La réconciliation au Soudan mise à l'épreuve aujourd'hui après le décès du Vice-Président John Garang


Au moins cent trente morts dans les émeutes au Soudan

LEMONDE.FR | 04.08.05 | 10h08  •  Mis à jour le 04.08.05 | 10h40
Des émeutes qui ont éclaté au Soudan après l'annonce, lundi 1er août, du décès du chef sudiste John Garang, ont fait 130 morts et 350 blessés. A Khartoum, on compte 84 personnes tuées, selon une porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge, tandis qu'au moins 18 autres seraient mortes à Juba, la principale ville du Sud-Soudan, selon des témoins et un responsable du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), mouvement de John Garang.

Le calme était revenu, mercredi soir, à Khartoum, en grande partie grâce à l'impressionnante présence des forces de police et de l'armée. Le gouverneur de la capitale, Abdelhalim Moutaafi, l'a qualifiée de "plus large déploiement des organes de sécurité dans l'histoire de Khartoum". Il a par ailleurs fait état de l'arrestation de centaines de personnes lors des émeutes, précisant que certaines d'entre elles avaient comparu mercredi devant la justice.

En revanche, la tension était toujours vive à Juba, où John Garang doit être inhumé samedi. Après les émeutes, des milliers de Soudanais originaires du nord fuyaient Juba de crainte de représailles, ont rapporté des habitants de la ville. Des tirs d'armes lourdes pouvaient être entendus, mercredi soir, dans la ville en dépit du couvre-feu. La ville était quadrillée par les troupes de l'armée soudanaise."Ils ont brûlé nos magasins et nos maisons et nous n'avons d'autre choix que de nous mettre en sécurité", a déclaré un commerçant à l'aéroport de la ville, où de nombreuses personnes affluaient.

Dès l'annonce de la mort de John Garang dans un accident d'hélicoptère, des manifestants sudistes avaient envahi les rues de Khartoum et celles de Juba. Ces derniers doutaient d'une mort accidentelle, bien que les autorités, la veuve de Garang et le gouvernement ougandais aient affirmé que l'appareil s'était bien écrasé en raison du mauvais temps. Le président soudanais Omar al-Béchir a annoncé la formation d'une commission conjointe avec le SPLM pour enquêter sur l'accident.

"LES ARMES DOIVENT SE TAIRE  DANS TOUT LE PAYS"

A New Site, un des des quartiers généraux du SPLM dans le sud, le nouveau chef du mouvement, Salva Kiir, a exhorté "toute la population soudanaise" au calme après les émeutes. "Les ennemis de la paix pourraient vouloir profiter de la situation de manière à ne pas permettre au gouvernement et au SPLM d'appliquer leur accord de paix", a déclaré M. Kiir. "Nous voulons que cette situation s'arrête au plus vite pour que la sécurité revienne à Khartoum et dans ses banlieues", a-t-il dit.

A l'issue d'une rencontre avec le successeur, la secrétaire d'Etat adjointe américaine chargée de l'Afrique, Constance Newman, et le représentant spécial pour le Soudan, Roger Winter, ont fait part à la presse de leur satisfaction de l'engagement du nouveau dirigeant du SPLM envers la paix. "Ce mouvement est béni. Il possède des dirigeants d'un niveau rarement constaté dans les mouvements rebelles de ce continent", a déclaré M. Winter.  M. Kiir s'est, quant à lui, déclaré conscient de la nécessité de faire de l'accord nord-sud un catalyseur pour une solution de la crise du Darfour, le conflit qui ravage l'ouest du pays. "Les armes doivent se taire dans tout le pays (sinon) la guerre au Darfour filtrera vers le sud du Soudan (...) nous reviendrons à la case départ", a-t-il averti.

Le cercueil du John Garang doit être transporté, jeudi, par le SLPM dans plusieurs villes du sud du Soudan pour permettre à la population de se recueillir. Ancien chef des rebelles sudistes, Garang était devenu, le 9 juillet, premier vice-président conformément à l'accord de paix signé le 9 janvier à Nairobi entre le SPLM et Khartoum.


Soudan: au moins 42 morts dans des émeutes après la mort de John Garang

KHARTOUM (AFP), mardi 2 aout 2005, 10h26 - Les émeutes qui ont éclaté lundi à Khartoum après l'annonce officielle de la mort du leader sudiste soudanais et premier vice-président John Garang ont fait au moins 42 morts, ont affirmé mardi des sources médicales.

"Nous avons reçu 26 corps", a affirmé à l'AFP Ouqail Sawar al-Dahab, directeur de la morgue à l'hôpital universitaire de Khartoum.

Une autre source médicale à l'hôpital al-Bourri, dans la banlieue de Khartoum, a ajouté que 16 corps se trouvaient dans la morgue de l'établissement.

John Garang, 60 ans, et 13 autres personnes ont été tuées lorsque l'hélicoptère de la présidence ougandaise qui ramenait d'Ouganda le leader sudiste s'est écrasé samedi soir dans les montagnes du Sud-Soudan.

Aussitôt après l'annonce officielle de la mort du premier vice-président soudanais, des milliers de sudistes munis d'armes blanches et d'armes à feu sont descendus dans les rues de Khartoum, la capitale, et de Juba, la principale ville du sud, détruisant et incendiant des dizaines de véhicules et de commerces.

Un bilan fourni lundi soir par le gouverneur de la capitale Abdel Halim al-Mutaafi avait fait état de plus 20 personnes tuées et des dizaines de blessés dans les violences à Khartoum.


Un successeur sans charisme pour John Garang

Les instances du SPLA/SPLM ont désigné un successeur à John Garang, le chef historique du mouvement rebelle du Sud Soudan, décédé dans un accident d'hélicoptère ce week-end. Ils ont élu hier soir Salva Kiir, jusqu'ici numéro 2. Un homme qui est loin de jouir de l’aura de son prédécesseur.

Cet homme est un soldat. De nature. Et il le revendique. Il rappelle à l’envi qu’il est militaire et pas politicien. C’est d’ailleurs un soldat de la première heure. Ce natif du Bahr el-Ghazal a fait partie du mouvement Anyanya pendant la première guerre soudanaise. Il a été absorbé dans l’armée nationale après la signature des accords d’Addis Abeba en 1972. Puis il fut l’une des premières recrues du SPLM/SPLA quand la guerre a repris, en 1983. Proche lieutenant de Garang, il était aussi l’un de ses challengers potentiels. Le nord du Bahr el-Ghazal dont il vient est une région qui s’est sentie sous-considérée par la direction du SPLA/SPLM. C’est l’une des raisons pour laquelle Garang l’avait propulsé numéro deux. A la fin de l’année dernière, certains avaient poussé Salva Kiir à prendre le contrôle du SPLM. Il a toujours refusé, préférant en rester à une simple critique des méthodes de Garang. Discret, réservé, Salva Kiir a déjà fait ses preuves en tant que négociateur. Il dirigeait la délégation SPLM lors de la négociation du protocole de Machakos, le texte qui a posé les fondations du processus de paix soudanais. Sa signature est en bas de l’accord. 

Avec John Garang, le mouvement rebelle du Sud Soudan avait un chef charismatique, parfois certes contesté pour ses méthodes très autoritaires, mais qui possédait une véritable aura dans le sud du pays. Des chercheurs, qui ont réalisé de nombreux entretiens dans la région juste avant la signature de l’accord de paix, rapportent par exemple cette très belle formule d’un de leurs interlocuteurs : «Garang est venu nous expliquer la paix, il nous a apporté la pluie». Même dans les régions où l'ethnie n'est pas celle de Garang, les Dinkas, les réactions recueillies manifestaient un respect certain : «C'est le père du mouvement», dit par exemple dans cette enquête un homme d'ethnie Zandé. Ou alors ce que dit ce Nuer : «Même s'il y a des hauts et des bas, ce qu'il fait est bon pour les gens».

Cette aura, Salva Kiir ne l'a pas. Il est décrit comme un très mauvais orateur, un militaire sans charisme. Il ne s’est jamais considéré comme un politicien. « Il ne sait pas parler. Il ne sait même pas parler à ses hommes. Quand à parler à la nation soudanaise, c’est quelque chose qu’il n’a jamais envisagé… », estime le chercheur français Marc Lavergne. Dans ce contexte, on ne peut que se demander si Salva Kiir saura maintenir l'unité du mouvement. Son tempérament réservé est compensé par quelques atouts : «Il vient du Nord du Bahr el-Ghazal, dans la région de Gogrial, explique le spécialiste du Soudan Douglas Johnson. Ce qui signifie qu’il vient de la zone qui comporte la plus importante population Dinka au Soudan. Garang lui-même l’avait désigné comme son numéro 2, ce qui a fait de sa nomination un choix naturel, et puis Salva Kiir a été le chef de la SPLA, il a le soutien de la branche armée». Sa nomination laisse cependant dans l'ombre d'autres chefs du SPLA/SPLM, qui ont parfois plus de carrure. Avec de potentiels conflits de succession… Le scénario de la stabilité pourrait passer par une forme de gestion du pouvoir plus collégiale qu'elle ne l'était du temps de John Garang. Salva Kiir serait dans cette configuration une sorte de «porte-parole» d’une direction collégiale. Dans le cas contraire, les tendances à l'éclatement du SPLA-SPLM risquent de se réveiller, avec le risque d'une manipulation de la fibre ethnique et du coup des tensions entre Dinkas, Nuers, ou gens de l'Equateur.Incertitudes sur l’application de l’accord de paix

Beaucoup se demandent également quel sera l’impact de la nomination de Salva Kiir sur l'application de l'accord de paix du 9 janvier dernier. La question est sur toutes les lèvres et ressort notamment dans les nombreuses réactions diplomatiques à l'annonce de la disparition de Garang. Le SPLM/SPLA et le gouvernement de Khartoum ont certes réaffirmé leur attachement à l'accord de paix. Mais clairement, la dynamique de cet accord est ralentie dans la mesure où elle s'était largement construite sur des symboles. Garang signant l'accord de paix. Garang revenant à Khartoum. Garang siégeant au côté des autorités en place. Et Garang représentant officiellement son pays à l'étranger. Le processus de paix se nourrissait de ces images, dont on n’a pas l'équivalent avec Salva Kiir qui s’apparente plutôt à «l'homme invisible». Le nouveau chef du SPLA/SPLM a notamment refusé de s'exprimer lors de la première conférence de presse organisée par le mouvement après l'annonce du décès de son prédécesseur. 

Autre élément à ne pas négliger, Salva Kiir n'a pas la vision nationale de son prédécesseur, une réflexion politique pour tout le pays. John Garang était porté par le projet du «New Sudan», un Soudan dans lequel le pouvoir et les richesses seraient mieux partagés. Ce n’est pas le cas de son successeur. Et il est donc légitime de se demander s'il va reprendre à son compte les engagements de Garang d’essayer de trouver une solution pour le Darfour et pour l'Est du Soudan.

Quoi qu’il en soit, en succédant au chef historique de la rébellion du Sud Soudan, Salva Kiir devient également vice-président du pays. Les textes sont très clairs sur ce point. L'article 65 de la Constitution intérimaire stipule en effet que le président actuel du SPLM –la branche politique du mouvement– «ou son successeur» sera le premier vice-président, et dans le même temps, le président du gouvernement du Sud Soudan ainsi que le commandant en chef de la SPLA, la branche armée du mouvement. L'article 68 est même encore plus clair puisqu'il prévoit le cas de figure de la disparition de Garang. Si cette disparition a lieu avant les élections générales, le poste de premier vice-président doit revenir à celui qui sera choisi par le SPLM, dans les deux semaines qui suivent la vacance.

Laurent Correau (RFI Actualité)
Article publié le 02/08/2005
Dernière mise à jour le 02/08/2005 à 14:57 (heure de Paris)
(Photo : AFP)


Retour au calme dans la capitale soudanaise après des émeutes

CRI - (GMT+08:00) 2005-08-02 08:16:18    

Les rues de la capitale soudanaise de Khartoum sont progressivement revenues au calme lundi après des émeutes qui avaient éclaté suite à l'annonce de la mort du premier-vice président soudanais, et dirigeant du sud du pays, John Garang.

Le gouvernement soudanais a imposé un couvre-feu à Khartoum de 18h00 (15h00 GMT) lundi à 06h00 (03h00 GMT) mardi. Un témoin oculaire a indiqué que les rues de Khartoum étaient presque vides à l'exception des forces de sécurité déployées.

Des émeutes ont éclaté dans les rues de la capitale après la confirmation de la mort de M. Garang dans le crash de son hélicoptère alors qu'il revenait d'Ouganda au Soudan samedi.

Des personnes, qu'on présume originaires du sud du pays pour la plupart, sont descendues dans les rues dans le centre-ville pour exprimer leur sentiment de choc suite à cette tragédie.

Le rassemblement a provoqué un certain trouble de l'ordre public, des manifestants ayant déclenché des incendies par endroits. On pouvait voir des colonnes de fumée noire, mais aucune victime n'a été signalée.

Plus tôt dans la journée, le président soudanais Omar al-Béchir a annoncé la mort de M. Garang dans un crash d'hélicoptère samedi soir.

Le président a appelé tous les Soudanais à faire preuve de patience et de calme pour surmonter cette "épreuve difficile" et préserver l'unité et la stabilité.


Décès de John Garang, Vice-Président du Soudan
La réconciliation soudanaise à l’épreuve
Par Djamel Bouatta

Edition du : 2 août 2005 (liberte-algerie.com) - Des milliers de Sudistes sont descendus dans les rues de la capitale soudanaise, aussitôt confirmée la disparition du leader de la lutte sudiste depuis plus de 20 ans. Pour ses partisans, ce n’est pas un accident mais un assassinat, pour couper court au processus de normalisation arraché par Garang aux autorités de Khartoum. L'ex-rebelle sudiste était devenu premier vice-président du Soudan le 9 juillet 2005, après avoir accompli une longue marche des maquis du sud du pays au palais présidentiel de Khartoum. Chef incontesté du Sud animiste et chrétien, il était rentré à Khartoum début juillet pour la première fois depuis 22 ans, après avoir tourné la page de la plus longue guerre civile d'Afrique, en signant, en janvier à Nairobi, un accord de paix global avec le gouvernement d'Omar El Béchir, après des années d'affrontements, qui ont fait au moins 1,5 million de morts et plus de 4 millions de réfugiés. À l'issue d'une période de transition de six ans, les populations du Sud devraient se prononcer par référendum pour savoir si elles restent dans un Soudan uni ou proclament leur indépendance. Dans le cadre de la nouvelle constitution transitoire, qui prévoit des élections générales à mi-parcours, le Mouvement populaire de libération du Soudan (Mpls) s’est converti en parti politique et ses anciens guérilleros ont endossé leur nouveau costume d'hommes d'État, se délestant de leurs treillis militaires. Le président soudanais a affirmé que la mort de son vice-président John Garang renforçait sa détermination à poursuivre le processus de paix avec les ex-rebelles sudistes. Le Mouvement populaire de libération du Soudan de John Garang s'est, lui aussi, engagé à appliquer l'accord de paix signé avec Khartoum. Le problème est que Garang n’a pas laissé de dauphin et que les accords de paix prévoyaient notamment le partage du pouvoir et des richesses du sud du pays, riche en pétrole. Les populations du Sud bénéficieront d'un statut d'autonomie avant de s’exprimer par référendum sur l'unité avec le Soudan ou l'indépendance. Rumbek est même devenue la capitale du Sud. L'accord limite, en outre, l'application de la loi islamique aux seuls États du Nord. Ce que conteste l’ancien chef de gouvernement islamiste Tourabi, qui a refusé de participer au processus de réconciliation. L’Occident, qui a contraint Khartoum à trouver un arrangement avec son Sud, appelle les Soudanais à poursuivre le travail de Garang et à consolider le processus de paix. Le Soudan reste d’autant plus sur la poudrière qu’au Darfour la guerre continue.

D. BouattaDe violentes émeutes ont éclaté, hier, à Khartoum, à la suite de l’annonce de la mort du chef sudiste John Garang dans un crash d’hélicoptère, lors de son retour d’Ouganda.


La disparition du premier vice-président menace la paix
A.B.(st.)

Mis en ligne le 02/08/2005 - La mort de l'ex-chef rebelle, John Garang provoque des émeutes meurtrières.

Le premier vice-président soudanais et ancien chef rebelle John Garang était un des principaux acteurs de la paix au Soudan. Sa mort, ce week-end dans un accident d'avion, avec six de ses collaborateurs, pourrait menacer cette paix fragile, et récente.

Cet accident intervient trois semaines après le début d'une période intérimaire de six ans associant le gouvernement de Khartoum et les anciens rebelles sudistes de John Garang. Une association établie par l'accord de paix signé le 9 février dernier et qui mettait fin à une guerre de 22 ans entre le Nord musulman et le Sud majoritairement chrétien ou animiste. A l'origine du conflit, la décision en 1983 du gouvernement de Khartoum d'imposer la loi islamique, la Charia aux régions du Sud. Un conflit qu'ont contribué à alimenter les ressources pétrolières du Sud. Bilan: deux millions de morts, souvent par la faim et les maladies, et plus de 4 millions de déplacés.

Cet accord prévoit le partage du pouvoir et des richesses et une période de transition de six ans d'autonomie pour le Sud, au terme desquels les habitants devront décider par référendum s'ils veulent accéder à l'indépendance ou rester attachés au Soudan. C'est ainsi que le 9 juillet, Garang était devenu vice-président, après avoir dirigé pendant une vingtaine d'années la rébellion du sud du pays à la tête de l'armée populaire de libération du Soudan (ALPS).

Surmonter les divisions

Mais sa mort fait peser une épée de Damoclès sur ce processus de paix. Lundi, plusieurs milliers de ses partisans, membres du Mouvement de libération du peuple du Soudan (MLPS) se sont précipités dans la rue. Lundi soir, pillages, agressions sur des passants, incendies de voitures et affrontements avec des policiers avaient déjà fait 24 morts. Des témoins ont par ailleurs signalé des émeutes et des tirs dans le centre et le sud du Soudan, qui avait accueilli avec enthousiasme la dernière visite de Garang et sa nomination à la vice-présidence. Cet accès de violence n'augure rien de bon pour la paix et risque par ailleurs d'hypothéquer les chances de pacifier la province occidentale du Darfour, en proie à un conflit distinct et à une catastrophe humanitaire depuis février 2003. Ce conflit a fait entre 180000 et 300000 morts et plus de 2,4 millions de déplacés.

De plus, la perte de ce chef historique laisse craindre la désunion du parti MLPS, déchiré par des luttes intestines. « Garand était un politicien plus habile que la plupart de ses compagnons au sein du MLPS», a estimé un observateur lié au mouvement. «Dans le pire des scénarios, a-t-il ajouté «une guerre Sud-Sud» pourrait survenir. Pourtant, le gouvernement s'est voulu rassurant. Le président Omar al-Béchir a affirmé que la mort de son premier vice-président renforçait sa détermination à poursuivre le processus de paix. «Notre perte est immense », a-t-il déclaré dans un communiqué, «mais notre consolation est que la cause de la paix est devenue propre à l'ensemble du peuple soudanais.» En conséquence, «le processus de paix poursuivra son chemin vers son but». Comme pour confirmer ces paroles, le SPLM de John Garang s'est engagé dans une déclaration à Nairobi à «appliquer l'accord de paix». «Nous, au sein de l'ALPS et du MLPS, allons poursuivre sa vision pour un Soudan pacifié.»

Lundi soir, le MLPS annonçait la désignation à sa tête de Salva Kiir, numéro deux du mouvement et chef de sa branche militaire. Salva Kiir devient de ce fait premier vice-président du Soudan.

© La Libre Belgique 2005


L'ancien chef rebelle du Sud devenu vice-président s'est tué en hélicoptère.
La mort de John Garang fragilise la paix au Soudan
Par Christophe AYAD

mardi 02 août 2005 (Liberation - 06:00) - John Garang n'aura pas goûté longtemps aux fruits d'une paix chèrement acquise. Même pas un mois d'état de grâce, et une mort, aussi brutale qu'inattendue, samedi, dans la chute de l'hélicoptère qui le ramenait d'Ouganda. Le 8 juillet, le chef rebelle, symbole du Sud-Soudan africain chrétien et animiste, avait effectué un retour triomphal dans la capitale du Soudan. Au terme de vingt-deux ans d'une terrible guerre civile contre le régime arabo-musulman de Khartoum qui, selon les estimations, a fait 1,5 million de morts.

Face aux centaines de milliers de sudistes de la capitale venus fêter leur héros, mais aussi des nordistes qui espéraient un vent nouveau de démocratie, Garang n'avait alors même pas pu achever son discours, couvert par les clameurs de la foule en transe. Le lendemain, il était intronisé premier vice-président du Soudan. Dans le même temps entrait en vigueur une Constitution transitoire garantissant au sud du pays son autoadministration pendant six ans, jusqu'à la tenue d'un référendum d'autodétermination.

Manne pétrolière. C'est tout cet édifice que risque de mettre à bas la mort de John Garang. «Le pire scénario imaginable vient de se produire», se désolait hier un diplomate européen. Garang était le pivot de l'accord de paix de Nairobi signé le 9 janvier 2005 et entré en vigueur six mois plus tard. Président du Sud et fort de la moitié de la manne pétrolière (300 000 barils par jour), il était censé reconstruire un territoire ramené à l'âge de pierre par la guerre ­ «un des seuls endroits au monde où les parents expliquent à leurs enfants ce qu'est l'électricité», selon une humanitaire ­ et ravagé par une trentaine de milices tribales créées par Khartoum mais échappant désormais à tout contrôle. Vice-président au niveau national, on attendait de lui qu'il serve de contrepoids aux islamistes au pouvoir à Khartoum, mettant un frein par sa seule présence à leur férule autoritaire et à leur corruption effrénée. Sans oublier le Darfour, l'immense province occidentale du Nord-Soudan, où la guerre civile qui sévit depuis deux ans et demi entre des rebelles locaux et Khartoum a causé 180 000 à 300 000 morts et plus de 2 millions de déplacés et réfugiés. La communauté internationale comptait sur le pouvoir d'influence de Garang sur les rebelles pour déboucher sur un accord de paix donnant plus de pouvoir et de richesses aux Darfouriens. Dans l'Est aussi, où couve une guérilla soutenue par l'Erythrée, on comptait sur ses bons offices. La communauté internationale, à commencer par les Etats-Unis qui ont chaperonné Garang tout au long des négociations, peut se mordre les doigts d'avoir conçu un édifice aussi fragile.

Autocrate tribaliste. John Garang n'a aucun successeur de son envergure. Le chef rebelle, âgé de 60 ans, était un autocrate assez tribaliste, même s'il ne faut pas le réduire à un guérillero sorti de la brousse. Après avoir été l'un des premiers enfants scolarisés du Sud-Soudan, ce Dinka de la région de Bor a poursuivi ses études en Tanzanie, avec le président ougandais Museveni, puis aux Etats-Unis. En 1970, il renonce à une bourse de l'université de Berkeley pour s'enrôler dans la première guérilla sudiste, le mouvement Anyanya.

En 1972, c'est la paix : il est intégré à l'armée soudanaise et va parfaire sa formation à Fort Benning, aux Etats-Unis. Mais, en 1983, il reprend les armes contre Khartoum à cause de l'instauration de la charia (loi islamique). Son principal soutien de l'époque est l'Ethiopie marxiste de Mengistu. L'arrivée d'un régime islamiste à Khartoum, en 1989, provoque un rapprochement avec les Etats-Unis et en particulier les milieux chrétiens, proches de George W. Bush. Depuis quatre ans, Garang avait troqué le treillis pour le costume-cravate, comprenant que son salut passait par la négociation plus que la lutte armée.

Soudan unifié. Lors de sa première ­ et dernière ­ conférence de presse, le 20 juillet à Khartoum, John Garang déclarait : «Nous apprenons à nous connaître, tout se passe très bien. Nous prendrons toute notre part au gouvernement du pays et oeuvrerons pour un Soudan uni.» Garang était l'un des rares hommes politiques du Sud-Soudan à avoir la vision d'un Soudan unifié et l'envergure pour le diriger. «Il rêvait d'être le président du plus grand pays d'Afrique, pas le roitelet africain d'un Dinkaland enclavé», estime un diplomate qui le connaissait bien.

Son parti, le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), fragilisé par la perte de son chef, pourrait être tenté de se replier sur son pré carré dans le Sud et chercher à y affermir son emprise face aux chefs de milices sudistes qui rechignent à désarmer. Avec le risque non négligeable d'une guerre civile Sud-Sud. Salva Kiir, le numéro 2 du MPLS, qui a promis hier que le processus de paix se poursuivrait, devrait appeler les sudistes de Khartoum au calme.


Salva Kiir succède à John Garang à la tête du MPLS au Soudan

NEW SITE, Soudan (Reuters), lundi 1 aout 2005, 22h47 - Les responsables du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS) ont désigné Salva Kiir pour succéder à John Garang, dirigeant de l'ancienne organisation rebelle décédé ce week-end dans un accident d'hélicoptère.

"La réunion conjointe de direction du MPLS et du commandement militaire de l'APLS (...) a proclamé à l'unanimité le général Salva Kiir Mayardit président du MPLS et commandant en chef de l'APLS", a déclaré à la presse Pagan Amun, un haut responsable du MPLS.

"Il est dès lors désigné pour la position de premier vice-président de la République du Soudan et de président du gouvernement du Sud-Soudan", a-t-il dit.

L'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) est la branche militaire du MPLS.

Kiir était le bras droit de Garang et avait joué un rôle important lors des négociations sur l'accord de paix qui a permis en janvier de mettre fin à 21 ans de conflit entre les rebelles du Sud et le pouvoir du Nord.

Il avait été désigné vice-président du gouvernement du Sud-Soudan par Garang le 16 juillet dernier. Il devrait être investi premier vice-président du pays dans les deux semaines, a annoncé le MPLS.

"NOUS SOMMES EN DEUIL"

Kiir, qui était largement pressenti pour succéder à l'ancien leader sudiste, était aussi vice-président du haut commandement du MPLS/APLS depuis 1997.

"Il n'y a eu aucune dissension ou désaccord, il a reçu le soutien de l'ensemble du MPLS", a affirmé Amun.

Kiir a présidé lundi la réunion des 21 leaders politiques et militaires du mouvement qui s'est tenue au siège du MPLS à New Site, dans le sud du Soudan, et dont l'objectif était de décider de l'avenir de la formation après la mort de son leader.

"Nous nous réunissons pour décider de la gestion de la crise nationale qui nous arrive et tracer la voie à suivre", avait déclaré Amun. "Nous sommes en deuil mais nous avons le courage d'avancer."

Le corps de Garang, couvert du drapeau du Sud-Soudan, reposait dans une salle attenante à celle où s'est déroulée la réunion.

Rebecca Garang a déclaré à Reuters que les détails des obsèques de son mari seraient décidés par la nouvelle direction du MPLS et le gouvernement de Khartoum.

Garang, nommé vice-président du Soudan le 9 juillet, s'était rendu en Ouganda ce week-end pour rencontrer le président Yoweri Museveni. L'hélicoptère qui devait le ramener au Soudan s'est écrasé samedi soir, probablement en raison du mauvais temps, près de la frontière entre les deux pays.

Khartoum a déclaré lundi que six compagnons de Garang et sept membres d'équipage avaient également été tués dans l'accident.

SALVA KIIR SUCCÈDE À JOHN GARANG À LA TÊTE DU MPLS

Les responsables du Mouvement populaire de libération du Soudan ont désigné Salva Kiir pour succéder à John Garang, dirigeant de l'ancienne organisation rebelle décédé ce week-end dans un accident d'hélicoptère. /Photo prise le 1er août 2005/REUTERS/Radu Sigheti
• (Reuters - lundi 1 aout 2005, 22h59
)

 


Washington déplore la mort de John Garang

WASHINGTON, 1er août (XINHUANET), 02 août 2005, 11:04:15 - Les Etats-Unis ont déploré  lundi la mort du premier vice-président soudanais John Garang,  appelant les parties soudanaises à poursuivre le processus de paix. 

     "Je présente mes condoléances pour la mort tragique du premier  vice-président soudanais John Garang, à son épouse Rebecca Garang, à sa famille et au peuple soudanais", a déclaré la secrétaire  d'Etat Condoleezza Rice dans un communiqué. 

     "Il était un homme de grande intelligence et d'énergie. Il a  appliqué ces qualités à la réalisation d'une paix juste pour le  peuple du Soudan. Il a mis fin à 22 ans de guerre civile et offert l'espoir de la démocratie et d'un pays uni", a dit Mme Rice. 

     "Les Etats-Unis restent fermement engagés à la cause de la paix dans toutes les régions soudanaises, dont la résolution de la  crise humanitaire au Darfour. Nous appelons toutes les parties à  oeuvrer ensemble pour réaliser la vision du Dr Gagang d'un Soudan  uni, prospère et pacifique", a indiqué Mme Rice. 

     M. Garang, ex-chef de la rébellion sudiste devenu le 9 juillet  le premier vice-président soudanais, a trouvé la mort dans la nuit de samedi à dimanche dans un accident d'hélicoptère. Fin  


Les Etats-Unis envoient deux diplomates au Soudan après la mort de John Garang

WASHINGTON (AP), mardi 2 aout 2005, 0h11- Deux hauts représentants du Département d'Etat américain ont été dépêchés lundi au Soudan afin de s'assurer de la poursuite du processus de paix auprès des dirigeants à Khartoum et dans le sud du pays, après la mort du vice-président John Garang.

Le représentant du service de presse du Département d'Etat Tom Casey a précisé que rien n'indiquait que le décès avait des causes suspectes. John Garang est mort dans un accident d'hélicoptère alors qu'il regagnait le Soudan en provenance de l'Ouganda.

La sous-secrétaire d'Etat chargée des affaires africaines Connie Newman et le représentant spécial des Etats-Unis au Soudan Roger Winter se sont envolés lundi de Washington à destination du pays africain.

Washington espère une "succession paisible" au poste de vice-président, a expliqué Tom Casey en précisant qu'une délégation de haut niveau devrait représenter les Etats-Unis aux funérailles de John Garang.

Se déclarant profondément attristé par la mort de John Garang, le président George W. Bush a réaffirmé "l'engagement" des Etats-Unis en faveur du processus de paix au Soudan. "Nous exhortons tous les Soudanais à s'abstenir de recourir à la violence et à continuer d'appliquer l'accord de paix global", a-t-il dit dans un communiqué, en adressant ses condoléances à la famille du vice-président soudanais et au peuple du Soudan.

La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, qui s'était entretenue avec John Garang au Soudan il y a seulement dix jours, a souligné que l'ancien chef rebelle était un "homme d'une grande intelligence" et d'une "grande énergie", qui avait mis ces qualités au service d'une "paix juste pour le peuple du Soudan".

Le président de la commission des relations internationales de la Chambre des représentants, Henry Hyde, a de son côté exprimé son "plus profond regret" après la mort de John Garang. AP


Emeutes à Khartoum après la mort de John Garang

PAR MOHAMED OSMAN

Vice-président John Garang,
ancien chef de la rébellion sudiste.
(AP/Khalil Senosi, File)
 

KHARTOUM (AP) - Coup dur pour la paix au Soudan. Khartoum était en proie à des émeutes lundi, après la confirmation de la mort, dans un accident d'hélicoptère, entre l'Ouganda et le Sud-Soudan, de son tout nouveau vice-président John Garang, ancien chef de la rébellion sudiste et figure-clé d'un fragile processus de réconciliation.

Au moins 36 personnes ont été tuées et quelque 300 autres blessées dans les émeutes qui ont suivi l'annonce du décès de John Garang et de 13 autres personnes dans l'accident survenu dans le sud du pays, selon le gouvernement.

Les dirigeants soudanais de tous bords ont exhorté la population au calme, assurant que le processus de paix en cours se poursuivrait. Mais certains des compatriotes de l'ex-rebelle à la barbe grise ne cachaient pas leurs interrogations sur les circonstances de sa mort.

Dans la capitale soudanaise, les habitants se calfeutraient chez eux et les commerçants avaient fermé boutique précipitamment dès la confirmation du décès du leader charismatique. Le gouverneur de la ville a imposé un couvre-feu nocturne, et, une heure avant son entrée en vigueur, les rues étaient désertes.

Les chaînes de télévision panarabes ont diffusé des images de groupes d'hommes transportant des corps inanimés dont on ne savait rien, alors que l'ambassade des Etats-Unis faisait état de violences dans le Sud.

De nombreuses voitures ont été détruites, et la police anti-émeute déployée dans plusieurs secteurs de la ville, où la foule des Sud-Soudanais laissait libre cours à son chagrin et à sa colère, caillassant les passants au faciès arabe et s'attaquant aux véhicules.

"Assassins! Assassins!", hurlaient des manifestants noirs, accusant le gouvernement -qui a combattu Garang et les siens pendant plus de 20 ans avant de signer la paix-de l'avoir fait assassiner.

"Il est à présent confirmé que l'appareil s'est écrasé après avoir heurté une chaîne de montagnes du sud du Soudan en raison d'une visibilité médiocre. Cela a entraîné la mort du docteur John Garang DeMabior, de six de ses collègues et sept autres membres d'équipage de l'avion présidentiel ougandais". C'est par ce communiqué que la présidence soudanaise a confirmé lundi matin la mort de Garang au cours du week-end, après de longues heures d'incertitude: soldats ougandais, soudanais et même kenyans étaient à la recherche de l'appareil depuis sa disparition, dans une zone accidentée.

L'ancien chef rebelle, âgé de 60 ans, avait quitté l'Ouganda où il était en visite privée samedi à 17h30 heure locale pour regagner le Sud-Soudan. L'appareil avait été signalé pour la dernière fois près de Pirre, région montagneuse proche des frontières kenyane et soudanaise. Selon Kampala, l'aéronef était l'un des hélicoptères personnels, de fabrication russe, du président ougandais, Yoweri Museveni.

La disparition du chef historique de la SPLA (Armée de libération des peuples du Soudan) porte un coup au processus de paix venu récemment mettre fin au plus vieux conflit d'Afrique, 21 ans de guerre entre le Nord majoritairement musulman et le Sud, chrétien et animiste, guerre qui a fait au moins deux millions de morts. On en espérait aussi des répercussions positives au Darfour, région de l'Ouest en guerre depuis 2003.

Après un retour triomphal à Khartoum, John Garang avait été investi à la vice-présidence le 9 juillet, aux côtés du président Omar el-Béchir, son ennemi de longue date devenu partenaire de paix. Garang était considéré comme la seule personnalité ayant assez de poids pour donner au Sud une importance politique et résoudre le conflit. "Nous avons perdu Garang à l'heure où nous avions le plus besoin de lui, mais nous avons fait de grands pas vers la paix, et nous pensons que le processus de paix doit continuer", a lancé Nihal Deng, un proche du leader disparu, lors d'une réunion d'urgence du gouvernement.

Le bras droit de toujours du vieux guérillero, Salva Kiir Mayardit, a été immédiatement désigné à la tête de la SPLA et à la présidence du Sud-Soudan, a rapporté le porte-parole Yasser Arman. Salva Kirr devrait aussi être le premier vice-président en vertu de l'accord de paix de janvier, selon le général kenyan Lazaro Sumbeiywo, médiateur dans les discussions de paix.

Kiir a convoqué une réunion d'urgence des instances dirigeantes du SPLM (Mouvement de libération des peuples du Soudan). Et a exhorté "tous les membres du SPLM et toute la nation soudanaise à rester calme et vigilante".

Deng Alor, haut responsable du SPLM, a lui aussi appelé au calme depuis New Site, au Sud, où un avion de l'ONU a ramené la dépouille de Garang retrouvée lundi matin. Il a promis une enquête approfondie, jugeant que "les gens devaient se contrôler, ne devaient pas commencer à montrer quiconque du doigt".

Le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a espéré que le processus de paix puisse tenir, se souvenant avec émotion de cette investiture de Garang à laquelle il avait assisté. "C'était un tel moment d'espoir", a-t-il soupiré, jugeant désormais "essentiel" que le SPLM assure la succession, "tienne et rejoigne le gouvernement de Khartoum".

Le président français Jacques Chirac a adressé un message à son homologue soudanais Omar el-Béchir, pour lui faire part de sa "profonde émotion" et de "sa grande tristesse". M. Chirac, dans ce message rendu public par l'Elysée, se dit "certain que l'ensemble des forces politiques soudanaises, notamment le Congrès National et le Mouvement populaire de Libération du Soudan, continueront à oeuvrer dans le sens de la paix et de la réconciliation nationale, et à mettre intégralement en application l'accord de paix de Nairobi" du 9 janvier dernier.

A Nairobi (Kenya), base arrière de la SPLA pendant la guerre et où vivent des milliers de Sud-Soudanais exilés, le pessimisme et la tristesse régnaient. "Les gens sont inquiets, craignent que la guerre continue. Ils n'ont pas compris comment il est mort".

© La Presse Canadienne, 2005 (
Publié le 2005-08-1)

John Garang, le vice-président soudanais , tué dans un accident d'aéronef. Incertitude pour l'avenir (1er août 2005)

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