Après l'incendie du 3e arrondissement à Paris, la préfecture va évacuer les immeubles dangereux

LEMONDE.FR | 31.08.05 | 09h17  •  Mis à jour le 31.08.05 | 09h41 - La préfecture de police de Paris a annoncé, mardi 30 août, "l'évacuation des immeubles et des squats les plus dangereux", au lendemain d'un nouvel incendie qui a fait sept morts, dont quatre enfants, dans un immeuble vétuste du 3e arrondissement squatté par des familles ivoiriennes. Le communiqué évoque ainsi la mise en œuvre, "dans les tout prochains jours, en lien avec la Ville de Paris, [d']un dispositif d'urgence pour prévenir de nouveaux sinistres". Mais la Mairie a répondu dans la soirée qu'elle "ne souhaite être associée en aucune façon aux décisions d'évacuation". "Notre démarche est une démarche de prévention des risques, et toute évacuation qui s'avère nécessaire au vu du dossier technique doit faire l'objet de solutions d'hébergement adaptées proposées aux personnes concernées, et ce sur l'ensemble du territoire de l'Ile-de-France", souligne dans le communiqué Jean-Yves Mano, adjoint au maire chargé du logement.

Alors que le débat sur les responsabilités fait rage et que Dominique de Villepin doit annoncer, jeudi, ses mesures en faveur du logement social, son ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, s'est cantonné à une rapide suggestion : "fermer tous ces squats et tous ces immeubles pour arrêter ces drames." "A force d'accepter des gens (...), on se retrouve dans une situation où on a des drames comme ça", a-t-il ajouté.

PROPOSITIONS DE RELOGEMENT

La préfecture indique qu'elle a "notamment" procédé, dès mardi, à l'évacuation du squat de la rue du Chalet (10e arrondissement). Elle entend aussi rappeler à leurs devoirs les propriétaires des immeubles dégradés, en renouvelant les "prescriptions fermes de remise en état dans des délais contraints", et organiser des visites des bâtiments signalés, par les services de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.  Elle précise avoir alerté le propriétaire de l'immeuble incendié, la société d'économie mixte Siemp, "à plusieurs reprises, notamment le 9 août dernier, à la suite d'une visite d'un architecte de sécurité de la préfecture qui a mis en lumière l'état général de vétusté de l'immeuble et les risques pour la sécurité de ses habitants". Mais "l'immeuble devait être progressivement vidé pour être réhabilité et ne faisait donc pas l'objet d'une demande d'expulsion de ses occupants", a-t-elle rappelé.

En fin de journée, le maire du 3e arrondissement, le socialiste Pierre Aidenbaum, a annoncé que "toutes les familles ont déjà reçu des propositions de relogement et que certaines d'entre elles sont parties visiter des appartements". Il a appelé à la régularisation des familles sans-papiers, tout comme l'ambassadeur de Côte d'Ivoire, "choqué" et "écœuré" par ce drame. Dans la soirée, quelque 150 personnes ont manifesté près de l'immeuble, rue du Roi-Doré, et observé cinq minutes de silence.

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Incendie du 3e arrondissement: Jacques Chirac promet "des initiatives fortes" du gouvernement

REIMS (AP), mardi 30 aout 2005, 10h58 - Après le nouvel incendie qui s'est produit dans la nuit dans le 3e arrondissement de Paris, faisant sept morts dont trois enfants, le président Jacques Chirac a promis mardi "des initiatives fortes" du gouvernement "très prochainement".

"Je pense que le gouvernement et le Premier ministre vont prendre très prochainement des initiatives fortes dans ce domaine", a-t-il souligné en marge d'un déplacement sur la politique industrielle dans la Marne.

"Je voudrais souligner combien cette situation est tout à fait indigne des exigences naturelles de l'accueil qu'on doit à celles et à ceux qui sont chez nous, quelle que soit leur origine, quelle que soit leur nationalité", s'est-t-il indigné.

"Ce qui me paraît essentiel aujourd'hui, à la suite de ce deuxième drame, c'est de prendre ensemble, c'est-à-dire toutes les autorités compétentes, nationales, régionales, départementales, municipales, les mesures qui s'imposent pour éviter des drames de cette nature", a-t-il ajouté.

Le chef de l'Etat a par ailleurs exprimé sa "consternation", son "horreur" et sa "compassion à l'égard des victimes".

Quatre jours après l'incendie du 13e arrondissement qui avait fait 17 morts dont 14 enfants dans un immeuble habité essentiellement par des familles sénégalaises et maliennes, un feu a éclaté lundi soir dans un immeuble du 3e arrondissement squatté par des Ivoiriens, faisant sept morts, dont trois enfants, et trois blessés graves. Onze personnes dont cinq pompiers ont aussi été légèrement blessées. AP


Sept morts dans un nouvel incendie d'immeuble vétuste à Paris

PARIS (AFP), 30 août 2005 07:33 - Un incendie survenu lundi soir dans un immeuble vétuste du centre de Paris, squatté par des familles africaines, a fait sept morts et trois blessés graves, trois jours après un autre incendie qui a coûté la vie à 17 Africains également dans la capitale.

Sur les sept morts, l'un, un enfant, est décédé des suites de ses blessures à l'hôpital, les corps des six autres ont été retrouvés dans l'immeuble, selon les pompiers.

En outre, trois personnes ont été grièvement blessées et onze autres souffrent de blessures plus légères. Le précédent bilan des pompiers, dans la nuit de lundi à mardi, faisait état de deux morts et 12 blessés, dont deux graves.

Le sinistre s'est déclaré peu avant 22h00 (20h00 gmt), pour une raison indéterminée, dans une cage d'escalier d'un immeuble de cinq niveaux, situé au 8 rue du Roi doré, dans le quartier historique du Marais, un immeuble en cours de réhabilitation occupé par des Africains, selon les pompiers.

Plus d'une centaine de pompiers et 30 véhicules ont été mobilisés pour affronter cet incendie, qui a été maîtrisé à 23h30 (21h30 gmt), selon les pompiers.

"Il y avait dans ce squat 12 familles ivoiriennes", a expliqué à la presse sur place le maire du 3e arrondissement, Pierre Aidenbaum. "On signalait depuis plusieurs années que les conditions de vie y étaient inadmissibles", a-t-il ajouté. Il a précisé que les 12 familles, soit une quarantaine de personnes, devaient être relogées en septembre pour permettre d'effectuer des travaux.

Le maire de Paris Bertrand Delanoë a rendu visite à des personnes évacuées de l'immeuble, et prises en charge par la protection civile dans un hôtel proche, l'hôtel du Marais où elles devaient passer la nuit.

"Il y a un problème gravissime d'immeubles insalubres à Paris", a-t-il commenté, rappelant que ses services en avaient recensé un millier au début de son mandat.

M. Delanoë a appelé à une "prise de conscience au niveau de (la région) d'Ile-de-France et au niveau national". "Nous avons envie d'être épaulés en particulier par les départements voisins les plus riches qui accueillent peu de population précaires".

Jean-Baptiste Eyraud, président de Droit au logement (DAL), qui s'est lui aussi rendu sur les lieux de l'incendie, a de son côté annoncé qu'une manifestation de soutien aux mal-logés serait organisée samedi à 15H30 (13h30 gmt) dans la capitale.

Yves Contassot, adjoint (Verts) de M. Delanoë, s'est également rendu sur place. Il a expliqué que certains locataires de l'immeuble, sans-papier, n'avaient obtenu aucun relogement pour permettre d'effectuer des travaux. "Il faut sortir de ça, arrêter de traiter les gens comme au 18e siècle", s'est-il indigné. Selon lui, l'immeuble n'était plus alimenté en eau, et les résidents devaient se ravitailler à un robinet dans la rue.

Bambaya Coumba, un Ivoirien qui habitait l'immeuble incendié, rentrait chez lui lorsqu'il a aperçu les flammes. Il dit avoir vu des gens sauter par la fenêtre. "Nous parlions beaucoup de l'incendie du 13e arrondissement, on avait très peur car notre immeuble est en mauvais état", a-t-il confié. "On en parlait encore aujourd'hui".

Ce nouveau drame rappelle l'incendie survenu dans la nuit du 25 au 26 août dans un immeuble du 13e arrondissement de la capitale, où vivaient en majorité des familles nombreuses originaires d'Afrique. 17 personnes avaient trouvé la mort, dont 14 enfants.

L'incendie est survenu quatre mois après celui de l'hôtel meublé Paris-Opéra (IXe), dans le centre de Paris, qui avait fait 24 morts, également des Africains en attente de logements sociaux.

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