IMPOSTURE LEGISLATIVE 98 1

 

Pour ceux qui pensaient que nous avions déjà franchi le "mur du con", le MLPC vient d'en administrer la preuve contraire. Elus sous d'autres bannières, dix députés de la nouvelle représentation nationale l'ont franchi allègrement, en se faisant corrompre par le parti du président Patassé. A peine le mandat reçu de leurs concitoyens-électeurs, cinq députés pseudo-indépendants et autant dans la coalition de l'opposition ont rallié le camp du président, se comportant en véritables imposteurs. Ils nous révèlent ainsi leurs aspirations démoniaques, et ce bien avant la rentrée parlementaire du 04 janvier 1999, qui devrait consacrer ces nouveaux représentants du peuple. Ils n'auront donc pas attendu très longtemps, telles des prostitués pour assouvir leurs instincts ou pulsions, acte éphémère de délivrance de l'instant.

Aussi la problématique soulevée par notre cher compatriote et néanmoins ami, Victor BISSENGUE, dans ses derniers commentaires sur sangonet.com, à l'occasion de la publication des derniers résultats des législatives centrafricaines de 1998, prend tout son sens: " Qu’est-ce qu'un député en République Centrafricaine ? " Quel est son rôle ?".

Pourtant, l'opinion exprimée récemment par nos compatriotes ne souffre d'aucune ambiguïté: choisir des candidats, en dehors du rang du mlpc, afin de démontrer leur attachement à la liberté, à la démocratie, à l'unité nationale et à la paix sociale, condition sine qua non du règlement de la Crise centrafricaine. Par ce vote les Centrafricains ont donc donné mandat, c'est-à-dire déléguer leurs pouvoirs, et ce pour cinq années, à des femmes et hommes qui doivent, en fonction de leur capacité et disponibilité, décider des grands choix qui s'imposent désormais à toutes institutions centrafricaines: sortir de la crise et bâtir réellement une nation prospère à l'aube du troisième millénaire.

Certes nos honorables députés, ainsi affublés, nous surprendrons toujours ! Mais si leur inaptitude politique face aux grands défis de cette fin de siècle se limite à cette lamentable expression du "qui perd gagne", ils ne comprendront peut-être pas qu'ils viennent par cette lâcheté d'alimenter les nombreux foyers des tensions qui couvent depuis toujours. Ils réaliseront à leurs dépends combien ils se sont fait duper par le régime mlpc. En franchissant ce " mur du con " ils se leurrent si leur intime conviction est d'accéder à l’antichambre du pouvoir, avec toutes ses prérogatives. Qu'ils se rassurent, il n'a jamais existé de dictateur reconnaissant. Car pour lui le pouvoir ne se partage jamais. S'il émane du peuple, ce même peuple en subit, bien vite, la violente expression.

Point n'est besoin de démontrer que les autorités centrafricaines, en organisant des élections avec l'appui de la communauté internationale ne visait que le seul but, hélas, de conserver le pouvoir tel qu'il s'exprime depuis 93.

Pour ceux qui viennent de faire acte d'allégeance, pardon, de trahison en se soumettant aux ordres du mlpc, parcequ'ils succombent aux charmes du dieu argent, la célébration des noces de Canaan se transformera en apocalypse. Qu'ils se souviennent que l'on ne s'allie point impunément avec le diable en personne, au risque de voir les épousailles se transformer en Armaguedon. Le couloir menant à l’antichambre du pouvoir ne sera qu'un long purgatoire. Il tournera sous peu au calvaire de l'honorable supplicié.

Décidément, le poids du bulletin sorti des urnes ne pèse pas bien lourd pour les caciques du mlpc. Bien que battus démocratiquement, malgré les nombreuses fraudes et obstructions développées par les agents du parti du président Patassé, ils ont su finalement retourner provisoirement une situation déjà précaire, pour ne pas dire instable. Les connaissant, ils iront très vite, souhaitant tout régenter.

Les deux prochains rendez-vous, la désignation du président de la nouvelle chambre nationale et la nomination du super directeur de cabinet du président, le Premier ministre du gouvernement centrafricain, constitueront naturellement des moments de duel entre mafieux. Pour la présidence de l'assemblée nationale qui en sera le ''capo'' ? Maïtar Djim Maren ou Dondon ? Après J-P Ngoupandé et M Gbézira-Bria, quelle sera la troisième personnalité issue de la société civile version Patassé qui voudra bien assumer, au nom de l'unité nationale, les destinés du futur gouvernement ? Seul Téré ayant beaucoup voyagé, à travers le temps et l'espace pourra nous le dire sans se tromper, même si un troisième larron attend son heure, dans un cas comme dans l'autre.

Une fois de plus le terreau est fertile pour la conquête violente du pouvoir.

La détention totale du pouvoir ne permettra aucunement de sortir de la Crise centrafricaine. Les leaders politiques et leurs ouailles n'auront rien fait pour éviter la descente aux enfers. Le maintien de la MINURCA ne nous en préservera pas. L'illusion ou le mirage des prochaines présidentielles n'empêchera pas les nombreux projets de rébellion de s'exprimer pleinement.

Aux arguments tant ressassés de pression de la communauté internationale, les partis qui se reconnaissent encore de l'opposition ne doivent pas cautionner, de quelques manières que ce soit le mal fonctionnement d'un régime décadent. Le signe fort que la population attend d'eux est sans aucun doute un boycott total et définitif du palais démoniaque par les députés issus de leurs rangs. Alliés à la société civile, ils transformeraient ainsi la manipulation mlpciste en victoire du peuple centrafricain, ce qui leur permettra de rester en phase avec ce peuple. Ils doivent éviter de nous décevoir davantage. La seule alternative encore pacifique demeure la désobéissance civile qui pourrait renverser la situation ! Aux politiques d'en donner la preuve!

Henri GROTHE, Enseignant, Académie de Reims, France

Eric ZOKOEZO, Consultant Finance et Crédit management, France.

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NB : D'autres éclairages ou d'autres opinions sur le phénomène évoqué seront enregistrés et présentés.


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