour son extrémisme face au pouvoir de Conakry. Mais les gardes rapprochées du président auraient riposté, ce qui aurait créé un échange de tir entre ces militaires et les gardes du corps du président. À l’issue de cet échange de tir, un garde du corps du président Conté aurait été grièvement blessé et serait en soins intensifs dans un des hôpitaux de Conakry.

Au moment où nous publions cet article, l’on nous informe qu’un contingent important serait attendu dans les heures qui suivent aux quartiers Cosa et Enco 5.

Nous y reviendrons.

Guinéenews©

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