Congo: des pygmées démentent les actes de cannibalisme dont ils avaient accusé le MLC

KINSHASA (AP), lundi 13 septembre 2004, 18h55  - Des pygmées qui avaient affirmé en janvier 2003 avoir été témoins d'actes d'anthropophagie entre octobre et décembre 2002 à Mambasa, localité du district de l'Ituri (nord-est du Congo), ont déclaré lundi avoir été contraints de mentir.

"Il n'y a jamais eu d'actes d'anthropophagie à Mambassa, c'était du mensonge car nous étions poussés à dire ces choses", a assuré après une rencontre avec des journalistes Amzati Ndjeto, le pygmée qui avait affirmé avoir vu ses parents être dépecés et mangés.

En janvier 2003 à Kinshasa, des pygmées avaient affirmé avoir réussi à s'échapper, à se cacher et à voir depuis leur cachette des rebelles du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba égorger des membres de leur famille et les passer au feu avant de les manger.

"Toutes les personnes que nous avions citées comme mangées sont bien vivantes, nous n'avons jamais assisté à ces actes de cannibalisme ni d'anthropophagie, mais la délégation du gouvernement de l'époque, accompagnée des journalistes, nous avait demandé de mentir afin de salir le vice-président Jean-Pierre Bemba et son mouvement", a souligné Amzati.

La Mission de l'ONU au Congo (MONUC) et les organisations non-gouvernementales de défense des droits de l'Homme avaient confirmé ces actes d'anthropophagie et de cannibalisme sur la base des déclarations des témoins. La MONUC et le bureau des Nations Unies pour les droits de l'Homme à Kinshasa n'ont pas fait de commentaires sur le démenti des pygmées.

Mais les organisations locales de défense des droits de l'Homme ont déclaré être embarrassées par ce démenti. "S'il y a eu manipulation, il faudra voir ce qu'on fera avec les auteurs", a dit Marie Mosi, vice-présidente de l'Asadho (Association africaine des droits de l'Homme), une organisation congolaise qui avait enquêté sur ces actes. Le MLC, qui avait été accusé de ces actes et contrôlait au moment de la guerre la partie nord du pays, avait intenté un procès et condamné certains de ses officiers et hommes de rang.

"Il avait été prouvé à l'issue du procès qu'il n'y a jamais eu d'acte d'anthropophagie mais les personnes qui étaient condamnées l'étaient pour des actes de rapines perpétrés sur la population à Mambasa", a déclaré Thomas Luhaka, secrétaire exécutif du MLC.

Il a encore précisé que le MLC se réservait le droit d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre des auteurs et des complices de cette manipulation. AP

Actualité internationale et africaine