Dialogue promis par le président Patassé: la société civile à pied d'oeuvre

BANGUI, 28 nov (AFP) - 14h11 - La population centrafricaine a pris au mot l'offre de dialogue faite par le président Ange-Félix Patassé en début de semaine: depuis, loin des errements des partis politiques, les associations ont le vent en poupe car chacun veut faire entendre sa voix dans cette rencontre à venir de "la vérité et de la réconciliation", selon les termes du chef de l'Etat.

Mercredi, les organisateurs de la première réunion associative ont été débordés par leur succès. Ils comptaient accueillir les représentants d'une trentaine d'organisation non-gouvernementales. Plus de cent étaient finalement présents à cette réunion destinée à préparer le dialogue promis à travers la constitution d'un groupe d'"artisans de paix".

Associations religieuses de toutes confessions, organisations de jeunes, de promotion de la femme, de défense des droits de l'Homme ou encore de développement, la mobilisation est très forte au sein de la société civile, consciente de son poids, a constaté le correspondant de l'AFP.

Cet engouement du monde associatif est le résultat de la méfiance accrue à l'égard des formations politiques. "Les partis politiques ont souvent confisqué le débat en dépit des échecs des régimes successifs qui ont dirigé le pays. Ils ont parfois joué aux pyromanes et parfois aux pompiers dans les crises militaro-politiques récurrentes en RCA", souligne un participant à l'une de ces réunions.

"La société civile, prise en otage par la classe politique, doit se réveiller pour contribuer à une solution durable en Centrafrique", affirme un autre.

"Pendant que continuent les interminables courses au pouvoir des partis politiques, les populations, elles, vivent dans le dénuement total, pour ne pas dire qu'elles survivent", relève un troisième.

Les représentants associatifs ne se sont pas contentés de parler. Dans leur volonté de voir enfin apparaître le bout du tunnel dans ce pays à bout de souffle, ils ont multiplié en quelques jours les contacts: premiers rendez-vous avec le Bureau de l'organisation des Nations unies en Centrafrique (Bonuca), et avec l'ambassadeur du Tchad à Bangui.

"La rencontre avec le Bonuca a pour but de voir dans quelle mesure celui-ci peut collaborer avec le +comité de pilotage+ de la société civile", explique à l'AFP le président de ce comité, le pasteur Josué Binoua.

"Concernant l'ambassadeur du Tchad, nous souhaiterions être reçus par le président (tchadien) Idriss Déby, pour l'écouter afin de cerner les réalités de cette situation", précise-t-il.

Pour les autorités centrafricaines, "l'implication tchadienne" ne fait aucun doute dans la dernière crise que traverse la Centrafrique depuis un mois.

Des "rencontres d'écoute" sont également prévues avec le gouvernement, l'Assemblée Nationale, le président de la République, des diplomates, le "camp adverse", à savoir celui des auteurs de la dernière tentative de coup d'Etat, ainsi qu'avec le président gabonais Omar Bongo, qui préside le comité sur la situation entre la RCA et le Tchad.

L'un des participants résume ainsi l'enjeu de ce travail de préparation au dialogue: "Le coeur de la RCA ne fait que battre au rythme des coups d'Etat et autres mouvements militaro-politiques, au détriment du développement du pays. Il est temps d'y penser enfin!"


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 12