L'Assemblée de RCA vote pour le "dialogue" et un "gouvernement de crise"

BANGUI, 22 nov (AFP) - 17h25 - L'Assemblée nationale centrafricaine a voté vendredi à Bangui un projet de résolution présenté par son Bureau, prônant un dialogue politique en République centrafricaine (RCA) et la mise en place d'un "gouvernement de crise", a constaté un journaliste de l'AFP.

Les députés centrafricains se sont en revanche prononcé en majorité contre une résolution de l'opposition parlementaire, visant à faire traduire en justice le président centrafricain, Ange-Félix Patassé, pour "trahison et forfaiture".

Ces deux textes interviennent à la suite de la tentative de coup d'Etat du 25 octobre dernier, dans la capitale centrafricaine Bangui.

La première résolution, adoptée par 61 voix contre 11, souligne la nécessité d'un "dialogue" à bref délai "entre toutes les forces vives de la Nation en vue de la réconciliation de tous les Centrafricains", ainsi que "la formation d'un gouvernement de crise".

Elle relève "l'incurie dont s'est rendu coupable le gouvernement de la République, en ce que les assaillants lourdement armés ont parcouru plus de 6OO km pour tenter d'assassiner le chef de l'Etat".

Cette résolution "condamne les velléités annexionnistes du Tchad traduites dans cette agression" et "invite la hiérarchie militaire à tout mettre en oeuvre pour rétablir dans un meilleur délai la sécurité et la paix sur toute l'étendue du territoire".

Les députés centrafricains soulignent encore que des leaders politiques centrafricains à l'étranger ont participé au coup de force du 25 octobre et que "l'accumulation des arriérés de salaires, bourses et pensions constitue l'une des causes non négligeables des crises récurrentes en RCA".

Ils réclament enfin "la formation d'un gouvernement de crise en vue de gérer efficacement la situation actuelle qui met en danger la patrie, et menace gravement l'unité nationale" et lancent un "appel pressant" à l'aide aux bailleurs de fonds.

Les députés centrafricains ont par ailleurs rejeté par 54 voix contre 22 une résolution visant à faire juger en Haute cour le président Patassé pour "forfaiture" et "trahison", présentée par les principaux partis d'opposition parlementaire.

Ces derniers reprochent au chef de l'Etat centrafricain d'avoir fait appel à des troupes "non-conventionnelles", sans respecter la Constitution, lors de la tentative de coup d'Etat du 25 octobre.

Le régime centrafricain a été soutenu à cette occasion par un contingent militaire libyen et des combattants rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, dont l'opposition réclame le départ.


La résolution prônant un dialogue politique en République centrafricaine (RCA) et la mise en place d'un "gouvernement de crise" :

L’Assemblée nationale de la République Centrafricaine, réunie du 15 au 16 novembre 2002 à Bangui,

Considérant que le 25 octobre 2002, des ex-militaires ayant suivi l’ex-chef d’état-major de l’armée centrafricaine, François Bozizé, dans sa fuite en novembre 2001 vers le Tchad, appuyés par des officiers et hommes de rang tchadiens, ont tenté de renverser le régime légalement établi en République Centrafricaine ;

Considérant qu’à la lumière des explications données par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, cette agression a été préparée et fortement appuyée et son exécution rendue possible par le Tchad, dont certains militaires ont été faits prisonniers ainsi que des véhicules militaires saisis ;

Au vu des documents saisis entre les mains des assaillants par les Forces Armées Centrafricaines en date du 25 octobre et les jours qui ont suivi ;

Considérant les nombreuses exactions vécues lors des évènements par les paisibles populations de Bangui et de l’arrière-pays ;

Considérant que certains acteurs politiques et leaders d’opinion centrafricains installés en France ont pris part activement à l’inspiration, à la préparation et à l’exécution du coup de force du 25 octobre 2002 ;

Convaincue de l’incurie dont s’est rendu coupable le Gouvernement de la République en ce que les assaillants, lourdement armés, ont parcouru plus de 600 km pour tenter d’assassiner le Chef de l’Etat et déstabiliser les institutions républicaines sans que les forces de défense et de sécurité n’aient été informées de leur progression ni opposé de la résistance ;

Soutenant le souhait quasi-unanime de la classe politique centrafricaine et de la communauté internationale d’engager dans un bref délai le dialogue entre les forces vives de la nation en vue de ramener la paix dans le pays et réconcilier tous les Centrafricains ;

Convaincue que l’accumulation des arriérés de salaire, des bourses et des pensions est l’une des causes non négligeable des crises récurrentes en République Centrafricaine ;

1°) Condamne avec force la tentative de coup d’Etat du 25 octobre 2002 qui est une violation flagrante des disposition de l’article 18 alinéas 1, 2, 3, 4 de la Constitution du 14 janvier 1995.

2°) Condamne les velléités annexionnistes du Tchad traduites dans cette agression qui constitue également une violation grave des lois et conventions internationales et du sacro-saint principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation et une atteinte délibérée portée à l’intégrité territoriale de la République Centrafricaine.

3°) Prie le gouvernement français d’empêcher les acteurs politiques centrafricains installés en France de déstabiliser en toute quiétude la République Centrafricaine à partir de son territoire.

4°) Exprime la nécessité d’un dialogue entre toutes les forces vives de la nation en vue de la réconciliation de tous les Centrafricains.

5°) Recommande la formation, dans un bref délai, d’un gouvernement de crise en vue de gérer efficacement cette situation qui met en danger la patrie et menace gravement l’unité nationale.

6°) Invite le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, à constituer une commission interministérielle d’évaluation des dégâts causés par les évènements du 25 octobre.

7°) Invite la hiérarchie militaire à tout mettre en œuvre pour rétablir dans un bref délai la sécurité et la paix sur toute l’étendue du territoire national.

8°) Lance un appel pressant aux bailleurs de fonds et à toute la communauté internationale afin qu’elle vienne en aide à la République Centrafricaine, confrontée à une situation extrêmement grave.

9°) Prie le Président de l’Assemblée nationale de transmettre la présente résolution au Gouvernement de la République.

Fait à Bangui, le 22 novembre 2002
L’Assemblée nationale.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 12