MLPC et ses alliés menacent: "cet acte constitue une haute trahison et de l'escroquerie politique de la pire espèce..."

Note à l'intention du Chef de l'Etat.

Le MLPC, les Partis Alliés et les Personnalités Indépendantes ayant formé l'ex-"Majorité présidentielle" (qui a aidé le Président Patassé à gagner les élections du 19/09/99 dès le premier tour) ont appris avec surprise, étonnement et amertume la composition du nouveau gouvernement Dologuélé dans lequel ils ne se reconnaissent point.

Le MLPC et ses Alliés tiennent à porter à l'attention du peuple centrafricain en général et de leurs députés en particulier que cet acte constitue une haute trahison et de l'escroquerie politique de la pire espèce de la part du Premier Ministre.

Ils s'engagent donc à ne pas soutenir ce gouvernement et demandent à leurs députés de le censurer afin qu'un gouvernement Républicain, issu de l'ex majorité présidentielle et dominé par le MLPC soit mis en place rapidement dans l'intérêt supérieur de la Nation.

En effet, si l'on se réfère:

1. A la rencontre historique du 01/08/99 à Boali;

2. A la "Déclaration Commune" du 05/08/99 signée à Bangui;

3. Aux risques pris et aux violences subies pendant la campagne électorale;

4. Aux engagements clairs et fermes pris par le président Patassé le jeudi 28/10 dernier selon lesquels "il ne pourra constituer son gouvernement qu'en concertation avec la Majorité Présidentielle";

5. Au "pacte de la Majorité Présidentielle" en cours de conception et de rédaction à la demande du Président de la République lui-même;

Force est de constater que le Président Patassé semble nullement disposé à respecter ses engagements aussi bien à l'égard du peuple centrafricain, de son propre parti le MLPC que des partis et personnalités alliés du MLPC, notamment parce que :

1) Le Premier Ministre actuel a été maintenu à ses fonctions sans l'avis préalable ni du MLPC, ni de ses alliés;

2) Le Gouvernement a été formé à l'insu du MLPC, et de ses alliés, alors même que le Président leur avait donné la ferme assurance, le jeudi 28/10/99 à 17h00 aux Affaires Etrangères de le faire en concertation avec eux;

3) La "Note de la Majorité Présidentielle" relative à la formation du futur gouvernement qui a été remise au Chef de l'Etat, Chef de la majorité, le mardi 19/10/99 à la Présidence n'a nullement été prise en compte, au point que :

  1. L'opposition qui, hier, nous avait traité de tout, est curieusement entrée au Gouvernement, notamment le PSD, le RDC, le MDD et le PUN, nos plus redoutables adversaires qui, pourtant, ne sont jamais revenus sur leurs déclarations publiques selon lesquelles le scrutin du 19/09/99 a été truqué en faveur du Chef de l'Etat;
  2. ) Le Gouvernement est dominé par la société civile (et non par le MLPC) qui compte neuf Ministres sur 27, soit 30%;
  3. Le nouveau cabinet compte par ailleurs deux (2¡ militaires, alors qu'il est question de dépolitiser l'Armée Nationale;
  4. Même son propre parti, MLPC, qui a dû se battre avec acharnement et sans répit pour sa réélection ne compte curieusement que cinq (5) Ministres sur vingt sept (27), soit à peine 17%, c'est-à-dire deux fois moins que la Société Civile (30%) car la direction du MLPC ne reconnaît nullement Dabanga, Mbaïtadjim et Mbaïkoua, issus du Nord, comme étant ses militants;
  5. La géographie nationale tant souhaitée par le Chef de l'Etat lui-même pour garantir la paix et la cohésion nationale, a été purement et simplement oubliée au point que la répartition des Ministres se présente comme suit :
  1. Depuis plus de quatre ans, tous les Premiers Ministres de ce pays sont désignés en dehors du MLPC et l'on doit se demander si ce grand parti est encore au pouvoir dans la mesure où ni le MLPC, ni le Directeur de CABINET DU Président, ni le Secrétaire Général de la Présidence, ni les Ministres des Affaires Etrangères, de l'Intérieur, des Finances et celui de la Justice, c'est-à-dire quatre départements de souveraineté ne sont pas issus de ses rangs;
  2. Il est désormais clair que le MLPC est victime d'un complot ourdi par le premier ministre décidé de créer son propre parti avec ses copains qu'il est en train de placer afin de s'assurer sa prise de pouvoir d'ici l'an 2005.
  3. Le MLPC et ses alliés doivent donc sans faiblesse prendre leurs responsabilités.

  4. On note en outre une forte présence des cadres du Ministère des Finances au gouvernement, ce qui prouve qu'il s'agit bien là d'un gouvernement des copains du Premier Ministre. Et, en forçant la main au Président Patassé pour forger un tel cabinet; M. Dologuélé n'a fait que piéger le président en l'amenant à confirmer les accusations de l'opposition selon lesquelles le Chef de l'Etat ne tient jamais ses engagements.

Eu égard à tout ce qui précède, le MLPC et ses alliés se demandent s'il faut :

1. Prendre acte de la "mort" prématurée de la "Majorité présidentielle" savamment organisée et planifiée par le Premier Ministre pour affaiblir le MLPC et pour exclure les alliés de la gestion des affaires de l'Etat?

2. Reconnaître à l'opposition qu'elle avait raison de clamer haut et fort que le Chef de l'Etat n'est pas homme à respecter ses engagements?

3. Oui ou non appliquer le principe démocratique fondamental qui dispose que la majorité doit seule gouverner et la minorité doit contrôler et critiquer l'action du gouvernement?

4. Croire que le Chef de l'Etat aura le soutien parlementaire de ceux qui, hier, avaient traîné son image et sa profession de foi dans la boue et si ceux-ci pourront les défendre avec détermination et loyauté?

5. Combattre ce gouvernement des copains du Premier Ministre jusqu'à l'avènement d'un Gouvernement Républicain dominé par le MLPC et ses alliés pour ne pas compromettre la profession de foi et les promesses électorales du Chef de l'Etat?

Telles sont les préoccupations de l'ex-Majorité Présidentielle, saccagée par le Premier Ministre, qui, bien que affaiblie, demande :

* Aux Ministres issus de ses rangs de démissionner;

* Aux Députés de la République de lui refuser leur confiance;

* Et au peuple centrafricain de rester vigilant et décline la responsabilité de toute crise et ses conséquences sur le Premier Ministre seul.

Fait à Bangui, le 03 novembre 1999

Le MLPC et ses Alliés


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