Qui assure encore la sécurité publique en République Centrafricaine ?

Qui garantit la sécutité des simples centrafricains, des simples résidants tchadiens, congolais en proie ? Tout le monde cherche à quitter le sol centrafricain qui consume sans limite sous l'oeil des élus "blagueurs" ou sans courage. Le dernier pompier va mettre le feu à la dernière mêche. Le monde enier, s'il accorde encore un quelconque intérêt, pourra venir sur les lieux constater le brûlis, le gâchis organisé; quelques silhouettes projetées anthromorphes se mettront sans doute à parler. Le mandant ne pourra plus demander des comptes : il n'a jamais existé. Inlassablement, la question revient : mais qui dirige les affaires nationales et internationales centrafricaines à Bangui - Patassé, Barril, Bemba, Kadhafi ? Personne ne sait. La CEMAC tente de réduire la pression. Les pays frontaliers se fâchent, lancent des avertissements. Pire, les centrafricains entre eux-mêmes, n'arrivent pas à se mettre d'accord sur ce qui les divisent ou sur ce qui pourrait les rassembler; ils errent, se lamentent, s'isolent, s'en prennent volontiers aux voisins d'en face, du pallier, d'à côté qui regardent d'un air piteux ou appeuré, mais en fait c'est sa propre projection, c'est son miroir.

- Plusieurs milliers de Tchadiens ont regagné leur pays (AFP)
- Patassé "responsable" de la sécurité des Tchadiens en RCA (ministre)
- Un journaliste refoulé à Bangui en présence de mercenaires français (journal)
- Les mercenaires de Paul Barril font la loi à Bangui (Le Figaro)


Plusieurs milliers de Tchadiens ont regagné leur pays

N'DJAMENA, 19 nov (AFP) - 13h24 - Plusieurs milliers de Tchadiens ont déjà quitté ou cherchent à quitter la Centrafrique depuis la dernière tentative de coup d'Etat, le 25 octobre dernier, a-t-on appris mardi de source officielle tchadienne.

"1.268 familles sont arrivées à Sido", ville tchadienne à la frontière avec la Centrafrique, "en provenance de Bangui et de Batangafo, Kaga Bandoro et Kabo", des localités du nord de la RCA, a indiqué à l'AFP le préfet de Sarh (sud du Tchad), Mahamat Nimir Hamata.

De plus, a affirmé le préfet, "quelque 4.000 familles tchadiennes, en attente à Kaga Bandoro, cherchent à rentrer. Mais elles sont bloquées, faute de moyen de transport", a souligné le préfet.

Les réfugiés arrivés à Sido sont pris en charge par le gouvernement qui a mis à leur disposition des vivres, a-t-il précisé.

"La situation de ces compatriotes est préoccupante car il n'existe aucune structure sanitaire", a souligné le responsable tchadien en lançant un appel aux organisations humanitaires.

"Depuis le déclenchement des exactions à Bangui, nos compatriotes ne se sentent plus en sécurité. Ils préfèrent rentrer chez eux", a-t-il dit.

Des dizaines de milliers de Tchadiens vivent en Centrafrique. Certains y sont nés, d'autres y vivent de très longue date. Mais leur inquiétude est vive depuis la dernière tentative de coup d'Etat.

Le gouvernement tchadien a accusé les forces loyalistes centrafricaines d'avoir "massacré" environ 150 civils tchadiens à la limite nord de Bangui, au lendemain de l'échec de ce coup de force imputé par Bangui à N'Djamena.


Patassé "responsable" de la sécurité des Tchadiens en RCA (ministre)

N'DJAMENA, 19 nov (AFP) - 13h08 - Les autorités tchadiennes ont exprimé mardi leur inquiétude au sujet de leurs compatriotes vivant à Bangui et affirmé qu'elles tenaient le président centrafricain Ange-Félix Patassé pour responsable de la sécurité des civils tchadiens en Centrafrique.

"Nous tenons le président Ange-Félix Patassé pour responsable de tout ce qui arrive à nos compatriotes", a déclaré à l'AFP Mahamat Saleh Annadif, ministre tchadien des Affaires Etrangères et de l'intégration africaine.

"Nous sommes inquiets des exactions que continuent de subir nos compatriotes à Bangui", a poursuivi le ministre.

"Plus d'une quarantaine de familles tchadiennes, fuyant les exactions dans les quartiers nord de Bangui, ont trouvé refuge au sein de notre ambassade" dans la capitale centrafricaine, a-t-il rappelé.

"Ces exactions que continuent de subir nos compatriotes ne font que confirmer chaque jour nos appréhensions quant au sort réservé à nos compatriotes dans ce pays", a ajouté M. Annadif.

Au moins une trentaine de femmes tchadiennes, dont les époux ont trouvé la mort dans les combats déclenchés lors de la tentative de coup d'Etat du 25 octobre, se sont réfugiées avec leurs enfants dans l'enceinte de leur ambassade à Bangui.

Elles ont expliqué ne plus pouvoir exercer leurs activités commerciales habituelles du fait de la présence des rebelles du Mouvement de Libération du Congo (MLC), venus à la rescousse du régime centrafricain lors des derniers évènements, dont elles craignent également d'être victimes physiquement.

Ces rebelles sont accusés de multiples violences en tous genres (assassinats, viols, pillages, etc..) et la population supporte de plus en plus difficilement leur présence.


Un journaliste refoulé à Bangui en présence de mercenaires français (journal)

PARIS, 19 nov (AFP) - 13h11 - Un journaliste du quotidien français Le Figaro, Thierry Oberlé, a été refoulé dimanche à l'aéroport de Bangui, la capitale centrafricaine, où, selon le journal, des mercenaires français "font la loi".

M. Oberlé, qui arrivait de Paris via Ndjamena, déclare dans l'édition de mardi du Figaro avoir été refoulé sur Paris après qu'un centrafricain "qu'on suppose être le chef présumé de la police de l'air et des frontières ait brandi une sorte d'arrêté de reconduite à la frontière. Une décision non motivée".

Le journaliste a précisé que durant sa garde à vue dans un bureau de l'aéroport, "un mercenaire de l'équipe de l'ex-gendarme de l'Elysée, Paul Barril, passait et repassait sans répondre aux questions" et "semblait superviser les opérations".

Thierry Oberlé, interrogé par l'AFP, a indiqué que "tout est dirigé par les gens de Barril à l'aéroport. Ils le tiennent et fouillent même les passagers des avions d'Air-France en vertu d'un décret de lutte anti-terroriste. Il y a eu plusieurs plaintes de passagers auprès de l'ambassade de France", a-t-il ajouté.

Le chef de l'Etat centrafricain, Ange-Félix Patassé, avait nommé en juin dernier, par décret présidentiel, Paul Barril responsable de la lutte contre le terrorisme intérieur et extérieur.

L'ancien gendarme français était jusque là conseiller spécial à la présidence centrafricaine en matière de sécurité et était présent également dans le secteur du gardiennage privé en Centrafrique.

Le gouvernement français réfléchit actuellement à un éventuel projet de loi pour lutter contre les mercenaires.

Mercredi dernier, le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valéro avait déclaré à ce sujet:"Je vous confirme la volonté politique de la France de lutter avec détermination contre le mercenariat, français ou étranger. Plusieurs voies sont envisageables. L'une des voies possibles est un projet de loi. Une réflexion interministérielle est en cours à ce sujet", avait-t-il précisé à la presse.


Une précision de la Rédaction du quotidien Le Figarosur l'envoyé spécial Thierry Oberlé refoulé de Bangui :

CENTRAFRIQUE L'envoyé spécial du « Figaro » refoulé sans explication
Les mercenaires de Paul Barril font la loi à Bangui


Aéroport Mpoko de Bangui : de notre envoyé spécial Thierry Oberlé
[19 novembre 2002]

« Arrivée : 17 novembre 2002. » Le policier de la police de l'air et des frontières de l'aéroport de Bangui tamponne le passeport de l'envoyé spécial du Figaro sur la page du visa délivré quelques jours plus tôt par l'ambassade de la République centrafricaine. Le vol Paris-Bangui via N'Djamena déverse sa cargaison hebdomadaire de voyageurs. La présence sur le tarmac d'une automitrailleuse et de nombreux soldats rappelle que la capitale sort à peine d'une tentative de coup d'État raté. Plusieurs mercenaires blancs en civil observent les allées et venues. Mais c'est un policier centrafricain qui harponne le journaliste. « Suivez-nous », ordonne-t-il.

L'attente commence dans un petit bureau surveillé par un soldat à béret rouge et à la mine se voulant patibulaire. Un mercenaire de l'équipe de l'ex-gendarme de l'Élysée Paul Barril passe et repasse sans répondre aux questions. Il semble superviser les opérations. Puis arrive celui qu'on suppose être le chef présumé de la police de l'air. L'homme brandit une sorte d'arrêté de reconduite à la frontière. Une décision non motivée. « Nous sommes un État souverain », affirme le policier au bas de l'avion. Un pays en piteux état livré à des bandes armées, serait-on tenté de corriger.

Si les autorités centrafricaines renvoient les journalistes trop curieux, elle accueille en revanche à bras ouverts des alliés bien encombrants. Affaibli par une série de six mutineries et tentatives de putsch en sept ans, le président Ange-Félix Patassé survit grâce au soutien d'armées étrangères et à la protection de soldats de fortune. Lassés d'être soumis à un chantage financier permanent, les Français ont fermé leurs bases militaires de Bangui et de Bouar en 1997. Le retrait a pris valeur de symbole du désengagement de la France de son pré carré africain. Depuis mai 2001, les Libyens ont pris le relais avec 200 hommes déployés à Bangui la « coquette ». Les troupes du colonel Kadhafi assurent la sécurité personnelle du président Patassé. Elles ont sauvé le chef de l'État en reprenant, avec l'appui de plusieurs centaines de rebelles congolais du Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, le contrôle de la capitale aux partisans du général centrafricain François Bozizé. Les combats ont plongé la capitale dans l'anarchie. De nombreux témoignages font état d'exécutions sommaires de civils de nationalité tchadienne et centrafricaine considérés comme complices de Bozizé. La milice privée d'Ange Patassé, dirigée par Abdoulaye Miskine et les rebelles de Jean-Pierre Bemba, le seigneur de la guerre de la forêt congolaise voisine, ont multiplié les razzias. L'insécurité est telle que même les maisons de ministres du gouvernement Patassé ont été pillées. Des militaires centrafricains ont dressé des barrages autour de la ville pour empêcher la soldatesque congolaise de quitter Bangui avec leur butin.

Dispersés dans les environs de la capitale, les mutins pourraient repasser à l'attaque pour s'emparer d'un pays en pleine déliquescence. L'administration a accumulé deux années de retard dans le paiement des salaires de ses fonctionnaires. En brousse sévissent les « coupeurs de route », bandits de grand chemin, et les villageois démontent les lattes des ponts pour bloquer les rares automobilistes. Pris au piège, les véhicules basculent à moitié dans le vide. Leurs passagers sont priés de verser une dîme pour être dépannés par les habitants et voir le pont réparé. Dans ce contexte, les Occidentaux quittent un à un la Centrafrique. À l'exception des mercenaires.

Patron de la société Secrets, Paul Barril fait la pluie et le beau temps à Bangui. Il a la confiance d'un Patassé au comportement souvent ubuesque. Ainsi, dans sa dernière interview, le président centrafricain confiait son désir de construire un aqueduc reliant Bangui au Proche-Orient... Chargé de protéger l'ancien premier ministre de l'empereur Bokassa Ier, Paul Barril a été bombardé par décret responsable de la « lutte antiterroriste », et il déteste être assimilé à un simple mercenaire. Son employeur n'a guère de difficultés pour rémunérer ses services : selon le dernier rapport des Nations unies, la Centrafrique est un pays de transit du trafic organisé autour du pillage des ressources du Congo. Doublé par la concurrence à Abidjan, d'où il a été expulsé en octobre, Paul Barril a veillé tour à tour sur la sécurité du chef d'État du Burundi, Cyprien Ntaryamvia, et du président rwandais Juvénal Habyarimana, tués ensemble en 1994 dans un attentat qui a déclenché le génocide des Tutsis au Rwanda. En France, l'ex-gendarme n'a pas fini de rendre des comptes à la justice : il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour l'affaire des écoutes téléphoniques de l'Élysée à l'époque de François Mitterrand. 


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 12