A Monsieur Prosper NDOUBA
Directeur de la publication " Centrafrique-presse "
BANGUI - Centrafrique
-

Paris, le 27 mai

 

Monsieur,

Je vous prie de publier mon droit de réponse consécutif à l'article paru dans votre hebdomadaire en date du 12 mai 2002 intitulé : " A propos des 100 logements économiques taïwanais "

 Dans " centrafrique-presse " du 12 mai 2002, vous avez affirmé dans l'article cité plus haut: " ... une bonne partie des crédits a été détournée à leur profit et celui de leur patron d'alors par les collaborateurs de l'ancien Ministre qui en avait la gestion, en l'occurrence Clément Bélibanga qui était au gouvernement au nom de l'ADP. Présentement, un ancien chargé de mission de l'ancien Ministre Clément Bélibanga est placé depuis quelques semaines sous mandat de dépôt. Quant à Bélibanga qui se trouve actuellement en France, il devrait aussi répondre devant la justice ".

 Après la lecture de cet article, j'ai saisi les services du Procureur de la République à Bangui qui m'ont répondu qu'aucune plainte a été déposée contre moi.

J'aurai pu m'arrêter à ce niveau. Mais pour mon parti, ma famille et mes amis, j'ai jugé nécessaire de faire ce droit de réponse. 

Mais auparavant je vais faire trois observations : Premièrement, pour la déontologie de la profession de journaliste et la démocratie, la présomption d'innocence est une exigence légale. Elle est contenue dans la constitution centrafricaine à l'article premier et stipule que : " ... Tout prévenu est présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie à la suite d'une procédure lui offrant les garanties indispensables à sa défense... " Il est vrai que votre journal est un instrument de propagande politique pour le pouvoir et vous confirmez ainsi que la centrafrique ne constitue pas une démocratie. Pour vous, l'Institution Judiciaire Centrafricaine s'appelle Prosper NDouba devant laquelle je dois comparaître. Les juges de la République apprécieront.

 Deuxièmement, dans le même journal vous vous posez la question de savoir pourquoi je suis en France. Je me suis retrouvé en France à cause des agissements des personnes qui ont le même raisonnement que vous et qui croient que la République Centrafricaine est leur propriété. Je vous rappelle que par arrêté n° 8 du 4 janvier 2001, j'ai été radié de la fonction publique sur demande de Messieurs Anicet DOLEGUELE et Thimoléon MBAIKOUA alors respectivement Premier Ministre et Ministre de l'Enseignement Supérieur pour des raisons que j'ignore si non politiques. Tous les cours m'ont été retirés au département d'économie qui n'a quasiment pas d'enseignants permanents. C'est dire l'importance que le pouvoir accorde à l'enseignement. Malgré les correspondances adressées au Ministre de la fonction publique et au recteur de l'université de Bangui, je n'ai eu aucune réponse. Monsieur DOLEGUELE a même intervenu auprès du PNUD-Bangui pour faire rompre un contrat que j'avais avec cette institution comme macro-économiste. Prétextant des événements du 28 mai 2001, un peloton de gardes présidentielles s'apprêtait à m'arrêter pour vraisemblablement me faire subir le même sort que celui réservé à certains cadres de mon ethnie qui ont été tués. J'ai conclu qu'il existe contre moi une haine de la part du clan au pouvoir et que ma vie est en danger. Je me suis donc mis à l'abri. C'est plus simple que cela.

 Troisièmement, je n'ai aucun respect pour une personne comme vous qui n'a pas pu s'imposer sur le plan professionnel et qui utilise le tribalisme et le régionalisme pour se faire valoir. C'est signe d'inintelligence. Je fais partie de ceux qui luttent contre ces maux et je l'ai amplement démontré entre 1990 et 1993, par ma contribution au changement en signant la lettre ouverte en 1990 au Chef de l'Etat d'alors pour exiger la démocratie et comme secrétaire général de CCCCN. Cet engagement m'avait valu 6 mois de prison.

 Sur vos autres allégations je tiens à préciser ce qui suit :

 

  1. Monsieur GOSSEYE, n'a pas été nommé par moi au poste de co-responsable de la gestion des logements économiques mais par l'ancien ministre jaquesson MAZETTE qui assurait mon intérim après la suspension de ma participation au gouvernement, suite aux tueries de la gendarmerie en 1997. Dans tous les cas, je ne vois pas en quoi les agissements d'un cadre d'un ministère engage le ministre.
  2.  

  3. La gestion de ce projet est faite de concert par monsieur GOSSEYE et un cadre du ministère du plan qui ont les signatures conjointes sur le compte bancaire du projet et programment les dépenses à effectuer. Le ministre ne donne que les grandes lignes et ne signe pas les chèques. En aucun moment, je n'ai demandé à un de mes anciens collaborateurs de commettre des malversations financières à mon profit. Je n'ai ni usé de mon influence auprès des entrepreneurs pour un enrichissement personnel. Ces derniers ont été agréablement surpris par une telle ligne de conduite. J'ai d'ailleurs porté plainte devant le Procureur de la République contre deux entreprises qui n'avaient pas consacré leurs avances de démarrage aux travaux.
  4.  

  5. Au moment de la passation des pouvoirs à mon successeur, les gestionnaires du projet ont établi que le reliquat était suffisant pour mener à terme la construction d'un nombre maximum des logements. Au moment de mon départ du gouvernement, quelques entreprises avaient même commencé à mettre les tôles à certains logements, contrairement à vos propos. J'ai même demandé à un consultant qui a élaboré un plan de gestion financière et administrative pour pérenniser le projet. Depuis janvier 1999, trois ministres m'ont succédé.
  6.  

  7. Plusieurs contrôles de l'Inspection Générale d'Etat ont été effectués à mon ministère en particulier au Fonds d'Aménagement et d'Equipement Urbain. Un autre sur la gestion du projet des logements économiques après mon départ du gouvernement. Dans les deux cas je n'avais jamais été mis en cause alors que j'étais encore à Bangui.

En résumé, je considère vos allégations sans fondement et constituent une propagande politique contre moi à cause de la lutte continue, ferme et déterminée que je mène pour la restauration de la démocratie dans notre pays et pour l'unité nationale. Par contre, elles mettent en cause mon honnêteté et mon intégrité morale. J'ai donc décidé de porter plainte contre vous pour diffamation.

 

Clément BELIBANGA


Actualité Centrafrique - Dossier 10