Environ 750 Congolais réfugiés dans l'ambassade de RDC à Bangui

BANGUI, 7 nov (AFP) - 15h38 - Environ 750 ressortissants de République démocratique du Congo (RDC) vivant en Centrafrique se sont réfugiés ces derniers jours dans leur ambassade à Bangui, à la suite d'exactions qui ont fait des victimes parmi eux, ont-ils affirmé jeudi à l'AFP.

En l'absence d'un bilan officiel, les 3 ou 4 décès annoncés par les réfugiés n'ont pu être confirmés. En revanche, plusieurs personnes ont été blessées dont trois au moins sont hospitalisées, a-t-on appris de source médicale.

Parmi ces blessés figurent notamment un enfant brûlé et un adulte victime d'un traumatisme cervical grave, a-t-on indiqué de même source.

Les premiers Congolais ont trouvé refuge dans leur ambassade le 1er novembre et leur nombre n'a cessé d'augmenter depuis, selon un membre du personnel de la chancellerie.

Selon leurs récits, ces ressortissants congolais ont été menacés ou agressés physiquement par des Centrafricains mécontents de la présence à Bangui des rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, venus soutenir le régime centrafricain.

C'est notamment grâce au renfort de ces derniers, accusés par la population de pillages et de viols, que le président Ange-Félix Patassé a pu sauver son pouvoir lors de la tentative de coup d'Etat déclenchée le 25 octobre dernier.

Les autorités centrafricaines ont appelé jeudi les populations locales à respecter les ressortissants étrangers vivant en RCA.


Appel du gouvernement centrafricain au respect des étrangers à Bangui

BANGUI, 7 nov (AFP) - 15h31 - Le gouvernement centrafricain a appelé jeudi la population à ne pas s'en prendre aux ressortissants étrangers résidant en Centrafrique et à s'abstenir de véhiculer de fausses rumeurs.

"Tous ceux qui tenteront de s'en prendre à nos frères et soeurs qui ont choisi librement de vivre en République centrafricaine (RCA), seront punis conformément à la loi", a déclaré à la radio nationale le Premier ministre centrafricain Martin Ziguélé.

Dans une allocution en langue nationale sango, M. Ziguélé a mis en garde ses compatriotes contre "ces comportements qui s'écartent de la culture et de la tradition centrafricaine, terre d'hospitalité".

Cette mise en garde fait suite à des informations selon lesquelles des ressortissants de République démocratique du Congo (RDC) vivant à Bangui, ont fait l'objet de menaces de la part de Centrafricains et ont dû se réfugier dans une ambassade.

Des témoins ont indiqué à l'AFP avoir vu des habitants invectiver des Congolais, en raison des exactions imputées aux rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, venus prêter main forte au régime centrafricain lors de la tentative de coup d'Etat du 25 octobre dernier.

Le ministre des Affaires étrangères de la RDC, Léonard She Okintundu, s'était déclaré lundi "préoccupé" du sort de ses compatriotes en RCA.

Le ministre centrafricain de l'Intérieur, Joseph Monzoulé, a par ailleurs demandé à la population de "reprendre le cours normal" de leur vie.

M. Monzoulé a invité à la radio nationale les Centrafricains à signaler aux forces de l'ordre "les personnes qui répandent de fausses rumeurs" pour qu'elles soient traduites en justice.

Mardi, Bangui a connu une brève scène de panique en raison d'une rumeur faisant état du retour des putschistes chassés mercredi dernier de Bangui, alors qu'il s'agissait d'alliés congolais du régime qui traversaient la ville à bord de trois véhicules.


Cour des miracles à l'ambassade de RDCongo à Bangui

BANGUI, 7 nov (AFP) - 18h08 - L'enceinte de l'ambassade de la RDCongo à Bangui s'est transformée en véritable cour des miracles depuis l'arrivée des quelque 750 Congolais qui s'y sont réfugiés ces derniers jours à la suite d'exactions commises contre leur communauté.

Inconscient, un homme est allongé sur une bâche en plastique. Blessé après avoir été frappé près de chez lui, il est tombé dans le coma et l'on attend d'un moment à l'autre le véhicule qui pourra l'évacuer vers l'hôpital.

Il est l'un des nombreux Congolais agressés ces derniers jours par des Centrafricains mécontents de la présence à Bangui des hommes du rebelle congolais Jean-Pierre Bemba, qui a permis, une fois de plus, au président Ange-Félix Patassé, de sauver son régime lors d'une nouvelle tentative de coup d'Etat, déclenchée le 25 octobre.

De nombreux jeunes gens désoeuvrés déambulent dans la vaste concession ombragée de la chancellerie où des femmes s'emploient, tant bien que mal, à préparer un repas chaud sur des braseros de fortune qui laissent échapper des fumées envahissantes.

Des familles sont assises avec leurs bébés, qui sur une natte, qui sur un pagne, ou encore sur des cartons, le tout détrempé en raison des pluies abondantes en cette saison. Indifférents en apparence à cette situation précaire, de jeunes enfants vaquent à leurs jeux habituels.

Assise sur un banc, son nouveau-né dans les bras, une jeune femme pleure. Le nourrisson, âgé d'une semaine, a le visage couvert de grosses pustules blanchâtres et elle craint pour sa vie.

"Les premières personnes sont arrivées ici le 1er novembre", explique André Nzabi, un membre du personnel de la mission diplomatique. "Et, ce jeudi midi, nous en avions répertoriées 745".

La communauté des ressortissants de République Démocratique du Congo compte environ 6.000 personnes à Bangui. La plupart, originaires de la province de l'Equateur contrôlée par les rebelles de Bemba, sont venus en Centrafrique pour échapper aux combats ou à la conscription forcée imposée par les rebelles.

"Au moins quatre Congolais ont été tués, poignardés dans le dos", assure M. Nzabi. Mais pour le moment, ces chiffres, avancés également par les réfugiés, n'ont pas reçu de confirmation officielle.

En revanche, il n'y a aucun doute sur le fait que des agressions ont été commises. Le docteur Victor Kibongue, membre de la Coopi, une ONG italienne, a ouvert jeudi matin une consultation dans l'ambassade en liaison avec Médecins Sans Frontières (MSF).

"Sur la trentaine de personnes qui ont consulté depuis le matin, la plupart sont victimes de traumatismes. Ils racontent tous la même chose. Ils ont souvent été agressés près de chez eux. Parfois, parce qu'ils avaient répondu un peu trop vivement à un de leurs voisins centrafricains qui leur disait de rentrer dans leur pays", explique le Dr Kibongue.

"Il y a aussi des blessés graves sans qu'on s'en rende compte au premier abord, en particulier les lésions internes", commente le médecin en examinant un jeune homme, apparemment blessé superficiellement, chez lequel il vient de déceler que la rate était touchée.

"Le problème, c'est que les Centrafricains voulaient le départ de Patassé. Et ils nous en veulent parce qu'il est toujours là grâce aux renforts de Bemba. La seule façon qu'ils ont trouvée d'exprimer leur colère, c'est de s'en prendre aux pauvres Congolais. Ils ne font pas la différence entre Bemba et Kinshasa", dit un homme qui refuse de donner son nom, sous le regard approbateur d'un groupe de réfugiés.

Assis sur un matelas de mousse antédiluvien avec sa femme et leurs deux petits, un homme à l'air las, lâche tristement: "Je veux rentrer au Zaïre, c'est trop de souffrance ici".


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 12