Le premier sommet des chefs d'Etat du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de de l'Union africaine à Libreville (UA), se réunit à Libreville, 10-11 janvier 2005


Côte d'Ivoire: l'UA admet la possibilité d'un référendum

LIBREVILLE (AFP) - mardi 11 janvier 2005 - 12h31 - Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA), réuni pour la première fois au niveau des chefs d'Etat, a admis lundi soir à Libreville la possibilité d'un référendum sur une réforme de la Constitution en Côte d'Ivoire, voulu par le président Laurent Gbagbo.

Le CPS a admis que le recours au référendum pour modifier l'article 35 de la Constitution ivoirienne sur les conditions d'éligibilité à la présidence est "une des options" ouvertes au président Gbagbo, a indiqué à la presse le commissaire chargé de la paix et la sécurité à l'UA, Saïd Djinnit, après la cérémonie de clôture.

Ouvert dans la matinée en présence d'une quinzaine de chefs d'Etat, parmi lesquels les présidents ivoirien Laurent Gbagbo, congolais Joseph Kabila, rwandais Paul Kagamé et sud-africain Thabo Mbeki, le sommet, qui devait se terminer mardi, a finalement épuisé son ordre du jour en une seule et longue journée de travaux. Le CPS a estimé que "le recours au référendum est une des options auxquelles le président Gbagbo pourrait avoir recours (...) s'il est organisé dans l'esprit (des accords) de Marcoussis", a déclaré M. Djinnit sans autre précision.

Les adversaires de M. Gbagbo l'accusent de vouloir bloquer cette réforme cruciale, exigée par les accords de Marcoussis (signés en janvier 2003 en France), en imposant un référendum difficile à organiser dans un pays coupé en deux depuis la rébellion de 2002, mais obligatoire aux termes de la Constitution, selon le chef de l'Etat ivoirien. Adopté par les députés ivoiriens en décembre dernier, l'article 35 révisé stipule qu'un candidat à la présidence doit être de "nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoiriens d'origine", et non plus "de père et de mère ivoiriens d'origine".

Cette réforme de la Constitution, une fois définitive, permettrait au principal opposant au régime Gbagbo, l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, de se présenter à la magistrature suprême. Les 15 chefs d'Etats membres du CPS ont apporté leur "appui aux mesures contenues dans la résolution 1572 du Conseil de sécurité de l'Onu (sur les sanctions individuelles, ndlr) mais demandé à ce que ces mesures soient différées pour que les parties puissent faire preuve de leur bonne volonté à mettre oeuvre le plan" présenté par le président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur de l'UA dans cette crise.

Ils ont également demandé au Conseil de sécurité des Nations unies "de renforcer l'Onuci (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire) en effectifs et en mandat", a déclaré M. Djinnit. Cette réunion du CPS a également longuement abordé la situation dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où des combats opposent l'armée régulière congolaise à des soldats mutins soutenus, selon Kinshasa, par Kigali.

Kigali a menacé d'intervenir dans l'est de la RDC, accusant Kinshasa de ne rien faire pour remédier à la présence sur son territoire d'ex-miliciens Interahamwe et d'anciens éléments des Forces armées rwandaises (FAR), responsables du génocide rwandais de 1994 et qu'il considère comme toujours dangereux pour lui. Le CPS a reconnu que la présence de ces groupes dans l'est de la RDC posait un "sérieux problème de sécurité qui nécessite une action courageuse de l'UA" et "décidé d'une assistance à la RDC pour (leur) désarmement", espérant "être soutenu par la communauté internationale, notamment sur le plan logistique", a indiqué M. Djinnit.

Le CPS a enfin adopté une résolution sur le Darfour, estimant que le récent accord signé entre les belligérants du Sud-Soudan, la plus ancienne guerre du continent, pourrait "servir de cadre" pour mettre fin au conflit qui oppose depuis février 2003 Khartoum à des rébellions dans cette région de l'ouest soudanais. Les chefs d'Etat ont notamment demandé à Khartoum de ramener ses forces à leurs positions d'avant son offensive du 8 décembre, et aux rebelles de communiquer leurs positions à la Commission de cessez-le-feu, deux mesures exigées par la 6ème session de la Commission conjointe de cessez-le-feu, réunie à N'Djamena les 3 et 4 janvier derniers.

Le CPS a enfin exprimé le souhait d'accélérer le processus de déploiement des troupes de l'UA sur le terrain, espérant que leur mise en place définitive pourrait être achevée à la fin janvier.


Ouverture des travaux du sommet de l'Union africaine à Libreville, 10 janvier 2005

LIBREVILLE (AFP) - lundi 10 janvier 2005 - 13h14 - Le premier sommet des chefs d'Etat du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA), consacré à la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo (RDC) et au Darfour, s'est ouvert lundi à Libreville, en présence du président ivoirien Laurent Gbagbo.

L'hôte de la réunion, le président gabonais Omar Bongo Ondimba, a officiellement ouvert les travaux lundi vers 11h00 locales (10h00 GMT) devant une quinzaine de chefs d'Etats, parmi lesquels, outre M. Gbagbo, les présidents d'Afrique du Sud Thabo Mbeki, médiateur de l'UA dans le conflit ivoirien, de RDC Congo Joseph Kabila et du Rwanda Paul Kagamé.

"Je voudrais vous inviter à ne ménager aucun effort (afin) que des avancées réelles soient constatées dans les décisions que nous prendrons", notamment des "engagements fermes pour renoncer à la violence et parvenir à la paix", a lancé à ses collègues M. Bongo Ondimba, qui préside le CPS ce mois de janvier.

"Nous devons rejeter le règlement des conflits par la force, rejeter la prise du pouvoir par la force (...) soutenir partout la légalité", a pour sa part insisté le président de la commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré.

"Si nous nous référons constamment à de tels principes, nous saurons régler les trois graves questions qui sont à l'ordre du jour", a-t-il assuré.

"Une Côte d'Ivoire ouverte, fidèle à ses traditions d'hospitalité, une Côte d'Ivoire unie et indivisible, une République démocratique du Congo intégrale, réussissant sa transition en bons termes avec tous ses voisins (...) le Darfour apaisé dans un Soudan démocratique (...) il ne s'agit pas d'une image d'Epinal (...) il s'agit d'actes à votre portée", a poursuivi M. Konaré.

Prenant exemple sur l'accord de paix au Sud-Soudan signé dimanche à Nairobi, le président nigérian Olusegun Obasanjo, président en exercice de l'UA, s'est pour sa part déclaré "convaincu que nous saurons faire avancer la paix en Côte d'Ivoire, entre la République démocratique du Congo et le Rwanda et dans la province soudanaise du Darfour".

 

Sitôt conclue cette cérémonie officielle, le président Bongo Ondimba a invité les participants à le rejoindre loin des caméras et des micros pour entamer à huis clos, l'examen de la situation en Côte d'Ivoire, coupée en deux depuis le déclenchement d'une rébellion en septembre 2002.

Alors qu'il avait d'abord fait savoir qu'il ne viendrait pas à Libreville, le président Gbagbo a créé la surprise en débarquant lundi matin au palais des congrès de la Cité de la démocratie, théâtre du sommet. Tenue secrète pour "des raisons de sécurité", selon Abidjan, la présence du numéro un ivoirien a été saluée comme "un bon signe" par une source officielle gabonaise.

Les quinze membres du CPS et les autres délégations invitées doivent d'abord entendre le chef de l'Etat

sud-africain faire un point sur la situation et les efforts de médiation qu'il a engagés.

"Il fera une présentation de la nature de la crise, en expliquant où nous en sommes, ce qui a été fait, et engagera une discussion sur la suite du processus, afin de voir quelles peuvent être les prochaines étapes pour une solution vers la paix" en Côte d'Ivoire, a expliqué vendredi à l'AFP son porte-parole, Bheki Khumalo.

Le président Gbagbo devrait ensuite être invité à s'exprimer devant le CPS, a précisé une source officielle gabonaise.

Selon l'ordre du jour, le CPS doit ensuite examiner les situations de la RDC, où des combats opposent dans l'est l'armée régulière à des soldats mutins soutenus selon Kinshasa par le Rwanda, puis du Darfour (ouest du Soudan), déchiré depuis février 2003 par une guerre civile qui a fait au moins 70.000 morts et 1,6 million de déplacés et réfugiés, selon l'Onu.

Le sommet de Libreville doit s'achever mardi.

Le président gabonais Omar Bongo Ondimba (G) aux côtés de son homologue nigérian Olusegun Obasanjo, dimanche 9 janvier 2005 à Libreville
© AFP Desirey Minkoh

Omar Bongo Ondimba (G) discute avec le président congolais Denis Sassou Nguesso, dimanche 9 janvier 2005 à Libreville
© AFP Desirey Minkoh

John Kuffor entre Blaise Compaore et Laurent Gbagbo le 10 janvier à Libreville
© AFP Desirey Minkoh

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