GROUPE DES PARTIS POLITIQUES D'OPPOSITION EN CENTRAFRIQUE (GPO)

ADP-ASD-FC-FND-FODEM-MDI/PS-MESAN/BOGANDA-MNR.
------------

DÉCLARATION DU GPO
SUR LE VERDICT DU PROCÈS EN CONTUMACE
DES AUTEURS PRÉSUMÉS DU COUP D'ÉTAT DU 28 MAI 2001

Le 26 août 2002, la Cour criminelle de la République centrafricaine chargée de juger les auteurs, coauteurs et complices du coup d'Etat du 28 mai 2001 a rendu son verdict dans le procès des accusés absents.

Ce procès, qui intervient après l'échec de la première session imputable à l'ancien président de la tristement célèbre Commission mixte d'enquête judiciaire (CMEI), qui s'est mué contre tout bon sens en Procureur général près la Cour criminelle, appelle de la part du GPO les observations suivantes:

1- Les condamnations dans la quasi-totalité des cas ne sont pas appuyées par des preuves.

Le Procureur général et la Cour se sont contentés des fiches de police montées pour les besoins de la cause. "La précision" de ces fiches qui, à chaque fois indique les types et quantités exacts des armes et munitions convoyées au domicile de l'ancien président Kolingba, a surpris plus d'un Centrafricain.

Comment expliquer que tant d'armes aient été acheminées de la République démocratique du Congo (RDC), du Cameroun et d'ailleurs, au domicile de l'ancien président Kolingba au vu et au su des différents ministres de l'intérieur, destinataires de ces fiches, sans que ceux-ci aient pris des dispositions pour contrecarrer le coup d'Etat en préparation et arrêter les auteurs présumés?

De deux choses l'une: ou les ministres sont complices des auteurs du coup d'Etat, ou les fiches sont mensongères sur toute la ligne.

Pour le GPO, s'ils ne sont pas coauteurs, ils sont au moins complices du coup d'Etat et, par conséquent, ils doivent répondre de leurs actes devant la justice de notre pays.

 

2- Le manque de professionnalisme qui s'est traduit par:

  1. l'absence d'investigations qui auraient pu permettre la véracité des fiches de la police et autres ragots.

    Par exemple, le contenu des fiches qui ont fait état des réunions clandestines à Bangui et à Zongo (RDC), du financement du coup d'Etat par des personnalités Yakoma, de l'achat de 100 téléphones portables, a été repris tel quel par le Procureur général.

    Même le Général Lacaze, ancien Chef d’État-major de l'armée française, vu à Zongo (RDC) selon l'une des fiches, n'a pas échappé à la furie du Procureur général qui a requis 10 ans de travaux forcés contre lui.

    Quand on sait que la misère amène certains compatriotes à faire de la pratique de la délation leur fonds de commerce, et la légèreté avec laquelle les fiches sont traitées par le ministère de l'intérieur, le peuple centrafricain, au nom duquel la justice est rendue, est en droit d'attendre des magistrats dignes de ce nom de rectifier le tir pour ne dire que le droit.

    Hélas! Force est de constater que depuis le début de cette affaire, le Procureur général s'est comporté plus en chef de police politique qu'en homme de droit.

  2. Les inepties et les incohérences sont si manifestes qu'on a vu le Procureur général demander:

3- Au lieu de dire le droit, le Procureur général n'a cessé de se lancer dans des diatribes qui l'on conduit à sortir du cadre du procès pour s'aventurer sur le terrain de la politique.

Des expressions telles que "guerre, ennemi, mettre hors d'état de nuire", sont revenues souvent dans sa bouche pour jeter l'opprobre sur une ethnie, ce qui est de nature à exacerber les tensions tribales.

Loin d'honorer la justice centrafricaine, le comportement du Procureur général la décrédibilise aux yeux de la Communauté nationale et internationale.

Autant le procès de l'ex-Empereur Bokassa, confié à des magistrats ayant le sens du métier et de l'honneur avait contribué à réconcilier les Centrafricains avec leur justice, autant le procès en cours va ruiner le très faible capital de confiance de la population dans sa justice.

Pour avoir transformé malheureusement le procès des auteurs du coup d'Etat du 28 mai 2001 en un procès d'un groupe ethnique, M. Bindoumi, omnipotent Procureur général, dont l'influence a pesé lourdement sur le verdict, met à mal toute possibilité de réconciliation nationale à court terme et ruine en même temps les chances de la reprise des relations avec la Communauté internationale qui, depuis les événements du 28 mai 2001, n'a eu de cesse de prôner le dialogue et la réconciliation nationale entre les Centrafricains, étape essentielle pour le retour de la confiance des partenaires au développement de la RCA.

 

Fait à Bangui, le 29 août 2002.

Ont signé:

ADP: A. Azouandji - ASD: C. Brémaïdou - FC: F. Blagué - FND: C. Mbouanam - FODEM: J. Dozimognan MDI-PS: D. Nditifeï-Boysembé - MESAN-BOGANDA: D-S. Mbangot - MNR: P. Bellet


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 10